mercredi 26 février 2014

Nucléaire et transition énergétique; débat à ne pas tronquer

Greenpeace publie un rapport commandé à Wise-Paris sur les enjeux du prolongement au-delà de 40 ans des réacteurs français. Avec des coûts évalués entre 400 millions et 4,4 milliards d'euros par réacteur, l'enjeu de la rentabilité est posé.

 Ce mardi 25 février, le cabinet d'étude spécialisé sur le nucléaire Wise-Paris a présenté un rapport commandé par Greenpeace et analysant les enjeux liés au vieillissement des réacteurs nucléaires français au-delà de 40 ans d'exploitation. "Le rapport envisage différents scénarios prospectifs de renforcement de ces réacteurs en fonction du degré d'exigence et de sûreté applicable et en analyse les coûts liés", explique Greenpeace.
Compte tenu des conclusions du rapport, Greenpeace formules deux recommandations qui devraient constituer, selon l'association, la base pour la future loi de transition énergétique. Tout d'abord, la loi devrait fixer à 40 ans l'âge limite des réacteurs français. Ensuite, pour assurer le renouvellement du parc national de production électrique, il conviendrait de fixer un objectif de 45% d'énergies renouvelables pour 2030.

Effet falaise
Preuve que la question du coût d'un prolongement au delà de 40 ans ne cesse d'être réévalué à la hausse. En 2008, EDF l'évaluait à 400 millions d'euros par réacteur et en janvier 2011, l'entreprise le réévaluait à 900 millions d'euros par réacteur, a indiqué Sophia Majnoni D'Intignano, responsable des campagnes de Greenpeace. En cause, notamment, le renforcement progressif des impératifs de sûreté et l'absence de règles claires validées par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), cette dernière devant se prononcer sur ce dossier d'ici à 2018. Pierre-Franck Chevet, le président de l'ASN, n'a d'ailleurs de cesse de répéter que la possibilité de faire fonctionner les réacteurs au-delà de 40 ans "n'est pas acquise". D'autant que les évaluations complémentaires de sûreté post-Fukushima et l'élaboration du noyau dur ne sont pas encore achevées.
Or, l'anniversaire des 40 ans approche pour un grand nombre de réacteur. "Il existe un effet falaise", explique Yves Marignac, directeur de Wise-Paris, qui rappelle que 80% des réacteurs français ont été mis en service entre 1977 et 1987. Les travaux de prolongement de la durée de vie des réacteurs concerneront donc une grande partie du parc sur une période très courte. Une situation inédite et qui soulève des questions de savoir-faire et de capacité. Et de rappeler les propos du président de l'ASN devant l'Assemblée : "pour l'instant [chez EDF], ils sont débordés par les travaux [de maintenance] qu'ils ont eux-mêmes décidés".

Incertitudes et transparence
Par ailleurs, trois éléments rendent le sujet très délicat. Tout d'abord, le parc français étant constitué de six "paliers" standardisés, un risque générique n'est pas à écarter. Si l'ASN relève sensiblement le niveau de sûreté d'un réacteur lorsqu'elle déclinera les règles générales du passage au-delà de 40 ans, tous les réacteurs du palier concerné seraient alors impactés. Ensuite "il n'y a pas de définition claire des 40 ans", explique Yves Marignac, précisant qu'un flou existe entre l'âge règlementaire et l'âge technique, c'est-à-dire en fonction de l'usure constatée. Ainsi, la visite décennale des 30 ans s'effectue actuellement après 34 ans de fonctionnement. Vingt-sept réacteurs ont dépassé 30 ans de fonctionnement, mais seuls cinq ont obtenu une autorisation de poursuite d'exploitation et onze n'ont pas commencé leur réexamen décennal, pointe le rapport. Enfin, il y a deux limites irréductibles au renforcement de la sûreté des réacteurs : certains gros composants irremplaçables, telles que les cuves, ont été prévus pour une durée de vie de 40 ans et le dimensionnement initial des installations, établi par rapport à un risque donné, impose des limites au renforcement de la sûreté.
Dans ce contexte, la transparence et l'accès à l'information sont essentiels pour Wise-Paris qui appelle à "une révision" du processus actuel. Yves Marignac estime notamment que les modifications à apporter aux installations s'apparentent à des "modifications notables" apportées à l'installation concernée. Dans de telles circonstances, il convient de réviser le décret d'autorisation de création (DAC) initial et, pour cela, réaliser une nouvelle enquête publique. De plus, le code de l'environnement prévoit que la Commission nationale du débat public (CNDP) soit saisie de tout projet de "nouveau site de production nucléaire correspondant à un investissement d'un coût supérieur à 300 millions d'euros".

De 400 millions à 4,4 milliards
Dans ce contexte, Wise-Paris a évalué les coûts des travaux de prolongement à partir de cinq facteurs discriminants : le référentiel de sûreté retenu, la gestion de la conformité, les orientations techniques, le processus de décision et les délais de réalisation. A partir de ces critères, trois scénarios ont été établis.
Un scénario de sûreté dégradée (S1) "correspond à une interprétation minimale des différentes exigences", un scénario de sûreté préservée (S2) vise à "limiter aussi efficacement que possible les effets reconnus du vieillissement, et [à] introduire aussi raisonnablement que possible de nouvelles dispositions issues des analyses post-Fukushima" et un scénario de sûreté renforcée (S3) "repose logiquement sur une recherche d'exigences aussi élevées que possible du point de vue de la sûreté". Selon le scénario S1, le coût moyen par réacteur serait de 400 millions d'euros, avec une marge de plus ou moins 150 millions. Le scénario S2 coûterait quelque 1,4 milliard par réacteur, avec une marge de plus ou moins 600 millions. Enfin, le scénario S3 voit le budget s'envoler à 4,4 milliards d'euros, avec une marge de plus ou moins 1,85 milliard.
Les fortes marges d'incertitudes s'expliquent, notamment, par l'absence d'informations sur le coût des travaux réalisés par EDF et par le fait que certains des travaux envisagés n'ont jamais été réalisés. Par ailleurs, certains coûts n'ont pas été inclus dans les calculs, a averti Yves Marignac. C'est en particulier le cas du manque à gagner lié à la perte de production lors des arrêts de tranches nécessaires à la réalisation des travaux. Malgré tout, "ce coût risque (…) d'être très supérieur au coût annoncé par EDF pour son plan de « grand carénage », qui correspond à moins de 1 milliard d'euros par réacteur", conclut Wise-Paris. Le rapport alerte par ailleurs sur le fait que "quelques postes clés pour le renforcement de la sûreté, liés pour l'essentiel à la bunkérisation d'éléments vitaux pour la sûreté des réacteurs [notamment les piscines de combustibles et la salle des commandes, ndlr], concentrent dans toutes les fourchettes près de la moitié du coût total".
Le rapport pointe surtout, "le risque que fait peser sur les exigences de sûreté la rentabilité d'éventuelles prolongations" et place au premier plan "la nécessité de clarifier, avant toute décision, les enjeux économiques de ces opérations".

dimanche 23 février 2014

Bon état écologique du milieu marin : Bruxelles tire la sonnette d'alarme

La Commission européenne dresse un bilan alarmant de l'application de la directive, entrée en vigueur en 2008, visant un bon état écologique des mers de l'UE en 2020. Bruxelles pointe le manque d'ambition des Etats membres dont la France.

La Commission européenne a publié le 20 février un rapportdressant un premier bilan de l'application de la directive européenne ''Stratégie pour le milieu marin'' par les Etats membres, visant à parvenir à un ''bon état écologique'' des mers et des océans de l'UE d'ici 2020.
Pour rappel : la directive a été adoptée en juin 2008 par le Parlement et le Conseil de l'UE. Les Etats membres étaient invités à transposer la directive pour le milieu marin d'ici au 15 juillet 2010. En septembre 2010, la Commission européenne a défini onze critères à partir d'avis scientifiques, permettant aux Etats d'évaluer l'état environnemental et sanitaire des milieux marins et d'établir les priorités et objectifs de leur plan d'action. Parmi ces 11 critères figurent le maintien de la biodiversité (biomasse des populations, répartition des espèces, état des habitats), la lutte contre les espèces non indigènes et/ou envahissantes mais aussi l'eutrophisation et la bonne santé des stocks de pêche (poissons et crustacés). Sont également pris en compte dans les critères d'évaluation : le niveau d'intégrité des fonds marins, les macrodéchets mais aussi le niveau de concentration des contaminants (substances dangereuses), l'impact des sources sonores sous-marines et de l'énergie thermique, des champs électromagnétiques et de la lumière.
Les indicateurs sont au rouge
La directive demandait aux Etats membres d'évaluer, d'ici le 15 juillet 2012, l'état écologique du milieu marin, et des pressions et impacts auxquels il est soumis. Le texte les invitait aussi à fixer une série d'objectifs environnementaux et d'indicateurs associés dans un rapport.
Où en sont aujourd'hui les pays de l'UE ? "Des efforts urgents sont nécessaires pour que le milieu marin retrouve un état satisfaisant d'ici à 2020", alerte la Commission européenne. Elle pointe l'ambition "globalement limitée" des pays pour parvenir "au bon état écologique" à cette échéance et relève plusieurs "lacunes".

Plus de vingt déterminations différentes du bon état écologique ont été établies par les Etats membres ne permettant pas d'aboutir à des objectifs "communs ou comparables", issus de leurs rapports, constate Bruxelles. Certains Etats membres ne prennent pas en compte les normes législatives existantes : ils "ignorent" les critères en matière de protection de la biodiversité marinefixés par la directive "Habitats". Les Etats membres ont identifié les différents contaminants présents sur la liste des substances prioritaires de la directive-cadre sur l'eau, "en se concentrant sur certains et en ignorant les autres". Seuls quelques Etats membres ont indiqué "clairement" que tous les stocks de poissons devraient être exploités "à ou au-dessous des niveaux de rendement maximal durable", conformément à la Politique commune de la pêche.
La Commission critique également "le manque de coordination" entre les Etats membres voisins d'une même région marine (Atlantique du Nord-Est, Méditerranée, mer Noire). Ce qui "constitue un frein à l'amélioration de la situation" des eaux. Elle dénonce aussi le "manque de cohérence" de certains pays membres qui ne prennent pas en compte leur évaluation initiale dans leurs objectifs fixés...
Conséquences : la plupart des indicateurs "sont au rouge", prévient la Commission. Les mers européennes "ne sont pas en bon état écologique" : 88% des stocks halieutiques sont en effet menacés en mer Méditerranée et en mer Noire ! 39% des stocks de l'Atlantique Nord-Est sont également surexploités. Néanmoins, les activités de capture "deviennent plus durables, même si l'amélioration est lente", souligne la Commission.

La pollution dans le milieu marin a "diminué dans certains endroits" mais les niveaux de nutriments et de certaines substances dangereuses sont "globalement toujours au-dessus des limites acceptables". L'appauvrissement en oxygène, en raison de la pollution des éléments nutritifs (eutrophisation), est "particulièrement grave" dans la Baltique et la mer Noire. Les déchets marins, principalement en plastique, sont également "un problème croissant". En mer du Nord, plus de 90% des fulmars (des oiseaux de mer) présentent des matières plastiques dans leur estomac. En moyenne, 712 déchets plastique sont retrouvés "sur 100 m de tronçon d'une plage sur la côte Atlantique". Le changement climatique contribue également "à la poursuite de la dégradation des écosystèmes marins". Les écosystèmes marins d'Europe restent donc "menacés par ces pressions multiples", indique l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). Sur les 36.000 espèces animales et végétales connues dans les mers européennes, l'AEE constate pour l'heure que le bon état écologique peut être appliqué "à moins d'un cinquième des espèces" seulement.
La France pointée
Et la France ? La loi Grenelle 2 de juillet 2010 a transcrit la directive "Stratégie pour le milieu marin" en droit national. Sa transposition s'est achevée en mai 2011 par décret. Le plan d'action français pour le milieu marin a été mis en œuvre par trois arrêtés du ministère de l'Ecologie publiés fin décembre 2012.
Après avoir reçu son rapport, la Commission européenne conclut "au manque global d'ambitions" de la France. L'Hexagone ne va pas "au-delà des normes existantes" de l'UE. Toutes les pressions et les impacts sur le milieu marin identifiés par la France "ne sont souvent pas efficacement couverts". Dans la région de l'Atlantique du Nord-Est, les objectifs sont fixés "à un niveau très général, tandis que dans la Région méditerranéenne, ils sont souvent plus détaillés avec des indicateurs associés". La Commission salue toutefois la France qui a inclus un indicateur sur les processus de recyclage de la matière organique dans sa définition "du bon état écologique".
Pour Janez Potočnik, commissaire européen chargé de l'environnement : "Le message est clair : les mers et les océans européens se trouvent dans un état préoccupant. Ils nous sont pourtant indispensables et nous devons parvenir à un équilibre. Nous devrons pour ce faire trouver des moyens de tirer pleinement parti de leur potentiel économique, sans accroître la pression qui pèse sur ce milieu déjà fragile, en créant de la croissance et des emplois pérennes sur le long terme".

D'ici juillet 2016, les États membres devront avoir mis en œuvre les mesures d'application de leurs stratégies marines, après avoir élaboré en 2015 leurs programmes prévus par la directive. L'UE devra consentir "des efforts supplémentaires", a prévenu la Commission européenne. Une coopération renforcée des Etats membres permettrait "de parvenir au bon état écologique plus facilement et à moindres frais".
Les conclusions du rapport de la Commission et "la voie à suivre" seront discutées à Bruxellesles 3 et 4 mars à la conférence HOPE («Healthy Oceans- Productive Ecosytems») qui réunira les gouvernements et les parties prenantes (ONG, chercheurs,…).

Acidification des océans : l'expérience eFoce débutera en mars

Jusqu'au printemps 2015, les scientifiques de l'expérience eFoce s'intéresseront aux impacts de l'acidification des océans sur des plantes aquatiques et de petits organismes vivant à proximité.

Initialement prévue à la fin de l'année dernière, l'expérience eFoce, d'observation des impacts de l'acidification de l'océan, débutera finalement en mars. "A Noël, nous avons essuyé une tempête dévastatrice dans la rade : un morceau de carcasse de bateau échoué est venu percuter et détruire un de nos aquariums, nous sommes en période de reconstruction", explique Frédéric Gazeau, coordinateur du projet, chercheur au laboratoire d'Océanographie de Villefranche. Les futurs systèmes seront conçus pour être enlevés plus facilement, afin d'éviter ce type de désagréments. Les expériences devraient ensuite se dérouler jusqu'au printemps 2015.
Les scientifiques testeront les réactions positives ou négatives à une acidification des eaux de plantes aquatiques, les posidonies, et d'organismes non mobiles qui vivent dans les sédiments à proximité (bactéries, des gastéropodes, etc.).
Les espèces "calcaires" sensibles à l'acidification
Ils disposent déjà d'un certain nombre d'informations grâce à des tests en laboratoire ou des observations du milieu naturel. Des sites normalement acidifiés par l'activité volcanique, laissent ainsi supposer que les espèces qui produisent du calcaire supportent mal l'acidification.
"A Ischia, dans le sud de l'Italie, nous avons des émissions de bulles de gaz dans la région côtière composées à 99,9% de CO2. Les oursins, bivalves ou même les algues calcaires disparaissaient à proximité de ces émissions", détaille Frédéric Gazeau.
Un pH plus acide réduit en effet la disponibilité des ions carbonates dans l'eau nécessaire à la formation du calcaire des squelettes ou des coquilles. A l'inverse, les posidonies qui utilisent le CO2 pour se développer (lors de la photosynthèse) semblent se plaire dans ce type de milieu.

eFoce va également permettre d'observer les interactions éventuelles des organismes et éviter de perturber les communautés en les extrayant de leur milieu. "Dans 100 ans, nous n'aurons pas seulement un problème d'acidification mais nous serons également confrontés à un fort réchauffement : nous prévoyons de deux à trois degrés d'augmentation des températures en Méditerranée, il nous tient à cœur d'élargir nos expériences à cette seconde modification", souligne Frédéric Gazeau.
Des expériences réalisées dans son laboratoire sur des sortes de moules, les bivalves, montrent une grande sensibilité de ces dernières à une différence de température. "Les organismes qui peuplent la Méditerranée sont à leur optimum de croissance, de vie. Une augmentation de trois degrés de la température moyenne sur l'année risque d'avoir de grosses conséquences", pointe-t-il.
Les scientifiques espèrent pouvoir développer et déployer en 2017 des systèmes qui permettront de tester le pH et la température en Méditerranée mais également en Arctique (Spitzberg).
"Nous sommes plusieurs équipes à avoir développé ce système, nous nous sommes regroupés autour d'un réseau : X Foce, précise Frédéric Gazeau, l'objectif est de créer un cahier des charges pour que n'importe quel laboratoire qui voudrait se lancer dans cette aventure, puisse disposer de bases solides, connaître les instruments à acquérir et pouvoir entrer en contact avec les personnes qui ont déjà développé ces outils".

vendredi 21 février 2014

Pesticides : le rapport caché

Que contient le rapport sur la fiscalité des produits phytosanitaires rédigé par des hauts fonctionnaires et remis en juillet 2013 au Gouvernement ? Sept mois après cette remise, l'un de ses auteurs nous précise qu'"il n'est pas public à ce stade".

L'explication de ce refus de publication pourrait venir des chiffres alarmants qu'il contient. La synthèse de ce rapport, présentée devant le Comité de la fiscalité écologique (CFE) le 13 février dernier, concluait à la nécessité de créer des certificats d'économie de produits phytosanitaires (CEPP) afin de faire baisser l'usage agricole des pesticides. Alors que le plan Ecophyto prévoyait une réduction de moitié de leur utilisation d'ici 2018, celle-ci n'a en fait pas baissé d'un iota sur la période 2009-2012.

Contamination quasi-généralisée des cours d'eau
Le ministère de l'Ecologie a par ailleurs divulgué au cours de l'été 2013 une carte préoccupante relative à la concentration moyenne en pesticides dans les cours d'eau. "La contamination des cours d'eau est quasi-généralisée en France, essentiellement par des herbicides en métropole et des insecticides en outre-mer. Les secteurs aux teneurs les plus fortes correspondent aux zones de grande culture céréalière, maraîchère ou viticole : nord de la France, bassin parisien, Sud-Ouest, amont du Rhône, Martinique", relevait le ministère.

La situation des eaux souterraines était moins alarmante, même si le ministère constatait "une large présence des produits de dégradation des pesticides".

mardi 18 février 2014

En 2013, la progression de la culture des OGM dans le monde a ralenti

En 2013, 175,2 millions d'hectares de plantes génétiquement modifiées ont été cultivés, soit 3% de plus qu'en 2012, indique le nouveau rapport publié par le service international pour l'acquisition d'applications biotechnologiques (Isaaa). Une progression en net ralentissement puisqu'entre 2011 et 2012, la surface cultivée avait augmenté de 6%, et entre 2010 et 2011, de 8%.

L'Egypte a cessé la culture commerciale des OGM et aucun autre pays n'est venu s'ajouter à la liste des 27 pays cultivateurs d'OGM. Déjà, en 2012, l'Allemagne, la Suède et la Pologne avaient cessé toute culture génétiquement modifiée. Autre fait marquant : certains pays, comme le Mexique, le Canada et l'Australie, ont vu leurs surfaces cultivées diminuer.

Les Etats-Unis et le Brésil restent les chefs de file de la culture d'OGM, avec respectivement 70,1 et 40,3 Mha de surfaces cultivées. La Chine, l'Inde, l'Argentine et l'Afrique du Sud poursuivent également le développement de ces cultures. Ces cinq pays, qui représentent 41% de la population mondiale, ont cultivé 82,7 millions d'hectares en 2013, soit 47% des surfaces totales cultivées.

lundi 17 février 2014

Le jet stream en question

Les courants-jets sont des vents qui soufflent d’ouest en est en haute troposphère, aux confins de la tropopause. Ce sont des vents permanents, et les plus forts de la troposphère. À peu près horizontaux, ils peuvent dépasser 360 km/h.
En haute troposphère, les courants-jets concentrent les vents d’ouest dans un volume de forme tubulaire. Le tube fait quelques kilomètres d’épaisseur et quelques centaines de kilomètres de long. La vitesse du courant croît à mesure que l’on s’approche de l’axe du tube. On estime la vitesse moyenne à 100 km/h, mais la vitesse maximale est de 360 km/h, d’où l’appellation de « jet », qui évoque une très grande vitesse en anglais. Les courants-jets jouent un rôle majeur dans la formation des dépressions, dans le renforcement ou l’affaiblissement de leur activité et dans leur trajectoire. 
Les courants-jets dans les deux hémisphères se forment au niveau de la branche descendante des cellules de circulation atmosphérique. En rose, les courants-jets subtropicaux (subtropical jet streams). Ces vents sont générés au niveau de la branche descendante de la cellule de Hadley, qui distribue l'air de l'équateur (flèches rouges) vers les plus hautes latitudes. En bleu, les courants-jets des latitudes moyennes. Ces vents sont générés au niveau de la branche descendante de la cellule de Ferrel. © M. Pidwirny, Fundamentals of Physical Geography, 2006

Origine des courants-jets

Le courant-jet résulte d'un double déséquilibre thermique de l’atmosphère. Il y a d’une part la variation de température de surface entre l’équateur (chaud et humide) et les pôles (froids et secs), et d’autre part la variation de température entre la surface de la Terre et la haute troposphère (plus froide).
L’atmosphère cherche à équilibrer ces deux variations thermiques. À l’équateur, l’air chaud et humide est transporté vers le haut. Arrivé à la tropopause, il s’écoule en direction des pôles. La force de Coriolis, liée à la rotation de la Terre, modifie l’évolution de cet air. Plus il se rapproche des pôles, plus la composante zonale (d’ouest en est) du vent est grande. Au-delà d’une certaine latitude, la composante du vent ne peut plus croître, et donc une partie de l’air subside vers le sol, tandis qu’un flux continue vers l’est. C’est précisément ce flux d’ouest qui génère un courant-jet.

Phénomènes climatiques extrêmes : l’œuvre du réchauffement ?

Vendredi 14 février, Barack Obama s'est rendu en Californie pour constater les dégâts de la sécheresse exceptionnelle qui y sévit depuis le début de l'hiver. Pour ce faire, il a dû traverser des régions tout juste remises d'une tempête polaire très inhabituelle – la deuxième en moins de deux mois. Le même jour, le Royaume-Uni se préparait à affronter une nouvelle tempête hivernale, ainsi qu'une aggravation des inondations historiques dans lesquelles le pays se débat depuis plusieurs semaines. Quant à la France, elle a été, elle aussi, frappée par ce coup de tabac, après avoir subi depuis fin décembre la submersion répétée de plusieurs villes bretonnes.
Plusieurs de ces événements s'inscrivent dans la tendance lourde du réchauffement, même si aucun ne peut isolément être attribué au changement climatique. Dans un monde plus chaud, les scientifiques prévoient une intensification de certains extrêmes météorologiques, comme l'aggravation des sécheresses dans les zones arides, l'intensification des fortes précipitations dans les régions humides ou encore la submersion plus probable des zones côtières.
LES CERNES DES GRANDS SÉQUOIAS CALIFORNIENS 
« C'est la sixième année de suite que nous connaissons une telle situation, explique Lynn Ingram, professeure de géosciences à l'université de Californie à Berkeley, à propos de la situation californienne. Il y a bien sûr des cycles, mais il y a, en plus, la tendance liée au réchauffement. » Selon elle, « la sécheresse en cours est en passe d'être la plus sévère depuis environ cinq siècles ». Les cernes des grands séquoias californiens gardent la marque d'un épisode de pénurie d'eau exceptionnel qui remonte à l'an 1580 : « Ce qui se passera au cours des deux prochains mois permettra de dire si ce record sera battu », ajoute Mme Ingram. La situation californienne, bien qu'extrême, n'est pas isolée : environ 40 % du territoire américain – surtout dans l'Ouest – étaient mi-février en état de sécheresse.
« De manière générale, on s'attend à ce que, avec le changement climatique, il pleuve de moins en moins dans les zones arides, et qu'il pleuve de plus en plus dans les zones où il pleut déjà beaucoup, explique Robert Vautard, chercheur (CNRS) au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Nous avons, par exemple, la quasi-certitude que les précipitations augmenteront en Europe du Nord. »
Selon un rapport spécial publié, le 10 février, par le Met Office, la probabilité de précipitations extrêmes sur le Royaume-Uni a notablement augmenté ces dernières décennies. Un épisode de forte pluie qui avait une chance sur 125 de se produire entre 1960 et 1970 a désormais une chance sur 85 d'advenir. De fait, selon le Met Office, le cumul actuel des précipitations hivernales sur les îles Britanniques est « l'un des plus importants, sinon le plus important, depuis au moins 248 ans ».
PAS UN UNIQUE PHÉNOMÈNE
L'ouest de la France pâtit aussi de ces pluies interminables et d'inondations. « Ce genre d'événements extrêmes n'arrive pas par le biais d'un unique phénomène, précise le climatologue Christophe Cassou, chercheur (CNRS) au Centre européen de recherche et de formation en calcul avancé. Pour ce qui s'est produit en Bretagne, il a également fallu que ces précipitations surviennent au moment des grandes marées. »
A l'avenir, l'élévation des mers – autre conséquence du changement climatique – aggravera encore ce point. Le Met Office note que, en un siècle, le niveau de la Manche est monté de 12 cm et que « 11 cm à 16 cm de plus sont à attendre d'ici à 2030 ». Ce qui gênera l'écoulement des fleuves et augmentera la probabilité de crues.
Des travaux plus exploratoires cherchent à déterminer si la circulation atmosphérique elle-même est en cours de changement. Pour Stefan Rahmstorf, professeur à l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique, une part des étrangetés météorologiques de ces dernières années ont une cause commune : une tendance du « jet stream » à onduler plus que d'usage.
LE TRAJET TORTUEUX DU JET STREAM
Ce courant atmosphérique d'altitude tourne d'ouest en est autour de la Terre en ondulant, et « ce sont précisément ces méandres qui apportent de l'air très froid à certains endroits et de l'air chaud à d'autres, explique cet ancien conseiller du gouvernement allemand pour le climat. Il semble qu'il y ait plus fréquemment des situations dans lesquelles le jet stream décrit un trajet très tortueux. Or ce sont ces sinuosités qui conduisent à des événements météorologiques extrêmes. »
« Nous avons analysé les inondations de l'Elbe en 2002, la canicule de 2003 sur l'Europe de l'Ouest et celle de 2010 sur la Russie, les inondations au Pakistan en 2010 ainsi que les récentes canicules américaines, ou encore la dernière grande crue du Danube, de juin 2013, explique M. Rahsmtorf. Nous pensons que tous ces phénomènes sont liés aux méandres de plus en plus marqués du jet stream. » L'analyse des phénomènes qui ont marqué l'hiver en cours reste à faire, mais elle pourrait révéler, selon M. Rahmstorf, une connexion semblable.
Quant à savoir si ces sinuosités accrues du jet stream sont liées au changement climatique, certains chercheurs en doutent. Pour d'autres, à l'instar de M. Rahmstorf, le lien pourrait s'expliquer par le fort réchauffement de l'Arctique, qui favoriserait le phénomène. Dans ce cas, explique le chercheur allemand, il ne faudrait pas s'attendre systématiquement à des inondations en Grande-Bretagne ou à des sécheresses en Californie, mais à une météo de plus en plus étrange.


jeudi 13 février 2014

Les pesticides, responsables de la baisse continue de la production de miel française

Le syndicat apicole Unaf pointe l'impact des pesticides néonicotinoïdes et réclame l'extension de leur interdiction à toutes les cultures et à deux autres substances "dangereuses" pour les abeilles : l'acétamipride et le thiaclopride.

L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), syndicat représentant 22.000 apiculteurs, a alerté le 11 février de la baisse de la production nationale de miel en 2013 "inférieure à 15.000 tonnes", en réitérant l'impact des pesticides sur les populations d'abeilles.
Un an après le lancement du plan ministériel pour une apiculture durable, il s'agit de "la récolte la plus faible jamais connue en France", a déploré Henri Clément, porte-parole de l'Unaf devant la presse. En 2012, elle avoisinait "les 16.000 tonnes". Soit la moitié de la production de miel de 1995, date de début d'utilisation de certains pesticides, dont les trois néonicotinoïdes (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxam) suspendus en 2013 par Bruxelles, a souligné le syndicat apicole.
Toxicité de l'acétamipride et du thiaclopride
L'Unaf estime que les pesticides utilisés, notamment sur le colza et le tournesol, sont "la principale cause" des pertes des colonies d'abeilles "intoxiquées". Auxquels s'ajoutent les conditions météorologiques "défavorables" de 2013 (froid, pluie) : "la miellée de printemps a été marginale et ridicule. Il n'y a pas eu de récoltes de romarin à cause de la météo", a précisé Henri Clément. Alors que les récoltes françaises ne cessent de chuter, les importations de miel sont, elles, en "forte hausse" : plus de 28.000 tonnes ont été importées en 2013 d'Asie du Sud Est, d'Argentine et d'Europe de l'Est, a indiqué M. Clément.
La mortalité des colonies (en hiver, printemps et été) "avoisine les 30% en France contre 5% avant 1995, liée aux pesticides et leur impact sur les troubles des abeilles", a de nouveau prévenu Sophie Duget, vice-présidente de l'Unaf.
Le syndicat apicole pointe la toxicité de deux autres insecticides néonicotinoïdes restés autorisés dans l'UE pour lutter notamment contre les pucerons. Il s'agit de l'acétamipride, matière active du Suprême 20 SG produit par Certis Europe utilisée pour traiter les fruitiers, et du thiaclopride, matière active du Protéus produit par Bayer utilisée sur les céréales (blé, avoine, colza, pomme de terre). L'Unaf a engagé une action en justice contre l'autorisation du Protéus pulvérisé sur colza (à base de thiaclopride et de deltamétrine). La substance est également autorisée sur de nombreuses productions fruitières et récemment, en traitement de semences du maïs (Sonido produit par Bayer), a rappelé le syndicat apicole.
Sur la base de travaux du CNRS, l'Unaf demande "le retrait par la France  de ces insecticides du marché" au nom du principe de précaution. Présent lors de la conférence de presse, Jean-Marc Bonmantin, chercheur au CNRS à Orléans (Centre de biophysique moléculaire) a dévoilé les résultats de travaux montrant que "la toxicité chronique de l'acétamipride et du thiaclopride est similaire aux trois néonicotinoïdes supendus" par Bruxelles pour deux ans, depuis décembre 2013.
M. Bonmatin a notamment analysé des échantillons de pollens prélevés à l'entrée des ruches pendant la période de floraison des pêchers de Jacques Freney, un apiculteur de la région Rhône-Alpes. "Depuis deux ans, j'essuie des mortalités hivernales égales à 30%. Mais en outre, je constate que, sur les colonies qui ont amassé du pollen au printemps sur les arbres fruitiers, 100% végètent, dépérissent et meurent dans les 9 mois qui suivent. C'est bien plus que les taux de mortalité auxquels j'étais habitué avant 2000 où la moyenne des mortalités hivernales sur mes ruches environnait les 7%, même avec la présence du varroa (un parasite, ndlr)", a expliqué M. Freney.
Le chercheur du CNRS a constaté que le pollen contenait 2,3 nanogrammes d'acétamipride par gramme de pollen (ng/g). Ce résultat "peut être rapproché des données concernant la toxicité des néonicotinoïdes, notamment lors d'expositions chroniques à faibles doses", a souligné M. Bonmatin.
"Mention abeilles" délivrée aux insecticides
L'Unaf a appelé l'Union européenne à revoir l'évaluation de la toxicité de l'acétamipride et du thiaclopride sur les abeilles par l'Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (Efsa). D'autant que le 17 décembre dernier, l'Efsa a recommandé un abaissement des niveaux d'exposition aux résidus d'acétamipride, présents dans les aliments, qui, selon l'agence, peuvent "avoir une incidence sur le développement du système nerveux humain".
Dans une lettre ouverte envoyée le 10 février au ministre de l'Agriculture, le syndicat a demandé l'interdiction totale des néonicotinoïdes étendue à toutes les cultures, notamment les céréales à paille et les betteraves. L'Unaf a également appelé Stéphane Le Foll à renforcer le dispositif d'interdiction des pesticides en période de floraison, "en commençant par retirer la mention abeille octroyée aux produits reconnus comme dangereux pour les abeilles", a indiqué Olivier Belval, président de l'Unaf. Les pesticides Suprême 20SG et Protéus bénéficient de cette mention "abeille". L'Agence de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie par le ministère sur la pertinence d'une modification de l'arrêté du 28 novembre 2003 encadrant cette mention. L'Unaf "attend avec impatience l'avis de l'Anses et demande la consultation du Comité apicole avant toute adoption d'un nouvel arrêté".
Menaces du frelon asiatique et des OGM
Concernant le frelon asiatique, ce prédateur nuisible a désormais "envahi les trois quarts de la France et passé nos frontières "notamment la Belgique, a précisé Olivier Belval. L'Unaf a appelé le ministre à reclasser le frelon asiatique en danger sanitaire de catégorie 1 et non plus en catégorie 2, "qui n'implique pas une lutte obligatoire coordonnée par l'administration", a souligné M. Belval. Le syndicat a demandé à Stéphane Le Foll d'autoriser par arrêté l'utilisation "pérenne" du dioxyde de soufre (SO2) ainsi que le "piégeage de printemps des reines fécondées" pour lutter contre le frelon asiatique.
S'agissant des OGM, M. Belval a déploré l'autorisation de la culture du maïs transgénique TC 1507 (société Pioneer) que pourrait prochainement valider la Commission européenne, suite au vote hier des Etats membres. "Ce maïs est jusqu'à 100 fois plus chargé en toxines que le maïs Monsanto MON 810. Il est également capable de résister à l'épandage d'un herbicide. C'est une mauvaise nouvelle pour l'apiculture française", a déclaré M. Belval, en demandant "le renouvellement solide de l'interdiction des cultures OGM en France".
En partenariat avec les organisations apicoles européennes Unaapi (Italie) et Epba (Allemagne), l'Unaf a également annoncé le lancement du label européen "Bee Friendly" pour promouvoir "les produits respectueux de l'abeille".

samedi 8 février 2014

Le miscanthus se révèle un combustible de choix pour les chaudières collectives

Facile à produire, nécessitant peu d'intrants, disposant une bonne capacité d'épuration des nitrates, le miscanthus constitue un combustible économique. Exemple à Hangest-sur-Somme (80) où la nouvelle chaudière collective au miscanthus en remplacement de celle au fioul, sera rentabilisée en 3 ans.

Le Miscanthus est un genre de plantes herbacées vivaces originaire d'Afrique et d'Asie du sud. Ces plantes rencontrent un intérêt croissant dans l'industrie et le secteur agricole en raison de leur productivité. Leur teneur en lignocellulose en font par exemple un bon candidat pour la recherche sur la deuxième génération d'agrocarburant.
Le miscanthus combustible
Mais même sans transformation, le miscanthus a un rôle énergétique à jouer, comme « simple » combustible écologique et économique dans des chaudières biomasse. La plante nécessite en effet peu d'intrants azotés et comme elle couvre le sol avec ses feuilles en hiver, il n'est pas utile de recourir à des désherbants. Les rhizomes persistent plusieurs années. Il n'est donc pas nécessaire de resemer les champs. De plus, les dernières études montrent que la capacité d'épuration des nitrates des eaux de drainage, font du miscanthus un bon candidat pour les plantations dans les zones de captage. Seule ombre au tableau, le miscanthus ne présente aucune partie comestible. Son développement entre donc en concurrence des cultures vivrières.

lundi 3 février 2014

Perturbateurs endocriniens : où est passée la stratégie nationale ?

Plusieurs ONG et élus ont adressé le 29 janvier un courrier au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, par lequel ils réclament une clarification sur la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE).
Les signataires, qui sont des participants du groupe de travail "SNPE", représentent WECF France, le Réseau Environnement Santé (RES), la CLCV et Générations futures. Le courrier est également signé par Chantal Jouanno, Corinne Lepage et Michèle Rivasi.
"Nous sommes au regret de constater, fin janvier 2014, le blocage de ce processus", écrivent les signataires qui posent plusieurs questions au Premier ministre : Etes-vous en mesure de nous communiquer une date précise pour l'adoption finale de ce texte ? Garantissez-vous que certaines mesures-clés issues des négociations transparentes au sein du groupe de travail ne seront pas supprimées à l'issue de la synthèse ? Quel rôle allez-vous donner au CNTE, quelle est sa légitimité sur ce dossier ?
En 2012, la Conférence environnementale avait fait des perturbateurs endocriniens l'un de ses chantiers prioritaires et des débats intenses ont animé le groupe de travail chargé d'élaborer cette stratégie de février à juillet 2013, rappellent les signataires. La future stratégie avait été mise en consultation en août dernier, pour une adoption prévue à l'automne.

Une étude prouverait que les pesticides commercialisés sont plus toxiques que les molécules actives seules

"Une nouvelle étude scientifique montre que les produits pesticides commercialisés sont des centaines de fois plus toxiques pour des cellules humaines que leur matière active seule" annonce l'association Générations futures qui relaye une étude réalisée par une équipe conduite par Robin Mesnage et Gilles Eric Séralini, de l'Université de Caen.

"Les adjuvants employés dans les formulations de pesticides ne peuvent également pas être considérés comme des composants inertes mais ont souvent une toxicité propre et accroissent celle des matières actives", estime l'association. Selon elle, l'étude remet en cause le mode de calcul des doses journalières admissibles (DJA) à partir de la toxicité de la substance active seule, ainsi que la procédure d'évaluation du risque des pesticides qui ne prévoit pas l'obligation de tests pour la toxicité chronique des pesticides en formulation.

L'association demande donc "des tests de toxicité chronique systématiques pour les formulations complètes de produits pesticides commercialisés".

De 2 à 3 fois et jusqu'à 1.056 fois plus toxiques

L'association rapporte que les scientifiques ont montré que sur les neuf pesticides formulés étudiés (trois herbicides, trois fongicides et trois insecticides), "huit d'entre eux montrent clairement des effets toxiques sur des cellules humaines en moyenne des centaines de fois plus importants que ceux causés par leur matière active".

En l'occurrence les résultats montrent des effets toxiques de 2 à 3 fois plus importants pour le pesticide à base de pirimicarb et jusqu'à 1.056 fois plus forts pour celui à base de tebuconazole. Seul un pesticide à base d'isoproturon fait exception à cette règle, mais il n'a pas d'adjuvant déclaré.

Pesticides : 1.200 médecins appellent à de profondes réformes pour protéger la population

Inquiétés par l'augmentation des maladies chroniques, 1.200 médecins ont signé un appel demandant des réformes, notamment en matière d'usages des pesticides, de mise sur le marché et d'évaluation sanitaire des perturbateurs endocriniens.
Ce jeudi 30 janvier, a été présenté l'appel "Pesticides : l'alerte des médecins de France métropolitaine et des Antilles" signé par quelque 1.200 médecins à l'initiative des associations médicales Alerte des médecins limousins sur les pesticides (AMLP), Association Médicale Sauvegarde Environnement Santé (AMSES) et EnVie Santé.
"Médecins de terrain, nous avons constaté l'augmentation des maladies chroniques chez nos patients (cancers, troubles de la fertilité, mais aussi maladies neurologiques, diabète, allergies…)", déplorent les signataires, précisant "[avoir] aussi constaté que les preuves de la responsabilité de substances chimiques très largement répandues dans notre environnement s'accumulaient".
Revoir les autorisations et les usages de pesticides
Concrètement, les médecins signataires formulent cinq demandes. En premier lieu, ils appellent à la reconnaissance de nouveaux tableaux de maladies professionnelles agricoles dont l'apparition est liée à l'exposition aux pesticides.
La protection des populations constitue la deuxième attente. Les médecins réclament en particulier la fin des dérogations à l'interdiction européenne des épandages aériens, la réduction des risques vis-à-vis des populations vivant à proximité des cultures à forte utilisation de pesticides (signalisation sur les zones d'épandages, distance de sécurité avec les habitations) et des agriculteurs (séparation nette entre les activités de conseil et de vente des produits), l'interdiction de l'usage des pesticides dans les zones non agricoles, un étiquetage des produits destinés à l'alimentation permettant de visualiser les substances chimiques utilisées pour leur fabrication et la disparition, à très brève échéance, des résidus de pesticides perturbateurs endocriniens dans les produits alimentaires.
Le troisième volet de leurs demandes concerne les mises sur le marché des pesticides. Ils attendent que les tests réglementaires nécessaires à l'autorisation de mise sur le marché (AMM) soient confiés à des laboratoires indépendants désignés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et que l'AMM soit délivrée conjointement par les ministères de la Santé, de l'Ecologie et de l'Agriculture.
Au niveau européen, les signataires demandent que les perturbateurs endocriniens soient assimilés à des substances sans seuil afin que les perturbateurs endocriniens avérés et fortement suspectés fassent l'objet d'une substitution obligatoire et que les perturbateurs endocriniens faiblement suspectés fassent l'objet d'une vigilance ou de restrictions. Ils souhaitent aussi que la caractérisation des perturbateurs endocriniens se base sur des tests toxicologiques recherchant des effets à faibles doses et par effet cocktail, comme préconisé par un rapport de 2012 rédigé à la demande de la Commission européenne.
Enfin, ils souhaitent une augmentation des surfaces en agriculture biologique pour que l'ensemble de la population puisse choisir une alimentation sans pesticides.
Augmentation significative des risques
Certes, les pesticides ne sont pas seuls en cause dans la progression des maladies chroniques, expliquent les signataires, mais ils souhaitent néanmoins que "des politiques agricoles, économiques et de santé publique soient enfin efficacement mises en œuvre". Pour justifier leurs demandes, ils mettent en avant une série d'éléments établissant un lien entre l'utilisation de pesticides et certaines pathologies.
C'est le cas de l'expertise de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) "pesticides et santé" publié en juin 2013 qui conclut qu'"il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l'adulte". La maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et les cancers hématopoïétiques sont explicitement cités par l'Inserm. Toujours selon cette étude, il semblerait que l'exposition professionnelle des femmes enceintes aux pesticides entraîne "une augmentation significative" du risque de fausses-couches et de malformations congénitales. Quant à l'exposition "domestique" ou "de voisinage", elle entraînerait une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales.
Absence d'évaluation
En cause ? L'absence d'évaluation des produits mis sur le marché, suggère l'appel qui s'appuie sur le constat formulé par l'expertise "cancers et environnement" publiée en octobre 2008 par l'Inserm : "près d'un millier de molécules ont été mises sur le marché en France ; les risques liés à ces molécules ne peuvent être évalués faute de données toxicologiques et épidémiologiques suffisantes".
Plusieurs des rares études réalisées sur l'ensemble de la population et sur les riverains concluent que des expositions environnementales sont susceptibles de provoquer des cancers et des maladies de Parkinson. C'est le cas d'une étude relative au Chlordecone publiée en 2011 par l'Institut national de veille sanitaire (Invs), d'une étude relative à certains fongicides publiée en 2009 et de l'expertise "pesticides et santé" qui pointent une diminution du poids de naissance, des atteintes neurodéveloppementales et une hausse des risques de malformations congénitales et de leucémie chez les enfants des femmes vivant au voisinage d'une zone agricole ou liée aux usages domestiques de pesticides.
Imprégnation de la population
"Or personne ne conteste l'imprégnation générale de la population", estiment les médecins, rappelant que 90% de la population française est contaminée par les organophosphorés, selon des travaux réalisés par l'Invs. Quant à la cohorte Pélagie, elle a montré qu'en Bretagne "seul 1,6% des échantillons d'urine de femmes enceintes ne contient pas de trace des pesticides recherchés".
Le fait que l'imprégnation soit à faible dose ne rassure pas les médecins qui avancent que de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens. Or, "leurs effets ne dépendent pas de la dose, mais de la période d'exposition, ils ne sont pas linéaires, ils s'ajoutent à ceux d'autres substances (effet cocktail) et ils sont susceptibles d'être transgénérationnels". Une menace face à laquelle il est difficile de se prémunir, l'Union européenne n'ayant toujours pas validé de méthode permettant de déterminer si un pesticide est un perturbateur endocrinien ou non, comme l'a souligné le rapport sénatorial "Pesticides, vers le risque zéro" d'octobre 2012.

Giec : le rapport complet et définitif est disponible

La principale conclusion de ce premier tome de l'AR5 est que "chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre qu'aucune des décennies précédentes depuis 1850". Cette conclusion apporte un démenti aux thèses climato-sceptiques selon lesquelles le "plateau" des températures moyennes terrestres observé depuis 1998 invalide le consensus mondial sur les changements climatiques.

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