jeudi 23 mars 2023

De Fabrice Bonnifet Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement Groupe Bouygues

 La synthèse des travaux du #giec qui vient d’être publiée est un événement extraordinaire, elle pose clairement le diagnostic de notre addiction aux énergies fossiles qui risque de nous précipiter dans les soins palliatifs. Et pourtant ce rapport des rapports du Giec sera globalement moins commenté dans les médias qu’un fait divers ! Le « résumé pour les décideurs » qui accompagne sa diffusion sera peut-être lu par quelques dirigeants du monde entier, mais combien d’entre eux comprendront vraiment la radicalité des mesures qu’il faudrait mettre en oeuvre, face à l’implacabilité des faits scientifiques ?

Lisons bien la principale information de cette synthèse. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent culminer au plus tard en 2025 et baisser de 43% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019 et de 84% d'ici 2050.
Une question centrale se pose : l’indispensable trajectoire de décarbonation pour garantir un avenir à l’humanité est-elle compatible avec les perspectives économiques exigées par les marchés financiers ? Rappelons qu’une croissance de 2 à 3% par an du PIB mondial aura pour effet de le doubler en une génération, soit d’ici 2050 précisément. Dans exactement la même temporalité, pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, la consommation mondiale de charbon, de pétrole et de gaz doit diminuer respectivement de 100, 60 et 70 %.
Non les décideurs rêvent ou alors ils sont incompétents lorsqu’ils affirment que nous pouvons simultanément maintenir les mêmes trajectoires économiques, tout en décarbonant toutes les activités humaines à la vitesse exigée par la science. Notons que ces trajectoires déconnectées du respect du bien commun ne permettent plus, depuis longtemps, de réduire ni la pauvreté, ni la misère sociale. Non nous ne pourrons pas déployer des innovations technologiques qui soit n’existent pas encore, soit qui requièrent des infrastructures industrielles zéro #carbone qu’il sera impossible d’implémenter à la bonne échelle dans le temps qu’il nous reste, de surcroit dans un contexte géopolitique encore très favorable aux énergies fossiles. Non il est faux d’affirmer que les solutions d’adaptation au changement climatique nous permettront de « supporter » les dérèglements climatiques.
La seule solution pour maintenir une once d’espoir est que les pays riches acceptent de ralentir la production du non essentiel, de changer notre façon de mesurer le progrès et nos modèles économiques, pour enfin les aligner avec les limites planétaires. Les solutions pour prospérer sans carbone existent, elles combinent les hautes technologies avec les lowtech, l’impératif de rendre la sobriété désirable avec l’émergence de nouveaux imaginaires du vivre ensemble, les interdictions du superflu avec de la pédagogie, de la #démocratie locale avec de la planification continentale (EU) et surtout de la solidarité avec de la réduction des inégalités. Nous n’y arriverons sans doute pas, mais la dignité c’est d’essayer.

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