Claude Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908 à Bruxelles1 et mort le 30 octobre 2009 à Paris2,3, est un anthropologue et ethnologue français qui a exercé une influence décisive sur les sciences humaines dans la seconde moitié du XXe siècle.
Extrait :
La population mondiale comptait à ma naissance 1,5 milliard
d'habitants. Quand j'entrai dans la vie active, vers 1930, ce nombre
s'élevait à 2 milliards. Il est de 7 milliards aujourd'hui, et il
atteindra 9 milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions
des démographes. Ils nous disent certes que ce dernier chiffre
représentera un pic et que la population déclinera ensuite, si
rapidement, ajoutent certains, qu'à l'échelle de quelques siècles une
menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura
exercé ses ravages sur la diversité non pas seulement culturelle mais
aussi biologique en faisant disparaître quantité d'espèces animales et
végétales.
De ces disparitions, l'homme est sans doute l'auteur,
mais leurs effets se retournent contre lui. Il n'est aucun, peut-être,
des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou
indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble,
inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l'explosion
démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à
distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture
commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une
prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que
chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que
sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
Aussi la seule chance offerte à l'humanité
serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition
la met sur un pied d'égalité avec toutes les autres formes de vie
qu'elle s'est employée et continue de s'employer à détruire.
Mais
si l'homme possède d'abord des droits au titre d'être vivant, il en
résulte que ces droits, reconnus à l'humanité en tant qu'espèce,
rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces.
Les droits de l'humanité cessent au moment où leur exercice met en
péril l'existence d'autres espèces.
Le droit à la vie et au libre
développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre
peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la
disparition d'une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre
échelle, dans le système de la création.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Émissions carbone : Il a fallu 2 heures à Bernard Arnault pour polluer autant que vous en un an
Le 10 janvier 2025, une nouvelle étape dramatique de la crise climatique a été atteinte. Les 1 % les plus riches de la planète, responsabl...
-
Pesticides, virus, agriculture intensive, de multiples causes concourent au déclin des abeilles mais chaque pays a tendance à privilégier sa...
-
« A la fois acteur et victime, l’océan est une source de solutions » L’océan — mers comprises — est un « régulateur climatique » pour la p...
-
Le 10 janvier 2025, une nouvelle étape dramatique de la crise climatique a été atteinte. Les 1 % les plus riches de la planète, responsabl...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire