mercredi 20 novembre 2019

Pesticides SDHI : l’avertissement des chercheurs validé

La commission nationale des alertes en santé publique estime qu’un « doute sérieux » existe sur ces fongicides. 
La mise en garde des chercheurs relative aux pesticides SDHI (« inhibiteurs de la succinate déshydrogénase ») doit être prise au sérieux. La Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé ­publique et d’environnement (cnDAspe), une instance officielle indépendante constituée de 22 experts bénévoles, a publié, mardi 19 novembre, un avis estimant que l’alerte, lancée par une dizaine de scientifiques fin 2017, sur les dangers de cette famille de fongicides, est fondée, étayée par « des données scientifiques de qualité ».
Les informations fournies par les auteurs de l’avertissement, précise l’avis, « posent un doute sérieux sur des dangers qui ne sont actuellement pas pris en compte dans les procédures de toxicologie appliquées selon la réglementation européenne ». Et ce, en dépit des « incertitudes substantielles » qui demeurent sur les risques induits par ces produits dans leurs conditions d’utilisation.
Les données transmises par le biologiste Pierre Rustin (CNRS) et ses collègues viennent par ailleurs d’être publiées dans la revue PLoS One. Elles montrent, sur des cultures cellulaires, que les substances appartenant à la famille des SDHI ne ciblent pas seulement les champignons et les moisissures, mais une diversité d’organismes comme l’abeille domestique, le lombric ou l’être humain. Les scientifiques redoutent que le mécanisme ciblé par ces produits phytosanitaires n’élève les risques de certains cancers et de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Selon les chercheurs, le recul n’est pas suffisant sur les usages actuels de plusieurs de ces produits pour pouvoir se fonder sur des données épidémiologiques relatives aux personnes exposées. Sur les onze substances en question, huit ont été autorisées pour la première fois il y a moins de dix ans.

mercredi 13 novembre 2019

Point sur les SDHI

Suite à la publication le 7 novembre d’un article dans la revue scientifique PLOS One évoquant la toxicité de fongicides SDHI sur des cellules cultivées in vitro, l’Anses rappelle qu’elle poursuit ses travaux concernant de potentiels effets de ces substances sur la santé en conditions réelles d’exposition, en coopération avec d’autres institutions scientifiques de recherche et d’expertise.
A ce titre, elle a demandé à l’Inserm de prendre en compte les données de cette publication, ainsi que d’autres publications récentes, dans l’expertise collective que l’Institut mène actuellement pour actualiser les connaissances sur les effets des pesticides sur la santé.
L’évaluation scientifique des risques repose en effet sur l’ensemble des connaissances disponibles : données sur les mécanismes d’action, données expérimentales de toxicité sur cellules (in vitro) et animaux (in vivo) notamment. L’article publié hier apporte des données nouvelles obtenues dans des conditions expérimentales sur des lignées cellulaires. En tout état de cause, il est hasardeux de comparer les valeurs d’IC 50[1] obtenues in vitro dans des conditions de laboratoire avec les concentrations de SDHI qui pourraient résulter des applications des pesticides sur les cultures, comme le soulignent les auteurs dans leur article.
Ces données d’intérêt vont donc être examinées par les collectifs d’experts scientifiques que l’Anses mobilise pour prendre en compte toutes les études récentes sur les SDHI, dont les résultats de l’expertise collective de l’Inserm, de façon à actualiser son avis du 14 janvier 2019.
L’Anses rappelle que suite au signalement d’un collectif de scientifiques, elle avait réuni un groupe d’experts scientifiques indépendants et conclu le 14 janvier dernier à l’absence d’alerte sanitaire pouvant conduire au retrait des autorisations de mise sur le marché des fongicides SDHI. Elle lançait cependant un appel à la vigilance au niveau européen et international et décidait de poursuivre les travaux sur de potentiels effets toxicologiques pour l’Homme, de mieux documenter les expositions par le biais de l’alimentation, de l’air et des sols, et de déceler d’éventuels effets sanitaires sur le terrain via les dispositifs de surveillance existants.
L’Anses s’est également saisie de la question des expositions cumulées aux différents fongicides SDHI via l’alimentation et publiera ses résultats au premier semestre 2020.
L’Anses a pour mission d’évaluer de façon scientifique les risques sanitaires afin de protéger la santé de l’Homme et de l’environnement. S’agissant des produits phytopharmaceutiques, dès lors qu’un doute apparaît et qu’une alerte sanitaire est confirmée, elle procède dans les meilleurs délais à des modifications ou des retraits d’autorisation de mises en marché.

vendredi 8 novembre 2019

Une nouvelle arme contre les migraines

« Il est clair et net que cette classe de médicaments est efficace puisqu’il y a eu de nombreuses études réalisées tant sur les patients épisodiques [les gens qui ont jusqu’à 14 jours de migraine par mois] que chroniques [ceux qui sont plus sévèrement atteints], a dit la neurologue Élizabeth Leroux. Toutes les études ont été positives, sans équivoque. »
Ces nouveaux médicaments, qui ont été développés après 25 ans de recherches pour mieux comprendre les causes des migraines, ciblent un peptide qu’on appelle CGRP (pour « calcitonin gene-related peptide »), une substance chimique qui se retrouve naturellement dans notre organisme, mais qui joue un rôle important dans la migraine.
Plusieurs compagnies ont maintenant mis au point des anticorps pour bloquer cette substance, et ce faisant diminuer la fréquence et la sévérité des crises migraineuses.
« C’est un peu comme si votre cerveau décidait de s’autosaupoudrer de poivre de Cayenne sur les méninges et sur les artères, et ça, ça fait mal, a illustré la docteure Leroux. Il y a une espèce d’orage électrique et chimique, et le CGRP fait partie du poivre de Cayenne, donc il fait partie de ces peptides inflammatoires qui vont aller déclencher toute une cascade d’inflammation qui va causer la douleur et les autres symptômes associés à la migraine. »
Les anti-CGRP étaient disponibles aux États-Unis depuis environ deux ans quand ils ont finalement été approuvés par Santé Canada au début du mois d’octobre. Des centaines de milliers de personnes à travers le monde ont maintenant profité de ce traitement.
Le patient s’autoinjecte chaque mois cet anticorps à l’aide d’un stylo ressemblant à un Epipen. Chaque injection coûte près de 600 $, mais les compagnies pharmaceutiques et les assureurs privés épongent souvent une bonne partie, voire la totalité, des frais.
« La moitié des gens vont répondre de 50 %. Donc si vous partez à douze migraines par mois, vous descendez à six. Vous partez à vingt migraines, vous descendez à dix, a expliqué la docteure Leroux. Mais de 20 à 30 % des patients, dépendant de leur sévérité, vont répondre à 75 %. Donc ce n’est pas du jamais vu, mais c’est quasiment du jamais vu dans notre univers du traitement de la migraine. Si vous partez à vingt, vous tombez à quatre ou cinq. Ça améliore vraiment la qualité de vie pour ce qu’on appelle les “répondeurs”, c’est-à-dire les gens qui répondent aux anticorps anti-CGRP. »
Les traitements pourront être espacés, sinon complètement arrêtés, chez les patients qui y répondent le mieux. Les spécialistes tentent par ailleurs de mettre au point un traitement pour bloquer la cascade du CGRP en pleine crise, et non seulement en prévention.

Trois révolutions

« Il y a eu trois révolutions dans le monde des migraines, a dit la docteure Leroux. Il y en a eu une quand les triptans sont arrivés ; ce sont des traitements qui jouent sur la sérotonine pour casser des crises. Après ça il y a eu le botox en 2011, et ça a tout changé notre perception de la migraine chronique ; c’est un traitement qui est bien toléré et qui fonctionne bien. Et là on a les anticorps qui sont une révolution. » 
L’impact de la migraine est sous-estimé parce que c’est une maladie invisible, ajoute-t-elle. L’Organisation mondiale de la santé reconnaît pourtant que c’est une maladie très invalidante, surtout qu’elle touche des enfants et des adolescents, ou encore de jeunes adultes qui sont au pic de leur productivité.
Deux jours à être incapacité ou deux jours ralenti ou deux jours à vomir ou même parfois deux jours à la salle d’urgence, a expliqué la docteure Leroux. Chaque jour regagné est un jour significatif pour ces gens-là, donc s’ils regagnent six jours ou dix jours, l’impact sur la qualité de vie est énorme. »
L’arrivée sur le marché des anti-CGRP représente donc un nouvel espoir pour les patients à qui on pouvait seulement proposer des thérapies dont l’efficacité n’était pas garantie et qui pouvaient en plus s’accompagner d’effets secondaires parfois pénibles.


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