mercredi 31 mars 2021

Un tiers des terres agricoles à "haut risque" de pollution aux pesticides

 

Un tiers des terres agricoles dans le monde sont à haut risque de pollution par des résidus de pesticides, qui peuvent se retrouver dans les nappes phréatiques et menacer la biodiversité, selon une étude publiée lundi 29 mars 2021.

Des chercheurs en Australie ont étudié 59 herbicides, 21 insecticides et 19 fongicides et ont estimé leurs niveaux d'utilisation dans 168 pays en se basant sur des données de l'agence des Nations-Unies chargée de l'alimentation et de l'agriculture (la FAO) et de l'Institut américain de géophysique (USGS).

64% des terres agricoles menacées d'être polluées

Ils ont ensuite utilisé un modèle mathématique pour estimer les niveaux de résidus de pesticides dans l'environnement.

Il en ressort, selon cette étude publiée dans Nature Geoscience, que 64% des terres agricoles, soit environ 24,5 millions de km2, sont menacées d'être polluées par plus d'un principe actif et 31% sont à haut risque.

Ce résultat "est significatif car la pollution potentielle est généralisée, et certaines régions menacées abritent une grande biodiversité et souffrent de pénurie d'eau", souligne l'auteure principale de l'étude, Fiona Tang, de l'université de Sydney.

L'Asie, continent le plus touché

Une région est considérée à haut risque quand les niveaux de concentration d'un pesticide sont estimés à au moins 1.000 fois le niveau où ces concentrations n'ont pas d'effet néfaste.

L'Asie est la zone la plus touchée, avec 4,9 millions de km2 à haut risque, dont 2,9 millions en Chine. En Europe, la Russie, l'Ukraine et l'Espagne concentrent l'essentiel (62%) des zones à haut risque.

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette forte pollution, comme un usage excessif de pesticides, leur niveau de toxicité mais aussi des facteurs environnementaux comme des températures froides ou un sol pauvre en carbone qui jouent sur leur dégradation dans l'environnement.

L'étude ne se penche pas directement sur les impacts sur la santé humaine, mais les chercheurs indiquent que le passage des pesticides dans les eaux potables pourrait représenter un risque et demandent une meilleure analyse de la pollution des rivières, des estuaires et des cours d'eau.

Elle appelle aussi à une transition vers une "agriculture durable", avec une réduction de l'usage des pesticides et du gaspillage alimentaire.

 

 

 

jeudi 18 mars 2021

Dans la camomille, il y a un principe, le parthénolide, actif contre la migraine

 Les scientifiques ont mis au point un traitement à base de parthénolide. Cette molécule naturelle atténuerait voire empêcherait le déclenchement de crise migraineuse à moyens termes. Rémi Shrivastava, directeur de Naturveda, indique : « On a cherché dans toutes les médecines, ancestrales, chinoises, d’Amérique latine, ayurvédiques, quelles étaient les plantes qui étaient connues pour avoir une action soit sur les céphalées, soit sur les migraines. On s’est rendu compte qu’il existe une multitude de plantes, que l’on connaît depuis 3 à 4 000 ans et on a cherché leur point commun. On a vu qu’il y a une famille de molécules que l’on retrouve dans toutes ces plantes. C’est comme ça qu’on a fait le lien entre les principes actifs qu’on utilisait et ces plantes-là. Après on a regardé les plantes qui ont la possibilité d’avoir cet actif et on a sélectionné celles qui en avaient la quantité maximum. Dans la camomille, il y a un principe actif, le parthénolide. Il a été montré qu’il est capable d’agir et de désensibiliser un récepteur qui est impliqué dans le déclenchement de la crise de migraine ». Il ajoute : « Pour une plante, il faut bien se dire qu’un actif naturel n’est pas non plus la molécule chimique. Il faut laisser du temps à la plante pour agir. Les résultats qu’on arrive à avoir nous arrivent sous 4 à 6 semaines au minimum. Je prends une plante, je claque des doigts et derrière ça fonctionne, tout ça n’est pas vrai et n’existe pas. On vous ment si on vous dit ça ». Une gélule et un pulvérisateur nasal ont été développés et testés cliniquement. Ils devraient être commercialisés à partir de cet été.

mardi 16 mars 2021

Certains cocktails de pesticides favoriseraient le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées

 

COMMUNIQUE DE PRESSE - Certains pesticides utilisés en Europe sont suspectés d’avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Ils provoqueraient des perturbations hormonales et auraient également des propriétés carcinogènes, déjà observées en milieu professionnel. Le lien entre l’exposition à ces pesticides via l’alimentation et le cancer du sein dans la population générale est encore peu étudié. Des chercheurs d’une équipe mixte INRAE, Inserm, Cnam et Université Sorbonne Paris Nord ont déjà montré que les consommatrices d’aliments issus de l’agriculture biologique de la cohorte NutriNet-Santé, avaient un moindre risque de cancer du sein en post-ménopause (1). Cette même équipe a poursuivi ses travaux en s’intéressant cette fois à l’exposition à différents cocktails de ces pesticides sur cette catégorie de la population. Leurs travaux, parus le 15 mars dans la revue International Journal of Epidemiology apportent un éclairage sur l’impact de l’exposition alimentaire aux pesticides dans la survenue de cancer du sein en post-ménopause.

Publié le 15 mars 2021 

Actuellement en Europe, certains pesticides utilisés en grandes quantités dans l’agriculture, sont suspectés d’effets délétères sur la santé humaine reproductive, et pourraient avoir un rôle notamment dans la survenue de cancers du sein et de la prostate. Ils perturberaient le système endocrinien (hormonal) et auraient des propriétés carcinogènes, comme cela a déjà été observé dans des populations exposées dans leur milieu professionnel. Cependant, le lien entre l’exposition à ces pesticides via l’alimentation et le cancer du sein dans la population générale est peu étudié, bien que des chercheurs INRAE, Inserm, CNAM et Université Sorbonne Paris Nord aient déjà montré que les consommatrices d’aliments issus de l’agriculture biologique de la cohorte NutriNet-Santé présentaient un moindre risque de cancer du sein en post-ménopause. Mais alors, quel est ce lien entre mélange de pesticides apportés par l’alimentation et risque de cancer du sein en post-ménopause ?

Leur nouvelle étude, menée sur quatre ans, a commencé en 2014. Les participantes avaient alors répondu à un questionnaire permettant d’évaluer la consommation d’aliments biologiques et conventionnels. Un total de 13 149 femmes ménopausées a été inclus dans l’analyse, constituant l’échantillon de cette étude, et 169 cas de cancers ont été signalés. Grâce à une base de données de contamination des aliments selon leur mode de production2, les chercheurs ont mesuré l’exposition à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides autorisés en Europe, incluant ceux utilisés en agriculture biologique. Une méthode dite en « Factorisation par Matrices non-Négatives » (NMF) a permis d’établir quatre profils d’exposition aux pesticides, traduisant des mélanges différents de pesticides auxquels nous sommes exposés via l’alimentation. Ensuite, des modèles statistiques ont été utilisés pour analyser ces profils, afin d’explorer le lien potentiel avec le risque de survenue d’un cancer du sein. 

Le profil NMF n°1 est caractérisé par une exposition élevée aux chlorpyriphos, imazalil, malathion et thiabendazole, des pesticides de synthèse. Dans ce profil, les chercheurs notent une augmentation du risque de cancer du sein en post-ménopause chez les femmes en surpoids (IMC entre 25 et 30) ou obèses (IMC>30). A l’inverse, le profil NMF n°3 est lui caractérisé par une exposition faible à la plupart des pesticides de synthèse et une diminution de 43% du risque de cancer du sein en post-ménopause. Les deux autres profils identifiés par NMF n’étaient pas associés au risque de cancer du sein.

Ces résultats suggèrent un lien entre certains profils d’exposition aux pesticides et la survenue de cancers du sein en post-ménopause. Mais pour confirmer ces données, il est primordial d’une part de mener des études expérimentales pour éclaircir les mécanismes impliqués, et d’autre part de confirmer ces résultats dans d’autres populations.

 

 

jeudi 11 mars 2021

Stress, sommeil, migraine... que vaut l’oxygénation hyperbare ?

 L'oxygénation hyperbare (ou oxygénothérapie hyperbare) consiste à doper l’organisme en respirant de l’oxygène concentré sous pression. Dans quelles indications est-elle utile ? Quels sont les risques et contre-indications ? Réponses d'experts. 

Si Novak Djokovic et Cristiano Ronaldo ont leur propre caisson pour mieux récupérer, des centres proposent désormais des séances d’oxygénation hyperbare pour améliorer migraines, stress ou sommeil. Que peut-on vraiment en attendre ?

Qu'est-ce que l'oxygénation hyperbare ?

L’idée : doper l’organisme en respirant de l’oxygène concentré sous pression. En effet, quand la pression est supérieure à la pression atmosphérique ambiante, l’oxygène inhalé passe davantage dans le sang, ce qui augmente l’oxygénation des cellules.

L’oxygénothérapie hyperbare est utilisée en médecine pour traiter des pathologies aiguës (accidents de décompression, intoxication au monoxyde de carbone…) ou chroniques (ulcères diabétiques, lésions cérébrales post-AVC, fibromyalgie…), dans une vingtaine de centres hospitaliers en France. Dans ces caissons médicaux, l’air respiré est pur en oxygène à 100 % et la pression peut aller de 2,5 à 6 ATA (unité de pression), soit l’équivalent d’une plongée de 15 à 50 m de profondeur !

Les caissons mobiles affichent, eux, un air pur en oxygène entre 93 et 97 % et une pression d’1,3 à 1,5 ATA , ce qui correspond à une plongée d’environ 3 à 4 mètres. "

 

Comment se déroule une séance d'oxygénation hyperbare ?

On entre vêtu, mais déchaussé dans un caisson dans lequel on s’allonge ou on s’assoit. L’opérateur referme ensuite les parois en tissu de l’habitacle avant de faire monter en quelques minutes la pression à l’intérieur.

Claustrophobes s’abstenir, même si c’est assez spacieux ! On respire l’oxygène via deux petites canules placées dans les narines. On y reste 1 h à 1 h 30. La pression est ensuite abaissée progressivement avant de pouvoir sortir.

Quels sont les bienfaits supposés de l'oxygénothérapie hyperbare ?

  • Sur le stress : l’argument avancé est celui d’une meilleure oxygénation du cerveau, mais il ne repose sur aucune étude scientifique. "L’isolation offerte par ces caissons influence peut-être le bien-être, mais on ne sait pas si la pression et le niveau d’oxygène modulent physiologiquement le niveau de stress", résume le Dr Joffre. Si on y va pour se détendre, on peut en profiter pour écouter de la musique.
  • Sur le sommeil : l’hyperoxygénation du cerveau est censée améliorer la production de mélatonine, hormone qui favorise l’endormissement. "Pour l’affirmer, il faudrait le démontrer. Or, il n’y a pour l’instant aucune étude à ce sujet", rappelle le Dr Carl Willem, médecin du sport au CHU de Nice. Pour l’instant, cette technique n’est pas proposée dans les centres spécialistes du sommeil.
  • Sur les migraines : la douleur est causée par la vasodilatation des vaisseaux qui augmente la pression à l’intérieur du crâne, or l’apport d’oxygène a un effet vasoconstricteur. Une revue d’études scientifiques Cochrane a confirmé l’intérêt de l’oxygénothérapie au masque et de l’oxygénothérapie hyperbare pour calmer une crise de migraine : plus de 70 % des patients étaient soulagés. Mais dans les caissons grand public, le débit d’oxygène délivré n’est que de 5 l/min en moyenne, contre 8 à 15 l/min en milieu médical. "On manque pour le moment d’études sur ce type de caisson pour se prononcer, même si le principe est bon", estime le Dr Michel Dib, neurologue spécialiste de la migraine à La Pitié Salpêtrière. On peut essayer pour voir si cela fait du bien, à condition de demander avant l’avis de son médecin traitant ou de son neurologue. Et de pouvoir s’y rendre rapidement une fois que la crise commence…

Oxygénothérapie hyperbare : quels risques ? quelles contre-indications ?

Il existe bien des risques, principalement au niveau des oreilles ! "Un barotraumatisme est possible à partir d’une Npression équivalente à 50 cm sous l’eau pour les oreilles sensibles, ce qui est largement dépassé. Il peut aussi toucher les sinus, les dents (si cavité), les poumons…", indique le Dr Joffre. Si vous avez déjà eu des problèmes de tympans, si vous souffrez en plongée ou en avion, mieux vaut s’abstenir. La sensation d’oreilles bouchées est normale au début mais si vous ne parvenez pas à rééquilibrer en baillant, mâchant, déglutissant… il faut arrêter La séance.

Par ailleurs, mieux vaut demander l’avis de votre médecin si vous avez une maladie chronique ou des antécédents médicaux. Car il existe des contre-indications :

Et mieux vaut s’abstenir aussi en cas de gros rhume avec le nez très pris qui empêche de bien respirer.

Où tester l'oxygénation hyperbare ? À quel prix ?

Dans des centres en ville comme O2 Relax à Paris, des cabinets de kinésithérapie et/ou de cryothérapie (Le Frisson Salvateur à Lille) ou des centres de préparation sportive (APS. Aquaphysiosport à Toulon, Inside the athlète 3.0 à Besançon...). On trouve aussi des caissons d’oxygénation hyperbare en thalassothérapie, par exemple chez Thalazur Cabourg ou Côté Thalasso à Banyuls et l’Ile de Ré

Compter 30 € à 59 € la séance d’1 h à 1 h 30, non remboursée. Les fabricants recommandent souvent d’en faire cinq de façon rapprochée (pas plus de 48 h d’écart) pour en observer les effets, puis de renouveler une fois par semaine si c’est bénéfique.

lundi 8 mars 2021

Santé environnementale : « on est en inadéquation totale entre les enjeux et les moyens »

 Un collectif d'associations et de professionnels pointe l'absence de volet santé environnementale dans la stratégie cancers. Parmi eux, le cardiologue Pierre Souvet, président de l'Association Santé Environnement France. Entretien.

Actu-Environnement : Le Gouvernement a présenté début février une nouvelle stratégie contre le cancer. Prend-elle correctement en compte les risques ?

Pierre Souvet : Il y a des choses sur les facteurs individuels mais rien sur les facteurs collectifs. Or, la pollution environnementale est un facteur de risques : de cancers, de maladies cardio-vasculaires ou pulmonaires notamment. Que vous fumiez est un facteur de risque mais le fait d'être exposé à la pollution de l'air en est un autre. L'expérience de Tokyo, qui a décidé en 2000 de réduire la pollution aux particules, est extraordinaire. Après l'interdiction du diesel en ville, la pollution particulaire a baissé de 44 %. La mortalité par cancer du poumon a baissé de 4,9 %, la mortalité pulmonaire de 22 % et la mortalité cardio-vasculaire de plus de 10 %. Je n'ai pas de médicament capable de réduire une mortalité à ce point. Il faut donc traiter les facteurs de risques environnementaux comme les facteurs individuels.

AE : Quels sont les facteurs de risques environnementaux ?

PS : Les trois grands facteurs sont la pollution de l'air, les pesticides et les perturbateurs endocriniens, sachant qu'il y a des liens croisés entre eux. Il y a aussi les risques émergents : ondes électromagnétiques, nanoparticules, polluants persistants, problèmes liés au changement climatique. Ce sont des facteurs de risques qui peuvent se surajouter à une pathologie. La contamination chimique à laquelle on est soumis participe à l'éclosion de pathologies, notamment cancéreuses. Si vous êtes exposés à des pesticides, vous avez plus de risques d'avoir des cancers du cerveau ou des leucémies. Avec la 5G, comme pour les nanos, on lance la technologie sans aucun recul. On n'a rien qui prouve que c'est dangereux mais, à ce stade, on ne peut pas dire non plus que ça ne l'est pas, car aucune étude fiable n'est disponible.

AE : Quels sont les inconvénients liés à l'absence de prise en compte des risques collectifs ?

PS : Pour une vraie politique de prévention, il faut aussi prendre en compte ces facteurs de risques et ne pas seulement dire « il ne faut pas fumer ». Selon les chiffres de l'Assurance maladie, on est passé de 123 milliards d'euros (Md€) de remboursement en 2012 à 142 Md€ en 2018. Les projections montrent qu'il y aura 232 000 patients de plus malades d'un cancer en 2023, sans compter les pathologies cardio-vasculaires et les autres maladies chroniques. C'est un enjeu financier colossal qu'on ne peut pas résoudre avec une politique de soin ou de prévention a minima. Seulement 1 à 2 % du budget santé de la France est consacré à la prévention. Il y a moins d'un équivalent temps plein dédié à la santé environnementale au ministère de la Santé. On est confronté à une vraie difficulté à faire prendre en compte cette dimension « prévention ». Pourtant, les jeunes professionnels de santé, qui maîtrisent mal le sujet faute d'avoir reçu une formation adaptée, souhaitent développer ce versant de la santé. Les choses devraient pouvoir changer dans le premier cycle des études médicales via le quatrième plan national santé environnement.

AE : Comment expliquez-vous que les pouvoirs publics ne donnent pas à la prévention l'importance qu'elle devrait avoir ?

PS : Je ne l'explique pas. On est en inadéquation total entre les enjeux et les moyens. Si l'on ne veut pas que la carte verte soit remplacée par la carte bleue, il faut développer la prévention pour réduire les coûts humains, financiers, et sociaux. Car, souvent, les inégalités environnementales se cumulent avec les inégalités sociales. Il est clair que des lobbys ont freiné l'évolution. Mais il y a maintenant une prise de conscience, notamment des villes, sur le sujet. On a réussi avec la vignette Crit'Air 1 à exclure les diesels. Ceux-ci, même neufs, restent très polluants à travers les particules ultrafines.

AE : Le défaut d'action des pouvoirs publics ne vient-il pas du manque d'information ?

PS : Il y a deux ans, nous avons demandé avec le Criigen à la ministre de la Santé de généraliser et de territorialiser les registres du cancer. Il n'existe qu'une vingtaine de registres et, curieusement, il n'y en a pas dans les grandes villes. Les risques ne sont pas les mêmes dans un bassin industriel que dans une zone agricole ou urbaine. La ministre a répondu que les registres n'étaient pas conçus pour être des outils d'alerte ou d'action, et qu'ils n'étaient pas non plus conçus à des fins de surveillance. Comment faire une politique de santé publique sans données ? C'est indispensable pour avoir une politique efficace et réactive. Il y a des endroits où il faut des actions plus ciblées sur les pesticides, d'autres sur la pollution de l'air ou ailleurs sur les perturbateurs endocriniens.

AE : Ce défaut de données explique-t-il l'absence d'actions sur des zones où les cancers pédiatriques se sont multipliés comme à Sainte-Pazanne en Loire-Atlantique ?

PS : Oui, on réagit mal et trop tard. Ça fait des années que le problème a été signalé dans cette zone. Les pouvoirs publics ont élargi le territoire pour que le pourcentage de cancers paraisse moins important. Il y a pourtant un vrai problème. Et il en existe ailleurs mais qu'on ne connaît pas, faute de données.

AE : Comment peut-on territorialiser la santé environnementale ?

PS : Il faut donner la compétence aux collectivités locales. Cela permettra de faire des diagnostics territoriaux santé-environnement. A priori, on n'obtiendra rien de plus durant cette mandature. L'enjeu est de lancer la discussion avec les régions, métropoles, EPCI et communes pour savoir quel est l'échelon le plus approprié. Il est quand même déjà possible d'agir via les contrats locaux de santé. Subventionnés par les agences régionales de santé (ARS), ils permettent aux villes de faire des diagnostics pour adapter leur politique et intégrer cette dimension prévention qui manque tant.

 

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