A la demande de la Commission
européenne, l'Autorité européenne de sécurité des aliments doit rendre
un avis scientifique sur les risques associés à la présence de
perturbateurs endocriniens dans la chaîne alimentaire. Ce mandat n'est
toutefois pas du goût des associations.
Les
perturbateurs endocriniens, composés chimiques susceptibles
d'interférer avec le système hormonal inquiètent de plus en plus. Or, à
ce jour, alors que ces substances sont présentes dans l'alimentation et
dans de nombreux objets utilisés quotidiennement (cosmétiques, jouets,
etc.), aucune liste officielle ne les répertorie à l'échelle européenne.C'est dans ce contexte que la Commission européenne a demandé à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de rendre un avis scientifique sur les risques associés à la présence de perturbateurs endocriniens dans la chaîne alimentaire. Cet avis, attendu pour mars 2013, dressera un bilan des informations scientifiques disponibles et tentera de déterminer :
- les critères scientifiques utilisés pour identifier les perturbateurs endocriniens ;
- les critères pouvant être appliqués pour faire la distinction entre les effets indésirables potentiels d'un perturbateur endocrinien et la régulation normale de la fonction corporelle chez l'homme et de l'écosystème ;
- si les méthodes existantes de détection de la toxicité couvrent de façon appropriée les effets des substances actives sur le système endocrinien.
Cet avis sera fondé sur l'évaluation des connaissances actuelles, sur les travaux scientifiques menés sur les substances actives sur le système endocrinien et sur les comptes-rendus du colloque scientifique organisé par l'EFSA en juin 2012. Afin de garantir une cohérence des travaux, l'Agence européenne des médicaments, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), l'Agence européenne de l'environnement, les comités scientifiques non alimentaires de la Commission européenne et le Centre commun de recherche participeront à l'élaboration de cet avis.
Ce mandat accordé à l'EFSA est toutefois vivement critiqué par l'association Réseau Environnement Santé (RES) et par les ONG européennes qui craignent que l'instance ne vienne bouleverser le processus législatif en cours et manque d'objectivité, en raison de son déni de notoriété publique sur la perturbation endocrinienne.
Remarque : plusieurs lois et règlements doivent
être prochainement modifiés pour prendre en compte les risques liés à
ces substances. Les règlements communautaires régissant les pesticides
et les biocides doivent notamment être modifiés pour prévoir le retrait
du marché des perturbateurs endocriniens, le règlement Reach doit
également être modifié pour que ces substances soient reconnues comme
extrêmement préoccupantes.
RES appréhende notamment que l'EFSA se prononce en faveur des
industriels lesquels défendent une définition complexe des
perturbateurs endocriniens qui inclurait par exemple une description
des mécanismes d'action et une charge de la preuve très élevée sur la
nocivité des effets, alors qu'à l'inverse, les ONG souhaitent une
définition simple et tournée vers l'action de précaution et de
prévention.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire