Le 9 septembre, à l'occasion de la publication de son bulletin annuel sur les gaz à effet de serre (GES), l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a fait état d'une accélération de la hausse de la concentration de CO2 dans l'atmosphère en 2013. En conséquence, la teneur de l'atmosphère en GES atteint un nouveau sommet.
L'océan absorbe aujourd'hui environ le quart des émissions totales de CO2 et la biosphère un autre quart, limitant ainsi l'accroissement du CO2 atmosphérique, rappelle l'OMM.
"Le bulletin sur les gaz à effet de serre souligne que la
concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, loin de diminuer,
a augmenté l'an dernier à un rythme inégalé depuis près de 30 ans", a résumé le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud, ajoutant : "Nous devons inverser cette tendance en réduisant les émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre dans tous les domaines d'activité. Le temps joue contre nous".
400 ppm de CO2 dès 2015 ou 2016 ?
"En 2013, en moyenne mondiale, la teneur de l'atmosphère en CO2 était de 396,0 parties par million (ppm), soit 2,9 ppm de plus qu'en 2012", explique l'OMM. L'organisation onusienne souligne que la hausse de la concentration enregistrée en 2013 "représente la plus forte augmentation interannuelle de la période 1984-2013". Cette concentration de CO2 représente 142% de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle, c'est-à-dire autour de 1750.
L'annonce intervient alors que le dernier rapport du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) estime qu'il faut
limiter la concentration de GES à 450 ppm en 2050
pour avoir de bonnes chances de limiter la hausse de la température
mondiale moyenne à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, conformément
à l'objectif politique adopté par la communauté internationale à Copenhague en 2009. Selon l'OMM, au rythme actuel, la concentration du seul CO2 dans l'atmosphère atteindrait 400 ppm en 2015 ou 2016.
Pour Michel Jarraud, qui estime que "plaider l'ignorance ne peut plus être une excuse pour ne pas agir",
le constat dressé par l'OMM fournit aux décideurs des éléments
scientifiques sur lesquels ils peuvent s'appuyer pour limiter à 2°C la
hausse des températures.
Les autre GES suivent le même chemin
Parmi les autre GES, l'OMM constate que la concentration de méthane (CH4)
dans l'atmosphère poursuit sa hausse constatée depuis 2007. En 2013, la
concentration atmosphérique du deuxième plus important gaz à effet de
serre a atteint 1.824 parties par milliard (ppb) environ. L'OMM pointe "l'accroissement des émissions anthropiques",
c'est-à-dire des émissions de l'élevage de bétail, de la riziculture,
de l'exploitation des combustibles fossiles, des décharges, ou encore de
la combustion de biomasse. Ces émissions représentent environ 60% des
rejets mondiaux de méthane, le solde étant lié à des phénomènes
naturels. En 2013, la concentration atmosphérique de méthane
représentait 253% de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle.
Quant à la concentration atmosphérique du protoxyde d'azote (N2O),
elle atteint quelque 325,9 parties par milliard en 2013. Si cette
concentration est nettement plus faible que celles des deux autres gaz,
son impact sur le climat "est 298 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2)",
rappelle l'OMM. Les activités humaines, telles que la combustion de la
biomasse, l'usage d'engrais et certains processus industriels, comptent
pour environ 40% des émissions mondiales. En 2013, la concentration de
protoxyde d'azote dans l'atmosphère représentait 121% de celle de
l'époque préindustrielle.
L'acidification des océans, l'autre raison d'agir
Par ailleurs, le bulletin de l'OMM a été enrichi d'une nouvelle section sur l'acidification des océans. L'océan absorbe aujourd'hui le quart des émissions anthropiques de CO2, limitant ainsi l'accroissement du CO2
atmosphérique causé par l'exploitation des combustibles fossiles,
rappelle l'organisation. Or, l'absorption de quantités accrues de CO2 par les mers modifie le cycle des carbonates marins et entraîne une acidification de l'eau de mer. "Celle-ci est déjà mesurable vu que les océans absorbent environ 4kg de CO2 par jour et par personne", explique l'OMM.
Par ailleurs, l'organisation souligne que le rythme actuel d'acidification des océans "semble
sans précédent depuis au moins 300 millions d'années, si l'on en croit
les données indirectes livrées par les paléo-archives". Et d'ajouter
que ce phénomène continuera de s'accélérer au moins jusqu'au milieu du
siècle, d'après les projections établies à l'aide de modèles.
Pour Wendy Watson-Wright, secrétaire exécutive de la commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco, "si l'on estime que le réchauffement planétaire n'est pas une raison suffisante de réduire les émissions de CO2,
il devrait en être autrement pour l'acidification des océans, dont les
effets se font déjà sentir et ne feront que se renforcer dans les
décennies à venir".
Parmi les conséquences attendues, figure l'influence néfaste de l'acidité sur la calcification des coraux, des algues, des mollusques et de certains planctons.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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