En marge de la COP 21, l'association française de l'assurance alerte sur
le coût des aléas climatiques qui pourrait grimper jusqu'à 92 milliards
d'euros d'ici 2040 en France métropolitaine. Soit près du double de la
facture des 25 années précédentes.
Sécheresses, inondations, submersions marines, tempêtes, grêles,
neige dans l'Hexagone… Ces aléas naturels ont coûté, entre 1988 et 2013,
48 milliards d'euros aux assureurs. Soit une facture d'1,86 milliard
d'euros de dommages matériels par an, chiffre l'Association française de
l'assurance (Afa). Au cours des 25 dernières années, les assureurs ont ainsi indemnisé annuellement en moyenne 431.000 sinistrés.
Les coûts des aléas naturels pourraient doubler, entre 2014 et 2039,
et franchir les 92 milliards d'euros en France métropolitaine, prévient
l'Afa, partenaire officiel de la Conférence Paris Climat (COP 21), dans
une étude parue ce 3 décembre.
Celle-ci se concentre sur les dommages directs causés aux biens par les
aléas naturels, y compris les pertes d'exploitation. L'étude n'intègre
pas les dommages corporels ainsi que les dommages causés aux récoltes
non engrangées des exploitants agricoles.
Le climat, deuxième facteur du surcoût des dégâts
"Les coûts cumulés des dégâts liés à la sécheresse, aux
inondations, aux submersions marines et aux effets du vent, sur cette
période, augmenteraient de 90% en euros constants par rapport à ceux des
25 années précédentes", alerte l'Afa. Soit une hausse de 44 milliards d'euros.
Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce surcoût d'ici 2040. Le premier facteur est "l'enrichissement global de la France" (densité et valeur moyenne des logements, des entreprises, des biens des collectivités territoriales) qui "conduira naturellement à une augmentation des conséquences d'un événement climatique",
expliquent les assureurs. Ce facteur "enrichissement" représente 43% du
surcoût estimé, soit 19 milliards d'euros. Le changement climatique
d'ici à 2040, et notamment les effets d'une hausse des températures, est
le deuxième facteur. Son impact est estimé à 13 milliards d'euros. La
répartition géographique des richesses sur le territoire métropolitain
et la variation naturelle du climat auront quant à elles des
conséquences évaluées respectivement à 8 et 4 milliards d'euros.
Ainsi, le coût de la sécheresse pourrait passer de 8 à 21 milliards
d'euros d'indemnisations à l'horizon 2040. L'impact du changement
climatique "est conséquent" et représente 60% de ce surcoût (soit
8 milliards d'euros). Concernant les inondations (issues des cours
d'eau), l'addition passerait de 16 à 34 milliards d'euros. Soit +104%
d'indemnisations par rapport à 1988 et 2013.
Facture salée des tempêtes
La France a également déjà subi 84 submersions marines, ces 30 dernières années. "La plupart sans conséquences majeures" hormis la tempête Xynthia
en février 2010. Sur les 25 dernières années, le coût des submersions
marines pour les assureurs a représenté 1 Md€ (dont 800 M€ pour
Xynthia). D'ici 2040, l'Afa table sur un surcoût compris entre 3,2 et
4,2 milliards d'euros.
Les tempêtes, quant à elles, ont constitué l'aléa climatique le plus
coûteux pour les assureurs depuis 1990. Les tempêtes Lothar et Martin de
1999 ont coûté 13,4 milliards d'euros. Leur caractère exceptionnel "amène à intégrer un facteur aléa climatique négatif"
d'ici 2040. L'étude projette donc d'indemniser 33 milliards d'euros à
cette échéance. Elle ne prend toutefois pas en compte les effets du
réchauffement sur ce risque de tempêtes face à "une grande incertitude scientifique".
Des mesures de prévention et de protection à adapter
Cette étude "met en exergue l'importance d'adapter dès maintenant
les politiques de prévention et le développement de la culture du risque
dans notre pays", souligne le climatologue Jean Jouzel qui l'a préfacée.
Les assureurs observent en effet sur le terrain "des insuffisances" dans l'application "concrète" des politiques de prévention, estime l'Afa. Dans un livre blanc paru
également ce 3 décembre, elle formule 34 propositions. Les assureurs
appellent tout d'abord à intensifier les politiques publiques de
prévention et protection. Comment ? En accélérant, notamment, le
processus de prescription, d'approbation et de mise en oeuvre des Plans de prévention des risques littoraux (PPRL) non encore prescrits ou approuvés sur les communes prioritaires. Autre recommandation : réformer le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) "tant du point de vue de sa gouvernance, de ses missions, de son contrôle que de sa maîtrise de la dépense". Les diagnostics des sols devraient également "être obligatoires",
lors de toutes constructions ou cessions de terrain construit ou
constructible, situées sur une zone répertoriée à risques et annexer le
diagnostic à l'acte notarié du terrain.
L'Afa propose également des mesures visant à moderniser le régime d'assurance des catastrophes naturelles, en donnant la possibilité pour l'assureur de fixer "librement
la franchise de cette garantie pour les contrats d'assurance couvrant
des capitaux supérieurs à 50 M€, et pour ceux couvrant des collectivités
territoriales quelle que soit leur taille". L'Afa recommande aussi de transférer l'indemnisation des sinistres résultant de la sécheresse "au
régime de l'assurance de responsabilité décennale construction pour
toute construction nouvelle répondant à l'obligation d'étude de sols".
Ces publications constituent une contribution significative des assureurs français à la politique d'adaptation de notre pays au changement climatique", a déclaré Bernard Spitz, président de l'Afa. "Assureurs
et réassureurs sont engagés dans la lutte contre le changement
climatique à trois titres. Ils indemnisent les conséquences des aléas
naturels. Ils organisent des mesures de prévention. Enfin, ils financent
l'économie en investissant à long terme".
A l'initiative de l'Afa, 26 fédérations européennes et internationales
d'assureurs et réassureurs ont appelé le 27 novembre les parties
prenantes aux négociations, à parvenir à un accord permettant de limiter
le réchauffement climatique à 2°C d'ici la fin du siècle. "Il nous semble essentiel aux côtés de nos homologues européens et internationaux d'appeler au succès des négociations", a ajouté M. Spitz. "Nous n'avons pas le choix : un monde à +2°C serait encore assurable, un monde à +4°C ne le serait certainement plus", a prévenu en octobre dernier Henri De Castries, PDG d'Axa.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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