mercredi 8 mai 2019

Biodiversité : Que retenir du rapport de l’IPBES 2019 sur l’état de la biodiversité ?

Le lundi 6 mai 2019, l’IPBES (groupe d'experts de l'ONU) publiait son rapport sur l’état de la biodiversité. Le groupe d’experts sortait en effet de sa septième séance plénière dans le cadre de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Le rapport publié est le résultat de trois (3) années de travaux menés par 150 scientifiques et plus de 300 experts sous l’égide de l’ONU. Dans les grandes lignes, ce rapport révèle que l’agriculture, la pêche et le changement climatique sont en train de provoquer l’extinction d’un million d’espèces laquelle s’accélère provoquant des effets graves sur les populations humaines du monde entier.

Dans cet article, nous reviendrons sur les principaux résultats chiffrés et les principales orientations proposées par l’IPBES.

Concernant les principaux résultats chiffrés :

- L’on note que la disparition de la biodiversité est 1000 fois supérieure au taux naturel d’extinction des animaux. Ce qui conduit les experts à dire que nous traversons la sixième extinction de masse des espèces et exclusivement liée aux activités humaines (la dernière en date étant celle des dinosaures, il y a 65 millions d’années).

- Globalement, un quart des 100.000 espèces évaluées est déjà menacé d’extinction, sous pression de l’agriculture, de la pêche, de la chasse, ou encore du changement climatique. Une accélération rapide imminente du taux d’extinction des espèces, animales et végétales est attendue par les scientifiques. Soit un million supplémentaire sera menacé dont la plupart durant les prochaines décennies. Pour l’heure, 75 % des espèces du milieu terrestre et 40 % du milieu marin sont sévèrement altérées par les activités humaines.

- Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % avec évidemment de fortes disparités régionales. On estime que 10 % des espèces d’insectes sont menacées, mais leur biomasse totale chute beaucoup plus rapidement. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16e siècle.

- Le nombre d’espèces exotiques envahissantes a augmenté d’environ 70 % depuis 1970 en moyenne à cause de la multiplication des échanges commerciaux et du réchauffement climatique.

- Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage. 12 % des terres émergées non couvertes par les glaces sont utilisées dans le monde pour la production agricole et 25 % pour les pâturages.

- La valeur de la production agricole a augmenté d’environ 300 % depuis 1970, mais la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale. De plus, 75 % des plantes cultivées sont confrontées au risque de disparition des pollinisateurs.

- En agriculture, environ 10 % de toutes les races de mammifères domestiquées avaient disparu en 2016 en raison de la standardisation des élevages et de l’abandon de variétés moins productives.

- 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus entre 1980 et 2000 en raison de l’augmentation de l’élevage du bétail en Amérique latine (environ 42 millions d’hectares) et des plantations en Asie du Sud-Est (environ 7,5 millions d’hectares, dont 80 % destinés à l’huile de palme). Environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre sont causées par ce défrichement.

- 68 % des capitaux étrangers qui vont aux secteurs du soja et de la viande bovine amazonienne transitent par des paradis fiscaux.

- Plus de 500 000 espèces terrestres ont désormais un habitat insuffisant pour leur survie à long terme. Par ailleurs, 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde. Une quantité qui a presque doublé depuis 1980.

- 50 % de l’expansion agricole a eu lieu au détriment des forêts, dont la superficie n’est plus que de 68 % de celle qu’elle était à l’époque préindustrielle.

- 110 millions d’hectares de forêts ont été plantés en plus de 1990 à 2015, soit presque deux fois la superficie de la France.

- 55 % des océans sont exploités par la pêche industrielle et on estime qu’un tiers des stocks de poissons marins sont surexploités, 60 % le sont au maximum du niveau durable et seulement 7 % à un niveau très durable.

- Plus d’un tiers des prises de poissons dans le monde sont illicites ou non déclarées (2011) et 70 % des bateaux impliqués dans cette fraude sont financés à travers des paradis fiscaux.

- La diminution de 10% par décennie des herbiers marins depuis 1970. De leur côté, les récifs coralliens ont reculé de moitié depuis 1900 et les mangroves de 75 %.

- Plus d’un tiers de tous les mammifères marins et plus de 40 % des oiseaux marins sont menacés.

- Plus de 40 % des espèces d’amphibiens sont menacées d’extinction, ils ont pourtant un rôle essentiel dans la régulation des insectes comme les moustiques. De fait, les zones humides disparaissent actuellement trois fois plus vite que les forêts.

- 80 % des eaux usées mondiales rejetées dans l’environnement ne sont pas traitées.

Concernant les principales orientations proposées :

- L’IPBES recommande de mettre en place une planification intégrative en faveur de la biodiversité, de diminuer nos sources de pollution et de réduire notre consommation.

- Les experts soulignent la nécessité de changer nos modes de production et de développer des chaînes alimentaires moins nocives pour la nature.

- Il est également recommandé aux États de prendre davantage en considération la gouvernance de l’environnement et de s’éloigner du dogme de la croissance.

- Le président de l’IPBES, Robert Watson, appelle à une prise de conscience générale et à un remaniement radical de la société afin d’assurer un avenir à peu près soutenable.

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