La tribune intitulée « Sur l’impact des pesticides, la recherche scientifique doit éclairer la décision publique » (Le Monde
du 17 mai) rappelle l’angoissante perspective vers laquelle nous
entraîne l’usage sans cesse croissant de ces substances. Depuis le
constat de la chute des populations d’insectes pollinisateurs jusqu’aux
données jugées probantes en termes d’impact sur la santé humaine, elle
souligne la gravité du problème. Simultanément à ce constat, elle se
fait l’avocate d’un financement d’études jugées nécessaires pour « éclairer » une éventuelle décision d’interdire l’usage des pesticides.
Pourtant,
en dépit d’un tel constat, le texte ne mentionne nulle part la
nécessité de l’arrêt urgent de l’utilisation massive des pesticides.
L’urgence découle des dégâts déjà constatés à ce jour sur la faune et la
biodiversité. Pour l’homme, au regard des incertitudes concernant les
mécanismes d’action des pesticides ou les conséquences de lentes
imprégnations par ceux-ci, les réponses pourraient bien n’être là que
dans dix, vingt ans ou plus. Les cancers reconnus en justice comme liés à
l’utilisation du Roundup se sont par exemple révélés trente années ou
plus (en 2011 et 2015) après le début de l’exposition (1982).
Le
temps représente un enjeu décisif avec lequel les firmes de
l’agrochimie jouent pour commercialiser des pesticides, qui, du fait de
leur toxicité, sont retirés les uns après les autres pour y substituer
d’autres molécules, ou des mélanges variés, ouvrant à de nouvelles
études… et de nouveaux profits. La course est sans fin entre les firmes,
les agences de sécurité, les chercheurs toxicologues, et les politiques
qui n’ont pas, le plus souvent, les connaissances pour discerner le
vrai du faux. Un fongicide, comme l’époxiconazole, mis en cause en 2013,
enfin retiré par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et du travail) le 28 mai, est déjà
remplacé par une molécule sœur !
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