lundi 30 décembre 2013

L'actualité environnementale en 2013

11 février 2013
L'IRSN évalue à plus de 20% du PIB le coût d'un accident nucléaire majeur en France
Une étude de l'IRSN estime à 430 milliards d'euros le coût d'un accident nucléaire majeur. Un montant qui atteint 20% du PIB français, rendant sa gestion très difficilement gérable par EDF et l'Etat.
Une étude de l'IRSN estime à 430 milliards d'euros le coût d'un accident nucléaire majeur. Un montant qui atteint 20% du PIB français, rendant sa gestion très difficilement gérable par EDF et l'Etat.
19 mars 2013
Appel d'offres éolien en mer : le cahier des charges est publié
La CRE a publié le cahier des charges du second appel d'offres éolien en mer portant sur deux sites situés au Tréport et à Noirmoutier pour une capacité maximale respective de 500 MW. Les offres sont à déposer avant le 29 novembre.
4 avril 2013
Lanceurs d'alerte : la proposition de loi écologiste définitivement adoptée
Le droit d'alerte en matière de santé publique et d'environnement est maintenant inscrit dans la loi. Permettra-t-il à l'avenir d'éviter des scandales tels que celui de l'amiante ou du Mediator ?
13 juin 2013
Nitrates : la France de nouveau condamnée par la Cour de justice de l'UE
Tiraillée entre le droit européen et la nécessité de préserver la qualité des eaux, d'un côté, les intérêts économiques de la filière agricole, de l'autre, la France navigue à vue et se fait de nouveau épingler par la Cour de justice.
Pesticides et impacts sanitaires : les liens de cause à effet se resserrent
Cancers, maladies neurodégénératives, malformations du fœtus… L'Inserm fait le bilan des recherches qui font le lien entre pathologies et exposition aux pesticides, et recommande d'accroître les travaux sur les pesticides employés aujourd'hui.
18 juin 2013
OGM : le règlement sur l'évaluation sanitaire et environnementale enfin publié
Demandé depuis 2008 par l'ensemble des Etats membres de l'UE, le renforcement de l'évaluation sanitaire et environnementale des OGM avant autorisation de mise sur le marché deviendra réalité en décembre 2013. 
17 juillet 2013
Abeilles : l'usage du fipronil sera restreint dans l'UE fin 2013
Afin de limiter la mortalité des abeilles, les Etats membres ont approuvé la proposition de la Commission européenne visant à restreindre pour deux ans les traitements de semences à base de fipronil, matière active du pesticide Régent de BASF.
27 septembre 2013
Le Giec confirme l'origine humaine du réchauffement climatique
Le 5e rapport du Giec dément que le "plateau" des températures mondiales observé depuis 1998 remette en cause le réchauffement climatique. Le document confirme aussi l'influence des activités humaines sur le climat.
11 octobre 2013
Gaz de schiste : le Conseil constitutionnel valide la loi
La loi Jacob de 2011 interdisant la fracturation hydraulique est conforme à la Constitution, jugent les sages. Ni l'égalité devant la loi, ni la liberté d'entreprendre ne sont bafouées. Pas plus que le droit de propriété.
17 octobre 2013
La pollution de l'air extérieur est classée cancérogène certain pour l'homme
29 octobre 2013
Ecotaxe poids lourds : après les multiples reports, la suspension sine die
Après de multiples reports de l'entrée en vigueur de l'écotaxe poids-lourds, Jean-Marc Ayrault annonce aujourd'hui la suspension, le temps du dialogue, de la mesure adoptée dans le cadre du Grenelle de l'environnement.

jeudi 19 décembre 2013

La fausse annonce du gouvernement français sur le recul des pesticides

L'annonce avait été faite en grande pompe, le 9 décembre, par Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Devant la presse, M. Le Foll présentait une chute substantielle de l'usage des pesticides entre 2011 et 2012. Première traduction, selon le ministère, du plan Ecophyto lancé en 2008 à la suite du Grenelle de l'environnement, l'indice de recours aux produits phytosanitaires – dit NODU (pour « nombre de doses unités ») – marquait le pas, avec une baisse inédite de 5,7 %.

Selon nos informations, cette victoire ne tient qu'à l'utilisation de données obsolètes. Le recours aux pesticides se serait en réalité accru entre 2011 et 2012.
Le coup est d'autant plus dur que le recul annoncé de 5,7 % permettait d'atteindre une stagnation de l'usage des pesticides sur la période 2009-2012. Des résultats de toute façon largement en deçà de l'objectif du plan Ecophyto – une réduction de moitié du recours aux produits phytosanitaires d'ici à 2018. Et ce, alors que la France est déjà l'un des plus gros consommateurs au monde de pesticides et que l'Institut national de la santé et de la recherche médicale vient de publier une expertise collective concluant à la réalité des risques sanitaires – en particulier pour les personnels agricoles, mais aussi pour les populations vivant près des zones d'application.
« COMME LES DÉCLARATIONS D'IMPÔT »
Pour comprendre le débat sur les chiffres, il faut savoir que le NODU est calculé par les services du ministère de l'agriculture à partir des déclarations de ventes de pesticides. Les quantités écoulées en 2012 devaient être déclarées par les distributeurs avant le 31 mars 2013, et inscrites dans une base de données gérée par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques. Pour établir le NODU, les services du ministère ont utilisé les données de la base, extraites le 30 juin.
Le problème, explique une cheville ouvrière du système, est que « c'est un peu comme les déclarations d'impôt : il y a toujours un certain nombre de gens en retard, ou très en retard ». Des distributeurs ne déclarent les produits écoulés que bien après la limite du 31 mars. Ce qui est d'ailleurs parfaitement anticipé puisque les données de vente sur une année peuvent continuer à être amendées dans les trois années suivantes, au gré des rectifications et des ajouts tardifs.
Or, selon nos informations, une simple interrogation du fichier effectuée au mois de novembre – soit environ un mois avant le point d'étape du plan Ecophyto – a montré une augmentation d'environ 4 % de la redevance pour pollutions diffuses (RPD), par rapport à l'estimation faite à la fin juin. Ce qui signifie qu'en lieu et place de la baisse du tonnage de matières actives écoulées en 2012, il est probable qu'une hausse se soit au contraire produite. Selon des correspondances internes dont Le Monde a obtenu copie, les services de la Direction générale de l'alimentation (DGAL) ont été avertis mi-novembre de ce hiatus.
CALCUL COMPLIQUÉ
A quelle augmentation du fameux NODU cela correspondrait-il ? Impossible de le dire : déduire les tonnages à partir du montant des redevances perçues, puis déduire le NODU de ces tonnages, relève d'un calcul compliqué, dont les clés sont détenues par le ministère. « Le ministère conclut qu'une légère baisse du tonnage a entraîné une chute du NODU de 5,7 %, dit une source proche du dossier. Il semble impossible que le NODU ait baissé avec une hausse des quantités de pesticides écoulées. » L'indice de référence a donc plus vraisemblablement augmenté entre 2011 et 2012.
A la DGAL, on conteste toute volonté de trucage. « La date du 30 juin pour l'extraction de la base relève du protocole standard, dit-on à la DGAL. Ce point a été discuté en commission de suivi de manière transparente et il a été convenu que nous ne demanderions pas d'extractions de données après cette date. »
« MÉPRIS »
Les services du ministère assurent ne pas avoir demandé de sondage de la base de données à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques, chargé de cette mission, après la date du 30 juin. « Il est possible que les données aient bougé entre fin juin et novembre, mais cela n'avait pas, ou peu, été le cas les années précédentes, ajoute-t-on à la DGAL. Nous referons les calculs l'an prochain et s'il y a eu erreur, les résultats seront communiqués en toute transparence et nous ferons éventuellement évoluer la méthodologie. »
« Nous avions été très surpris des annonces du ministère, réagit François Veillerette, porte-parole de l'association Générations futures. Si ce bidouillage des chiffres est avéré, cela montrerait le mépris de Stéphane Le Foll pour un changement des modes de production pourtant vivement demandé par nos concitoyens. »

jeudi 12 décembre 2013

D'où viennent les particules fines ?

Les particules fines sont présentes naturellement dans l'environnement du fait de l'érosion provoquée par le vent, de tempêtes ou d'éruptions volcaniques. Mais les activités humaines ont considérablement augmenté leur concentration atmosphérique.
Selon le rapport d'avril du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa), les principaux secteurs responsables sont la transformation d'énergie par l'industrie (31 %) ; la combustion de bois pour chauffer les habitations (30 %) ; l'agriculture avec l'utilisation d'engrais (20 %) ; et les transports, du fait notamment de la combustion de diesel (15 %).
A ces particules considérées comme « primaires », s'ajoutent d'autres, « secondaires ». Dans certaines conditions, des gaz comme l'ammoniac, les oxydes d'azote ou les composés organiques volatils (COV) peuvent se transformer en particules fines dans l'atmosphère.
« La situation climatique est également très importante, prévient Julien Vincent, responsable du département énergie et industrie du Citepa. En cas de grand froid, d'absence de vent ou d'anticyclone, l'air ne se renouvelle pas, augmentant les taux de particules en suspension. »

vendredi 29 novembre 2013

La sécurité sanitaire des aliments remise en cause par les résidus de pesticides

Le ministère de l'Agriculture a publié le 21 novembre le bilan des plans de surveillance et de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments mis en œuvre au cours de l'année 2012.
"La très grande majorité des 400.000 analyses a donné des résultats conformes au regard des seuils de contamination fixés par les réglementations européenne ou française, au delà desquels les produits sont considérés non conformes car pouvant présenter un danger pour la santé humaine", indique la Direction générale de l'alimentation, en charge des contrôles.
Le taux de conformité des plans réglementaires varie effectivement de 98,9% à 100% pour la production animale. En revanche, il tombe à 88,4% en ce qui concerne les résidus de produits phytosanitaires dans les productions végétales. En dehors de certaines non-conformités ponctuelles touchant les produits d'origine animale, comme la radioactivité constatée chez les sangliers du nord-est de la France, c'est bien la question des résidus de pesticides dans les fruits et légumes qui est au cœur de la sécurité sanitaire de l'alimentation.
Présence de pesticides non autorisés
En matière de produits phytosanitaires, rapporte le bilan, 11,8% des prélèvements présentent des résultats supérieurs aux limites maximales de résidus (LMR) et/ou indiquent la présence de substances actives sans autorisation de mise sur le marché (AMM).
Sur les 546 échantillons prélevés à la récolte, 55 présentent des résultats non conformes. Huit échantillons affichent une concentration en résidus supérieure aux limites maximales autorisées. Les substances en cause sont le diméthoate dans six échantillons de cerise, le méthiocarbe dans une laitue et le chlorpyriphos-méthyl dans un céleri branche.
Peut-être plus grave encore, 47 échantillons contiennent des résidus de pesticides ne bénéficiant pas d'autorisation de mise sur le marché pour la culture ayant fait l'objet du prélèvement. Les échantillons présentant les concentrations les plus problématiques ont été prélevés dans des récoltes de fraises et de tomates.
Sur les 143 échantillons réalisés avant la récolte ou ne respectant pas le protocole fixé par les textes réglementaires, 26 permettent toutefois de démontrer la présence de substances actives ne disposant pas d'autorisation de mise sur le marché ou un non-respect des conditions d'emploi des produits phytopharmaceutiques, soit un taux de non-conformité de 18%.
Plus d'un contrôle sur deux donne lieu à des mesures administratives
"Pour les 6.000 contrôles réalisés en 2012, 3.439 mesures administratives (rappels à la réglementation ou mises en demeure de remise en conformité, destructions de produits et de culture) et 61 suites judiciaires ont été mises en œuvre. Des réunions de sensibilisation avec les professionnels ont été organisées et des contrôles ont été renforcés", indique le bilan.
En ce qui concerne le diméthoate, qui semble poser particulièrement problème, les non-conformités ont fait l'objet de réunions d'alerte des professionnels concernés et les contrôles ont été renforcés cette année, précise la Direction générale de l'alimentation. "Les résultats de 2013 montrent qu'à l'exception d'un cas de mésusage, tous les prélèvements sont conformes. Ce dossier est en discussion au niveau européen dans le cadre de l'approbation de la substance active. Des contrôles renforcés seront maintenus en 2014", ajoute cette dernière.
Sur la problématique spécifique du chlordécone en Guadeloupe et en Martinique, le bilan du contrôle de la conformité des productions végétales montre que 9,5% des échantillons prélevés présentent des résultats bruts supérieurs à la limite maximale autorisée. Les résultats d'un autre plan de surveillance, visant à évaluer les liens entre contamination du sol et contamination des denrées végétales, montre par ailleurs que le chlordécone est présent dans 46% des sols échantillonnés en Martinique et 78% en Guadeloupe.

OGM : l'étude polémique du professeur Séralini désavouée

S'agit-il, comme il le prétend, du résultat de pressions exercées par Monsanto ? Le biologiste Gilles-Eric Séralini (université de Caen) a annoncé, jeudi 28 novembre, au cours d'une conférence de presse tenue à Bruxelles, que ses travaux sur les effets à long terme (deux ans) d'un maïs transgénique (le NK603) et de son herbicide associé (le Roundup) étaient en passe d'être retirés par Food and Chemical Toxicology, la revue qui les avait acceptés en septembre 2012. L'éditeur Elsevier, propriétaire de la publication, a confirmé le retrait quelques heures plus tard.
 Cette mesure, qui relève du comité éditorial du périodique, revient à effacer de la littérature scientifique l'ensemble des résultats et des données issus des travaux du chercheur français. Ceux-ci avaient provoqué une tempête médiatique, en suggérant que la consommation, par le rat, du NK603 et/ou de l'herbicide auquel il est rendu tolérant provoquait l'apparition de tumeurs sur les animaux, ainsi que des troubles hépatiques et rénaux.
« PRÉOCCUPATION SUR LE FAIBLE NOMBRE D'ANIMAUX PAR GROUPE »
C'est dans une lettre du 19 novembre que Wallace Hayes, éditeur en chef de la revue, annonce à M. Séralini son intention de retirer l'étude controversée. M. Hayes reconnaît dans sa lettre que le travail du chercheur français « ne montre pas de signe de fraude ou de déformation intentionnelle des données ». « Cependant, ajoute-t-il, il existe une cause légitime de préoccupation sur le faible nombre d'animaux par groupe ainsi que sur la souche choisie. » Ainsi, poursuit la lettre, le retrait de l'étude est motivé par son caractère « non conclusif ».
De fait, l'étude n'a pas convaincu la communauté scientifique compétente et toutes les expertises collectives rendues sur ces travaux ont conclu à leur caractère « non conclusif ». L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a toutefois appelé à la conduite d'études similaires, les tests réglementaires étant au mieux conduits sur 90 jours… Des financements européens et nationaux ont été, depuis, débloqués pour les mener.
 M. Séralini et son équipe contestent âprement le retrait de leur étude et menacent même la revue de poursuites en justice. Selon les règles en vigueur à Food and Chemical Toxicology, le retrait d'un article ne peut être décidé qu'en cas de « manquement éthique », de « plagiat », de « publication préalable » ou de « conclusions non fiables pour cause, soit de fraude, soit d'erreurs de bonne foi (erreur de calcul, erreur expérimentale) ». Le chercheur français fait valoir que l'aspect contesté de son travail – c'est-à-dire le protocole expérimental lui-même – n'entre dans aucune de ces catégories.
SOUPÇON DE PRESSION DES INDUSTRIELS DES BIOTECHNOLOGIES
M. Séralini va plus loin et soupçonne les industriels des biotechnologies d'avoir fait pression pour obtenir le retrait de son étude. Le chercheur français cite l'arrivée au comité éditorial de la revue, début 2013, du toxicologue Richard Goodman, professeur à l'université du Nebraska (Etats-Unis) et ancien employé de Monsanto.
Interrogé par Le Monde, M. Hayes assure que M. Goodman n'a pas été associé à l'expertise critique ayant conduit au retrait de l'étude. « M. Séralini ne peut l'ignorer, ajoute M. Hayes, car il sait qui a signé l'accord de confidentialité que nous avons contracté afin d'analyser certaines de ses données non publiées. »
 Outre l'effacement de son étude, M. Séralini dit également avoir été l'objet de « pressions personnelles insupportables » depuis la publication de ses travaux. Il a notamment été associé, sur des sites Internet, à un mouvement sectaire proche de l'ésotérisme chrétien – ces diffamations ont été reprises dans la presse nationale.
L'eurodéputée Corinne Lepage (Cap 21) mais aussi l'association Générations futures, la Fondation Sciences citoyennes et l'ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory (CEO) se sont jointes au biologiste français pour dénoncer l'influence du monde industriel sur les revues scientifiques. « Les pressions pour la “dépublication” de l'étude du professeur Séralini montrent à quel point l'industrie des biotechnologies est en mesure de contrôler la production scientifique elle-même, a déclaré Mme Lepage. On assiste à une véritable prise de pouvoir des lobbys et c'est extrêmement préoccupant pour nos sociétés. »
M. Hayes répond que le comité de Food and Chemical Toxicology est « équilibré » avec « des scientifiques gouvernementaux, industriels et académiques ».
Il n'est pas certain que l'arrivée de M. Goodman dans le comité éditorial de la revue ait été déterminante pour asseoir un biais pro-industrie en son sein. Toxicologue, Wallace Hayes est lui-même consultant et ancien vice-président du cigarettier RJ Reynolds ; parmi les quatre managing editors se trouvent un autre consultant et un scientifique employé par le semencier Pioneer. Quant à la toxicologue au poste de review editor, Susan Barlow, elle est également consultante. Le Monde avait révélé en janvier 2012 qu'elle avait loué ses services à Philip Morris, acceptant que les cadres du cigarettier amendent une étude finalement publiée en 2001 sous son nom dans Paediatric and Perinatal Epidemiology. Celle-ci n'a jamais été retirée…
  M. Séralini a aussi reçu le soutien du mathématicien Paul Deheuvels (université Pierre-et-Marie-Curie à Paris), membre de l'Académie des sciences. Invité à s'exprimer au cours de la conférence de presse organisée autour du biologiste français, le statisticien a appelé à ce que la science puisse être produite sans pressions extérieures. Cocasse, quand on sait que M. Deheuvels, climato-sceptique notoire, a décerné en décembre 2010, au nom du Club de l'Horloge (proche de l'extrême droite), le prix Lyssenko de la « désinformation scientifique » au climatologue Jean Jouzel, médaillé d'or du CNRS et l'un des scientifiques français les plus cités…

lundi 25 novembre 2013

Les abeilles sacrifiées sur l'autel de l'agriculture intensive

La question de la santé des abeilles interpelle les professionnels mais aussi la société civile, comme l'a montré le succès des rencontres scientifiques organisées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) le 21 novembre 2013 à Maisons-Alfort.
Des enjeux colossaux de fourniture alimentaire
Il faut dire que les enjeux sont colossaux. Car, comme le souligne Claudine Joly, vétérinaire membre du réseau agriculture de France Nature Environnement (FNE), au-delà des intérêts économiques du seul secteur apicole, une épée de Damoclès pèse sur la pollinisation des cultures, avec des risques de remise en cause de la fourniture et de la qualité alimentaire pour les populations.
 "L'apiculture est fondamentale dans les services de la pollinisation, ajoute François Gerster, responsable du Plan de développement durable de l'apiculture lancé par le ministère de l'Agriculture, 80% des cultures (essentiellement fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses) sont dépendantes des insectes pollinisateurs, dont l'abeille domestique est le chef de file".
De plus, l'abeille joue un rôle de sentinelle, donnant l'alerte en cas d'atteintes à l'environnement et à la biodiversité. Or, l'alerte est bel et bien lancée : "les mortalités hivernales moyennes sont supérieures à 20% et il est fréquent que les taux de pertes annuelles dépassent les 30%", relève François Gerster, même si les chercheurs de l'Institut de l'abeille (ITSPA) ont pu constater une diminution des pertes hivernales ces cinq dernières années en France.
Démêler l'écheveau des causes multifactorielles
Comment expliquer un tel désastre ? "Il est dorénavant établi, affirme François Gerster qui veut incarner "la neutralité de l'Etat", qu'il n'y a pas une cause unique de mortalité des colonies d'abeilles mais plusieurs facteurs concomitants, qui parfois se potentialisent. On peut citer, ajoute-t-il, les agressions chimiques (pesticides dont insecticides, fongicides…), le parasitisme chronique de Varroa, les agressions microbiologiques (bactériennes et virales), l'insuffisance de ressources alimentaires équilibrées et accessibles tout au long de la saison, l'inadaptation des reines importées à l'écotype des colonies et les pratiques parfois inadaptées de certains apiculteurs…".
Des profils de toxicité inattendus
"On tourne autour du pot", estime toutefois Jean-Marie Barbançon, président de la Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales (Fnosad), pour qui le facteur "pesticides" est largement sous-estimé. Comme le souligne Luc Belzunces, directeur de recherche à l'INRA, "à faibles doses, et plus spécialement en exposition chronique, les pesticides peuvent présenter des profils de toxicité inattendus qui remettent en cause le dogmatique principe d'une toxicité qui croît avec l'intensité de l'exposition à un toxique".
Leurs effets peuvent être plus complexes que d'entraîner une mortalité directe des abeilles, les pesticides pouvant déséquilibrer des colonies en termes de classes d'âge, explique Jean-Marie Barbançon. Cet affaiblissement des colonies peut expliquer une sensibilité plus grande aux maladies infectieuses et parasitaires, d'où par exemple un impact plus important de Varroa, cet acarien qui parasite les ruches. L'origine "multifactorielle" de la surmortalité pourrait dès lors légitimement être rediscutée.
D'autant qu'une autre grande cause de mortalité, l'insuffisance de ressources alimentaires pour les abeilles, peut s'expliquer également par le développement de l'agriculture intensive. "En zones de grandes cultures, une conséquence directe de l'intensification et des pratiques agricoles actuelles est la diminution, la disparition ou l'irrégularité dans le temps et dans l'espace des zones constituant les ressources alimentaires des abeilles", confirme Axel Decourtye, chef de projets à l'Association de coordination technique agricole (ACTA).
De plus, "la très forte dépendance des abeilles domestiques et de l'apiculture envers les cultures oléagineuses, ainsi que la récolte significative du pollen de maïs, induit un risque d'intoxication lié aux pesticides employés par les cultivateurs", ajoute le chercheur. Ce qui, une fois encore, ramène sur la piste des produits phytosanitaires.
Mettre à disposition des apiculteurs de nouvelles molécules
Pourtant les faisceaux d'indice qui conduisent à incriminer les molécules chimiques ne découragent par leurs promoteurs. Au programme des rencontres de l'Anses figurait en effet la question de "la disponibilité du médicament vétérinaire". "L'arsenal thérapeutique pour les abeilles se limite en France à quelques médicaments, tous destinés au traitement de la varroase", déplore Eric Fresnay de l'Anses. "L'objectif global est d'augmenter et de diversifier l'arsenal thérapeutique par la mise à disposition de nouvelles molécules ou de nouvelles formulations", explique Anne Touratier, adjointe au directeur de la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (GDS France).
Mais parce qu'"une véritable amélioration de la disponibilité en médicaments (…) passe par un retour sur investissement pour les laboratoires pharmaceutiques pour des marchés limités", plusieurs initiatives ont été prises pour aider ces derniers : notamment une politique incitative de l'Agence européenne du médicament (EMA) passant par des réductions de frais de dossiers et un allègement des données à fournir dans les dossiers d'autorisations de mise sur le marché (AMM), ainsi que la possibilité d'enregistrer en France des produits autorisés dans d'autres pays européens.
Ces initiatives sont d'autant plus utiles, explique Eric Fresnay, que l'existence sur le marché de préparations artisanales freine le développement des médicaments vétérinaires. "Outre le fait que ces produits ne garantissent aucune efficacité ni sécurité à l'emploi, ils viennent également, du fait de leur petit prix, restreindre le marché déjà faible et concurrencer le médicament vétérinaire", déplore le spécialiste en pharmacovigilance de l'Anses.

jeudi 21 novembre 2013

Prix Pinocchio : les gagnants sont Veolia, Areva et Auchan

Les prix Pinocchio du développement durable, qui dénoncent les impacts négatifs de certaines entreprises multinationales, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu'elles utilisent abondamment, ont été décernés, mardi 19 novembre, à Veolia, Areva et Auchan.
Plus de 41.000 internautes ont voté pour désigner les lauréats parmi les entreprises nominées, pour le prix décerné par Les Amis de la Terre, le Centre de recherche et d'information pour le développement (Crid) et Peuples Solidaires.
Veolia remporte le prix "une pour tous, tout pour moi", décerné à "l'entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d'appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles". En l'occurrence, "en Inde, Veolia favorise les abus et les profits plutôt que le droit à l'eau", dénoncent les organisateurs, précisant que "derrière les beaux discours, les vieux démons de la privatisation de l'eau ont la vie dure".
Dans la catégorie "plus vert que vert", qui distingue "l'entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles", Areva arrive très nettement en tête avec 59% des votes exprimés. "Areva réécrit en vert l'histoire de l'uranium", critiquent les trois associations, expliquant qu'"alors qu'Areva fête l'ouverture de son parc d'attraction [URÊKA, le musée de l'aventure de l'Uranium ouvert à Bessines en Haute-Vienne, ndlr], les souvenirs laissés par l'entreprise sont loin d'être roses : en Limousin, plus de 60 mines abandonnées polluent sources, rivières et nappes phréatiques".
Enfin, le prix "mains sales, poches pleines" décerné à "l'entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d'approvisionnement" revient à Auchan. "Le 24 avril dernier, le Rana Plaza, qui hébergeait 5 usines textile, s'effondrait, faisant 1.133 morts et encore plus de blessés", rappellent les organisateurs, ajoutant que "les victimes y fabriquaient des vêtements pour des marques occidentales, dont Auchan, qui, six mois après, refuse toujours de participer au fond d'indemnisation".

jeudi 7 novembre 2013

La concentration en gaz à effet de serre a atteint de nouveaux records en 2012

"La teneur de l'atmosphère en gaz à effet de serre a atteint un niveau inégalé en 2012, poursuivant et accélérant une progression qui alimente le changement climatique", annonce ce mercredi 6 novembre l'Organisation météorologique mondiale (OMM), précisant que, pour le CO2, "la hausse survenue entre 2011 et 2012 est supérieure au taux moyen d'accroissement des dix dernières années".
Entre 2011 et 2012, la concentration moyenne de CO2 dans l'atmosphère a augmenté de 2,2 parties par million (ppm), pour atteindre 393,1 ppm. Sur la décennie passée, la hausse moyenne s'établit à de 2,02 ppm par an. La concentration en méthane (CH4) atteint quant à elle 1.819 parties par milliard (ppb). Celle du protoxyde d'azote (N2O) atteint 325,1 ppb.
Selon l'OMM, l'impact sur le climat associé à l'accroissement des concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre s'est accru de 32 % entre 1990 et 2012. Le CO2 est responsable de 80% de cette progression.

vendredi 25 octobre 2013

L'économiste Jeremy Rifkin veut faire du Nord-Pas-de-Calais la région pilote de la transition énergétique d'ici à 2050

L'économiste américain était attendu, vendredi 25 octobre, à Lille. Après onze mois de travail et d'échanges, Jeremy Rifkin, doit livrer son « master plan » pour faire passer la région Nord-Pas-de-Calais dans « la troisième révolution industrielle », une économie décarbonée. A l'horizon 2050, le Nord-Pas-de-Calais devra avoir réduit de 60 % sa consommation énergétique et divisé par quatre ses émissions de gaz à effet de serre.
L'économiste, reconverti en hommes d'affaires, s'est vu confier cette mission, pour la « modique » somme de 360 000 euros financés par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et le conseil régional.
ÉCONOMIE CIRCULAIRE
La troisième révolution industrielle de M. Rifkin s'appuie sur cinq piliers : énergies renouvelables, bâtiments producteurs d'énergie, stockage de l'énergie, réseaux intelligents, transports non polluants.
Reposant sur la déconcentration de la production d'électricité, son modèle vise à transformer chaque bâtiment en microsites producteurs d'énergie, en les équipant de panneaux solaires, de petites éoliennes voire d'une unité de production de biogaz, et à créer des réseaux intelligents de distribution décentralisée de l'énergie, fonctionnant comme Internet. La flotte de transport devra être totalement transformée en véhicules électriques rechargeables ou à piles à combustibles.
Vingt-cinq premiers projets devront être engagés dès 2014. « Ils démontreront ce que la troisième révolution industrielle est susceptible d'apporter, concrètement, en terme de débouchés, d'activités nouvelles, d'emplois », assure Philippe Vasseur, président de la CCI, à l'origine de la collaboration avec Jeremy Rifkin. La plupart ne sont cependant pas révolutionnaires et utilisent les ressorts de l'économie circulaire. Il s'agit par exemple de la valorisation des déchets d'abattoirs en biogaz, à partir d'un procédé de méthanisation.
DROIT À L'EXPÉRIMENTATION
Pour mettre en oeuvre la feuille de route de l'économiste américain, les acteurs de la région demandent un droit à l'expérimentation. « A la convergence d'initiatives, d'innovations, de projets en germe ou existants, la troisième révolution industrielle partira des territoires, des collectivités, des entreprises et des collectivités. Elle n'attend pas que cela bouge en haut », insiste Philippe Vasseur, l'ancien ministre de l'agriculture d'Alain Juppé (1995-1997) qui a convaincu le président (PS) du conseil régional, Daniel Percheron, de s'engager dans ce partenariat avec Jeremy Rifkin.
La région va elle-même contribuer à la dynamique et mettre désormais l'accent dans son action sur les cinq domaines « piliers » de la troisième révolution industrielle. Des bornes de recharge pour les véhicules électriques vont être installées sur tout le territoire régional. Un système de covoiturage et d'auto-partage va être développé avec le syndicat mixte des transports de la région. Un plan de rénovation de 100 000 logements d'ici à 2015, 1,4 million d'ici à 2050 répondant à l'enjeu d'efficacité écologique va être lancé. Au sein de la métropole lilloise, comme du bassin minier, plusieurs quartiers vont également être rénovés et transformés en écoquartier. Des friches industrielles vont être réhabilitées et laisser place à des bâtiments intelligents à énergie positive.
Pour financer cette dynamique, la CCI et le conseil régional entendent mobiliser tous les outils européens et nationaux existants (Fonds européens, futur contrat de plan Etat-région, nouvelle convention de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, investissements d'avenir...) et en faire des leviers à l'investissement des collectivités locales et des entreprises.
Quelque 800 000 euros par an devraient être engagés pour faire entrer la région dans la troisième révolution industrielle. Et pour impliquer les citoyens de la région à participer à la « révolution », une formule d'épargne leur sera proposée.

jeudi 24 octobre 2013

Claude Lévi-Strauss: «La difficulté croissante de vivre ensemble...»

 Claude Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908 à Bruxelles1 et mort le 30 octobre 2009 à Paris2,3, est un anthropologue et ethnologue français qui a exercé une influence décisive sur les sciences humaines dans la seconde moitié du XXe siècle.


Extrait :
La population mondiale comptait à ma naissance 1,5 milliard d'habitants. Quand j'entrai dans la vie active, vers 1930, ce nombre s'élevait à 2 milliards. Il est de 7 milliards aujourd'hui, et il atteindra 9 milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. Ils nous disent certes que ce dernier chiffre représentera un pic et que la population déclinera ensuite, si rapidement, ajoutent certains, qu'à l'échelle de quelques siècles une menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité non pas seulement culturelle mais aussi biologique en faisant disparaître quantité d'espèces animales et végétales.
De ces disparitions, l'homme est sans doute l'auteur, mais leurs effets se retournent contre lui. Il n'est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.

Aussi la seule chance offerte à l'humanité serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d'égalité avec toutes les autres formes de vie qu'elle s'est employée et continue de s'employer à détruire.
Mais si l'homme possède d'abord des droits au titre d'être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l'humanité en tant qu'espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l'humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l'existence d'autres espèces.
Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d'une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création.

mardi 22 octobre 2013

La pollution de l'air extérieur est classée cancérogène certain pour l'homme

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence spécialisée de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a annoncé jeudi 17 octobre, qu'elle classifiait la pollution de l'air extérieur comme cancérogène certain (groupe 1) pour l'homme, et ce, quelle que soit la région du monde où l'on réside.
Les experts ont conclu qu'il existe "des preuves suffisantes" pour dire que l'exposition à la pollution de l'air extérieur provoque le cancer du poumon. Ils ont également noté "une association positive avec un risque accru de cancer de la vessie", précise le CIRC dans un communiqué. Les particules fines, "élément majeur" de la pollution de l'air extérieur, ont été évaluées séparément et classées, elles aussi, comme cancérogènes pour l'homme.
Les experts se sont réunis pendant plusieurs jours à Lyon pour analyser des études portant sur des milliers d'hommes et de femmes suivis pendant plusieurs décennies.
Pour le moment, les résultats n'ont pas permis d'établir si un groupe particulier de la société (hommes, femmes, jeunes ou âgés) était plus vulnérable. Mais "les personnes les plus exposées à l'air pollué sont les plus vulnérables", a relevé le docteur Kurt Straif du CIRC.

"Mélange de substances cancérigènes"
"L'air que nous respirons est devenu pollué avec un mélange de substances cancérigènes", a-t-il expliqué. Il s'agit notamment d'émissions issues de moteurs diesel, de solvants, de métaux et de poussières. Les principales sources de pollution étant les transports, les centrales électriques, les émissions industrielles et agricoles, le chauffage résidentiel et la cuisson des aliments, précise le CIRC.
"Nous savons maintenant que la pollution de l'air extérieur n'est pas seulement un risque majeur pour la santé en général, mais aussi une cause environnementale de premier plan de décès par cancer", a affirmé M. Straif. D'après leurs données les plus récentes, en 2010, 223.000 personnes sont mortes dans le monde des suites d'un cancer du poumon en lien avec la pollution de l'air.
Le CIRC publiera, la semaine prochaine, ses conclusions de façon plus détaillée dans la revue médicale britannique "The Lancet".
"Classer la pollution atmosphérique comme cancérogène pour l'homme est un pas important", a souligné le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC. "Il existe des moyens efficaces de réduire cette pollution et étant donné le degré d'exposition des populations dans le monde, ce rapport devrait envoyer un signal fort à la communauté internationale pour prendre des mesures dans les plus brefs délais", a-t-il conclu.

lundi 7 octobre 2013

Zones humides : un nouveau plan de protection plus efficace est nécessaire

Dans un rapport, le CGEDD formule des recommandations pour mener de manière plus efficace des actions de maintien des zones humides. Ce document intervient alors qu'un nouveau plan national devrait être lancé.

 Un constat ressort toutefois : près de la moitié des projets d'infrastructures, dont l'étude d'impact environnemental a fait l'objet d'un examen par l'Autorité environnementale, empiète sur une zone humide. ''Ceci est d'autant plus préoccupant que 60% des milieux humides sont situés dans des zones Natura 2000 dont le maintien en bon état est du ressort de chaque État-membre'', estime la mission.
 
Pour faciliter leur identification et leur protection, la mission propose d'assurer la reconnaissance juridique des zones humides dans le code de l'urbanisme sous forme de zonage spécifique dans le plan local d'urbanisme (PLU) et les schémas de cohérence territoriale (SCoT).
Elle souhaiterait que tout projet impactant une zone humide soit soumis à l'avis préalable de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites.
Pour elle, dans le code de l'urbanisme, il pourrait être instauré au bénéfice des zones humides, un classement spécifique, à l'instar de celui qui existe dans le code de l'urbanisme en faveur des espaces boisés (par les articles L. 130-1 et suivant du même code).

lundi 9 septembre 2013

Un papillon super-résistant inquiète les producteurs d'OGM

Un nouveau mode de résistance aux organismes génétiquement modifiés (OGM) a été mis en évidence par une étude franco-sud-africaine, publiée mercredi 4 septembre par la revue PLOS One (Public Library of Science Open Access Journal). Cette découverte pourrait conduire à réviser les stratégies actuellement appliquées par les agriculteurs pour lutter contre l'émergence de résistances.

Les chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et leurs collègues sud-africains se sont penchés sur Busseola fusca, un papillon de nuit qui n'a mis que quelques années à développer une résistance à un maïs de type Bt cultivé depuis 1998 en Afrique australe. Ce type de plante transgénique sécrète ses propres toxines insecticides Bacillus thuringiensis (Bt), censées venir à bout des ravageurs.
Un certain nombre de cas de résistances apparues chez ces insectes ont déjà été répertoriés. Mais leur développement était relativement lent en raison du caractère récessif de la résistance, celle-ci ne se transmettait à un individu que si ses deux parents étaient eux-mêmes résistants. Or, chez le papillon de nuit sud-africain, les expériences menées en laboratoire ont mis en évidence le caractère dominant de la résistance. Il suffit qu'un seul des deux parents le possède pour qu'il soit transmis à la génération suivante. La résistance se diffuse donc beaucoup plus vite, et pour y répondre, les agriculteurs concernés doivent se tourner vers ces mêmes insecticides que le maïs transgénique était censé leur éviter d'utiliser.
Face à ce type de résistance, la stratégie consistant à maintenir à proximité des champs d'OGM des "zones refuges" plantées de variétés conventionnelles, afin de favoriser le maintien d'une population d'insectes non résistants, risque de se révéler vite insuffisante. "Cette étude est importante parce qu'elle explique pourquoi ce ravageur a rapidement développé la résistance au maïs Bt et qu'elle suggère qu'une très forte abondance de refuges sera nécessaire pour ralentir l'évolution de la résistance", affirme l'entomologue Yves Carrière (université de l'Arizona).

samedi 3 août 2013

Des migraines causées par des anomalies des artères

Le réseau d'artères qui irriguent le cerveau de sang a plus de chances de présenter des anomalies chez les personnes souffrant d'un certain type de migraines, selon une étude américaine.
La structure mise en cause est appelée polygone de Willis, un endroit où les artères se rejoignent à la base du cerveau, permettant l'apport de sang pour le fonctionnement de ce dernier. Cette structure est parfois altérée - des portions sont manquantes - chez les personnes souffrant de migraines, notamment celles dites « accompagnées » ou avec « auras ».
Ces types de migraines sont précédés de troubles de la vision ou d'hallucinations qui consistent en la perception de points lumineux, de lignes ou des formes inhabituelles.
L'étude portait sur 170 personnes divisées en trois groupes : un groupe-contrôle de personnes qui n'ont pas de maux de tête, un groupe souffrant de migraines avec auras et un groupe souffrant de migraines sans aura. Les chercheurs ont utilisé des techniques de résonance magnétique pour suivre l'évolution de l'irrigation sanguine dans le cerveau.
Ils ont constaté que 73 % des personnes avec des migraines accompagnées et 67 % avec des migraines simples présentent un polygone de Willis incomplet. Le pourcentage tombe à 51 % chez ceux qui ne souffrent pas de migraines.
Les chercheurs ont longtemps pensé que la cause des migraines était la dilatation des vaisseaux sanguins dans le cerveau. Des travaux plus récents mettaient plutôt en cause des signaux neuronaux. La nouvelle étude, parue dans la revue PLoS ONE, avance que les vaisseaux sanguins jouent un rôle différent de ce qu'on croyait. Les altérations dans l'irrigation du cerveau pourraient rendre les personnes plus susceptibles à une activité neuronale anormale, ce qui déclencherait les migraines.
« Les anormalités observées se concentrent à l'arrière du cerveau, où se trouve le cortex visuel. Ceci pourrait expliquer pourquoi les symptômes les plus communs consistent en des signaux visuels, comme des distorsions, des points ou des rangées de lignes », explique l'auteur principal, John Detre, professeur de neurologie et de radiologie à l'Université de Pennsylvanie.
Les chercheurs font toutefois remarquer que plusieurs autres facteurs peuvent déclencher des migraines. Ils croient toutefois qu'il sera possible un jour de mettre au point un test diagnostique basé sur la structure du polygone de Willis.

jeudi 11 juillet 2013

Plus de 90% des fraises contiennent des résidus de pesticides

C'est ce qui ressort de l'enquête menée par Générations Futures sur 49 échantillons de fraises vendues dans le commerce. L'ONG souhaite peser sur les discussions en cours sur la stratégie à adopter en matière de perturbateurs endocriniens.
 Après une première enquête sur l'exposition des populations aux perturbateurs endocriniens via les céréales et les insecticides ménagers, l'association Générations Futures, spécialisée sur la question des pesticides, s'est penchée cette fois-ci sur les fraises vendues dans le commerce en provenance de France et d'Espagne.
Pourquoi la fraise ? Car il s'agit d'un fruit communément consommé par les femmes enceintes ou les jeunes enfants, populations particulièrement vulnérables aux perturbateurs endocriniens, explique l'ONG. Or, ces substances sont soupçonnées d'être à l'origine de cancers hormonaux-dépendants, de perturbations du métabolisme et de la reproduction, de problèmes cardiovasculaires mais aussi de troubles mentaux et du comportement.
Présence de perturbateurs endocriniens
Sur les 49 échantillons analysés (voir méthodologie en encadré), 91% contenaient un ou plusieurs résidus de pesticides (100% des fraises espagnoles), et 71% contenaient des pesticides perturbateurs endocriniens (PE). Si la proportion est plus importante parmi les fraises espagnoles (78%), il reste que 65% des échantillons français contiennent au moins un résidu de pesticide PE.
"Nous avons retrouvé en tout 37 molécules différentes dont 8 perturbateurs endocriniens", précise François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
Cela ne signifie pas pour autant que les producteurs sont hors-la-loi. La présence de résidus de pesticides est admise par la réglementation dès lors que les limites maximales en résidus (LMR) ne sont pas dépassées. Un seul dépassement de cette limite a d'ailleurs été constaté dans le cadre de cette enquête, soit un taux de non-conformité de 2%.
Le porte-parole de l'ONG soupçonne toutefois certains producteurs de faire tourner les fongicides de manière à éviter le dépassement des LMR. L'étude a en effet mis en évidence un échantillon français qui comptait douze résidus de pesticides différents.
Présence de pesticides interdits
Plus inquiétant, l'enquête a mis à jour la présence d'endosulfan dans deux échantillons français, un insecticide organochloré interdit en Europe depuis 2005, et du carbosulfan dans deux échantillons espagnols, insecticide également interdit en Europe depuis 2007. Des résidus de pesticides dont l'usage est interdit sur la fraise ont également été retrouvés. "La présence de pesticides interdits en Europe ou sur la culture de la fraise dans plus de 18% des échantillons testés est proprement inacceptable", s'indigne François Veillerette.
Des discussions en cours sur les perturbateurs endocriniens
En présentant cette nouvelle étude, Générations Futures cherche à peser sur les discussions en cours sur les perturbateurs endocriniens. Au plan français d'abord, au moment où la stratégie nationale relative à ces substances est en cours de finalisation. Au plan européen ensuite avec l'échéance du 14 décembre 2013, date à laquelle la Commission doit fixer les critères permettant de définir les perturbateurs endocriniens dans le cadre du règlement "pesticides".
L'ONG dénonce une disposition figurant dans la dernière version de la stratégie nationale qui prévoit la possibilité de réviser les critères d'exclusion des pesticides PE après une étude d'impact prenant en compte les effets sur la santé et l'environnement, ainsi que les substances actives disponibles. "Il s'agit d'un retour en arrière par rapport au règlement européen qui s'appuie sur les critères de danger des substances et non sur une évaluation des risques", dénonce François Veillerette, qui précise que les ONG ne pourront soutenir la stratégie si cette disposition, soutenue par le seul Medef, était conservée.
Quant au règlement européen, Générations Futures demande au Gouvernement d'être très ferme envers les pays qui voudraient limiter la définition de perturbateurs endocriniens. "L'Allemagne et l'Angleterre sont très faibles sur ces propositions car ils sont gros producteurs de pesticides", dénonce le porte-parole de l'ONG. Or, la définition de ces critères est d'autant plus importante, qu'ils seront utilisés également dans le cadre du règlement "biocides" et du règlement Reach.
En tout état de cause, un travail d'intense lobbying est en cours de part et d'autre en vue de l'échéance du 14 décembre 2013.

mercredi 26 juin 2013

Une étude affirme qu'une alimentation à base d'OGM serait néfaste pour les porcs

Une équipe de chercheurs australiens et américains révèle les effets néfastes d'une alimentation à base de maïs et de soja transgéniques sur les porcs, dans une étude publiée dans le Journal of organic systems en juin.

Cette étude, menée sur "vie entière" (22,7 semaines, durée de vie du sevrage à l'abattage d'un porc destiné à la consommation), révèle qu'il n'y a aucune différence pour la consommation alimentaire, le poids, la mortalité et la biochimie sanguine de routine entre le panel nourri aux OGM et le panel dont la consommation était non OGM. En revanche, des différences ont été relevées au niveau gastrique et utérin. "Les femelles nourries aux OGM avaient un utérus 25% plus lourds que les porcs nourris sans OGM", indiquent les auteurs. Les porcs à l'alimentation transgénique affichaient également un taux plus élevé d'inflammation sévère de l'estomac (32% contre 12% pour le panel sans OGM).

Très peu d'études à long terme ont été menées sur les OGM aujourd'hui, avaient souligné l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) et le Haut conseil des biotechnologies (HCB) lors de la polémique consécutive à la publication, en septembre dernier, de l'étude du professeur Séralini. Le HCB et l'Anses recommandaient de lancer une étude indépendante "vie entière" sur les risques sanitaires liés aux OGM. Des recommandations approuvées par le gouvernement français et la Commission européenne, mais sans

vendredi 7 juin 2013

Des résidus d'insecticides néonicotinoïdes dans nos assiettes !

Les résultats d'une campagne d'analyse d'aliments végétaux menée par Générations futures démontrent que certains aliments contiennent de tels résidus, appartenant à une famille d'insecticides mise en cause dans le dépérissement de colonies d'abeilles.
Entre février et mai 2013, les cinq principaux néonicotinoïdes ont été recherchés dans 109 échantillons de fruits, légumes et thés.

Les résultats sont clairs : les aliments testés contiennent, à des degrés divers, mais fréquemment, des résidus de néonicotinoïdes :
- 45 % des échantillons de courgettes testées contiennent des résidus de néonicotinoïdes (9/20 : 9 imidaclopride),
- 25 % des échantillons de tomates testées contiennent des résidus de néonicotinoïdes  (5/20 : 2 acetamipride, 2 thiaclopride, 1 acetamipride + thiaclopride),
- 80 % des échantillons de thés testés contiennent des résidus de néonicotinoïdes (8/10 : 5 acetamipride + imidaclopride, 3 acetamipride) 4 dépassements de LMR ( 3 acetamipride, 1 imidaclopride),
-12,24 % des échantillons de fraises testées contiennent des résidus de néonicotinoïdes (6/49 : 4 thiaclopride, 1 thiametoxam, 1 acetamipride (usage fraises F interdit),
- 16,66 % des échantillons d'aubergines testées contiennent des résidus de néonicotinoïdes (1/6 : imidaclopride).

Afin d'évaluer quel pourrait être l'impact de ces résidus de néonicotinoïdes sur les abeilles, Générations futures a calculé les conséquences de leur exposition aux quantités de résidus retrouvés dans ces échantillons.
Exemple : si l'on prend une courgette d'un poids moyen de 250 g contenant 25 µg d'imidaclopride/kg, les calculs de l'association permettent de conclure que ce sont près de 845 abeilles qui seraient mortes ou au moins 3788 abeilles qui auraient vu leur comportement gravement perturbé suite à l'exposition à la quantité d'imidaclopride contenue dans cette seule courgette.

En conclusion, Générations futures demande au Gouvernement et à l'Union européenne de prendre des mesures d'interdiction plus fermes que les récentes décisions européennes.

lundi 6 mai 2013

Le taux de CO2 dans l'air au plus haut depuis plus de 2,5 millions d'années

Un cap symbolique est en passe d'être franchi. Pour la première fois depuis que l'homme est apparu sur Terre. Et même depuis plus de 2,5 millions d'années... Le seuil de 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique devrait être atteint courant mai, au point de mesure historique de la station de Mauna Loa (Hawaï), où les premières mesures de l'ère moderne ont été menées, dès 1958, par l'Américain Charles David Keeling.

 

L'année 2012 se classe parmi les dix années les plus chaudes, selon l'OMM

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) publie le 2 mai 2013 son compte rendu annuel sur l'état du climat. D'après cette étude, "l'année 2012 a rejoint le classement des dix années les plus chaudes jamais observées", et ce malgré l'influence du phénomène La Niña.
De janvier à décembre 2012, la température moyenne à la surface du globe (terres émergées et océans confondus) a présenté une anomalie positive estimée à 0,45°C, indique le rapport. L'année 2012 se classe ainsi au neuvième rang des années les plus chaudes jamais observées depuis le début des relevés en 1850, est-il précisé.
Selon Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM, "le réchauffement continu de la basse atmosphère reste inquiétant". "La tendance à la hausse des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre entraînant l'augmentation du forçage radiatif de l'atmosphère terrestre confirme que le réchauffement va se poursuivre", précise-t-il.
L'étude fait état de températures supérieures à la norme en 2012 "sur une grande partie de la surface terrestre". En revanche, des températures inférieures à la normale ont été enregistrées en Alaska, dans certaines régions du nord et de l'est de l'Australie ainsi qu'en Asie centrale. Des phénomènes extrêmes se sont également produits, comme des sécheresses et des cyclones tropicaux tels que l'ouragan Sandy.
Par ailleurs, outre les précipitations "légèrement supérieures à la normale", l'étendue de la couverture neigeuse dans l'hémisphère nord a été supérieure à la normale et a représenté "la quatorzième étendue de couverture neigeuse la plus importante jamais observée", précise le rapport. Celui-ci mentionne également la fonte de la calotte glacière qui continue de se poursuivre.

lundi 8 avril 2013

Le "Monsanto act" met les OGM au-dessus de la loi aux Etats-Unis

C'est un amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l'agriculture aux Etats-Unis, mais il provoque scandale et stupéfaction chez les défenseurs de l'environnement et les ennemis des OGM : la justice américaine ne pourra plus s'opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si elles n'ont pas reçu d'homologation et sont de ce fait illégales.
Que dit l'article 735 de ce texte de loi, affublé du surnom de "Monsanto Protection Act" et désormais voté par le Congrès et approuvé par le président Barack Obama ? Que "dans le cas où une décision [d'autorisation de culture] est ou a été invalidée ou annulée, le ministère de l'agriculture doit (...), sur simple demande d'un cultivateur, d'un exploitant agricole ou d'un producteur, accorder immédiatement une autorisation ou une dérogation temporaire." Ce dans le but de "s'assurer que les cultivateurs ou d'autres acteurs sont en mesure de déplacer, planter, cultiver, introduire dans le commerce" les semences en question et les cultures qui en sont issues.
Pour Greenpeace Canada, "la signature de cette loi par le président Obama ne permettra plus aux tribunaux américains d'empêcher la vente et la plantation de plantes OGM même si elles n'ont pas été approuvées par le processus pourtant déjà laxiste des autorisations et quelles que soient les conséquences pour l'environnement ou la santé".
Les ONG soupçonnent le sénateur républicain du Missouri, Roy Blunt, décrit par le magazine Mother Jones, le 4 avril, comme "l'homme de Monsanto à Washington", d'être l'auteur de cet amendement. D'autres élus ont tenté de s'opposer au texte, comme le sénateur démocrate du Monatana Jon Tester. Selon lui, par cette loi, le gouvernement contraint son propre ministère de l'agriculture à "ignorer une décision d'un tribunal qui interdise la plantation de cultures OGM parce qu'elles sont illégales". Une autre sénatrice démocrate, Barbara Mikulski (Maryland), a présenté des excuses publiques pour l'adoption de cette loi.

 LA CRAINTE D'UN DANGEREUX PRÉCÉDENT
La mesure a révolté les milieux démocrates et écologistes – une pétition baptisée "Food Democracy Now" a déjà recueilli 250 000 signatures. Mais le très droitier Tea Party a lui aussi fait part de sa colère face à une opération de lobbying qui fausse la libre concurrence. Les entreprises devraient "respecter les règles du libre-marché comme tout le monde, au lieu de recruter des lobbyistes pour réécrire les règles à leur profit à Washington", écrit ainsi le think tank conservateur Freedom Works.
Le "Monsanto Protection Act" est censé n'être que provisoire : la loi dans laquelle il s'inscrit expire en principe au mois de septembre. Mais les défenseurs de l'environnement craignent que la décision ne crée un dangereux précédent.
Cette affaire intervient alors que Monsanto, dont les semences alimentent 93% du soja, 88% du coton et 86% du maïs aux Etats-Unis, a annoncé, mercredi 3 avril, une hausse de 22% de ses bénéfices au deuxième trimestre. Et au moment où les Etats-Unis font pression sur l'Europe, dans le cadre de la négociation d'un accord de libre-échange, pour que les Vingt-Sept simplifient leur réglementation en matière d'importation de produits OGM, jugée "inapplicable" et "lourde", lundi 1er avril par le Bureau au commerce extérieur américain dans un rapport sur les mesures sanitaires dans le monde.

mardi 15 janvier 2013

Climat : le coût humain de l'inaction en détail

Des dizaines de millions de personnes pourraient échapper à des inondations ou à la sécheresse d'ici à 2050 si les émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du changement climatique, étaient plus fortement et plus rapidement limitées. C'est la conclusion d'une nouvelle étude publiée dans Nature Climate Change, dimanche 13 janvier. Celle-ci se veut la plus complète à ce jour sur les conséquences du réchauffement que les Etats pourraient éviter à l'échelle globale et régionale.

L'équipe de chercheurs anglais et allemands s'est penchée sur six grandes trajectoires : d'un côté, une politique plus ou moins active en faveur du climat conduisant à un pic des émissions soit en 2016 soit en 2030, suivi d'une baisse des rejets de 5 % ou bien de 2 % par an ; de l'autre, la poursuite du "business as usual", tel que défini dans les scénarios A1B (croissance économique très rapide qui s'appuie sur des sources d'énergie équilibrées entre fossiles et renouvelables) et A1F1 (scénario le plus polluant, avec un fort recours aux énergies fossiles) décrits par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Pour chacune de ces hypothèses, les chercheurs ont examiné les conséquences sur des indicateurs comme les inondations, la sécheresse, la disponibilité en eau ou encore la productivité agricole.
HAUSSE DU NIVEAU DES MERS ET INONDATIONS
Le scénario le plus strict, à savoir des émissions de gaz à effet de serre qui commencent à diminuer dès 2016 à un rythme de 5 % par an, est le seul à permettre aux nations de respecter l'objectif d'une hausse de la température mondiale limitée à 2 °C d'ici à la fin du siècle. En cas d'un pic en 2030, la température se situera autour de + 2,5 °C, selon l'étude, tandis qu'elle augmentera de 4 °C à 5,6 °C en cas d'absence de mesures de limitation des émissions.
De même, le niveau de la surface des mers s'élèvera de 30 cm d'ici à 2100 dans le premier cas, de 35 cm dans le deuxième et de 47 à 55 cm dans le dernier. Conséquence : dans un scénario de pic en 2016, 100 à 161 millions de personnes pourraient échapper à des inondations d'ici à 2050 par rapport aux scénarios A1B et A1F1 du GIEC ; mais elles ne seraient plus que de 52 à 120 millions si les émissions continuaient de croître quatorze ans de plus.
SÉCHERESSE ET PRODUCTIVITÉ AGRICOLE La sécheresse est le second domaine à être sensible à une action rapide pour réduire les émissions. Un pic des rejets en 2016 permettrait ainsi à entre 39 et 68 millions de personnes d'être épargnées par la sécheresse d'ici à 2050, contre de 17 à 48 millions pour un pic en 2030.
Certains impacts négatifs du changement climatique pourraient aussi être retardés de plusieurs décennies. Selon l'étude, la productivité du blé de printemps devrait diminuer de 20 % dans les années 2050, mais la baisse des rendements pourrait être retardée jusqu'en 2100 en cas d'action stricte contre le réchauffement – dans le cas contraire, cette baisse pourrait atteindre 60 %.
Au total, selon l'étude, de 20 % à 65 % des impacts négatifs prédits par les scénarios pessimistes du GIEC pourraient être évités d'ici à la fin du siècle grâce à des mesures ambitieuses de lutte contre le changement climatique et de limitation des gaz à effet de serre.
HYPOTHÈSES AMBITIEUSES
"Réduire les émissions de CO2 n'évitera pas totalement les impacts du changement climatique, précise l'un des coauteurs, le climatologue Nigel Arnell de l'université de Reading en Angleterre. Mais agir fort et vite permettra de gagner du temps pour construire des logements, mettre sur pied un système de transports et une agriculture plus résilients."
Si l'étude démontre clairement l'intérêt à prendre des objectifs contraignants de limitation des gaz à effet de serre, elle s'avère néanmoins très ambitieuse et optimiste dans ses hypothèses. Le scénario d'un pic des émissions en 2016 apparaît difficilement atteignable alors que la communauté internationale s'est fixé la date de 2015 pour parvenir à un accord mondial sur les réductions des gaz à effet de serre qui entrerait en vigueur en 2020. Par ailleurs, l'objectif d'une limitation de la hausse de la température mondiale à 2 °C d'ici à 2100 est d'ores et déjà considéré comme inaccessible par une partie de la communauté scientifique, qui table plutôt sur une augmentation de 3 °C à 4 °C des températures moyennes.

Etude Séralini : l'Efsa publie les données relatives à l'évaluation des risques du NK 603

C'est une nouvelle victoire pour le professeur Séralini et son équipe. Bien que leur étude sur la toxicité du maïs NK 603 et du Round up a été décriée depuis sa publication en septembre dernier, celle-ci a déjà permis d'acter, à l'échelle française comme européenne, la nécessité de réaliser des études à long terme sur les risques liés aux OGM. Aujourd'hui, l'Efsa annonce dans un communiqué "le lancement d'une initiative majeure destinée à faciliter l'accès aux données pour renforcer la transparence dans l'évaluation des risques". Elle publie, le même jour, toutes les données utilisées pour l'évaluation des risques du maïs NK 603. "Alors que l'Autorité a déjà mis ces données à disposition sur demande spécifique à plusieurs reprises, tout membre de la communauté scientifique ou du public sera désormais en mesure d'examiner et d'utiliser l'ensemble complet des données utilisées dans cette évaluation des risques", précise l'Efsa.

Pour Corinne Lepage, députée européenne et présidente d'honneur du Criigen (Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique), c'est une demi-victoire, ou plutôt l'arbre qui cache la forêt… "Ça ne fait guère que trois ou quatre ans que nous demandons ces données ! Si les critères appliqués aux études d'évaluation des risques des OGM étaient les mêmes que ceux appliqués à l'étude Séralini, aucun OGM ne serait autorisé aujourd'hui dans l'Union européenne. Désormais, chacun pourra en juger ! Les effets sur les rats dénoncés par l'étude de Séralini apparaissent également dans les études de 90 jours, mais sont écartés pour diverses raisons".
Cependant, la publication de l'Efsa est "notoirement insuffisante" pour l'eurodéputée. "Nous avons les données du NK 603, mais pour le Round up, c'est silence radio ! Je pense que nous sommes face au même scandale que celui de l'aspartame : l'Efsa n'a pas à sa disposition ces études, je ne sais même pas s'il existe réellement des études sur le Round up".
Aujourd'hui, l'évaluation des risques porte essentiellement sur le principe actif du Round up : le glyphosate. "Or, c'est comme si, pour évaluer les risques liés à la cigarette, vous n'évaluiez que la nicotine. En tant que députée européenne,  je demande une évaluation de deux ans minimum sur le Round up qui est, rappelons-le, le premier herbicide utilisé en Europe et le premier polluant de nos rivières", ajoute Corinne Lepage.

Pour en savoir plus:

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...