mercredi 28 novembre 2018

Les microplastiques pourraient se concentrer dans les sols

"Beaucoup des microplastiques sont entraînés dans les égouts au moment de leur utilisation. En raison du traitement des eaux usées dans l'UE, généralement ces microplastiques ne seront pas rejetés directement dans les environnements aquatiques, mais devraient davantage de se concentrer dans les boues d'épuration fréquemment utilisées comme engrais dans les sols agricoles dans de nombreux États membres", a pointé Peter Simpson, responsable scientifique de l'Agence européenne des produits chimiques (Echa), lors de la conférence Micro 2018 sur le devenir et l'impact des microplastiques à Lanzarote, en Espagne.

Outre les déchets plastiques qui se fragmentent, les microplastiques peuvent également provenir d'une utilisation intentionnelle dans les cosmétiques, les détergents et produits ménagers, les peintures, les engrais ou les produits phytopharmaceutiques.

Selon l'Echa, ces microplastiques ajoutés aux produits risquent davantage de s'accumuler dans les milieux terrestres et d'eau douce, que dans les océans. "Une fois libérés, ils peuvent être extrêmement persistants dans l'environnement, certains ayant une demi-vie estimée à des milliers d'années. Cela signifie que leur accumulation sur des terres agricoles est une source de préoccupation, car nous ne pouvons actuellement évaluer les risques pour l'environnement résultant de cette accumulation et de cette exposition à long terme", a constaté Peter Simpson.

Pour réduire les déchets plastiques, la Commission européenne a lancé en janvier dernier une stratégie plastique et présenté en mai un projet de Directive sur la réduction de l'impact de certains produits en plastique sur l'environnement. Elle a également demandé à l'Echa de se pencher sur une éventuelle restriction à l'échelle de l'UE des microplastiques ajoutés intentionnellement. L'Echa doit évaluer les risques qu'ils représentent pour l'environnement et leur persistance. Elle se penchera également sur les plastiques oxo-dégradables. L'Agence devrait remettre son avis à la Commission en avril 2020.

Plus de 190 Etats réunis pour tenter d'enrayer l'effondrement de la biodiversité

Les COP, ça n'existe pas que pour le climat. Les parties à la convention sur la diversité biologique sont réunies jusqu'au 29 novembre en Égypte. L'enjeu de cette réunion internationale ? Préparer un plan stratégique post-2020 pour la biodiversité.

"Investir dans la biodiversité pour la planète et ses peuples". Tel est le thème de la 14e conférence des parties (COP14) à la convention sur la diversité biologique (CDB) qui se tient du 17 au 29 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte. L'enjeu principal de cette conférence internationale est la préparation de la COP15, qui doit se tenir à Pékin en novembre 2020 et durant laquelle doit être adopté un nouveau plan stratégique mondial pour la biodiversité.
Cette conférence se tient alors que tous les signaux sont au rouge vif. La plupart des 20 objectifs d'Aichi qui fixaient le cadre de l'action internationale en faveur de la biodiversité pour les années 2001-2020 ne seront pas tenus. Parmi ceux-ci figuraient la division par deux du taux de perte des habitats naturels, la création d'aires protégées sur 17 % des surfaces terrestres et 10 % des zones maritimes, ainsi que la restauration d'au moins 15 % des espaces dégradés.
Non seulement ces objectifs ne seront pas atteints mais la dégradation s'aggrave. Les rapports de l'IPBES, publiés en mars 2018, qu'il s'agisse du rapport thématique sur les sols ou des rapports régionaux, confirment un dangereux déclin de la biodiversité. Deux ans plus tôt, le Giec de la biodiversité avait tiré le signal d'alarme concernant les pollinisateurs. Le dernier rapport Planète vivante du Fonds mondial pour la nature (WWF), publié fin octobre, est tout aussi inquiétant. Il montre que les populations de vertébrés ont chuté de 60 % entre 1970 et 2014 et que les espèces déclinent à un rythme jamais connu par l'histoire.

"Maladies bien connues"
Face à ce sombre tableau, les représentants des 196 Etats parties à la convention planchent sur les moyens d'intégrer la protection de la biodiversité dans cinq secteurs économiques : l'énergie, les activités minières, les infrastructures, la fabrication et la transformation, et la santé. D'autres questions stratégiques sont en discussion, rappelle le ministère de la Transition écologique : biodiversité et changements climatiques, aires terrestres et marines protégées, prévention des risques biotechnologiques et partage des avantages (APA) liés aux ressources génétiques.
"La CDB fait (…) face à un casse-tête : comment parvenir à renouveler la manière dont se passent les discussions internationales pour parvenir à déclencher plus d'effets transformateurs sur le terrain ?", expliquent Aleksandar Rankovic et Yann Laurans de l'Iddri dans un billet consacré à ces négociations.
"Les « maladies » dont souffrent la biodiversité sont bien connues, rappellent les chercheurs dans une tribune publiée dans le magazine Alternatives économiques : surexploitation des ressources, pollutions, changement d'occupation des sols, invasions d'espèces et changement climatique. Leurs causes renvoient en grande partie à nos modèles de production et de consommation : surpêche, intensification agricole, extension des surfaces cultivées, croissance urbaine non maîtrisée, etc.".
La mobilisation à tous les niveaux, "des citoyens aux entreprises, en passant par les ONG", se révèle impérieuse, alertent les chercheurs. Mais il faut aussi que "les Etats s'impliquent et soient représentés [dans les négociations internationales] au plus haut niveau". Les discussions de Charm el-Cheikh doivent "permettre de clarifier comment chaque État s'engage pour cesser la dégradation de sa propre biodiversité terrestre, de celle qu'il « importe » par la mondialisation des échanges et de celle qu'il provoque dans les océans", ajoutent-ils.

"Profond sentiment de déception"
Or, la mobilisation de la société civile ne semble pas au rendez-vous, comme le prouve la très faible couverture médiatique de la COP. Tout comme le volontarisme des Etats n'atteint pas le niveau nécessaire. "Ici en Égypte, nous ressentons un profond sentiment de déception, car nous n'avons pas encore constaté de vision ou d'orientation qui soit cohérente", déplorait le 21 novembre Marc Lambertini, directeur général du WWF International. Aussi, l'ONG appelle les Etats à "rehausser leur ambition dès cette COP14 à travers l'adoption d'une feuille de route solide, soutenue au plus haut niveau politique, qui puisse aboutir en 2020 à un accord ambitieux, avec pour objectif de mettre fin à l'érosion de la nature d'ici 2030".
"La stabilité de notre économie et de notre société dépend de la nature et des services qu'elle nous fournit gratuitement (…), rappelle l'ONG. Si l'on devait payer pour de l'air frais, de l'eau potable, pour l'alimentation, le montant serait estimé à 125.000 milliards de dollars par an, soit plus que le PIB mondial".
"Compte tenu de l'état des discussions et du nombre de questions qui restent ouvertes, la route séparant Charm el-Cheikh de Pékin sera longue ; mais le temps, lui, est bien court", résument Aleksandar Rankovic et Yann Laurans. "Rappelons que, pour le climat, six ans ont séparé l'impasse de la COP15 de Copenhague et la COP21 de Paris, ajoutent les chercheurs. Il [est] donc primordial d'identifier les points précis à inclure dans la décision de Pékin, et les points de progrès qui seront discutés par la suite, pour faire vivre la mécanique du cadre post-2020".
Rendez-vous le 29 novembre pour voir si les décisions actées par les Etats sont à la hauteur de l'urgence.

Intoxications aux pesticides métam-sodium : plus de 70 plaintes déposées

Près de 70 plaintes ont été déposées suite aux intoxications aux pesticides à base de métam-sodium, selon l'AFP. En octobre dernier, plusieurs cas d'irritations des voies oculaires et respiratoires avaient été constatés à Brain-sur-l'Authion et à Mazé Milon. L'utilisation de ces produits avaient été alors suspendue pour trois mois par le gouvernement à titre conservatoire : l'Anses était en cours de réexamen des autorisations de mise sur le marché (AMM). Celle-ci a tranché en novembre et estimé qu'il fallait retirer l'AMM pour ces produits. Selon elle, l'ensemble des usages représente un risque pour la santé humaine et l'environnement.

Les plaintes déposées auprès de la compagnie de gendarmerie d'Angers, le sont pour blessures involontaires par violation à une obligation de sécurité ou de prudence, selon l'AFP. Par ailleurs, l'association la Sauvegarde de l'Anjou a également déposé deux plaintes auprès des procureurs de Brain-sur-l'Authion et de Mazé Milon. "Nous réfléchissons également à lancer une action collective avec les victimes", a indiqué Yves Lepage, président de la Sauvegarde de l'Anjou.

vendredi 23 novembre 2018

L'Etat lance une plateforme de suivi des agriculteurs sortis du glyphosate

Ce jeudi 22 novembre, l'Elysée a mis en ligne une plateforme de suivi des agriculteurs français engagés à sortir de l'usage de l'herbicide glyphosate d'ici le 31 décembre 2020. Le plan gouvernemental de sortie du glyphosate prévoit de mettre fin sous trois ans à la majorité des usages du pesticide et sous cinq ans à la totalité.

La plateforme vise à partager les bonnes pratiques des agriculteurs pour arrêter de recourir à l'herbicide controversé. L'Elysée y rappelle que le rapport de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), paru en décembre 2017, montre que des alternatives au glyphosate existent déjà pour près de 90 % des surfaces agricoles.

Le site propose de suivre "en temps réel" la dynamique collective des agriculteurs français "déjà sortis" ou "engagés" à le faire via deux compteurs. Toutefois, à l'heure actuelle, aucune donnée n'est encore affichée concernant leur nombre. La plateforme invite les agriculteurs à déclarer leurs parcelles sans glyphosate, sur le site du ministère de l'Agriculture. Une carte de France permettra aussi de voir le nombre de parcelles, par département, déclarées sans glyphosate.

Selon l'agence Reuters, la plateforme proposera également, à partir du premier semestre 2019, un volet accompagnement, en lien avec la banque de ressources techniques accessible d'ici fin 2018. A cette même échéance, la cartographie des données d'achat et de vente de glyphosate sera rendue publique et les données sources mises à disposition, selon le ministère de l'Agriculture.

jeudi 22 novembre 2018

Pesticides : la consommation française cartographiée

L’association Générations futures a pu analyser une base de données des ventes de produits phytosanitaires

Voilà un prix dont elles se seraient sans doute bien passées. Les chambres d’agriculture du Vaucluse, de La Réunion et de la Martinique ne vont pas tarder à recevoir un diplôme symbolique autant qu’ironique : le « Glyph’Award », qui distingue les départements français les plus portés sur le glyphosate. La Gironde et l’Aube se voient décerner chacune un accessit par l’association Générations futures pour leur propension à recourir à l’herbicide le plus vendu au monde.
Tous les cinq enregistrent des records de plus d’un kilogramme de glyphosate par hectare vendu chaque année, alors que la moyenne nationale est de 326 grammes. Grandes cultures, viticulture, arboriculture en sont friandes. Les régions d’élevage du Massif central se situent en bas du classement.
« C’est tellement difficile d’alerter sur l’omniprésence des pesticides… On a essayé beaucoup de modes de communication, alors cette fois on tente l’humour », explique François Veillerette, directeur de l’association à l’origine de cette initiative.
Au-delà du glyphosate, une substance active emblématique des tensions autour du modèle agricole dominant, l’association a calculé qu’en France il se vend en moyenne 2,6 kilogrammes de produits phytosanitaires par hectare et par an. Le gouvernement, qui a lancé mardi 20 novembre une consultation publique sur la relance du plan Ecophyto destiné à réduire l’usage des pesticides, évalue, lui, à 3,7 kg les substances actives par hectare cultivé et indique que la France se classe au deuxième rang européen, avec 72 035 tonnes vendues.
A l’échelle d’un département, l’Aube se distingue à nouveau : comme en Gironde, on y achète plus de trois tonnes de phytosanitaires par an. La Marne, le Vaucluse, le Pas-de-Calais, le Gard et l’Aisne dépassent, pour leur part, les deux tonnes par an.
Ces cartes de France des pesticides donnent un aperçu des quantités achetées en 2017 ; elles ne montrent pas ce qui est réellement épandu dans les champs comme substances actives déclarées, ou achetées clandestinement hors des frontières. Chaque agriculteur est tenu de remplir précisément un registre récapitulant ce qu’il utilise sur ses parcelles, mais ces données restent inaccessibles. Elles intéresseraient pourtant le public, surtout les riverains.
Pour établir ces recensements, Générations futures s’est plongée dans une masse de relevés de 700 000 lignes extraites de la base de données des ventes des distributeurs agréés. L’exercice est inédit. Car si la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006 oblige ces derniers à déclarer leurs cessions annuelles de produits phytosanitaires afin d’établir le montant de la redevance pour pollutions diffuses, l’Etat ne permettait pas au public d’y mettre son nez. Jusqu’à ce que la Commission d’accès aux documents administratifs intervienne, en 2017, à la demande de l’association Eau et rivières de Bretagne.
Frugale Lozère
Le travail de Générations futures renseigne sur les zones probablement les plus exposées, avec la carte des quantités de substances actives vendues, rapportées aux surfaces agricoles cultivées dans chaque département. Rappelons que les collectivités locales ne sont plus autorisées à en faire usage dans leurs parcs et jardins. Le Vaucluse, une fois encore, apparaît comme le champion dans cette catégorie, avec presque 22 kg par hectare, loin devant le Gard (14,2 kg) et la Gironde (13 kg).
L’une des cartes réalisées par l’association présente, toujours par département, les quantités de phytosanitaires dont les substances actives sont classées cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques probables ou possibles dans la base de données sur les pesticides de l’Union européenne. Le Vaucluse (1,2 kg/ha) se classe alors en quatrième position derrière l’Aube (1,88), le Tarn-et-Garonne (1,3) et le Pas-de-Calais (1,24). Tandis qu’en Lozère, qui apparaît systématiquement comme la plus frugale, il s’en vend 0,0003 kg/ha.


Sur une autre carte, Générations futures montre la répartition des ventes de substances actives phytosanitaires suspectées d’être des perturbateurs endocriniens, toujours rapportée aux surfaces cultivées.
Alors que les débats se multiplient et que les questions se font pressantes sur les effets des épandages de produits chimiques, ces données mériteraient d’être croisées avec des résultats de recherches épidémiologiques.

Glyphosate : les faucheurs volontaires bretons portent aussi plainte

Selon Le Télégramme, 22 membres des "faucheurs volontaires" bretons ont déposé plainte, après avoir détecté des traces de l'herbicide glyphosate dans leurs analyses d'urine. Les plaignants sont membres du collectif des "Pisseurs et pisseuses involontaires de glyphosate". Ils ont déposé plainte, mardi 20 novembre, "pour tromperie aggravée, pollution de l'environnement et mise en danger de la vie d'autrui", auprès des procureurs de Quimper, Lorient et Saint-Brieuc. En septembre 2017, les taux de glyphosate révélés dans les urines des plaignants étaient de 0,19 à 3,5 nanogrammes par millilitre. Des taux supérieurs à la dose maximale autorisée dans l'eau potable, fixée par l'Europe, qui s'élève à 0,1 nanogramme par millilitre.

Contacté par Le Figaro, l'avocat des plaignants, Jérôme Bouquet-Elkaïm, a indiqué qu'environ "500 personnes devraient, dans les mois à venir, déposer plainte en Bretagne", après leurs résultats. Les plaintes ciblent les fabricants des pesticides à base de glyphosate, des organismes français et européens qui délivrent les autorisations et les laboratoires.

Le 15 octobre dernier, une cinquantaine de plaintes avaient déjà été déposées par un collectif ariégeois. Ils avaient également relevé des taux de glyphosate dans leurs urines, au-dessus des seuils autorisés. Toutes ces plaintes sont envoyées et traitées au pôle santé publique du parquet de Paris. En France, d'autres recours contre le glyphosate ont été lancés.

Dioxines : la dose tolérable dans les aliments dépassée partout en Europe

"Les données recueillies en Europe indiquent un dépassement de la dose tolérable récemment mise à jour par l'Efsa pour tous les groupes d'âge", indique laconiquement l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans un communiqué publié mardi 20 novembre. Cette communication concerne l'exposition alimentaire aux dioxines et PCB de type dioxine. Des polluants chimiques persistants qui s'accumulent dans les tissus adipeux des animaux et expose les populations via la consommation de poisons gras, de viande de bétail, de fromage ou d'oeufs.

L'agence européenne a fixé une nouvelle dose hebdomadaire tolérable (DHT) pour les dioxines et les PCB de type dioxine dans les aliments suite à nouvelle évaluation des risques que la Commission européenne avait réclamée en 2015. Cette évaluation, adoptée le 14 juin dernier par l'Efsa, se révèle préoccupante du fait d'une exposition considérable de la population.

La nouvelle dose est fixée à 2 picogrammes par kilogramme de poids corporel. Une valeur sept fois inférieure à la DHT précédente fixée en 2001. Les données recueillies par l'Efsa révèlent un dépassement de la dose tolérable quels que soient les groupes d'âge considérés. "Les expositions moyennes et élevées sont respectivement de 5 à 15 fois plus élevées que la nouvelle DHT chez les adolescents, les adultes et les personnes âgées. Les jeunes enfants et les enfants de moins de 10 ans présentent aussi un dépassement similaire de la DHT", détaille Ron Hoogenboom, président du groupe de travail sur les dioxines à l'Efsa. En d'autres termes, l'exposition est considérable et dépasse même l'ancienne valeur limite, modifiée du fait de son caractère non protecteur.

Cette nouvelle évaluation tranche avec les communications précédentes de l'Efsa axées sur la baisse de l'exposition alimentaire des populations à ces substances toxiques. Une communication rassurante tenue également au plan national par la DGCCRF, mais qui se basait sur la conformité à la réglementation européenne et non sur les risques objectifs liés à ces contaminants issus de procédés thermiques et industriels interdits dans les années 1980. La balle est maintenant dans le camp de la Commission européenne et des Etats membres qui doivent prendre les mesures de gestion du risque qu'impose cette nouvelle évaluation. Les dioxines et PCB de type dioxine diminuent la qualité du sperme, perturbent la thyroïde et peuvent provoquer des cancers.

vendredi 16 novembre 2018

Une "prison" de bélugas et d'orques : un business illégal entre la Chine et la Russie

Une "prison de bélugas et d'orques" a été filmée dans l'Extrême-Orient russe. Un véritable flou entoure les entreprises qui possèdent ces enclos abritant bien souvent des animaux destinés à la Chine.

Au large de la Russie, plus particulièrement de la ville de Nakhodka, 11 orques et 90 bélugas capturés dans la nature ont été filmés par une journaliste russe nommée Masha Netrebenko. Les cétacés sont retenus dans des enclos bien trop petits et en toute illégalité, a indiqué le 6 novembre 2018 la Whale and Dolphin Conservation Society, une ONG britannique.

Plusieurs entreprises semblent se cacher derrière ce juteux business

La plupart de ces animaux capturés au large de la Russie seraient ensuite vendus à des aquariums chinois. Selon une enquête menée par le journal indépendant russe Novaya Gazeta, entre 2013 et 2016, pas moins de 13 épaulards ont été exportés vers la Chine par la Russie pour un montant de 700 millions de roubles russes (environ 9 millions d'euros). En réalité, les établissements chinois ne se cachent même pas à l'image du Linyi Polar Ocean World qui précise sur son site que sa "Baie des orques" abritent "4 épaulards russes". Le nombre d'aquarium en Chine est en hausse selon le média. D'ailleurs, en 2017, une firme d'investissements immobiliers chinoise avait annoncé devenir le premier actionnaire des parcs SeaWorld. Elle avait alors fait part de sa volonté de développer ces structures en Asie. Ce pays devient alors un client particulièrement intéressant pour des gens peu scrupuleux qui semblent essentiellement cachés derrière quatre entreprises, toujours selon Novaya Gazeta : LLC Oceanarium DV, LLC Afalina, LLC Bely Kit et LLC Sochi Dolphinarium. Mais qui tire les ficelles ? On nous indique un nom : Arkadi Rotenberg, un oligarque russe proche de Vladimir Poutine. "Ce sombre business implique les personnes les plus riches de Moscou proches des politiciens les plus importants du gouvernement russe", explique à Sciences et Avenir une source qui souhaite garder l'anonymat.

"Les captures mettent cette population en danger d'extinction"

En attendant, une enquête menée par le bureau du procureur est en cours afin de mesurer l'illégalité de cette prison. Selon le Dr Richard Thomas, coordinateur mondial de la communication du programme TRAFFIC de la WWF, ces espèces sont inscrites dans l'annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites). "Cela signifie que leur commerce est autorisé pourvu que la transaction soit accompagnée des permis de la Cites appropriés", explique à Sciences et Avenir le spécialiste. Ces animaux ne peuvent normalement pas être vendus à des fins commerciales mais pour "la recherche" ou encore "l'éducation". "La Commission Baleinière Internationale (CBI) gère la chasse commerciale de baleines qui est soumise à un moratoire depuis 1982. La chasse à l'orque pour consommation n'existe pas (sauf éventuelle prise accessoire). En parallèle, la CBI permet une chasse pseudo-scientifique pour les baleines (ex : au Japon). Mais ne régule pas la capture d'animaux vivants pour seule fin de divertissement", explique Greenpeace France contacté par Sciences et Avenir. En France, aujourd'hui il est interdit de capturer des cétacés pour les envoyer dans des zoos, au contraire de la Russie ou de la Chine".
La branche russe de l'ONG Greenpeace a lancé une pétition afin d'interdire la capture de ces animaux. "Parmi toutes les espèces gardées en captivité, les épaulards souffrent tout particulièrement de vivre dans un espace clos, note l'ONG. Ils sont très intelligents et possèdent une structure sociale complexe : comme les humains, ces mammifères vivent dans des familles comptant même des grands-mères". Greenpeace assure que si le nombre exact d'épaulards présents dans les mers d'Extrême-Orient est inconnu, ces derniers ne seraient peut-être que quelques centaines. "Les captures mettent cette population en danger d'extinction", assure l'ONG. Un quota russe permet la capture de 13 orques au cours de l'année 2018. Il devra ensuite être redéfini pour 2019. "L'impact sur le stock d'orque dépasse largement cette limite. Car pour en ramener 13 vivants, il faut en cibler (et donc en tuer) beaucoup plus", se désole Greenpeace France.

Maladie de Lyme : les patients atteints ont 85% de risques de souffrir d'infections microbiennes multiples

Selon une étude menée par une université Finlandaise, les personnes atteintes par la maladie de Lyme sont plus enclines à développer des infections microbiennes à cause d'un dérèglement du système immunitaire.

En 2050, près de 35% de la population mondiale pourrait être atteinte par une maladie transmise par morsure de tique. Dans ce contexte, les chercheurs se démènent pour trouver des moyens de détection fiables et des traitements efficaces. Mais la tâche est ardue : les patients atteints par la maladie de Lyme, sans doute la plus connue des pathologies liées à une morsure de tiques, sont bien souvent la cible d'autres bactéries expliquent des chercheurs de l'université de Jyväskylä (Finlande).

Borrelia facilite les infections par des autres bactéries

Les tiques sont les hôtes d'au moins 8 sortes de bactéries différentes. Lorsqu'elles transmettent une Borrelia (bactérie responsable de la maladie de Lyme), elles sont susceptibles d'en transmettre d'autres et de modifier profondément le système immunitaire de l'individu. "Borrelia peut prédisposer les individus à des infections polymicrobiennes car elle peut supprimer, subvertir ou moduler le système immunitaire de l'hôte afin de créer une niche propice à la colonisation par d'autres microbes", notent les chercheurs dans une étude parue le 29 octobre 2018 dans Scientific Reports. Selon cette dernière, 65% des patients atteints par la maladie de Lyme - quel que soit le stade de celle-ci - sont également infectés par d'autres agents pathogènes. Leur système immunitaire produit une réponse à l'encontre de "plusieurs bactéries". Les co-infections par morsures de tiques sont connues et bien documentées mais les résultats présentés soulignent l'importance des infections hors de ces cas. Ainsi, ils indiquent que la probabilité que des patients atteints par la maladie de Lyme soient en réalité touchés par d'autres pathogènes est de 85%. Car outre la co-infection lors de la morsure, l'exposition prolongée à des bactéries transmises par des tiques affaiblirait le système immunitaire et favoriserait l'infection par des agents pathogènes opportunistes non transmis par les acariens telles que les chlamydies.

Un test contesté à cause de son omission des co-infections

En outre, les auteurs de l'étude affirment qu'ils ont découvert un nouveau biomarqueur des Borrelia ce qui devrait permettre d'augmenter l'efficacité des tests déjà existant. Ce marqueur, nommé "forte persistance de Borrelia" a été comparé au test utilisé par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, agence fédérale américaine concernant la santé publique). 72% des personnes d'abord qualifiées de négatives pour la maladie de Lyme étaient en réalité positives pour cette "forme persistante" de la bactérie. Elles étaient également infectées par d'autres bactéries telles que des Bartonella, des Ehlichia ou encore des Babesia. Le test pour la détection de la maladie de Lyme des CDC "est contesté à cause de l'omission des co-infections et des infections opportunistes non transmises par les tiques qui sont cruciales pour un diagnostic exhaustif et pour le traitement", notent les chercheurs. Dans un communiqué, ils assurent comprendre que les résultats de leur étude peuvent être perçus comme controversés. "Cependant, dans l'intérêt de la santé publique globale et pour restreindre l'épidémie de maladies dues aux morsures de tiques, il est essentiel que les praticiens, les patients et les scientifiques en général apprennent à les identifier comme étant multimicrobiennes par nature", poursuit le communiqué.

 

mardi 13 novembre 2018

La Chine veut s’affirmer dans l’industrie pharmaceutique mondiale

D’ici à 2030, le pays pourrait devenir le premier marché de la planète, devant les Etats-Unis.
Elles sont presque toutes là. Les Big Pharma internationales ont répondu à l’appel du gouvernement chinois pour participer, entre les 5 et 10 novembre, à Shanghaï, à l’Exposition internationale d’importation de la Chine. Derrière le stand d’AstraZeneca, de Roche ou de Bayer, celui de Merck veut éclipser ceux de Novartis ou de Sanofi, ayant convié une poignée de journalistes français sur place.
Pour la fine fleur du secteur, pas question de rater un tel événement, car l’empire du Milieu, 1,4 milliard d’habitants, est devenu, en moins de dix ans, le second marché de la planète, à près de 110 milliards d’euros. D’ici à 2030, il pourrait devenir le premier, devant les Etats-Unis. Pas question pour les sociétés étrangères, dont la présence est « tolérée », selon un patron du secteur, de renoncer aux 25 % de part de ce gigantesque marché qu’ils ont réussi à gagner ces dernières années.
Mais la Chine a bien l’intention de créer ses propres géants. Dans le cadre du plan « Made in China 2025 », Pékin souhaite qu’au moins cent sociétés pharmaceutiques chinoises puissent exporter des médicaments dans les grands marchés de la planète, en atteignant une production au standard international d’ici à 2020. Car, pour l’instant, la majorité des 4 100 sites chinois ne sont pas au bon niveau.

lundi 12 novembre 2018

Les résultats de l'examen des fongicides SDHI se font toujours attendre

Quels sont les impacts des fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) ? Pour l'instant, la réponse de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) se fait toujours attendre. En avril dernier, un collectif de chercheurs et médecins avait alerté sur les risques de cette molécule et demandé la suspension de ces produits en attendant leur analyse. L'Anses avait alors constitué un groupe d'experts dédié.
L'association Pollinis met aujourd'hui l'accent sur la lenteur de la procédure et regrette le mandat fixé pour mener les travaux. "Ils vont se limiter aux points soulevés par l'alerte lancée en avril dernier et aux tests de toxicité réglementaire", déplore-t-elle. Lors d'une rencontre avec l'Anses, elle a notamment demandé à ce que soit pris en compte l'impact sur les pollinisateurs. Celle-ci compte également financer des études pour mesurer l'impact réel des SDHI sur ces derniers ainsi que sur les vers de terre et la santé humaine.

Elle a aussi lancé une pétition pour que la Commission européenne mette en place un moratoire sur ces molécules en attendant leur réévaluation. Le groupe d'experts devrait quant à lui remettre sa conclusion d'ici la fin de l'année.

lundi 5 novembre 2018

Evaluation des pesticides : une coalition d'ONG et d'experts demande sa réforme

Dénonçant la mauvaise application des règles européennes sur l'évaluation des pesticides et les conflits d'intérêts liés à cette procédure, une coalition d'ONG et d'experts européens demande sa réforme dans un manifeste.

La coalition "Citizens for science in pesticide régulation" pointe du doigt le fait que "l'industrie effectue ses propres tests de sécurité et participe activement à la conception des méthodes d'évaluation des risques". Elle regrette également que des groupes d'experts associés au processus d'évaluation entretiennent des liens financiers avec l'industrie.

Ces acteurs soulignent pourtant la qualité de la réglementation sur les pesticides, qui donne la priorité à la protection de la santé et de l'environnement. Cependant, l'industrie doit être "tenue à distance des tests de sécurité, de l'évaluation des risques et de la gestion des risques". Ceux-ci devraient être réalisés par des laboratoires indépendants, financés par un fonds fourni par l'industrie, estiment-ils.

Alors que la Commission européenne étudie la possibilité de réformer cette réglementation dans le cadre du programme Refit et qu'une commission parlementaire s'est saisie du sujet, la coalition dresse des recommandations. "La Commission européenne ne doit proposer l'approbation d'une substance pesticide que lorsque toutes les preuves scientifiques montrent que la substance ou le produit final ne cause aucun effet nocif sur l'homme, les animaux et l'environnement, que toutes les utilisations proposées par l'industrie sont considérées comme sûres par l'Efsa et qu'aucune alternative plus sûre (substance ou pratique) n'est disponible", affirme-t-elle. Elle rappelle que les pesticides ne doivent être utilisés qu'en dernier recours.

Pour assurer davantage de transparence dans le processus décisionnel, "les discussions entre la Commission européenne et les Etats membres ou toute autre entité doivent être publiques". Enfin, pour éviter toute concurrence déloyale, l'UE devrait interdire l'importation de produits contenant des résidus de pesticides non approuvés.

Les pesticides à base de métam-sodium ne seront plus autorisés en France

L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de rendre sa décision : elle va retirer l'autorisation de mise sur le marché de l'ensemble des produits à base de métam-sodium.

"L'ensemble des usages représente un risque pour la santé humaine et l'environnement", a-t-elle estimé à l'issue de sa réévaluation. Fin octobre, les ministères de la Transition écologique, de la Santé, de l'Economie et de l'Agriculture avaient suspendu pour trois mois son utilisation dans l'attente de l'analyse de l'Anses. Cette réévaluation faisait suite à des signalements de plusieurs cas d'intoxications respiratoires des personnels et riverains d'exploitations agricoles.

Ce désinfectant des sols est aujourd'hui employé pour des cultures maraîchères, telles que la mâche et la tomate, ou en horticulture. Près de 700 tonnes sont utilisées chaque année en France.

"Si notre association salue cette décision, nous regrettons le temps perdu, a réagi François Veillerette, directeur de Générations Futures. Il nous faudra rester très vigilant car le dossier n'est pas totalement clos, la substance restant homologuée au niveau européen".

Les ventes de pesticides repartent à la hausse en 2017

En 2017, 94,2 millions de doses unités (Nodu) de pesticides ont été vendues, selon un document du gouvernement, publié dans le cadre de la loi de finances et déniché par Les Echos. Ce chiffre, qui doit encore être consolidé, est en hausse par rapport à 2016 (93,9 millions). Une mauvaise nouvelle alors que le plan Ecophyto prévoit une baisse de 25 % à l'horizon 2020 et 50 % à 2025.

"La prévision pour 2018 est en conséquence réactualisée à 83,4 millions de doses [contre 77,4 initialement prévus] et la prévision pour 2019 est fixée à 73,4 millions", indique le document. En revanche, "la cible pour 2020, fixée à 66,5 millions de doses, est confirmée".

FRUITS ET LÉGUMES: LA PRÉSENCE DE "POLLUANTS ÉTERNELS" AUGMENTE DE 220% EN EUROPE

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