jeudi 22 février 2024

La circulation océanique sur le point de s'effondrer et de modifier complètement le climat européen ?

 🌊La circulation océanique de retournement (AMOC) sur le point de s'effondrer et de modifier complètement le climat européen ? 🔬


Cette étude publiée dans Science Advances défraye la chronique et nécessite de s’y attarder un instant.

Elle montre que l'AMOC pourrait être sur le point de basculer. L’AMOC, c’est une des composantes clés de la circulation océanique de l'Atlantique, et donc une composante clé de nos climats européens actuels.

Un peu de contexte d'abord : dans son état normal, l'AMOC se compose d'une branche de surface : un export d'eau chaude et salée venant du golfe du Mexique, connu sous le nom de Gulf Stream. Cette masse d'eau océanique assure un apport d'énergie donnant à l'Europe occidentale son climat relativement chaud pour sa latitude. Au Nord de l'Atlantique, au large du Groënland, cette eau salée refroidit, et plonge, se prolongeant dans une longue branche profonde rapportant l'eau vers le bord Ouest du bassin Atlantique. Oui mais voilà, diluez cette eau salée en Atlantique Nord avec de l'eau douce (par exemple : l'eau issue de la fonte des glaciers du Groënland), et vous ralentirez de façon dramatique ce moteur important du chauffage permanent de l'Europe.

Plus exactement, cette étude montre que face à une augmentation lente de l'apport d'eau douce dans l'Atlantique Nord, l'AMOC montre des signes d'instabilité majeurs, qu'on appelle couramment "tipping points" : cette évolution, même progressive, provoquerait finalement un changement d'état abrupt et inattendu du système.

Cet apport d'eau douce a été reproduit dans un modèle de circulation globale qui tien compte des interactions océan-atmosphère et de leur complexité interne. Le résultat de la modélisation permet de donner une idée de la trajectoire et de signes précurseurs qui mèneraient au basculement. Et pour vous le dire sans détour : on trouve des signes précurseurs dans les tendances observées actuellement.

Les implications de ces résultats sont énormes, car un effondrement de l'AMOC entraînerait des changements climatiques dramatiques, en particulier en Europe du Nord, avec des variations de température de surface de l'ordre d'une dizaine de degrés dans des laps de temps trop courts pour adapter correctement notre agriculture et nos modes de vie. 

Certes, cette étude n'est pas appuyée sur une approche multi-modèles, qui renforcerait sa robustesse, et identifie un seuil de basculement qui correspond à un apport d'eau douce plus important qu'aujourd'hui (rappelons l'immense nappe de glace à la surface du Groënland qui n'attend que quelques dixièmes de degré supplémentaire pour fondre massivement), mais elle vient renforcer les avertissements précédents sur les points de basculement climatiques et souligne l'urgence d'agir et de réduire drastiquement les émissions de GES pour éviter une telle catastrophe.

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