mercredi 2 mai 2018

La double peine des récifs coralliens les plus isolés de l'Océan Pacifique

Des chercheurs ont étudié les récifs coralliens de l'île d'Upolo, les plus isolés de l'Océan Pacifique. Ils ont constaté des coraux dans un très mauvais état.

 Entre 2016 et 2018, des scientifiques du CNRS et de la King Abdullah University of Science and Technology en Arabie Saoudite se sont lancés dans une grande expédition, nommée Tara Pacific, dont l'objectif était d'étudier les récifs coralliens les plus isolés de l'Océan Pacifique. Ces derniers sont peu documentés de par leur isolement. Leur situation géographique laisse penser que ce sont des récifs préservés. “Les données disponibles ainsi que les images satellites convergeaient aussi vers une grande richesse des écosystèmes coralliens”, souligne même le communiqué du CNRS.

Des récifs coralliens en mauvais état

Pourtant, ce n'est malheureusement pas le constat que les scientifiques ont pu faire en explorant, en novembre 2016, l'île d'Upolo, l'une des neuf îles de l'État des Samoa. Les coraux y étaient en réalité en très mauvaise santé. En découvrant leur état, les scientifiques ont même décidé de réaliser des recherches plus poussées que celles prévues initialement. Au lieu d'observer 3 sites coralliens, ils ont réalisé des recherches sur 124 sites autour de l'île, couvrant ainsi plus de 80 km de côte. Ces recherches poussées ont ainsi permis de dresser un inventaire de la biodiversité des îles. "(Les scientifiques) ont ainsi constaté que la couverture corallienne était inférieure à 1 % dans la moitié des sites visités et de 10 % dans près de 80 % d'entre eux. Autre résultat, dans la plupart des sites, la mort des coraux était récente. Selon les scientifiques, la couverture corallienne pouvait, il y a encore deux ans, y être de 60 à 80 %”, précise le communiqué du CNRS. 
Pour les scientifiques, cette détérioration massive a deux explications. En 2015-2016, le réchauffement climatique a augmenté un phénomène météorologique appelé El Niño. Cela a entraîné un blanchissement accru des coraux. Mais, pour les chercheurs, les activités locales sont aussi responsables de l'exacerbation des effets du changement climatique. Les scientifiques ont ainsi noté que dans les sites où la pression anthropique est plus forte, 30 à 40 % des coraux morts sont déjà recouverts de macro-algues. Or la présence de ces dernières est de 0 à 3 % dans des sites plus éloignés de toute présence humaine. Le communiqué du CNRS précise ainsi que "le rejet de substances chimiques, d'eaux usées, de déchets ainsi que la surpêche pourraient avoir un impact sur la capacité de coraux déjà affaiblis ou endommagés à récupérer". Au contraire, les chercheurs ont pu observer qu'au coeur des zones marines protégées, les récifs étaient en meilleure santé.

Des poissons stressés

Lors de leurs recherches, les scientifiques ont aussi étudié le comportement des poissons. Ils ont pu constater que deux espèces qu'ils avaient déjà rencontrées lors de précédentes escales de l'expédition Tara Pacific sur les îles de Moorea, Aitutaki et Niue, étaient plus petites dans les eaux de l'île d'Upolo. Le nombre d'individus par banc était également 4 à 8 fois plus faible, en moyenne, que sur les trois autres îles. Les scientifiques ont aussi observé un comportement de fuite plus important chez les poissons ce qui traduit, selon eux, de stress dû à une pêche intensive. 
Le CNRS précise que des investigations plus poussées sur les échantillons prélevés sur l'île viendront compléter le travail des chercheurs. “Ces prélèvements alimenteront une base de données qui permettra à terme de comparer les récifs, de distinguer et de comprendre leurs capacités de résistance aux bouleversements environnementaux”, affirme le CNRS.

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