mercredi 1 février 2023

La sécheresse, au cœur des inquiétudes des acteurs de l’eau, les bassines ne sont pas la solution

C’est dans un contexte climatique inquiétant, marqué par la

sécheresse historique de l’été dernier, que les acteurs de l’eau

se sont réunis les 25 et 26 janvier, à Rennes, pour la 24e édition

du Carrefour des gestions locales de l’eau (CGLE). Retour sur

quelques interventions clé.

2022 sera sûrement un tournant. L’ensemble du territoire

national est désormais touché par la sécheresse, et pas

seulement le Sud. Selon Christophe Bechu, ministre de la

Transition écologique, « 700 communes ont connu des

difficultés d’approvisionnement en eau potable » cet été. Un

« Plan eau », qui devait être annoncé au Carrefour des gestions

locales de l’eau (CGLE), est attendu dans les prochaines

semaines pour répondre à ce défi.

Tous les territoires sont impactés

Plusieurs collectivités ont détaillé comment leur territoire a été

impacté comme jamais par la sécheresse. C’est le cas par

exemple de Chartres métropole, situé dans un territoire

d’irrigation importante avec des problèmes de qualité d’eau

(pesticides, nitrates). Les prévisions pour 2023 ne sont pas

bonnes. « La nappe de la Craie est très basse sans recharge à

ce jour », s’inquiète François Bordeau, directeur du cycle de

l’eau.

Ce n’est pas mieux dans la Manche, où les parapluies de

Cherbourg semblent être rangés au placard. « Les niveaux de la

nappe à ce jour n’ont jamais été aussi bas pour la saison. Cette

crise hydrique est exceptionnelle et l’été 2023 s’annonce

difficile », s’inquiète Bernard Auric, directeur du syndicat

départemental SDeau50.

Devant cette situation, Rennes métropole, ainsi que Eau du

bassin Rennais (EBR) qui distribue l’eau potable, ont fait appel

à un doctorant pour modéliser et prédire les disponibilités en

eau de leur principale ressource, le barrage de la Chèze (8 à 15

millions de m3).

Prédictions inquiétantes

« Avec la hausse de la température et de l’évapotranspiration (+

10 %), associée à la baisse des précipitations, le barrage a du

mal à se remplir. Le changement climatique est perceptible »,

introduit Ronan Abhervé, doctorant. Pour simuler l’évolution de

la ressource dans le temps, il s’est appuyé sur les données du

Giec. Dans le cas du scénario RCP8.5, dit « Business as

usual », c’est-à-dire si on ne change rien, le modèle prévoit que

6 à 9 années sur 20 seront des années de sécheresse, entre

2020 et 2040, avec des répétitions de 2 à 3 années possibles

de sécheresse de suite. Le phénomène s’accélère encore audelà

de cette date. Les projections sur le barrage montrent une

diminution des volumes d’eau disponibles à partir de 2020. Le

barrage pourrait être vide à partir de 2032 ! « C’est une forme

de sidération. Ces résultats sont très inquiétants. Le barrage se

recharge de moins en moins », constate Ludovic Brossard, viceprésident

d’EBR.

Défi pour l’assainissement collectif

Côté assainissement, les étiages de plus en plus sévères

impliquent une sensibilité accrue à la dilution. « C’est un point

important quand on construit une nouvelle station d’épuration.

Les données sur lesquelles nous travaillons doivent être

complétement revues au vu de cette étude. Le calcul de la

dilution sera parfois impossible, car il n’y aura plus d’eau dans

les rivières. Ce sont des questions qu’on ne se posait pas

jusqu’à présent. Il va falloir être créatif ! », affirme Boris

Gueguen, directeur de la régie d’assainissement de Rennes

métropole. Jusqu’où faudra-t-il innover ? L’assainissement

collectif dans sa forme actuelle est-il durable ? C’est l’une des

questions qui a émergé de la salle.

Une approche globale indispensable

EBR va sortir son prochain schéma directeur sur l’eau en

février. « Il faut déterminer de quel pourcentage il faut réduire

notre consommation d’eau », expose Stéphane Louaisil,

responsable du pôle production, énergie, qualité de l’eau à

EBR. La poursuite des économies d’eau est importante, mais il

faudra également agir sur le prix de l’eau et la reconquête de la

qualité de l’eau. Car le problème de la quantité est aussi lié à

celui de la qualité de l’eau. Ainsi, le barrage a pu à nouveau être

alimenté par une rivière, qui a retrouvé une qualité suffisante

suite à une diminution des pesticides. Le changement

climatique nécessite une approche globale. « La sobriété

implique des choix de société. Nous militons par exemple pour

que des appareils hydro-économes soient systématiquement

installés dans tous les logements neufs. Il y a un gros travail

politique à faire », estime Ludovic Brossard.

Aucun commentaire:

FRUITS ET LÉGUMES: LA PRÉSENCE DE "POLLUANTS ÉTERNELS" AUGMENTE DE 220% EN EUROPE

  https://www.bfmtv.com/economie/consommation/fruits-et-legumes-la-presence-de-polluants-eternels-augmente-de-220-en-europe_AD-202402270162....