mardi 2 décembre 2014

Microplastiques : les poissons d'eau douce aussi sont contaminés

Pour la première fois, des chercheurs de l'Ineris apportent la preuve de la pollution des milieux aquatiques terrestres par des microplastiques. Reste à évaluer les effets biologiques de cette contamination.
 Si la contamination des océans par les microplastiques est désormais bien connue grâce notamment à des expéditions scientifiques dans le Pacifique et plus récemment en mer Ligure, ce n'est pas le cas pour les milieux d'eau douce. Les premières études ont mis en évidence la présence de microplastiques dans les eaux de surface et dans les sédiments de certains écosystèmes lentiques comme le lac de Garde en Italie, le lac de Genève en Suisse ou même le lac Hovsgol en Mongolie. De même, la contamination de sédiments a été observée dans des écosystèmes lotiques comme le fleuve Saint Laurent au Canada. En France, l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris) a commencé à s'intéresser à la question. Grâce à une étude exploratoire menée sur deux ans, les chercheurs ont constaté une contamination des poissons similaire à celle observée en milieu marin.
10% des goujons sont contaminés
Les équipes de l'Ineris ont développé pour cette étude une méthodologie spécifique pour mieux détecter les microplastiques, permettant la séparation et le marquage du contaminant lors de l'analyse du contenu de l'estomac des individus. Sur les 812 goujons prélevés sur 33 sites, 10% contenaient dans leur intestin des fibres ou microbilles en plastique. D'autres études ayant mis en évidence la présence de microplastiques dans le milieu (eau et/ou sédiment) n'avaient pas retrouvé ces contaminants dans les poissons. L'espèce "sentinelle" étudiée par l'Ineris se nourrit en fouissant dans les sédiments et les graviers ce qui l'expose aux microplastiques présents dans le milieu.
Des impacts sanitaires inconnus
Même si aucune étude n'a recherché directement la présence de microplastiques dans les rivières françaises, le travail de l'Ineris démontre la contamination des milieux aquatiques par les microplastiques et, via la chaîne alimentaire, l'exposition des poissons à cette pollution. Par contre, il ne dit rien sur les effets biologiques de cette contamination. Des bioessais d'écotoxicité réalisés en laboratoire ont souligné récemment l'impact des microplastiques sur la croissance de certaines algues et sur la mortalité et la reproduction de micro-crustacés.
L'étude de l'Ineris a été réalisée sur des prélèvements effectués dans le cadre d'une recherche de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema) sur l'intersexualité des poissons. Les chercheurs de l'Ineris n'ont pas résisté à l'idée de comparer la présence de microplastiques avec le changement de sexe, même si l'étude n'avait pas été construite dans ce but. Résultat, aucun lien n'a pu être établi.
Reste que ces microplastiques peuvent être des sources d'exposition à des substances qui perturbent les cycles hormonaux. Les phtalates et autre bisphenol utilisés pour la fabrication de plastique sont en effet des perturbateurs endocriniens suspectés. Les microplastiques peuvent également être porteurs de substances chimiques.
Un microplastique, c'est quoi ?
L'Ineris soulève aussi la question de la source de ces microplastiques. Définis comme étant des débris de moins de 5 mm, ces éléments proviennent des activités humaines. Ils peuvent être présents directement sous cette taille dès leur émission ou progressivement réduits à l'état de particules par l'érosion. Surtout retrouvés sous forme de fibres dans les poissons, les microplastiques proviennent des cosmétiques (billes d'exfoliants par exemple), des eaux usées qui charrient les fibres synthétiques issues des vêtements lavés en machine…

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