Pour la première fois, des chercheurs de l'Ineris apportent la preuve de
la pollution des milieux aquatiques terrestres par des microplastiques.
Reste à évaluer les effets biologiques de cette contamination.
Si la contamination des océans par les microplastiques est désormais
bien connue grâce notamment à des expéditions scientifiques dans le
Pacifique et plus récemment en mer Ligure,
ce n'est pas le cas pour les milieux d'eau douce. Les premières études
ont mis en évidence la présence de microplastiques dans les eaux de
surface et dans les sédiments de certains écosystèmes lentiques
comme le lac de Garde en Italie, le lac de Genève en Suisse ou même le
lac Hovsgol en Mongolie. De même, la contamination de sédiments a été
observée dans des écosystèmes lotiques comme le fleuve Saint Laurent au
Canada. En France, l'Institut national de l'environnement et des risques
(Ineris) a commencé à s'intéresser à la question. Grâce à une étude
exploratoire menée sur deux ans, les chercheurs ont constaté une
contamination des poissons similaire à celle observée en milieu marin.
10% des goujons sont contaminés
Les équipes de l'Ineris ont développé pour cette étude une
méthodologie spécifique pour mieux détecter les microplastiques,
permettant la séparation et le marquage du contaminant lors de l'analyse
du contenu de l'estomac des individus. Sur les 812 goujons
prélevés sur 33 sites, 10% contenaient dans leur intestin des fibres ou
microbilles en plastique. D'autres études ayant mis en évidence la
présence de microplastiques dans le milieu (eau et/ou sédiment)
n'avaient pas retrouvé ces contaminants dans les poissons. L'espèce
"sentinelle" étudiée par l'Ineris se nourrit en fouissant dans les
sédiments et les graviers ce qui l'expose aux microplastiques présents
dans le milieu.
Des impacts sanitaires inconnus
Même si aucune étude n'a recherché directement la présence de
microplastiques dans les rivières françaises, le travail de l'Ineris
démontre la contamination des milieux aquatiques par les microplastiques
et, via la chaîne alimentaire, l'exposition des poissons à cette
pollution. Par contre, il ne dit rien sur les effets biologiques de
cette contamination. Des bioessais d'écotoxicité réalisés en laboratoire
ont souligné récemment l'impact des microplastiques sur la croissance
de certaines algues et sur la mortalité et la reproduction de
micro-crustacés.
L'étude de l'Ineris a été réalisée sur des prélèvements effectués
dans le cadre d'une recherche de l'Office national de l'eau et des
milieux aquatiques (Onema) sur l'intersexualité des poissons. Les
chercheurs de l'Ineris n'ont pas résisté à l'idée de comparer la
présence de microplastiques avec le changement de sexe, même si l'étude
n'avait pas été construite dans ce but. Résultat, aucun lien n'a pu être
établi.
Reste que ces microplastiques peuvent être des sources d'exposition à
des substances qui perturbent les cycles hormonaux. Les phtalates et
autre bisphenol utilisés pour la fabrication de plastique sont en effet
des perturbateurs endocriniens suspectés. Les microplastiques peuvent
également être porteurs de substances chimiques.
Un microplastique, c'est quoi ?
L'Ineris soulève aussi la question de la source de ces
microplastiques. Définis comme étant des débris de moins de 5 mm, ces
éléments proviennent des activités humaines. Ils peuvent être présents
directement sous cette taille dès leur émission ou progressivement
réduits à l'état de particules par l'érosion. Surtout retrouvés sous
forme de fibres dans les poissons, les microplastiques proviennent des
cosmétiques (billes d'exfoliants par exemple), des eaux usées qui
charrient les fibres synthétiques issues des vêtements lavés en machine…
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Émissions carbone : Il a fallu 2 heures à Bernard Arnault pour polluer autant que vous en un an
Le 10 janvier 2025, une nouvelle étape dramatique de la crise climatique a été atteinte. Les 1 % les plus riches de la planète, responsabl...
-
Pesticides, virus, agriculture intensive, de multiples causes concourent au déclin des abeilles mais chaque pays a tendance à privilégier sa...
-
« A la fois acteur et victime, l’océan est une source de solutions » L’océan — mers comprises — est un « régulateur climatique » pour la p...
-
Le 10 janvier 2025, une nouvelle étape dramatique de la crise climatique a été atteinte. Les 1 % les plus riches de la planète, responsabl...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire