L’association Générations futures a pu analyser une base de données des ventes de produits phytosanitaires
Voilà un prix dont elles se seraient sans doute bien passées. Les
chambres d’agriculture du Vaucluse, de La Réunion et de la Martinique ne
vont pas tarder à recevoir un diplôme symbolique autant qu’ironique :
le « Glyph’Award », qui distingue les départements français les plus
portés sur le glyphosate. La Gironde et l’Aube se voient décerner
chacune un accessit par l’association Générations futures pour leur
propension à recourir à l’herbicide le plus vendu au monde.
Tous
les cinq enregistrent des records de plus d’un kilogramme de glyphosate
par hectare vendu chaque année, alors que la moyenne nationale est de
326 grammes. Grandes cultures, viticulture, arboriculture en sont
friandes. Les régions d’élevage du Massif central se situent en bas du
classement.
« C’est tellement difficile d’alerter sur l’omniprésence des
pesticides… On a essayé beaucoup de modes de communication, alors cette
fois on tente l’humour », explique François Veillerette, directeur de l’association à l’origine de cette initiative.
Au-delà du glyphosate, une substance active emblématique des tensions autour du modèle agricole dominant, l’association a calculé qu’en France il se vend en moyenne 2,6 kilogrammes de produits phytosanitaires par hectare et par an. Le gouvernement, qui a lancé mardi 20 novembre une consultation publique sur la relance du plan Ecophyto
destiné à réduire l’usage des pesticides, évalue, lui, à 3,7 kg les
substances actives par hectare cultivé et indique que la France se
classe au deuxième rang européen, avec 72 035 tonnes vendues.
A
l’échelle d’un département, l’Aube se distingue à nouveau : comme en
Gironde, on y achète plus de trois tonnes de phytosanitaires par an. La
Marne, le Vaucluse, le Pas-de-Calais, le Gard et l’Aisne dépassent, pour
leur part, les deux tonnes par an.
Ces cartes de France des pesticides donnent un aperçu des quantités
achetées en 2017 ; elles ne montrent pas ce qui est réellement épandu
dans les champs comme substances actives déclarées, ou achetées
clandestinement hors des frontières. Chaque agriculteur est tenu de
remplir précisément un registre récapitulant ce qu’il utilise sur ses
parcelles, mais ces données restent inaccessibles. Elles intéresseraient
pourtant le public, surtout les riverains.
Pour établir
ces recensements, Générations futures s’est plongée dans une masse de
relevés de 700 000 lignes extraites de la base de données des ventes des
distributeurs agréés. L’exercice est inédit. Car si la loi sur l’eau et
les milieux aquatiques de 2006 oblige ces derniers à déclarer leurs
cessions annuelles de produits phytosanitaires afin d’établir le montant
de la redevance pour pollutions diffuses, l’Etat ne permettait pas au
public d’y mettre son nez. Jusqu’à ce que la Commission d’accès aux
documents administratifs intervienne, en 2017, à la demande de
l’association Eau et rivières de Bretagne.
Frugale Lozère
Le
travail de Générations futures renseigne sur les zones probablement les
plus exposées, avec la carte des quantités de substances actives
vendues, rapportées aux surfaces agricoles cultivées dans chaque
département. Rappelons que les collectivités locales ne sont plus
autorisées à en faire usage dans leurs parcs et jardins. Le Vaucluse,
une fois encore, apparaît comme le champion dans cette catégorie, avec
presque 22 kg par hectare, loin devant le Gard (14,2 kg) et la Gironde
(13 kg).
L’une des cartes réalisées par l’association
présente, toujours par département, les quantités de phytosanitaires
dont les substances actives sont classées cancérogènes, mutagènes et
reprotoxiques probables ou possibles dans la base de données sur les
pesticides de l’Union européenne. Le Vaucluse (1,2 kg/ha) se classe
alors en quatrième position derrière l’Aube (1,88), le Tarn-et-Garonne
(1,3) et le Pas-de-Calais (1,24). Tandis qu’en Lozère, qui apparaît
systématiquement comme la plus frugale, il s’en vend 0,0003 kg/ha.
Sur une autre carte, Générations futures montre la répartition des
ventes de substances actives phytosanitaires suspectées d’être des
perturbateurs endocriniens, toujours rapportée aux surfaces cultivées.
Alors
que les débats se multiplient et que les questions se font pressantes
sur les effets des épandages de produits chimiques, ces données
mériteraient d’être croisées avec des résultats de recherches
épidémiologiques.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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