mardi 17 novembre 2009

Le gyre Pacifique

Un des cas les plus médiatiques est le gyre Pacifique, qui concentre les déchets. Dans cet espace grand comme la moitié de la France, les mesures des densités de plastique donnent le chiffre d'environ 300.000 fragments de taille supérieure à 0,33mm - pour un poids de 5kg, par km² (la taille moyenne est d'environ 1mm...). Soit six fois plus que la masse du plancton présente! Le fond marin aussi est envahi par ces particules: selon des analyses, dans les vingt premiers centimètres du fond de certains estuaires californiens, le plastique constituerait 1% du sédiment! Et il forme couramment 10% des laisses de mer, ces lignes de dépôt que la mer abandonne sur les plages, habituellement constituées d'algues, de bois flottés et d'organismes marins morts. Mis en présence de particules de 2mm dans le sédiment, un grand nombre d'organismes marins (crustacés, mollusques, vers...) les ingèrent de façon indifférenciée. Le problème est que les plastiques sont toujours un mélange de polymères et d'additifs, qui leur confèrent certaines propriétés. Or si le plastique est inerte, ces additifs - qui peuvent constituer jusqu'à 50% de la masse des objets - sont souvent très actifs chimiquement: on y dénombre des substances toxiques (phtalates, ignifugeants, bisphénol A...) soupçonnées de perturber le système hormonal et de nuire à la croissance, à la reproduction, au système immunitaire, etc. Placées dans un tube digestif, où coexistent des enzymes et des acides, ces molécules sont susceptibles d'être libérées par les plastiques et donc d'entrer dans la chaîne alimentaire. Il a été par ailleurs prouvé qu'un grand nombre de polluants organiques persistants (POP), notamment les polychlorobiphényles (PCB), présents en très faibles quantités dans l'eau de mer, étaient concentrés par le plastique, du fait de leurs caractéristiques hydrophobes. La surface des microdéchets peut ainsi présenter des concentrations en toxiques un million de fois plus élevées que l'eau environnante! Cette capacité à jouer le rôle de «concentrateurs» de polluants hydrophobes pourrait être la clé de la contamination observée chez de nombreuses espèces marines. Abandonner l'usage du plastique? Difficile d'autant que les plastiques ont une vertu écologique de taille: la faible consommation énergétique que génère leur production, par rapport aux matériaux tels que le verre, le papier ou les métaux. Le problème n'est donc pas tant le plastique lui-même que le Niagara de déchets que génère l'humanité, qu'il s'agit de mieux gérer et de réduire.

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FRUITS ET LÉGUMES: LA PRÉSENCE DE "POLLUANTS ÉTERNELS" AUGMENTE DE 220% EN EUROPE

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