jeudi 30 septembre 2021

24 400 milliards de microplastiques polluent les océans

 Une étude montre que la quantité de microplastiques dans les océans était largement sous-évaluée. Parmi les conséquences attendues sur la biodiversité marine, les scientifiques craignent une accélération de la dispersion des pathogènes à travers le globe.

Plus on cherche, plus on trouve. En compilant les analyses de plus de 8 200 échantillons d’eau de mer, une étude publiée le 9 septembre 2021 évalue à 24 400 milliards le nombre de fragments plastiques dérivants dans les océans. Soit cinq fois plus que la précédente étude de 2015, fondée alors sur un millier de relevés marins. « La conversion en poids donne une fourchette entre 80 000 à 580 000 tonnes, contre 30 000 tonnes pour la dernière évaluation », précise à Reporterre François Galgani, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et coauteur de l’étude. Pour mémoire, la taille des microplastiques est comprise entre 5 millimètres et quelques centaines de nanomètres.

L’écart entre les deux études à seulement quelques années d’intervalle est avant tout lié à la différence de méthodologie. Avec huit fois plus de données, la nouvelle évaluation est plus exacte, précise François Galgani, qui avait également collaboré à celle de 2015. En effet, l’évolution de la concentration des microplastiques a globalement peu évolué ces dernières années dans les zones les plus étudiées, explique l’océanographe spécialiste en science de l’environnement : « La dernière évaluation mondiale des océans des Nations unies — à laquelle j’ai participé — montre que dans les régions tempérées et les zones de convergence océanique, appelées aussi continents de plastique, la concentration en microplastiques ne bouge pas beaucoup depuis les années 1990. »

Répartition des concentrations de microplastiques dans les océans du globe. Les espaces blancs correspondent aux zones où l’extrapolation des concentrations n’est pas jugée pertinente. Carte tirée de l’étude Microplastics and Nanoplastics

Dispersion et nids à microbes

Le plastique continue pourtant bien d’affluer dans les océans. Chaque année, plusieurs millions de tonnes de déchets plas­tiques finissent dans les océans. Où vont ces apports ? Des études récentes montrent une concentration de microplastiques qui augmente aux pôles, sur les îles éloignées et sur les fonds océaniques. Une hypothèse des chercheurs est donc que si les zones les plus touchées semblent saturées en plastique et que leur concentration évolue peu, les fragments se dispersent dans des zones loin des sources de pollution.

C’est tout l’intérêt de cette nouvelle évaluation, qui servira de point de référence, souligne François Galgani : « La base de données va s’étoffer et permettra de suivre à long terme les quantités de microplastiques dans les océans. » Précisons que cette base de données ne repose pas sur de nouveaux prélèvements d’eau de mer, mais compile les données de nombreuses recherches, notamment celles de l’Ifremer pour le littoral français. Ce sont des organismes de recherche japonais qui sont à l’initiative de cette méta-analyse. Le Japon avait en effet pris des engagements dans ce sens dans différents sommets internationaux, notamment le G20 en 2017. Une convention internationale ad hoc sur les déchets marins et la pollution provenant des plastiques devrait par ailleurs voir le jour dans les années à venir, sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue).

Mais l’une des grandes questions reste les conséquences de ces concentrations élevées en microplastiques sur les écosystèmes marins. Un des problèmes majeurs soulignés par François Galgani est peu connu : les fragments de plastiques transportent avec eux des quantités de pathogènes. En effet, les matériaux plastiques sont favorables à la fixation des microorganismes. « Historiquement, la dispersion des microbes dans les océans s’est faite par des branches ou des noix de coco, puis par les coques des bateaux. Mais avec des centaines de milliards de fragments qui dérivent sur l’ensemble des océans, on s’attend à des dispersions beaucoup plus larges. Avec des risques pour la biodiversité », explique le chercheur, qui précise qu’en revanche, ce problème ne présente pas de risque direct pour les humains, car les microbes nocifs pour l’espèce humaine ne survivent pas à un séjour marin.


mardi 21 septembre 2021

Derrière la catastrophe d’AZF, la surconsommation d’engrais azotés en France

 Il y a vingt ans, l’usine AZF explosait à Toulouse. En cause : le nitrate d’ammonium. Il est massivement utilisé pour fabriquer les engrais azotés de synthèse, dont l’agriculture française est extrêmement friande. Comment se passer de ces engrais dangereux et climaticides ?

Il était 10 h 17 le 21 septembre 2001 quand la détonation a secoué Toulouse. Une explosion équivalente à un séisme de magnitude 3,4 sur l’échelle de Richter [1]. Elle a tué 31 personnes, en a blessé près de 2 500 dont 300 ont été hospitalisées plus de six jours. Les 80 hectares de l’usine ont été en grande partie dévastés. Autour, 26 000 logements ont été endommagés, parfois gravement.

Cette déflagration dévastatrice provenait de l’usine AZF, et plus précisément d’un stock d’environ 300 tonnes de nitrate d’ammonium. Un puissant explosif, mais aussi le principal composant de l’ammonitrate, un engrais azoté de synthèse [2] massivement utilisé dans l’agriculture française. Un produit banal, diraient la plupart des agriculteurs, mais désormais questionné : car dix-neuf ans après AZF, en août 2020, une explosion similaire a dévasté le port de Beyrouth (Liban), causant deux cents morts.

Un rapport gouvernemental officiel a récemment souligné les failles de la réglementation et mis au jour des pratiques dangereuses concernant le transport et le stockage des ammonitrates en France : déchargements dans des ports fluviaux sans aucune précaution de sécurité, stockage dans des zones à fort risque incendie, aucune surveillance des stocks de moindre taille mais également dangereux, etc. Des risques démultipliés par l’addiction de la France à ce type d’engrais. Avec environ 1,5 million de tonnes consommé rien qu’en nitrate d’ammonium haut dosage, la France est l’une des premières consommatrices de l’Union européenne. Or, « ces dangers industriels sont un choix. Nous n’avons pas besoin des nitrates d’ammonium pour l’agriculture », estiment les Amis de la Terre, qui ont lancé une campagne sur le sujet.

« En un demi-siècle, on a multiplié par quatre le rendement du blé ! »

Alors, l’agriculture pourrait-elle se passer des ammonitrates, et même plus largement des engrais azotés de synthèse ? Ils sont après tout interdits en agriculture biologique, de nombreux agriculteurs s’en passent déjà. Pour croître, les plantes ont besoin d’azote. Il peut être apporté par les déjections animales, les légumineuses, le compost… ou par des engrais azotés de synthèse. Leur arrivée a permis de mettre à disposition des plantes de fortes quantités d’azote. La découverte de la réaction chimique permettant de fabriquer ces engrais « est considérée comme l’invention la plus importante de l’histoire de l’agriculture », dit à Reporterre Claude Aubert, agronome et auteur des Apprentis sorciers de l’azote (éd. Terre Vivante, 2021). « En un demi-siècle, on a grosso modo multiplié par quatre le rendement du blé ! »

Un produit miracle mais « qui a énormément de conséquences, dont on parle peu », soutient Manon Castagné, chargée de campagne chez les Amis de la Terre. Car outre les risques industriels, ces engrais ont un lourd coût écologique et ce, dès la phase de fabrication. « Il faut l’équivalent d’un kilo de pétrole pour fabriquer un kilo d’engrais », résume la chargée de campagne. Et une fois épandus dans les champs, les engrais azotés ne sont pas entièrement consommés par les plantes. Une partie s’évapore dans l’air sous forme de protoxyde d’azote, considéré comme 298 fois plus réchauffant que le CO2. Une autre partie s’infiltre dans les sols. « On le retrouve dans les rivières, les nappes souterraines, les océans », indique Claude Aubert. Cela participe à accentuer le phénomène des algues vertes, ou à polluer l’eau du robinet.

De surcroît, « quand on a remplacé le fumier par les engrais azotés de synthèse, on n’a pas vu que le fumier n’apportait pas que de l’azote, mais aussi de la matière organique. En trente ans, les sols ont perdu la moitié de leur matière organique », poursuit l’agronome. S’est alors amorcé un cercle vicieux : sans matière organique, les micro-organismes du sol n’ont plus de quoi se nourrir. Or, ce sont eux qui font le travail de mise à disposition de l’azote pour les plantes… Ce qui oblige à augmenter les engrais azotés de synthèse pour compenser. Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), « les activités agricoles ont généré en 2010 en moyenne 32 kilogrammes par hectare de surplus d’azote ». Qui se retrouve ensuite souvent dans les cours d’eau, générant leur eutrophisation.

Les cultures de légumineuses apportent de l’azote dans le sol

« Si on supprimait du jour au lendemain les engrais chimiques, les rendements baisseraient, et la moitié des agriculteurs français qui font des grandes cultures feraient faillite », résume Claude Aubert. « Il faut une approche systémique », confirme Jean-Bernard Lozier, cultivateur dans le sud de l’Eure. Il assure avoir réduit de 60 % son utilisation des engrais de synthèse en mettant en œuvre les principes de l’agriculture intégrée à partir des années 2000 [3].

M. Lozier a fait évoluer sa ferme peu à peu, en introduisant de plus en plus de cultures différentes. Neuf désormais - blé d’hiver et de printemps, orge, féveroles, lin textile, maïs, tournesol, sorgho - contre trois en moyenne chez ses voisins. Certaines sont moins gourmandes en azote : « Le lin textile nécessite 20 unités d’azote à l’hectare, contre environ 200 pour du blé. » D’autres, les légumineuses, apportent de l’azote dans le sol. En diminuant les engrais, « j’ai un peu moins de rendement », reconnaît-il. Mais ses dépenses ont aussi diminué : « Ma marge est exactement la même que pour les autres fermes conventionnelles. Si toutes les fermes de France en faisaient autant, on exporterait moins de blé, mais on pourrait boire l’eau du robinet sans souci. »

« Une baisse des rendements ne serait pas embêtante », estime Philippe Camburet, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique et cultivateur dans l’Yonne. Comme Claude Aubert, ou les Amis de la Terre, il prône l’arrêt à terme de l’utilisation des engrais azotés de synthèse, et le passage à l’agriculture biologique. « Nous sommes dépendants des imports de nitrate d’ammonium. Et pour compenser, on exporte du blé. C’est une fuite en avant. » Pour fertiliser sa ferme, lui aussi utilise les légumineuses et fait plus de rotations de cultures. Il propose également une relocalisation des élevages, qui permettent d’apporter des engrais organiques. « Il faudrait un atelier d’élevage au sein de chaque ferme, ou dans le voisinage, avec des partenariats entre agriculteurs. » Une vision à rebours de la spécialisation des régions, qui a concentré les élevages en Bretagne.

« Qui dit produire moins dit des céréales plus chères, des gens qui ne mangent pas à leur faim », conteste Thierry Coué, vice-président en charge de l’environnement à la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), premier syndicat de la profession. « L’ammonitrate est un engrais très efficace, qui agit très vite. Augmenter, diminuer, ce n’est pas la question. Je suis pour optimiser la ressource. » Un communiqué du syndicat de mars 2021 fustigeait l’idée d’une « surutilisation » des engrais de synthèse, assurant que « les livraisons en azote ont diminué de 20 % depuis 1990 ».

Une baisse de l’usage de ces engrais demande une profonde transformation de l’agriculture

Côté sciences, la possibilité d’une sortie des engrais azotés de synthèse n’a été que très récemment étudiée. Des chercheurs de l’Inrae ont publié en mai 2021 les premiers scénarios qui étudient la possibilité de passer à l’agriculture biologique partout dans le monde du point de vue du besoin d’engrais. Y aura-t-il assez d’engrais organiques pour remplacer les engrais azotés de synthèse ? Les résultats préliminaires de l’étude confirment « une baisse importante de rendement des cultures ». Pour eux, pour supporter cette baisse de rendements, il faudrait diminuer le nombre de porcs et volailles (qui mangent des céréales comme les humains), rapprocher les élevages de bovins des cultures, baisser notre consommation alimentaire - qui est trop élevée - dans les pays développés et réduire de 50 % le gaspillage alimentaire. Ainsi, ils estiment que l’on pourrait convertir au bio jusqu’à 60 % des surfaces agricoles de la planète, tout en satisfaisant la demande alimentaire mondiale.

Reste que toute baisse de l’usage de ces engrais implique une profonde transformation de l’agriculture, et donc « des moyens financiers et une vraie politique », insiste Manon Castagné. Elle juge sévèrement les actions mises en avant par le gouvernement jusqu’ici. « La directive nitrates n’a eu qu’un effet temporaire ; les plans d’épandage ne portent que sur l’azote issu des élevages et pas l’ammonitrate ; le plan Prepa ne vise que l’ammoniac ; la TVA réduite sur les engrais bios n’a pas eu d’effet ! »

Récemment, la proposition de mise en place d’une redevance sur les engrais azotés, une idée de la Convention citoyenne mise dans la loi Climat, a été retoquée par le gouvernement au profit d’un simple rapport pour en étudier la possibilité. Un manque de volonté politique, confirmé par une note du ministère de l’Agriculture révélée par Reporterre, qui déconseillait la mise en place de cette mesure, en raison d’un « risque élevé de perte de compétitivité pour l’agriculture française vis-à-vis de ses concurrents européens ».

En attendant, l’import de nitrate d’ammonium se développe. À Port-la-Nouvelle (Aude), l’agrandissement controversé du port prévoit un hangar d’un kilomètre carré pour stocker de l’engrais. L’objectif est d’y faire transiter jusqu’à 700 000 tonnes chaque année. Un partenariat avec le géant mondial des engrais de synthèse, Yara, est évoqué. Le gouvernement, lui, en est encore à réviser le guide de bonnes pratiques pour la manipulation de l’ammonitrate en agriculture.

dimanche 12 septembre 2021

« Justice pour le vivant » : nouveau recours d’ONG contre l’État

 

Après « l’Affaire du siècle », en 2018, un nouveau recours d’ONG est lancé contre l’État pour faire reconnaître le « manquement » de la France à ses engagements de protection de la biodiversité.

Après la pollution de l’air et le climat, l’État fait désormais face à un recours d’ONG dans un autre domaine emblématique de la qualité de vie sur Terre : le déclin de la biodiversité associé à l’utilisation « immodérée » des pesticides.

Notre Affaire à tous et Pollinis ont lancé ce jeudi un recours préalable pour « carence fautive » visant à faire reconnaître le « manquement » de la France à ses engagements de protection de la nature, notamment en raison des « défaillances » du processus d’autorisation des pesticides qui participent à la destruction de la biodiversité.

La défense du climat et de la qualité de l’air font déjà l’objet de procédures judiciaires emblématiques lancées par des ONG, avec des succès « historiques » ces derniers mois.

Mais « c’est vraiment une première mondiale d’engager un recours contre l’État pour ne pas prendre les mesures nécessaires pour protéger la biodiversité sur son territoire », assure à l’AFP Emmanuel Daoud, avocat de ce recours baptisé « Justice pour le vivant ».

Procédure identique à « l’Affaire du siècle »

« Malgré tous les discours, et au mépris des lois et des conventions nationales, européennes et internationales, l’État français a failli à mettre en place un système d’homologation des pesticides réellement protecteur des pollinisateurs et de la faune en général », déclare Nicolas Laarman, délégué général de Pollinis, alertant sur l’effondrement des populations d’insectes, en particulier les abeilles.

En cas de réponse non satisfaisante de l’État dans les deux mois, les requérants prévoient de se tourner vers la justice administrative. Une procédure identique à celle lancée fin 2018 sur le climat par Notre Affaire à tous et trois autres ONG (Greenpeace, Oxfam, Fondation Nicolas Hulot).

Dans cette « Affaire du siècle » soutenue alors par plus de 2,3 millions de citoyens, le tribunal de Paris a jugé en février que l’État était « responsable » de manquements dans la lutte contre le réchauffement. Il avait cependant ordonné un délai pour étudier l’opportunité de réclamer des mesures supplémentaires à l’État.

« Terre en désert »

Une nouvelle audience sur ce point est prévue le 30 septembre, après la décision en juillet du Conseil d’État de donner neuf mois au gouvernement pour en faire plus pour le climat.

Sur le fond, la nouvelle affaire « Justice pour le vivant » a des bases juridiques différentes. La biodiversité ne fait en effet pas l’objet d’un objectif global chiffré, contrairement à la lutte contre le réchauffement basé sur un engagement de la France à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030.

« Tout ce qui concerne la biodiversité est encore assez peu contraignant » et « peu opposable » en justice, note Chloé Gerbier, porte-parole de Notre Affaire à tous.

C’est pourquoi ils ont décidé de s’appuyer sur les pesticides. « Le facteur le plus évident, notable, significatif et celui sur lequel on pourrait avoir une influence immédiate » en interdisant ces produits, estime Me Daoud.

« Nous nous étonnons que la question de la protection de la biodiversité se résume ici aux effets éventuels des pesticides », a réagi Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP qui regroupe les industries phytosanitaires, soulignant l’impact d’autres activités humaines comme l’urbanisation.

Mobiliser les citoyens

Depuis le Grenelle de l’environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides de synthèse en dix ans, les plans successifs ont échoué.

La « sortie du glyphosate » promise par Emmanuel Macron ne s’est pas non plus concrétisée et le gouvernement a permis la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes, qualifiés de « tueurs d’abeilles », pour la culture de la betterave.

Le président s’est toutefois engagé à l’ouverture du congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vendredi à porter une « initiative forte » de sortie « accélérée » des pesticides lors de la présidence française de l’UE en 2022.

Comme dans l’Affaire du siècle, le nouveau recours espère mobiliser les citoyens avec le site justicepourlevivant.org pour interpeller les ministres concernés sur les réseaux sociaux.

Cible également des militants, les firmes agro-chimiques et le modèle agro-industriel.



mardi 7 septembre 2021

« Fractures françaises » : l’environnement, deuxième préoccupation en France juste derrière le Covid-19 et loin devant la délinquance

 Pour 82 % des personnes interrogées par l’enquête « Fractures françaises » d’Ipsos Sopra-Steria pour « Le Monde », il faut des « mesures rapides », quitte à « modifier en profondeur leur mode de vie ».



lundi 6 septembre 2021

Alimentation Tour de vis sur les teneurs en plomb et en cadmium

 La Commission européenne a abaissé les teneurs maximales tolérables en plomb et en cadmium dans les produits alimentaires. Objectif : réduire l’exposition de la population à ces métaux dangereux pour la santé.

Dans le cadre de son Plan européen de lutte contre le cancer, Bruxelles a décidé de s’attaquer à deux métaux nocifs pour la santé, le plomb et le cadmium (lire l’encadré). Deux nouveaux règlements, publiés les 30 et 31 août 2021, revoient à la baisse les teneurs maximales d’une série de produits : certains fruits et légumes, des céréales et oléagineux, des champignons, des viandes et produits de la mer pour le cadmium, et les viandes, poissons et abats, des aliments pour nourrisson et les vins pour le plomb. Certains seuils ont été divisés par 2, à l’instar du plomb dans le sel ou le vin, voire par 5 pour les abats de volaille.

Les textes instaurent également des teneurs maximales pour tout un éventail de nouveaux aliments : des produits chocolatés, des préparations pour bébés, des compléments alimentaires et du sel pour le cadmium ; des champignons sauvages, mais aussi les épices (compte tenu de l’ampleur des fraudes associées à cette catégorie de produits) et le sel pour le plomb.

L’ENSEMBLE DE LA POPULATION EXPOSÉ

Renforcer la réglementation devenait incontournable, au vu des conclusions de la récente étude française Esteban. Cette dernière souligne que l’ensemble de la population est exposé à ces métaux, et que la situation s’est dégradée depuis 2006 pour le cadmium. En 2009 déjà, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) notait que « l’exposition moyenne [en cadmium] des adultes dans l’Union européenne approche ou dépasse légèrement la dose hebdomadaire tolérable et que l’exposition de sous-groupes tels que les végétariens, les enfants, les fumeurs et les personnes vivant dans des zones hautement contaminées peut atteindre environ le double de ladite dose ».

FRUITS ET LÉGUMES: LA PRÉSENCE DE "POLLUANTS ÉTERNELS" AUGMENTE DE 220% EN EUROPE

  https://www.bfmtv.com/economie/consommation/fruits-et-legumes-la-presence-de-polluants-eternels-augmente-de-220-en-europe_AD-202402270162....