jeudi 24 février 2011

Trop de conventions sur l'environnement nuit à l'environnement

La prise de conscience environnementale des dernières décennies a conduit à l'adoption de plus de 500 conventions : un trop-plein de textes et d'institutions, qui empêche paradoxalement une action globale pour sauver la planète, reconnaissent experts et ministres. La centaine de ministres de l'environnement réunis cette semaine à Nairobi sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) ont été unanimes à reconnaître la nécessité d'une réforme en profondeur d'un système devenu victime de son succès politique et médiatique.
"Jamais au cours des quatre ou cinq dernières années le conseil de gouvernance de l'UNEP (sigle anglais du PNUE) n'a été aussi clair dans son analyse d'un besoin de réforme", a déclaré le directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner. Les ministres ont demandé jeudi, au dernier jour de leur réunion, que la question soit étudiée et si possible tranchée à la conférence des Nations Unies sur le développement durable en juin 2012, à Rio de Janeiro.
"IL N'Y A PAS DE PILOTE DANS L'AVION"
"En dépit du nombre impressionnant d'institutions, d'accords et de protocoles, la gouvernance de l'environnement est aujourd'hui de plus en plus fracturée et fragmentée", reconnaît Achim Steiner. Ce qu'un diplomate expert des questions environnementales résume crûment : "il n'y a pas de pilote dans l'avion."
Le PNUE est très loin de disposer des moyens de l'Organisation mondiale du commerce ou de l'Organisation mondiale de la santé : 650 fonctionnaires à son siège de Nairobi et un budget de 83 millions de dollars (plus de 60 milliards d'euros) en 2010. Seulement 58 pays, sur 193 Etats dans le monde, en sont membres. L'organisation n'a pas ou très peu de prise sur les conventions internationales, "plus de 500" aujourd'hui selon Achim Steiner, même si personne ne semble certain du nombre exact de ces documents, qui forment un maquis juridique souvent inextricable.
Chaque traité dispose en règle générale de son propre secrétariat, qui ne communique pas avec les autres. "Rien qu'en matière de régulation des produits chimiques, il existe trois textes majeurs. Il a fallu cinq ans de négociations, non pas pour les fusionner, mais pour les rapprocher", soupire un spécialiste de ces négociations. Entre 1992 et 2007, 540 réunions ont été convoquées sous l'égide de 18 traités internationaux, générant plus de 5 000 décisions.
Les pays pauvres jettent l'éponge. "Notre personnel n'a pas les qualifications suffisantes pour prendre en charge toutes les missions liées à l'environnement", soupire Tiémoko Sangare, ministre de l'environnement malien. Les négociations patinent depuis des années sur la meilleure façon d'harmoniser ce système. Soutenues par leurs partenaires de l'Union européenne, la France et l'Allemagne ont défendu une nouvelle fois à Nairobi la création d'une "organisation mondiale de l'environnement". "Nous voulons renforcer le PNUE (...) pour en faire un outil global", a plaidé la ministre de l'écologie française, Nathalie Kosciusko-Morizet.
La proposition suscite, pour des raisons politiques ou budgétaires, la réticence des Etats-Unis, mais aussi de la Chine, la Russie ou l'Inde. "Nous sommes tous convenus que le PNUE doit être renforcé. Nous avons également décidé de continuer nos discussions pour préciser comment nous allons le faire", a prudemment résumé la ministre de l'environnement espagnole, présidente du conseil de gouvernance du PNUE, Rosa Aguilar Rivero.

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