lundi 12 juin 2017

Plancton malade, océans en danger

A cause de la pollution humaine et du réchauffement climatique, le plancton s’appauvrit ou voit certains des organismes le composant disparaître, menaçant l’équilibre environnemental.

Mystère dans le golfe du Lion : " Depuis 2008, les stocks d'anchois et de sardines de Méditerranée sont de plus en plus petits et faméliques ", analyse Claire Saraux, chercheuse à l'Ifremer. Ce qui entraîne une chute drastique du tonnage, les pêcheurs ramenant aujourd'hui dans leurs filets 600 tonnes par an, contre plus de 12 000 tonnes il y a dix ans. L'enquête sur cette disparition a été menée de 2012 à 2015 dans le cadre du projet franco-espagnol EcoPelGol. Conclusion : les responsables ne sont ni les pêcheurs - dont la pression sur le milieu n'a pas été plus importante au cours des vingt dernières années -, ni les prédateurs naturels (thons rouges, dauphins) - qui ne prélèvent que 1 à 2 % des populations d'anchois et de sardines -, ni les virus ou autres pathogènes faiblement présents. Le coupable, c'est la faim. Anchois et sardines souffrent d'un déficit énergétique. Ces espèces se nourrissent en effet de plancton dont la composition s'est modifiée au cours des dernières décennies en raison des pollutions humaines et du changement climatique. Le plancton actuel serait ainsi moins nourrissant.

Une seule espèce disparaît et l'écosystème est déstabilisé

Sa mauvaise santé se constate à l'échelle planétaire, où le réchauffement entraîne une stratification des eaux. Celle-ci freine la remontée des sels nutritifs indispensables à ces micro-organismes vivant près de la surface. De plus, à l'instar du vinaigre qui dissout le calcaire, l'acidification des océans par excès de CO2 a un impact sur les enveloppes calcaires de certaines espèces de plancton (mollusques, crustacés) dont la survie est menacée. Enfin, il ne faut pas sous-estimer le rôle des pesticides, qui se retrouvent dans les eaux littorales, soulignent Geneviève Arzul et Françoise Quiniou, écotoxicologues à l'Ifremer. Fongicides, herbicides, insecticides impactent directement le phytoplancton et le zooplancton. En outre, il suffit qu'une seule espèce disparaisse pour déstabiliser durablement un écosystème. En effet, une étude récente, dirigée par Lionel Guidi, chercheur au CNRS de Villefranche-sur-Mer, montre l'importance du réseau social planctonique, avec des interactions et interdépendances très fortes entre espèces et conditions environnementales. La moindre variation peut avoir des conséquences encore mal mesurées. Or notre propre survie dépend de la bonne santé du plancton. Car celui-ci absorbe du CO2, le piège, et en échange nous fournit 50 % de notre oxygène. Conséquence : tandis que le plancton disparaît, les océans perdent chaque année une capacité d'absorption de 190 millions de tonnes de carbone…

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