L'Unesco a publié, en
mars, un rapport rappelant que la gestion de l'eau, abordée
généralement sous l'angle de l'insuffisance, est aussi un levier
incontournable pour s'adapter au changement climatique et atténuer ses
effets. Face à la lenteur de l'atteinte des objectifs mondiaux en
matière climatique (ODD, notamment n° 2, 6, 13 et 15, Accord de Paris,
Cadre de Sendai), le rapport se veut un guide d'aide à l'action concrète
et présente des initiatives venant du monde entier.
En complément des
enjeux liés à la gestion des ressources en eau, aux infrastructures, aux
écosystèmes, aux catastrophes naturelles, à la santé humaine, à
l'énergie et à l'industrie, le rapport se penche sur les questions
d'alimentation et d'agriculture. Selon les auteurs, le secteur agricole
doit progresser davantage vers « l'agriculture intelligente face au
climat » (AIC), qui vise à maintenir la croissance de la production
agricole tout en limitant le recours aux intrants et les émissions de
gaz à effet de serre. Pour cela, il convient selon eux d'aborder la
question de l'eau à travers deux objectifs : faire évoluer les modes de
production actuels pour mieux gérer les pénuries et les excès ;
décarboner l'agriculture par des mesures réduisant les émissions de gaz à
effet de serre et renforçant la disponibilité en eau. Entre autres, ils
encouragent l'irrigation, notamment pour les régions et cultures
dépendant fortement des précipitations.
Le rapport examine
également plusieurs questions transversales, à commencer par la
nécessité d'agir en croisant les enjeux sectoriels listés ci-dessus. Par
exemple, l'agriculture de conservation permet de stocker davantage
d'eau, de nutriments et de carbone dans les sols, aidant ainsi à la
diversité et la richesse des écosystèmes. La diminution du gaspillage
alimentaire permettrait, quant à elle, de réduire la quantité d'eau
utilisée par l'agriculture (69 % des prélèvements mondiaux). Dans ce but
général d'interconnexion des enjeux sectoriels, les auteurs appellent à
renforcer la coopération entre communautés de l'eau et du changement
climatique, à la participation du public aux politiques climatiques, et à
accroître l'effort de financement global, aujourd'hui insuffisant pour
atteindre les objectifs mondiaux de disponibilité de l'eau.
Enfin, les auteurs
tracent quelques projections régionales. Pour l'Europe, ils mettent
l'accent sur les risques liés à l'évolution des précipitations et sur la
nécessité de surmonter certaines difficultés politiques pour gérer
efficacement les bassins transfrontaliers.
Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective
Source : Unesco
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