Dans le cadre de ses travaux dans le domaine de la surveillance
environnementale, l'Institut national de l'environnement industriel et
des risques (Ineris) s'est intéressé aux substances chimiques pouvant
avoir un impact sur la reproduction des poissons. Outre les
perturbateurs endocriniens, qui comme leur nom l'indique perturbent le
système hormonal et par conséquent la reproduction, d'autres molécules
chimiques ont des modes d'actions différents.
C'est le cas des polluants génotoxiques qui altèrent la structure ou
les fonctions de l'ADN des cellules. S'ils s'en prennent aux cellules
somatiques, cela se traduit par l'apparition de cancers. Mais s'ils
touchent les cellules en charge de la reproduction (cellules
germinales), c'est tout le mécanisme de reproduction qui en pâtit,
menaçant la survie de l'espèce. Or, un tiers des contaminants présents
dans l'environnement présenterait un caractère génotoxique :
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), médicaments (notamment
les anticancéreux), pesticides…
L'Ineris a donc voulu en savoir un peu plus sur les mécanismes d'action de ces molécules. "L'avantage
de la génotoxicité est qu'elle présente un potentiel prédictif. Elle a
d'ailleurs été intégrée aux bio-indicateurs de la directive européenne
sur la stratégie marine transposée par la France fin 2012", explique Wilfried Sanchez.
L'auteur de l'étude a notamment étudié l'épinoche, un poisson de 5 cm
environ présent dans de nombreux cours d'eau de l'hémisphère nord et
bien connu comme modèle biologique. En l'exposant à un agent génotoxique
de référence, le méthanesulfonate de méthyl (MMS), l'équipe de
recherche a étudié dans un premier temps la réponse au niveau cellulaire
(ex vivo). L'exposition des cellules germinales au MMS s'est
traduite par une fragmentation de l'ADN avec une relation dose/effet
évidente. Le croisement de ces cellules germinales exposées a donné lieu
à des embryons présentant des anomalies de développement et une
probabilité de survie limitée. Là aussi, l'intensité des effets est
proportionnelle à la concentration en MMS.
Le même protocole a été appliqué à l'organisme entier, le poisson (étude in vivo) et non plus aux cellules seules. Les résultats observés ex vivo
ont été confirmés. Ces travaux ont également démontré que les anomalies
susceptibles d'affecter la survie des embryons sont essentiellement
transmises par le mâle.
Des résultats moins probants dans le milieu naturel
Les travaux de laboratoire ne peuvent être entièrement représentatifs
de la réalité de terrain, étant donné la complexité des écosystèmes
aquatiques existants. Ils nécessitent de changer de conditions
expérimentales, en menant des études dans le cadre d'écosystèmes
artificiels à plus grande échelle (mésocosmes), voire en conditions
réelles (in situ).
L'Ineris a commencé à décliner son protocole in situ en
prélevant des poissons dans différents milieux. Cette étude préliminaire
menée sur quatre cours d'eau indique une tendance sans toutefois faire
le lien entre endommagement de l'ADN et survie de la descendance. "Ce
travail, qui vient renforcer les preuves obtenues chez d'autres
espèces, nécessite d'être confirmé sur le terrain pour valider sa
pertinence écologique", explique l'Ineris. L'institut a déjà prévu
de poursuivre les travaux en utilisant non plus le MMS mais des
polluants environnementaux génotoxiques. De même, l'utilisation de
mésocosmes permettrait d'allier réalisme écologique et maîtrise de
l'exposition.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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