L'Inra a remis au gouvernement son rapport sur la sortie du glyphosate
pour l'agriculture d'ici à trois ans. Pas de solution miracle, mais un
ensemble de mesures cohérentes, face auxquelles l'obstacle majeur est
l'organisation même de l'agriculture.
Comment se passer, en trois ans, de plus de 9.100 tonnes de glyphosate,
épandus chaque année par l'agriculture française ? Les premières pistes
sont présentées par l'Inra dans son rapport sur les "usages et les alternatives au glyphosate dans l'agriculture française",
remis le 2 décembre 2017. L'Institut national de la recherche
agronomique avait été saisi le 2 novembre dernier par quatre ministres
(agriculture, transition écologique, santé, recherche et innovation)
pour préparer, d'ici à la fin de l'année 2017, un plan de sortie du glyphosate. Sans aborder, toutefois, les aspects toxicologiques et écotoxicologiques de la molécule, qui vient tout juste d'être ré-homologuée pour cinq ans en Europe.
Vu les délais, l'étude a été basée sur "l'expertise individuelle d'un nombre restreint d'experts de l'Inra", note le rapport. Les données proviennent notamment des 3.000 fermes du réseau Dephy créées dans le cadre d'Ecophyto.
Ce qui représente près de 1.000 systèmes de grandes cultures, 1.000
vignes et 130 vergers, tous en agriculture conventionnelle. En entrant
dans ce dispositif, ces candidats au changement ont dû faire un état des
lieux des techniques utilisées au cours des trois années précédentes
(2009-2010-2011 pour les plus anciennes).
Pas de glyphosate dans 43% des fermes Dephy
"57% des systèmes de culture Dephy utilisaient du glyphosate au
moins ponctuellement dans la rotation au moment de leur entrée dans le
réseau. Donc 43% des agriculteurs Dephy en conventionnel n'en
utilisaient jamais", précise le rapport. Ce qui répond déjà à la question de la faisabilité d'une agriculture sans glyphosate.
Mais comment ? Les experts de l'Inra ont synthétisé les grands axes
des pratiques sans glyphosate. Sans surprise, il s'agit du désherbage
mécanique, du labour (enfouissement de la végétation), de la culture
sous mulch vivant, et plus globalement d'une "somme de stratégies d'évitement partiel", sans oublier l'utilisation d'autres herbicides. Ce qui nécessite, pour les agriculteurs conventionnels, "des changements profonds". La robotisation, l'agriculture de précision, le développement de couverts végétaux et d'outils de désherbage mécaniques en font partie.
Les freins ne sont pas techniques, mais portent plutôt sur "l'impact économique et le temps de travail".
Faute de temps suffisant pour travailler avec des économistes sur ce
sujet, l'Inra ne peut pas chiffrer le surcoût lié à l'arrêt de
l'utilisation du glyphosate.
Un panachage de mesures
"La recherche et la recherche appliquée ont depuis plus de 20 ans
réalisé des travaux pour minimiser les usages, voire se passer du
recours aux produits phytopharmaceutiques", note le rapport. Et tous convergent vers "l'importance des mesures prophylactiques limitant la pression des adventices",
souligne l'Inra. De fait, les principaux blocages pour se passer de
cette molécule-phare de l'agrochimie sont structurels : des
exploitations de grande taille, avec peu de personnel, la spécialisation
des territoires qui "sélectionne une flore adventice difficile", et la demande de produits standardisés.
Pour accompagner la sortie du glyphosate, les experts de l'Inra
proposent un panachage d'aides à l'investissement, la mobilisation des
mesures agro-environnementales et climatiques (Maec), la mobilisation de
dynamiques collectives, le conseil et la formation, l'utilisation de la
réglementation (et notamment les certificats d'économies de produits
phytosanitaires, les CEPP) et la reconnaissance via la création d'un
label pour les filières sans glyphosate.
Reste à l'Etat à prendre en compte ces résultats. Prochaine étape : la présentation d'une "feuille de route ambitieuse" lors de la clôture des Etats généraux de l'alimentation, prévue début 2018.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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