lundi 12 octobre 2015

La Question : les élus locaux, seuls responsables d’une urbanisation excessive ?

Le 8 octobre, 32 communes ont été placées en état de catastrophe naturelle par un décret, après les inondations qui ont frappé la Côte d’Azur cinq jours plus tôt. Vingt personnes ont alors perdu la vie. L’urbanisation excessive de la région aurait contribué au sinistre en empêchant l’évacuation des eaux pluies. Les élus locaux portent-ils seuls la responsabilité d’un aménagement du territoire insensible aux risques d’inondations ?


  • Les élus ne font que répondre à nos demandes, par Sylvain Rotillon, chef bureau des risques à la Direction départementale des territoires 91.
« Après les inondations, les élus ont été mis en accusation pour avoir favorisé à outrance l’urbanisation. Formellement, ce sont les maires qui signent les permis de construire, ce sont donc les grands coupables. Pourtant, s’il existe des élus indélicats, reporter la faute sur les seuls édiles est un peu rapide. Si l’urbanisation progresse, plus rapidement que la population, c’est parce que nos modes de vie sont consommateurs d’espace. Séparation des couples, confort, envie de pavillon… individuellement, on s’étale, on imperméabilise. En zone inondable, on préfère construire plus grand que plus sûr. Le coût de la prévention est pour le particulier, celui de la réparation est collectif. Les élus se retrouvent sous pression de leurs administrés pour délivrer ces autorisations, quitte à s’affranchir des règles de sécurité. Difficile de refuser à un futur électeur un projet dont on ne perçoit pas qu’additionné aux autres il va générer le risque. Les élus ne font que répondre à nos demandes. »


  • N’oublions pas le rôle joué par la décentralisation, par Mathilde Gralepois, maître de conférences Université de Tours et Lisa Lévy, maître assistante à l’université de Genève.

« La responsabilité des élus est encastrée dans les enjeux du développement urbain et de la prévention des risques. Nos villes se sont construites au bord des cours d’eau et des littoraux. Les 20 dernières années ont été marquées par des constructions qui se font dans des zones inondables déjà urbanisées, plus que par l’expansion de la ville. Il est facile de pointer du doigt la responsabilité des “maires-constructeurs en zone inondable”. Rares sont les élus qui développent leur ville illégalement. Par contre, pour s’accrocher aux ressources économiques et politiques du développement local, ils choisissent les interprétations a minima, développant la ville aux franges des zones non définies comme inondables et en délivrant des permis de construire en périodes d’incertitude réglementaire. Par exemple, Nice a continué à construire en zones inondables pendant les dix ans qu’ont duré les négociations sur le plan de prévention des risques. La responsabilité complexe des élus doit être saisie dans le lot de conséquences des transferts récents des compétences de l’État vers les collectivités : maîtrise de l’urbanisation, protection par les ouvrages, planification des secours, alerte… Les contradictions de la décentralisation dans la prévention des risques accroissent la

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