La mise en garde des chercheurs relative aux pesticides SDHI (« inhibiteurs
de la succinate déshydrogénase ») doit être prise au sérieux. La
Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de
santé publique et d’environnement (cnDAspe), une
instance officielle indépendante constituée de 22 experts bénévoles, a
publié, mardi 19 novembre, un avis estimant que l’alerte, lancée par une
dizaine de scientifiques fin 2017, sur les dangers de cette famille de
fongicides, est fondée, étayée par « des données scientifiques de qualité ».
Les informations fournies par les auteurs de l’avertissement, précise l’avis, « posent
un doute sérieux sur des dangers qui ne sont actuellement pas pris en
compte dans les procédures de toxicologie appliquées selon la
réglementation européenne ». Et ce, en dépit des « incertitudes substantielles » qui demeurent sur les risques induits par ces produits dans leurs conditions d’utilisation.
Les données transmises par le biologiste Pierre Rustin (CNRS) et ses collègues viennent par ailleurs d’être publiées dans la revue PLoS One.
Elles montrent, sur des cultures cellulaires, que les substances
appartenant à la famille des SDHI ne ciblent pas seulement les
champignons et les moisissures, mais une diversité d’organismes comme
l’abeille domestique, le lombric ou l’être humain. Les scientifiques
redoutent que le mécanisme ciblé par ces produits phytosanitaires
n’élève les risques de certains cancers et de maladies
neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Selon les chercheurs, le
recul n’est pas suffisant sur les usages actuels de plusieurs de ces
produits pour pouvoir se fonder sur des données épidémiologiques
relatives aux personnes exposées. Sur les onze substances en question,
huit ont été autorisées pour la première fois il y a moins de dix ans.
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