mardi 31 mai 2016

L'utilisation des pesticides néonicotinoïdes ne faiblit pas

Les données du ministère de l'Agriculture transmises à l'Union des apiculteurs de France (Unaf) à la demande de la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada) le démontrent : l'utilisation des pesticides néonicotinoïdes ne faiblit pas. En 2014, 508 tonnes ont été vendues en France contre 388 tonnes en 2013 soit une hausse de 31% en un an. Entre 2012 et 2013, l'utilisation était restée stable.
Pour l'association d'apiculteurs, cette tendance démontre "l'inefficacité des interdictions partielles" prononcées en décembre 2013 par l'Union européenne. Sur les sept substances autorisées, trois font en effet l'objet d'une interdiction pour certains usages : l'imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxam. Entre 2013 et 2014, l'utilisation de la clothianidine et du thiaméthoxam a baissé de plus de 76%. Mais les agriculteurs se sont reportés sur le thiaclopride dont les ventes ont triplé sur la même période. "Les maïs Cruiser (thiaméthoxam) et Cheyenne (clothianidine) ont été interdits et remplacés par le maïs Sonido (thiaclopride)", explique l'Unaf.
Le boom de l'imidaclopride
Sur la même période, les ventes d'imidaclopride ont quant à elles augmenté de 36% malgré l'interdiction de son utilisation sur certaines cultures. Depuis 2011, l'imidaclopride séduit de plus en plus avec des ventes multipliées par plus de six. En 2013, cette molécule a d'ailleurs fait son apparition pour la première fois dans le top 15 des pesticides les plus détectés dans les cours d'eau français.
Pour Gilles Lanio, président de l'Unaf, "C'est gravissime. Comment espérer retrouver des abeilles en bonne santé dans ces conditions ? (…) Il faut donc se rendre à l'évidence et interdire totalement et définitivement ces produits. Il faut faire cesser la substitution d'une molécule à une autre et retourner à des pratiques agronomiques".
L'association mise beaucoup sur la loi biodiversité qui prévoit l'interdiction de ces substances. Avec l'échec des négociations entre sénateurs et députés, c'est l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot. Pour l'instant, l'interdiction est prévue pour le 1er septembre 2018 mais rien ne dit que l'Assemblée restera sur cette disposition tant le sujet divise même au sein de la majorité.

Hécatombe de coraux de la Grande barrière en Australie

Selon une nouvelle étude, 35% d'une grande partie des coraux australiens sont morts ou à l'agonie. La cause ? Un fort phénomène de blanchissement, lié au réchauffement des océans.

DÉPRIMANT. Pollutions diverses, acidification, algues et autres espèces invasives : les coraux n'ont vraiment pas la vie facile, comme le démontrent de nouveaux chiffres. D'après des scientifiques Australiens, au moins 35% des coraux du nord et du centre de la Grande barrière de corail Australienne sont morts ou à l'agonie, sous l'effet d'un épisode de blanchissement d'une rare gravité. Le professeur Terry Hughes, expert des récifs coralliens à l'Université James Cook de Townsville, dans le Queensland (nord-est de l'Australie), a précisé que le réchauffement climatique était probablement le responsable de ces ravages sur l'un des sites les plus emblématiques de l'Australie. Cette évaluation est le résultat de plusieurs mois de surveillance aérienne et sous-marine : "Nous avons découvert qu'en moyenne, 35% des coraux sont morts ou en train de mourir sur 84 récifs sur les sections centre et nord de la Grande barrière, entre Townsville et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré le chercheur. C'est la troisième fois en 18 ans que la Grande barrière de corail traverse un épisode grave de blanchissement lié au réchauffement climatique, et l'épisode actuel est beaucoup plus extrême que ce que nous avions mesuré auparavant".

Réchauffement = blanchissement = mort

Phénomène de dépérissement, le blanchissement se traduit par une décoloration des coraux. Il est effectivement provoqué par la hausse de la température de l'eau, qui entraîne l'expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments. Les récifs peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste. Il faut compter une décennie pour que la couverture corallienne se remette, "mais cela prendra beaucoup plus de temps pour retrouver les plus grands et plus anciens coraux qui sont morts", ajoutent les scientifiques. Outre le réchauffement climatique, la Grande barrière est aussi menacée par la prolifération des acanthasters et des échinodermes (de la même famille que les étoiles de mer) envahissant ce qui reste des coraux.
CONTROVERSE. Sur son site Internet, le Centre ARC pour les études sur les récifs coralliens publie des photographies comparatives montrant le même récif, complètement blanchi en février 2016, puis totalement colonisé et disparu sous des algues deux mois plus tard. Le site de 345.000 kilomètres carrés avait d'ailleurs évité de justesse en 2015 d'être placé par l'Unesco sur sa liste des sites en péril. Ainsi, un porte-parole du ministre de l'Environnement Greg Hunt, avait assuré mi-mai 2016 que le gouvernement allait tout faire pour protéger le site. Il a cependant été révélé il y a peu que le ministère Australien était intervenu pour obtenir que toutes les références à l'Australie, y compris à la Grande barrière de corail, soient retirées d'un rapport de l'ONU sur les ravages mondiaux du réchauffement climatique sur les sites au Patrimoine.

vendredi 27 mai 2016

L’utilisation des insecticides « tueurs d’abeilles » est toujours en forte augmentation

Les apiculteurs français en sont tout abasourdis : le moratoire européen sur certains usages des néonicotinoïdes semble jusqu’ici avoir été inopérant. Depuis sa mise en place en 2013, l’utilisation de ces insecticides, mis en cause dans l’effondrement du nombre d’abeilles et de pollinisateurs sauvages (bourdons, papillons, etc.), a même explosé. C’est le principal enseignement des statistiques obtenues, jeudi 26 mai, par l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), qui a saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) contre le ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt.

Selon ces données, les tonnages des cinq principaux « tueurs d’abeilles » vendus en France (acétamipride, clothianidine, thiaméthoxame, imidaclopride, thiaclopride) sont passés de 387 tonnes, en 2013, à 508 tonnes, en 2014. Soit une augmentation de 31 % en un an, malgré le moratoire. Quant aux données 2015, elles ne sont pas disponibles. « Nous avons écrit par deux fois à la direction générale de l’alimentation [au ministère de l’agriculture] pour avoir accès à ces informations, dit-on à l’UNAF. Sans réponse, nous avons saisi la CADA en février, qui vient de nous donner raison. »

« Contourner les interdictions »

Certaines molécules soumises à des restrictions par le moratoire imposé par Bruxelles en 2013 voient bien leur tonnage baisser en 2014, mais d’autres augmentent fortement. L’imidaclopride, l’une des molécules les plus toxiques pour l’abeille domestique, bondit de 36 % malgré le moratoire.
Au ministère, on relativise cette hausse, expliquant que « sur des molécules dont le tonnage total est faible, une petite augmentation peut conduire à des hausses de pourcentages qui peuvent sembler élevées ». En outre, ajoute-t-on en substance Rue de Varenne, ce n’est pas le tonnage qui permet d’évaluer l’intensité du recours aux pesticides, mais le « nombre de doses unités » (ou NODU), qui tient compte du tonnage des substances, mais aussi de leur activité chimique (certaines sont plus efficaces que d’autres) et de l’étendue des surfaces traitées.
Le tonnage des néonicotinoïdes aurait-il pu augmenter mais le fameux NODU baisser ? « Le NODU est surtout utile pour comparer l’utilisation de molécules dont l’activité est différente, dit François Veillerette, porte-parole de l’association Génération futures. Lorsqu’on suit une même substance, ou une même famille de substances, pour une même catégorie d’usages, les tonnages ne peuvent pas augmenter sans que le NODU n’augmente lui aussi. » Gilles Lanio, le président de l’UNAF, ne croit guère, lui non plus, que l’augmentation du tonnage des « néonics » puisse être associée à une baisse de leur utilisation : « Il y a des moyens pour contourner les interdictions de certains usages des néonicotinoïdes », dit-il.
« L’écart entre la réalité et le discours du ministre de l’agriculture [Stéphane Le Foll], qui se pose en défenseur des abeilles, est choquant, ajoute M. Lanio. Quand nous sommes reçus au ministère, on nous dit que les agriculteurs font de grands efforts et que les mortalités d’abeilles proviennent aussi de nos pratiques. Les chiffres montrent que c’est complètement faux. Quant à la transparence, elle n’est pas là, malgré les promesses. »

Des demandes non satisfaites

Car si l’UNAF a obtenu la transmission des chiffres détaillés de l’évolution du tonnage de chaque molécule, ses autres demandes n’ont pas été satisfaites. L’association a ainsi demandé le détail des traitements de semences par type de culture, et les superficies concernées. En vain. « Toutes nos demandes ont reçu un avis favorable de la CADA, mais celui-ci n’étant que consultatif, nous n’avons pas obtenu ces données », dit-on à l’UNAF. Au ministère, on répond que la publication de ces informations ne peut se faire qu’après un long travail, pour s’assurer que celles-ci ne trahissent aucun secret commercial des acteurs de la filière.
« Si nous n’obtenons pas l’information, ainsi que toutes celles qui ne nous ont pas été transmises, nous saisirons le tribunal administratif », dit-on à l’UNAF
Ce n’est pourtant pas tout. L’UNAF demandait aussi au ministère de lui transmettre les documents attestant de la position de la France, au niveau européen, lors des comités techniques des 27 juillet et 18 novembre 2015, au cours desquels deux nouveaux insecticides apparentés aux néonicotinoïdes (le sulfoxaflor et le flupyradifurone) ont été autorisés en Europe. La France a-t-elle voté pour ou contre l’autorisation de ces nouvelles molécules ? L’information est confidentielle. Sa divulgation, ont expliqué sans rire les services du ministère de l’agriculture à la CADA, « porterait atteinte à la conduite de la politique extérieure de la France ». La CADA n’y a cru que moyennement et a donné un avis positif à la publication de cette information. « Si nous ne l’obtenons pas, ainsi que toutes celles qui ne nous ont pas été transmises, nous saisirons le tribunal administratif », dit-on à l’UNAF.

Une autre dispute sur les néonicotinoïdes est en cours, cette fois entre l’Assemblée nationale et le Sénat. En effet, lors de l’examen en deuxième lecture du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, la Chambre haute a défait la mesure d’interdiction totale de tous les néonicotinoïdes à partir de 2018, qu’avaient adoptée les députés. « Mercredi [25 mai], la commission mixte paritaire a échoué à concilier les deux positions, explique Delphine Batho, députée (PS) des Deux-Sèvres, coauteure de l’amendement sur les néonicotinoïdes. Le texte va donc revenir les 7 et 8 juin à l’Assemblée, en commission du développement durable. »
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/05/27/les-insecticides-tueurs-d-abeilles-en-forte-augmentation_4927380_3244.html#xY0gumWmqUIbq5Vm.99

mardi 3 mai 2016

Le changement climatique coûtera 2.000 milliards $ par an sur la productivité en 2030

En réduisant la productivité du travail et en affectant la santé des travailleurs, la hausse des températures liée au changement climatique pourrait coûter jusqu'à 2.000 milliards de dollars par an à l'horizon 2030, selon une étude publiée le 28 avril par l'Organisation internationale du travail (OIT), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Climate Vulnerable Forum.
Les pertes estimées impliquent des "conséquences négatives d'une échelle similaire à la production économique, ou le PIB", pour un large éventail de pays en développement, dont l'Inde, l'Indonésie et le Nigéria, prévient l'étude. Plus d'un milliard de travailleurs sont déjà confrontés à des chaleurs excessives. Les régions les plus touchées incluent le sud des Etats-Unis, l'Amérique centrale et les Caraïbes, l'Afrique du Nord et de l'Ouest, l'Asie du Sud et du Sud-est.
Le 22 avril dernier, 175 pays ont signé l'accord sur le climat conclu à Paris (COP 21) en décembre dernier, visant à limiter la hausse de température "bien en deçà de 2°C" par rapport aux niveaux pré-industriels. Toutefois, même en limitant la hausse des températures à 1,5°C, les principales régions "feraient face à presque un mois entier de chaleur extrême, ajoutée chaque année d'ici 2030 (2010-2030)". Les pays les plus vulnérables pourraient perdre "10 à 15% des heures travaillées par an", alerte l'étude.

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...