lundi 28 janvier 2019

Le krill antarctique fuit le réchauffement climatique

En examinant les données de captures du crustacé emblématique de l’Antarctique, une équipe anglaise vient de prouver que les populations de krills s’amenuisent et se réfugient dans les eaux plus froides proches du continent.

BIOMASSE. Le krill ne va pas bien, et on peut craindre des conséquences en chaîne pour les équilibres écologiques de l'Antarctique. Une équipe de chercheurs du laboratoire marin de Plymouth (Royaume-Uni) vient de publier des résultats alarmants dans Nature climate change : la principale nourriture des baleines à fanons (rorquals et baleines franches) est descendue plus au sud et se concentre désormais autour de la péninsule antarctique. L'étude ne fait pas d'évaluation de la biomasse d'Euphosia superba, la plus importante au monde pour le règne animal (autour de 600 millions de tonnes), mais elle rapporte des changements inquiétants sur la structure même de cette population.
Si les chercheurs se sont focalisés sur la mer de Scotia (située à l’est de la pointe de Patagonie et de la péninsule antarctique), c’est parce que c’est dans cette zone que l’on retrouve le plus de krills, et ce depuis le début des relevés en 1926. Grâce à une banque de données spécialement construite pour l’observation de cette espèce, les biologistes disposent d’une série de 90 ans de relevés de captures par la pêche industrielle et de résultats de prélèvements scientifiques sur le renouvellement annuel de cette petite crevette. C’est ainsi qu’ils ont pu déterminer un déplacement de 440 kilomètres des bancs de crustacés, soit 4 degrés de latitudes au cours des 40 dernières années. L’espèce a délaissé les abords des îles de Géorgie du Sud pour les eaux proches du continent antarctique.

Tout indique que le krill a du mal à se reproduire

GÉNÉRATIONS. Un autre phénomène a intrigué les chercheurs. Les spécimens capturés aujourd’hui sont en moyenne 6 millimètres plus longs que ceux des années 1970 et leur masse corporelle est 75% plus importante. L’explication avancée est plutôt inquiétante. “Nos données sur l’abondance et la structure de la population révèlent les difficultés d’une espèce à renouveler ses générations et à se maintenir en nombre dans les franges nord de son aire de répartition”, explique Angus Atkinson, principal auteur de l’étude. Le réchauffement des eaux provoque toute une série de phénomènes qui se conjuguent pour rendre plus difficile la reproduction de l’espèce. Les chercheurs citent le renforcement des vents, une météo plus chaude et un recul de la glace. En conséquence, les conditions négatives que rencontre le krill lors des années où le courant circumpolaire antarctique provoque des tempêtes et une météo plus chaude et nuageuse se pérennisent. Les conditions plus favorables à la reproduction ne se répètent plus lors du printemps austral. Les jeunes larves dépérissent et les générations ne se renouvellent plus. C’est pour cela que les chercheurs ont constaté une surreprésentation de crustacés plus gros et plus matures.
Ce changement d’aire de répartition affecte à la fois la chaîne alimentaire et le cycle biochimique de l’océan. Car l’espèce n’est pas seulement essentielle à l’alimentation des espèces marines. Elle fixe également le carbone et le fer présent dans les océans. La diminution de sa population pourrait ainsi provoquer des effets en cascade imprévus.

 

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