Les microplastiques envahissent de plus en plus notre alimentation. Aujourd'hui, on en découvre dans les sels de table, annonce une équipe malaise.
Les nutritionnistes n’arrêtent pas de le seriner avec raison : manger trop salé est mauvais pour la santé, notamment pour le cœur et les artères. Une autre raison pourrait vous pousser à diminuer votre consommation de sel : en dépit de sa blancheur immaculée, ce condiment s’avère aujourd’hui totalement pollué de microplastiques!Que ces polluants soient de plus en plus présents dans tous les milieux marins, y compris dans les zones polaires, est documentée depuis les années 1970. Ingérés par le zooplancton et les larves de poissons, les microplastiques sont aujourd’hui présents dans l’intégralité de la chaine trophique. Même les oiseaux de mer, les otaries et les lions de mer, en consommant des poissons en contenant, en sont truffés.
Mais une équipe de chercheurs malaisiens de l’université Putra Malaysia a voulu aller un cran plus loin. Elle s’est demandé à quel point les différents sels vendus dans le commerce à travers le monde contenaient ces polluants, en scrutant 17 marques issues de 8 pays. La réponse publiée dans la revue Scientific Reports fait froid dans le dos: pratiquement tous! Seule une marque y échappe. Cocorico, elle est française. Sinon, pas trop de raison de pavoiser: les cinq autres marques françaises étudiées en contiennent. Malheureusement, Ali Karami, premier auteur de l’étude, n’a pas le droit de révéler de quelle marque il s’agit. Tout juste peut-il préciser que ce sel est emballé dans du verre et non du plastique, sans que la nature du contenant ait d’ailleurs une quelconque incidence sur cette pollution.
Pollution qui serait beaucoup plus étendue que cela. “Nous pensons que la plupart des produits issus de la mer sont contaminés avec des microplastiques, s’alarme Ali Karami. Nous n’en sommes qu’au début du cauchemar! Viendra le moment où nous n’oserons plus manger un seul poisson!“ Les microplastiques proviennent de sources diverses mais la majorité d’entre eux sont issus de la dégradation de déchets plastiques abandonnés par les touristes ou les bateaux de pêche.
"Sans oublier les microbilles de plastique employées en cosmétique comme dans les exfoliants. Les microplastiques ont une durée de vie très longue et peuvent persister dans l’environnement durant des décennies", précise Abolfazi Glieskardi, principal collaborateur de Ali Karami. Même si, selon les calculs de ce dernier, "la quantité de microplastiques dans les sels n’est pas préoccupante à l’heure actuelle, notre planète est en train d’être silencieusement conquise par ces ‘microbombes’ ". Et le chercheur d’aller encore plus loin: “Je pense que la pollution par les plastiques est de nature à éradiquer toute vie sur la planète. C’est le grand méchant loup du XXIe siècle!"