mercredi 31 mai 2017

Des microplastiques découverts dans les sels de table

Les microplastiques envahissent de plus en plus notre alimentation. Aujourd'hui, on en découvre dans les sels de table, annonce une équipe malaise.

Les nutritionnistes n’arrêtent pas de le seriner avec raison : manger trop salé est mauvais pour la santé, notamment pour le cœur et les artères. Une autre raison pourrait vous pousser à diminuer votre consommation de sel : en dépit de sa blancheur immaculée, ce condiment s’avère aujourd’hui totalement pollué de microplastiques!
Que ces polluants soient de plus en plus présents dans tous les milieux marins, y compris dans les zones polaires, est documentée depuis les années 1970. Ingérés par le zooplancton et les larves de poissons, les microplastiques sont aujourd’hui présents dans l’intégralité de la chaine trophique. Même les oiseaux de mer, les otaries et les lions de mer, en consommant des poissons en contenant, en sont truffés.
Mais une équipe de chercheurs malaisiens de l’université Putra Malaysia  a voulu aller un cran plus loin. Elle s’est demandé à quel point les différents sels vendus dans le commerce à travers le monde contenaient ces polluants, en scrutant 17 marques issues de 8 pays. La réponse publiée dans la revue Scientific Reports fait froid dans le dos: pratiquement tous! Seule une marque y échappe. Cocorico, elle est française. Sinon, pas trop de raison de pavoiser: les cinq autres marques françaises étudiées en contiennent. Malheureusement, Ali Karami, premier auteur de l’étude, n’a pas le droit de révéler de quelle marque il s’agit. Tout juste peut-il préciser que ce sel est emballé dans du verre et non du plastique, sans que la nature du contenant ait d’ailleurs une quelconque incidence sur cette pollution.
Pollution qui serait beaucoup plus étendue que cela. “Nous pensons que la plupart des produits issus de la mer sont contaminés avec des microplastiques, s’alarme Ali Karami. Nous n’en sommes qu’au début du cauchemar! Viendra le moment où nous n’oserons plus manger un seul poisson!“ Les microplastiques proviennent de sources diverses mais la majorité d’entre eux sont issus de la dégradation de déchets plastiques abandonnés par les touristes ou les bateaux de pêche.
"Sans oublier les microbilles de plastique employées en cosmétique comme dans les exfoliants. Les microplastiques ont une durée de vie très longue et peuvent persister dans l’environnement durant des décennies", précise Abolfazi Glieskardi, principal collaborateur de Ali Karami. Même si, selon les calculs de ce dernier, "la quantité de microplastiques dans les sels n’est pas préoccupante à l’heure actuelle, notre planète est en train d’être silencieusement conquise par ces ‘microbombes’ ". Et le chercheur d’aller encore plus loin: “Je pense que la pollution par les plastiques est de nature à éradiquer toute vie sur la planète. C’est le grand méchant loup du XXIe siècle!"

Glyphosate et cancer : un toxicologue américain relance le débat

La Commission européenne a proposé un renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour 10 ans, après le feu vert des agences d'expertise européennes. Ces dernières auraient sous-estimé des études démontrant des cas de cancers sur des rongeurs.
Dans une lettre adressée le 28 mai au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le toxicologue américain Christopher Portier dénonce l'évaluation scientifique d'études, menée par l'Agence de sécurité alimentaire européenne (Efsa) et l'Agence européenne des produits chimiques (Echa), qui sous-estimeraient le lien entre plusieurs cas de cancer et la substance herbicide glyphosate. Ces agences d'expertise "ont échoué à identifier tous les cas statistiquement significatifs d'augmentation d'incidence de cancers, dans les études de cancérogénicité chronique menées sur les rongeurs", a indiqué M. Portier dans sa lettre.
Le glyphosate, substance active controversée notamment du Roundup de Monsanto, est la plus utilisée dans le monde. Le 16 mai dernier, la Commission européenne a proposé de réautoriser sa mise sur le marché pour dix ans dans l'UE, après le feu vert de l'Echa. L'agence a en effet jugé, le 15 mars dernier, que les connaissances scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme substance cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction (CMR). "Il est improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l'Homme", avait également assuré l'Efsa en novembre 2015. Les agences ont publié leur avis après que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) a pourtant classé, en mars 2015, cette substance comme probablement cancérogène pour l'Homme. Selon le Circ, des "preuves convaincantes" avaient montré que le glyphosate peut causer le cancer chez les animaux de laboratoire. Le glyphosate serait aussi à l'origine de lésion sur le matériel génétique de cellules humaines.
Huit cas cancérigènes répertoriés
M. Portier a précisé, au journal Le Monde, avoir passé en revue les données brutes d'une quinzaine d'études industrielles menées sur des rongeurs transmises aux agences. Dans sa lettre, l'expert international indique avoir "trouvé huit cas de hausses significatives de la fréquence de tumeurs qui n'apparaissent dans aucune des publications ou des évaluations officielles présentées par l'Efsa et l'Echa. (…) Certaines de ces tumeurs étaient également présentes dans plusieurs autres travaux, renforçant la cohérence des résultats entre études". Selon M. Portier, il s'agit de tumeurs au niveau du poumon des rongeurs, de la thyroïde, des tissus mous, du rein, du foie, de la peau et des glandes mammaires.
M. Portier a été sollicité par des députés européens pour mener une réanalyse de ces données. Les eurodéputés socialistes, démocrates et écologistes ont dénoncé le renouvellement de l'autorisation du glyphosate proposé par la Commission. Les eurodéputés socialistes français Eric Andrieu et belge Marc Tarabella ont soutenu cette lettre de M. Portier. "Quand on sait que les travaux de ces agences se sont appuyés sur des études parrainées par Monsanto pour leur évaluation de la sécurité du glyphosate, on ne peut pas ne pas s'interroger !", estiment les deux députés. Ils réclament de nouveau plus de transparence et la mise à disposition publique des études scientifiques. M. Portier a appelé M. Juncker à "s'abstenir de prendre toute décision sur le glyphosate" jusqu'à ce que les nouveaux éléments mis au jour soient inclus dans l'évaluation européenne. "Cela nous conforte dans l'idée qu'il faille prôner le principe de précaution : tant que nous ne sommes pas sûrs que le produit soit inoffensif, on ne peut donner l'autorisation de l'utiliser : les citoyens ne sont pas des cobayes !", a ajouté le député Marc Tarabella.

Les Etats membres devraient se prononcer d'ici peu sur sa réautorisation pour 10 ans. La Commission a rappelé que chaque Etat membre gardait le droit d'autoriser ou non l'utilisation de pesticides à base de glyphosate sur son territoire.

mardi 23 mai 2017

L'action climatique des pays du G20 boostera le PIB mondial d'ici 2050, selon l'OCDE

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie, ce 23 mai, un rapport qui démontre qu'"agir contre le changement climatique peut stimuler la croissance économique à moyen et long terme". Ce rapport a été réalisé dans le cadre de la présidence allemande du G20.
"Loin d'être un frein, l'intégration de l'action climatique à la politique en faveur de la croissance peut avoir un effet économique positif", a affirmé Angel Gurría, secrétaire général de l'OCDE, dans un communiqué. Les pays du G20 représentent 85% du PIB (produit intérieur brut) mondial et 80% des émissions carbone. Dans le cadre de leurs stratégies pour une croissance inclusive et le développement, ces pays devraient "conjuguer des mesures climatiques telles que la tarification du carbone avec des mesures économiques d'appui pour entraîner une croissance inclusive centrée sur l'investissement dans des infrastructures à faibles émissions et résilientes face au climat", préconise le rapport. Des mesures qui permettraient d'accroître le PIB des pays du G20 de 1% d'ici 2021 et 2,8% d'ici 2050. "Si l'on prend en compte les retombées économiques positives de l'élimination de certains effets du changement climatique, comme les dommages imputables aux inondations côtières et aux tempêtes, l'augmentation nette du PIB en 2050 est proche de 5%", estime l'OCDE.
Limiter la hausse de la température mondiale en dessous de 2 degrés, prévu par l'Accord de Paris sur le climat, nécessitera des investissements dans les infrastructures estimés à 6.900 milliards de dollars USD par an d'ici 2030. Soit "seulement 10% de plus qu'une croissance intensive en carbone", ajoute l'organisation. De plus, les infrastructures respectueuses du climat "sont moins énergivores et permettraient de faire chaque année des économies d'énergies fossiles de 1.700 milliards USD au total, ce qui compenserait de loin le surcoût".

mardi 9 mai 2017

Tous les indicateurs du réchauffement climatique sont au rouge

Alors que les Etats-Unis menacent de quitter l’accord de Paris et que s’est ouverte lundi 8 mai, à Bonn (Allemagne), la session annuelle des négociations climatiques, le réchauffement de la planète se poursuit, à bride abattue. Selon les données du National Climatic Data Center (NCDC) américain, le premier trimestre de l’année en cours est en effet le deuxième plus chaud jamais enregistré, à moins de 2/10ede degré Celsius derrière les trois premiers mois de l’année 2016.

Or celle-ci, marquée par un phénomène El Niño d’une intensité exceptionnelle, a été celle de tous les excès. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), sa température moyenne a excédé de 1,1 °C les niveaux de l’ère préindustrielle, battant ainsi le record de l’année 2015. Qui elle-même battait le record de l’année précédente.
Depuis 2014, les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) semblent toutefois stagner autour de 41 milliards de tonnes par an – en incluant les émissions dues à la déforestation et à l’utilisation des sols. Mais ce palier se situe à un niveau élevé et l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère, principale cause du réchauffement en cours, ne faiblit pas.
Le 5 mai, le dernier pointage de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) indiquait qu’un nouveau record était atteint, avec une concentration atmosphérique de CO2 de plus de 410 parties par million (ppm) relevé au laboratoire de Mauna Loa – un niveau jamais atteint depuis le pliocène, il y a quelque 2 millions d’années. Le taux atmosphérique de CO2 est demeuré sous 280 ppm tout au long du dernier million d’années.

Tous les indicateurs sont, et demeurent, au rouge. Chaque jour, la perspective s’éloigne un peu plus de pouvoir conserver le climat terrestre sous la barre des 2°C d’augmentation de la température moyenne, par rapport à l’ère préindustrielle – aujourd’hui, plus personne ou presque ne nourrit encore l’espoir de le maintenir sous le seuil de 1,5 °C de réchauffement, pourtant inscrit dans le marbre de l’accord de Paris, adopté en décembre 2015 au terme de la COP 21.

Les phénomènes s’aggravent

Non seulement les températures moyennes continuent de s’élever inexorablement, mais tous les phénomènes liés à l’élévation du mercure s’accentuent. Les surfaces de banquise, en Arctique tout comme en Antarctique, ont atteint des niveaux exceptionnellement bas tout au long de 2016. Au mois de novembre, le déficit de glaces de mer par rapport à la moyenne 1980-2010 affichait 4 millions de km2, une anomalie sans précédent connu à cette période de l’année. Aucun rebond ne se fait jour depuis début 2017 : au nord comme dans l’hémisphère austral, les surfaces de banquise sont nettement en deçà des normales. En avril, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), ce déficit excédait légèrement 1 million de kilomètres carrés…

Les températures élevées ne contribuent pas uniquement à la réduction des superficies de banquises : elles endommagent également la productivité biologique de l’océan. Depuis 2016, comme de nombreux autres récifs tropicaux, la Grande Barrière de corail, en Australie, a été touchée par un phénomène de blanchissement et de mortalité des coraux à grande échelle. Seuls deux autres épisodes semblables ont été jusqu’à présent observés, en 1998 et en 2002. Avec, comme conséquence, comme l’a noté fin mars l’OMM dans son bilan de l’année écoulée, « des impacts importants sur la chaîne alimentaire marine, les écosystèmes et les pêcheries ».
D’autres phénomènes s’aggravent plus vite qu’escomptés. Des chercheurs français et suisses viennent ainsi de conduire une nouvelle analyse, publiée fin avril dans la revue Geophysical Research Letters, suggérant que la montée du niveau marin s’est accélérée au cours des deux dernières décennies. Celle-ci aurait été 25 % à 30 % plus rapide entre 2004 et 2015 qu’entre 1993 et 2004… En cause : la perte de glace des calottes polaires du Groenland et de l’Antarctique qui s’accélère fortement depuis vingt ans.

Des scientifiques perplexes

A cette accélération de fond viennent s’ajouter des sursauts ponctuels. Le puissant Niño de 2015-2016 a fait bondir le niveau des mers. Selon l’OMM, celui-ci s’est élevé de 1,5 centimètre entre les mois de novembre 2014 et de février 2016 – soit quatre à cinq années de hausse moyenne en moins de seize mois.
Plus étonnant : certaines manifestations de ce dernier Niño semblent n’avoir pas disparu avec lui, laissant comme des stigmates dans le système climatique. Ainsi, des accumulations d’eaux chaudes dans le Pacifique, au large de pays d’Amérique centrale, ont-elles persisté alors même que les indices majeurs marquant l’activité d’un Niño avaient disparu… Ces étrangetés climatiques, qui plongent les scientifiques dans la perplexité, sont à l’origine des pluies diluviennes et des coulées de boue qui ont frappé en mars la Colombie et le Pérou, causant plusieurs centaines de morts.
Dans le Pacifique, la situation actuelle est suffisamment inhabituelle pour que les scientifiques de la NOAA prévoient un retour possible d’El Niño avant la fin de l’année. Généralement, l’« enfant terrible du Pacifique » revient tous les trois à sept ans, et un retour si rapide n’a jusqu’à présent été observé qu’il y a plus d’un demi-siècle. Difficile, toutefois, d’affirmer qu’il s’agit là d’une nouvelle manifestation du réchauffement en cours.

jeudi 4 mai 2017

Les dauphins sauvages plus malades que ceux en captivité

Des dauphins au large des Açores, le 2 juin 2015-AFP/Archives/PATRICIA DE MELO MOREIRA
Les dauphins sauvages sont plus exposés à des polluants et davantage malades que les dauphins vivant en captivité, révèlent une étude américaine, suscitant des craintes quant à la qualité des eaux des océans et la santé de ces cétacés à long terme.
L'étude, publiée mercredi dans la revue américaine Plos One, a comparé des dauphins vivant au large des côtes de Floride et de la Caroline du Sud à deux autres populations dans des aquariums, ou d'autres habitats contrôlés, en Géorgie et en Californie.
Moins de 50% des dauphins sauvages était "cliniquement normaux" et un grand nombre souffraient d'inflammations chroniques, signe que leur organisme combattait des maladies.
"Cela s'explique par leur contact avec des pathogènes, des parasites et des polluants dans l'océan qui sont absents dans les aquariums", précise Patricia Fair, professeure à la faculté de médecine de l'Université de Caroline du Sud et principal auteur de cette étude.
Chez l'homme, ce type de réponse immunitaire chronique est liée à des cancers, des pathologies cardiovasculaires et une plus grande vulnérabilité aux maladies infectieuses.
Gregory Bossart, vétérinaire en chef de l'aquarium de Géorgie, à Atlanta, co-auteur de ces travaux, a étudié depuis 2003 la santé de plus de 360 dauphins dans la lagune de l'Indian River, en Floride et sur la côte près de Charleston, en Caroline du Sud.
Sur cette période, il a pu observer "l'apparition de maladies infectieuses, de tumeurs, d'infection bactérienne résistantes aux antibiotiques et des niveaux alarmants de contaminants dans les deux populations de dauphins en liberté", indique l'étude.
Les dauphins sont de grands prédateurs, au sommet de la chaîne alimentaire, et accumulent toutes les toxines ingérées par leurs proies.
Ceux qui vivent dans la lagune de l'Indian River avaient ainsi de fortes concentrations de mercure dans le corps.
En Caroline du Sud, les dauphins sauvages étudiés avaient des niveaux élevés de substances chimiques organiques provenant probablement de sources industrielles.
De précédentes recherches avaient mis en évidence des maladies fongiques et l'émergence de nouveaux virus qui pourraient être potentiellement pathogènes pour les humains, avertissent aussi ces scientifiques.
Les dauphins en captivité dans l'aquarium d'Atlanta et dans le Centre des systèmes de combat spatial et naval (SPAWAR) à San Diego présentaient nettement moins d'inflammations chroniques.
"Ces cétacés sont exposés à moins d'agents pathogènes car la qualité de l'eau dans laquelle ils évoluent est contrôlée en permanence tout comme leur nourriture, et ils bénéficient aussi de soins vétérinaires préventifs", soulignent ces chercheurs.
"En tant qu'espèce sentinelle, les dauphins sont importants pour jauger la qualité de l'environnement océanique", pointe le Dr Bossart.

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...