La forêt amazonienne est malade et
c’est l’une des plus mauvaises nouvelles apportées par la science, ces
dernières années, sur le front climatique. Jeudi 19 mars, dans la
dernière édition de la revue Nature, une centaine de chercheurs
publient les résultats d’un projet de recherche gigantesque, conduit
depuis plus de trois décennies et destiné à surveiller, dans un monde
plus chaud, l’évolution de la jungle d’Amazonie. Le fait saillant des
conclusions présentées est que celle-ci éponge de moins en moins le
dioxyde de carbone (CO2) anthropique. Environ un quart de
celui-ci est actuellement absorbé par la végétation terrestre, les
forêts tropicales jouant un rôle prépondérant dans ce processus. La
mauvaise nouvelle était attendue, mais les chiffres publiés frappent
par leur ampleur.
Dans les années 1990, l’Amazonie retirait chaque année de l’atmosphère quelque 2 milliards de tonnes de CO2. Ce taux aurait chuté d’un tiers dans les années 2000 et n’excéderait guère, aujourd’hui, un milliard de tonnes de CO2. En un plus de deux décennies, l’efficacité du « puits de carbone » amazonien aurait donc été divisée par deux.
« La conséquence mécanique de ce constat est que le CO2 va s’accumuler plus vite dans l’atmosphère », explique Jérôme Chave, chercheur au laboratoire Evolution et diversité biologique (CNRS-Université Toulouse III-Paul Sabatier) et coauteur de ces travaux. Avec comme conséquence possible l’aggravation des prévisions du réchauffement pour la fin du siècle, obtenues grâce à des modèles de climat. En effet, selon Roel Brienen, chercheur à l’université de Leeds (Royaume-Uni) et premier auteur de ces travaux, « les modèles climatiques qui incluent la réponse de la végétation présument que tant que les niveaux de CO2 continueront à grimper, l’Amazonie continuera à accumuler du carbone, mais notre étude montre que cela pourrait ne pas être le cas ».
Hausse du taux de mortalité des arbres de 30 % en trente ans
Dans les années 1990, l’Amazonie retirait chaque année de l’atmosphère quelque 2 milliards de tonnes de CO2. Ce taux aurait chuté d’un tiers dans les années 2000 et n’excéderait guère, aujourd’hui, un milliard de tonnes de CO2. En un plus de deux décennies, l’efficacité du « puits de carbone » amazonien aurait donc été divisée par deux.
« La conséquence mécanique de ce constat est que le CO2 va s’accumuler plus vite dans l’atmosphère », explique Jérôme Chave, chercheur au laboratoire Evolution et diversité biologique (CNRS-Université Toulouse III-Paul Sabatier) et coauteur de ces travaux. Avec comme conséquence possible l’aggravation des prévisions du réchauffement pour la fin du siècle, obtenues grâce à des modèles de climat. En effet, selon Roel Brienen, chercheur à l’université de Leeds (Royaume-Uni) et premier auteur de ces travaux, « les modèles climatiques qui incluent la réponse de la végétation présument que tant que les niveaux de CO2 continueront à grimper, l’Amazonie continuera à accumuler du carbone, mais notre étude montre que cela pourrait ne pas être le cas ».
Hausse du taux de mortalité des arbres de 30 % en trente ans
Pour
établir leurs résultats, les chercheurs ont procédé à un travail de
fourmi. Plus de 320 parcelles de forêts, mesurant chacune environ un
hectare, disséminées sur les six millions de kilomètres carrés du bassin
amazonien, ont été visitées à intervalles de temps réguliers depuis le
milieu des années 1980. La croissance et la mortalité de la végétation y
ont été consignées à chaque visite, tous les arbres d’un tronc de
diamètre supérieur à 10 cm ayant été inclus. Résultat : depuis le début
des relevés, leur taux de mortalité a, en moyenne, augmenté de 30 %.
« Les deux sécheresses exceptionnelles qui ont frappé la région, en 2005 et 2010, ont joué un rôle dans cette augmentation de la mortalité, explique Damien Bonal, chercheur au laboratoire Ecologie et écophysiologie forestière (INRA), coauteur de l’étude. Mais on voit également que ce processus est engagé depuis bien avant 2005. »
Rôle du changement climatique
Le principal suspect est bien sûr le changement climatique en cours, mais les mécanismes précis par lesquels celui-ci agit négativement sur la végétation n’est pas absolument clair. Dans un commentaire publié par Nature, Lars Hedin (université de Princeton, Etats-Unis) estime « probable » que « la disponibilité en eau, la limitation des nutriments disponibles ou le stress thermique » jouent un rôle.
Ce à quoi on assiste, dit en substance Jérôme Chave, est probablement le remplacement des espèces d’arbres les plus sensibles aux perturbations en cours par d’autres essences. Une fois ce remplacement achevé, verra-t-on le puits de carbone de l’Amazonie redevenir aussi important qu’auparavant ? « C’est peu probable, dit M. Chave. Car les espèces qui tendent à remplacer celles qui déclinent ont une croissance plus rapide, une durée de vie plus courte et une tendance à stocker moins de carbone. »
« Les deux sécheresses exceptionnelles qui ont frappé la région, en 2005 et 2010, ont joué un rôle dans cette augmentation de la mortalité, explique Damien Bonal, chercheur au laboratoire Ecologie et écophysiologie forestière (INRA), coauteur de l’étude. Mais on voit également que ce processus est engagé depuis bien avant 2005. »
Rôle du changement climatique
Le principal suspect est bien sûr le changement climatique en cours, mais les mécanismes précis par lesquels celui-ci agit négativement sur la végétation n’est pas absolument clair. Dans un commentaire publié par Nature, Lars Hedin (université de Princeton, Etats-Unis) estime « probable » que « la disponibilité en eau, la limitation des nutriments disponibles ou le stress thermique » jouent un rôle.
Ce à quoi on assiste, dit en substance Jérôme Chave, est probablement le remplacement des espèces d’arbres les plus sensibles aux perturbations en cours par d’autres essences. Une fois ce remplacement achevé, verra-t-on le puits de carbone de l’Amazonie redevenir aussi important qu’auparavant ? « C’est peu probable, dit M. Chave. Car les espèces qui tendent à remplacer celles qui déclinent ont une croissance plus rapide, une durée de vie plus courte et une tendance à stocker moins de carbone. »
L’état de santé des autres grands bassins
forestiers tropicaux — en Asie du Sud, en Afrique équatoriale — est du
coup, lui aussi, un sujet d’inquiétude, au-delà même de la déforestation
rapide qui sévit dans ces zones. « Des sécheresses importantes ont
également touché ces régions, mais cela ne veut pas nécessairement dire
que la situation y est identique à celle de l’Amazonie », tempère
M. Bonal, qui ajoute que les résultats présentés devront être confirmés
par d’autres méthodes de mesure que l’inventaire forestier — en
particulier des mesures directes des flux de CO2 au-dessus de la forêt.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/climat/article/2015/03/18/la-foret-amazonienne-eponge-de-moins-en-moins-le-carbone-emis-par-l-homme_4596363_1652612.html#TSH4XJvQKvcAxay0.99
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