mercredi 17 septembre 2014

Les réfugiés climatiques ont doublé ces 40 dernières années

Selon le rapport annuel "Global Estimates" publié ce mercredi 17 septembre par l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), plus de 22 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile en 2013 en raison de catastrophes naturelles (inondation, tempête, séisme…). Ces aléas climatiques ont provoqué en 2013 le déplacement de "trois fois plus de personnes que les conflits". Plus de 600 événements ont été enregistrés au cours de l'année.
Les pays "riches" sont autant affectés que les pays "pauvres", même si ce sont les pays en développement qui "paient le plus lourd tribut, avec plus de 85% des déplacements", chiffre le rapport.
L'Asie la plus touchée, suivie de l'Afrique
Ainsi, comme les années précédentes, l'Asie a été le continent le plus touché, avec 19 millions de nouveaux déplacés. Soit 87,1% du nombre total. Aux Philippines, le typhon Haiyan a déplacé à lui seul 4,1 millions de personnes, soit un million de plus que dans les quatre autres régions réunies (Afrique, Amériques, Europe et Océanie). Un autre typhon, Trami, a fait 1,7 million de déplacés dans l'archipel. Les crues en Chine ont fait 1,6 million de déplacés.
Des inondations saisonnières ont aussi provoqué "d'importants déplacements" en Afrique sub-saharienne, tout particulièrement au Niger, au Tchad, au Soudan et au Soudan du Sud, "pays dont les populations extrêmement vulnérables sont également en proie à des conflits et à la sécheresse".  En 2013, 1,8 million de personnes ont été déplacées en Afrique, ce qui représente 8,1% du total mondial. Ils étaient 8,2 millions réfugiés en 2012. La population africaine étant appelée à doubler d'ici 2050, "les risques de déplacement devraient augmenter plus rapidement dans cette partie du monde que dans les autres régions au cours des prochaines décennies", alertent de nouveau les rapporteurs.
Les nations riches ne sont pas épargnées, comme le Japon avec le typhon Man-yi qui a déplacé 260.000 personnes dans la région de Chubu. Aux Etats-Unis, les tornades ont balayé l'Oklahoma et poussé 218.500 personnes à fuir. De "graves" inondations ont également frappé l'Europe, notamment l'Allemagne, la République tchèque, la Russie et le Royaume-Uni, provoquant le déplacement total de 149.000 personnes.
Alors qu'elles ont été très touchées en 2012 (1,3 millions de déplacés), les Amériques ont connu une "saison d'ouragans inhabituellement calme" : la région n'a pas été frappée "de grandes catastrophes géophysiques", précise l'étude.
Les réfugiés climatiques ont doublé ces 40 dernières années
Deux fois plus de personnes sont déplacées aujourd'hui que dans les années 1970. "Au vu du nombre croissant de personnes vivant et travaillant dans des zones à risque, cette tendance à la hausse va se poursuivre et devrait être exacerbée à l'avenir par les effets du changement climatique", indique Jan Egeland, secrétaire général du NRC.
La plupart des catastrophes sont autant d'origine humaine que naturelle. "Une amélioration de l'aménagement urbain, des moyens de protection contre les inondations et des normes de construction permettrait d'en atténuer l'impact", préconise Alfredo Zamudio, directeur de l'IDMC.
Les rapporteurs appellent la communauté internationale à agir lors du prochain sommet mondial sur le climat le 23 septembre à New York (USA). "Les décideurs doivent veiller à ce que les plans nationaux de réduction des risques de catastrophes naturelles et d'adaptation au changement climatique intègrent des mesures prenant en compte le risque et l'impact des déplacements". Les gouvernements doivent "faciliter" les migrations et prévoir "des relogements d'une façon qui respecte les populations vulnérables". Ils devraient être 250 millions de déplacés climatiques dans le monde d'ici 2050, selon le Haut commissaire adjoint de l'ONU pour les réfugiés. La conférence de Paris sur le climat fin 2015 pourrait ouvrir la voie à la création d'un statut de déplacé environnemental.

jeudi 11 septembre 2014

l'OMM pointe une accélération de la hausse de la concentration atmosphérique de CO2

Le 9 septembre, à l'occasion de la publication de son bulletin annuel sur les gaz à effet de serre (GES), l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a fait état d'une accélération de la hausse de la concentration de CO2 dans l'atmosphère en 2013. En conséquence, la teneur de l'atmosphère en GES atteint un nouveau sommet.
L'océan absorbe aujourd'hui environ le quart des émissions totales de CO2 et la biosphère un autre quart, limitant ainsi l'accroissement du CO2 atmosphérique, rappelle l'OMM.
"Le bulletin sur les gaz à effet de serre souligne que la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, loin de diminuer, a augmenté l'an dernier à un rythme inégalé depuis près de 30 ans", a résumé le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud, ajoutant : "Nous devons inverser cette tendance en réduisant les émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre dans tous les domaines d'activité. Le temps joue contre nous".
400 ppm de CO2 dès 2015 ou 2016 ?
"En 2013, en moyenne mondiale, la teneur de l'atmosphère en CO2 était de 396,0 parties par million (ppm), soit 2,9 ppm de plus qu'en 2012", explique l'OMM. L'organisation onusienne souligne que la hausse de la concentration enregistrée en 2013 "représente la plus forte augmentation interannuelle de la période 1984-2013". Cette concentration de CO2 représente 142% de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle, c'est-à-dire autour de 1750.
L'annonce intervient alors que le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) estime qu'il faut limiter la concentration de GES à 450 ppm en 2050 pour avoir de bonnes chances de limiter la hausse de la température mondiale moyenne à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, conformément à l'objectif politique adopté par la communauté internationale à Copenhague en 2009. Selon l'OMM, au rythme actuel, la concentration du seul CO2 dans l'atmosphère atteindrait 400 ppm en 2015 ou 2016.
Pour Michel Jarraud, qui estime que "plaider l'ignorance ne peut plus être une excuse pour ne pas agir", le constat dressé par l'OMM fournit aux décideurs des éléments scientifiques sur lesquels ils peuvent s'appuyer pour limiter à 2°C la hausse des températures.
Les autre GES suivent le même chemin
Parmi les autre GES, l'OMM constate que la concentration de méthane (CH4) dans l'atmosphère poursuit sa hausse constatée depuis 2007. En 2013, la concentration atmosphérique du deuxième plus important gaz à effet de serre a atteint 1.824 parties par milliard (ppb) environ. L'OMM pointe "l'accroissement des émissions anthropiques", c'est-à-dire des émissions de l'élevage de bétail, de la riziculture, de l'exploitation des combustibles fossiles, des décharges, ou encore de la combustion de biomasse. Ces émissions représentent environ 60% des rejets mondiaux de méthane, le solde étant lié à des phénomènes naturels. En 2013, la concentration atmosphérique de méthane représentait 253% de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle.
Quant à la concentration atmosphérique du protoxyde d'azote (N2O), elle atteint quelque 325,9 parties par milliard en 2013. Si cette concentration est nettement plus faible que celles des deux autres gaz, son impact sur le climat "est 298 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2)", rappelle l'OMM. Les activités humaines, telles que la combustion de la biomasse, l'usage d'engrais et certains processus industriels, comptent pour environ 40% des émissions mondiales. En 2013, la concentration de protoxyde d'azote dans l'atmosphère représentait 121% de celle de l'époque préindustrielle.
L'acidification des océans, l'autre raison d'agir
Par ailleurs, le bulletin de l'OMM a été enrichi d'une nouvelle section sur l'acidification des océans. L'océan absorbe aujourd'hui le quart des émissions anthropiques de CO2, limitant ainsi l'accroissement du CO2 atmosphérique causé par l'exploitation des combustibles fossiles, rappelle l'organisation. Or, l'absorption de quantités accrues de CO2 par les mers modifie le cycle des carbonates marins et entraîne une acidification de l'eau de mer. "Celle-ci est déjà mesurable vu que les océans absorbent environ 4kg de CO2 par jour et par personne", explique l'OMM.
Par ailleurs, l'organisation souligne que le rythme actuel d'acidification des océans "semble sans précédent depuis au moins 300 millions d'années, si l'on en croit les données indirectes livrées par les paléo-archives". Et d'ajouter que ce phénomène continuera de s'accélérer au moins jusqu'au milieu du siècle, d'après les projections établies à l'aide de modèles.
Pour Wendy Watson-Wright, secrétaire exécutive de la commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco, "si l'on estime que le réchauffement planétaire n'est pas une raison suffisante de réduire les émissions de CO2, il devrait en être autrement pour l'acidification des océans, dont les effets se font déjà sentir et ne feront que se renforcer dans les décennies à venir".
Parmi les conséquences attendues, figure l'influence néfaste de l'acidité sur la calcification des coraux, des algues, des mollusques et de certains planctons.

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