La décrue du pétrole conventionnel aura des effets sensibles dans le
secteur des transports, dépendants à 95% de cette énergie fossile. Lors
de la dixième conférence de l'ASPO, plusieurs communications ont été
consacrées au sujet.
Rationner pour maintenir la paix sociale
Plusieurs voies sont envisageables pour atténuer ce choc. Dans le
secteur des transports, l'éco- conduite, la réduction des vitesses
maximales, le co-voiturage, le télétravail et la flexibilité des
horaires de bureau, les péages urbains et les taxes sur les véhicules,
les interdictions de circuler à certaines heures dans certaines zones,
sont préconisés par le président de l'ASPO sud-africaine, en vue d'agir
sur la demande. Le rationnement des carburants pourrait éviter à terme
de fortes tensions sociales en garantissant une équité d'accès et en
permettant aux autorités de réguler les stocks de carburants. Combinées
entre elles et assorties de campagnes de sensibilisation, toutes ces
mesures permettent de réduire de 42% la demande de mobilité
individuelle tout en préservant la paix sociale.
Les avantages comparatifs d'un mode de transport par rapport à un
autre seront d'autant plus nets que le prix du baril poursuivra sa
hausse. D'ores et déjà, les modes de transports les moins coûteux par
passager par kilomètre sont le tramway, le bus et le vélo électriques.
Le potentiel d'amélioration de l'efficacité énergétique des transports
routiers est de 15% par passager d'ici à 2030, estime Jeremy Wakeford.
Les gouvernements sont invités à investir dans l'entretien des
infrastructures ferroviaires et les dessertes locales plutôt que dans
les trains à grande vitesse, dont l'usage n'est possible que pour les
classes aisées. Quant aux transports de marchandises, ils devraient
être eux aussi assurés par rail plutôt que par route, et le fret
ferroviaire devrait faire l'objet d'investissements prioritaires.
Repenser les structures
Pour Harald Frey, au-delà de l'amélioration de l'efficacité
énergétique des modes de transports, il s'agit de revisiter les
structures urbaines en fonction de leur résilience à long terme. Car
qui dit efficacité énergétique dit effet rebond : la modération de la
consommation de carburant par des véhicules plus efficients aura
tendance à donner l'illusion de pouvoir aller toujours plus loin pour
le même coût. Elle ne changera pas la donne, mais ne fera que reporter
le problème de la dépendance au pétrole et la congestion urbaine.
D'où la nécessité de redessiner l'espace urbain. La capitale
autrichienne en est un exemple, qui a su chasser les voitures en
réhabilitant l'espace public au profit du tramway, du vélo et de vastes
zones piétonnes. En raison d'une offre de qualité de transports en
commun, de plus en plus de Viennois renoncent à passer leur permis de
conduire. Redessiner l'urbanisme, lutter contre l'étalement des zones
pavillonnaires totalement dépendantes de l'automobile, valoriser le
commerce de proximité plutôt que les grandes surfaces sont autant de
mesures susceptibles d'atténuer les effets du pic pétrolier. En fin de
compte, ce sont les piétons qui seront gagnants, car ils bénéficieront
d'une qualité de vie élevée dès lors que les villes se
décongestionneront. La marche pourrait être le transport de l'avenir.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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