mardi 23 février 2021

Plan cancer : la santé environnementale marginalisée

 

Le président Emmanuel Macron a présenté jeudi 4 février 2021 le quatrième plan cancer. Décliné sur dix ans, en deux phases, il va bénéficier de crédits supplémentaires et s’est donné comme objectif de diminuer, notamment, de 60.000 le nombre de cancers évitables. Au cours de cette journée, le directeur général de l’Institut national du Cancer a jugé le bilan positif pour le 3e plan cancer 2014-2019.

Un optimisme que ne partage pas nombre d’associations. Comme le rappelait en automne dernier Reporterre, la situation est dramatique. On compte 1.000 nouveaux malades chaque jour en moyenne. 3,8 millions de Français ont eu un cancer ou en souffrent, l’allongement de la durée de vie et les facteurs de risques liés à nos modes de vie conduisant à penser que « demain, le poids des cancers va s’accroître dans notre pays », de l’aveu même du président de la République.

« La France est en mauvaise place », rappelle le Réseau santé environnement et son président André Cicolella dans un communiqué paru le 19 février. Selon les estimations du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) — un institut dépendant de l’Organisation mondiale de la santé — la France se situe au 9e rang au niveau mondial (5e rang pour les hommes, 12e rang pour les femmes), mais au 4e rang pour le cancer du sein — 1er cancer féminin — et au 7e rang pour le cancer de la prostate — 1er cancer masculin. Selon le CIRC, le nombre de nouveaux cas de cancer en France passera en 20 ans de 478.000 à 579.000 (+21%) et le nombre de décès de 186.000 à 252.000 (+35%).

Les perturbateurs endocriniens à peine évoqués

Si l’on compare avec les pays les moins touchés comme le Bhoutan, pays suffisamment développé pour avoir une collecte de données fiable, le taux français est 4,8 fois plus élevé pour les hommes de manière générale et 100 fois plus élevé pour le cancer de la prostate. Il est 3,7 fois plus élevé pour les femmes et 20 fois plus élevé pour le cancer du sein.

Pour le Réseau santé environnement, les causes environnementales de ces cancers ne sont pas assez prises en compte. « Le plan décennal, construit sur la même logique que les plans précédents, n’apparaît pas à la hauteur de l’enjeu, souligne André Cicolella. L’accent y est en effet mis sur le soin, ce qui est nécessaire mais manifestement pas suffisant et, une fois traité tabac et alcool, l’environnement reste marginal », dit-il. Par exemple, les perturbateurs endocriniens, dont le rôle est pourtant déterminant dans les cancers les plus fréquents (sein et prostate), sont à peine évoqués.

Le réseau regrette également que la société civile et les citoyens ne soient pas plus consultés par les pouvoirs publics sur ces questions. Dans une lettre commune, publiée le 11 février, un collectif de 29 associations demandaient au gouvernement de faire de la santé environnementale « un pilier du système de santé français » : « La crise sanitaire doit conduire à repenser notre politique de santé pour soulager notre système de soin du poids croissant des maladies chroniques », écrivent-elles. Ils appellent à « la création d’un véritable Parlement de la santé environnementale impliquant les associations citoyennes de défense de l’environnement, des consommateurs, des usagers de santé, des associations familiales et de professionnels ainsi que des syndicats de professionnels de santé ».

  • Source  : Reporterre

lundi 22 février 2021

Bressuire. Pesticides : « J’annonce un scandale sanitaire », déplore le professeur Sultan

 Invité mardi 12 février à Bocapôle par l’association Sèvre environnement, le professeur Charles Sultan a dressé un constat alarmant. Il s’est particulièrement adressé aux plus jeunes, nombreux parmi les 350 personnes présentes.

« Alimentation et santé de l’enfant », tel était le thème de la soirée proposée mardi dernier par Sèvre environnement, à Bocapôle. Outre le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) Daniel Cueff, connu pour son arrêté anti-pesticides, l’association avait convié le professeur Charles Sultan, spécialiste en endocrinologie pédiatrique.

Devant environ 350 personnes, ce dernier s’est particulièrement adressé à la jeunesse, bien représentée dans la salle. « Je compte sur vous pour infléchir les décideurs. » Intervenant « en homme libre », Charles Sultan a précisé qu’il n’était « pas là pour faire de l’agribashing mais pour informer des risques que les agriculteurs courent et font courir ».

« Lâcheté des autorités politiques »

Avec divers exemples, le professeur Sultan a rappelé à quel point les pesticides étaient omniprésents dans notre environnement. « La France avait pris des engagements pour réduire de 50 % l’usage des pesticides en 2018. En réalité, entre 2017 et 2018, ce recours a augmenté de 27 %. C’est un échec total, une lâcheté des autorités politiques », a-t-il insisté. « J’annonce un scandale sanitaire », au regard « du rôle cancérigène des perturbateurs endocriniens ». Les perspectives de l’Organisation mondiale de la santé sont d’ailleurs particulièrement alarmantes à ce sujet, à l’horizon 2040.

« Le taux de cancers va exploser chez les enfants et adultes et les pesticides sont des facteurs favorisants. Mais la pollution atmosphérique est aussi délétère que l’alimentation », prévient ce spécialiste, qui préconise de « s’attaquer aux pollutions dans leur globalité ».

Les convictions d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui, y compris dans le milieu médical. « On nous avait appris que le placenta constituait une barrière de protection du fœtus vis-à-vis des agressions exogènes. Il apparaît, au contraire, que c’est une éponge ! L’altération du placenta crée des désordres qui ne s’exprimeront qu’à la puberté et à l’âge adulte. »

Que faire, alors, pour protéger une femme enceinte et son futur bébé ? « Il faut que la future maman ait une alimentation exclusivement biologique », martèle Charles Sultan. Réduire au maximum l’exposition aux perturbateurs endocriniens est un impératif. « Il faut proscrire les plats congelés. La qualité de l’eau est aussi importante », tout comme le fait d’évoluer dans un environnement domestique sain. « Il ne faut surtout pas peindre la chambre du futur bébé pendant la grossesse. »

Ces préconisations ont sans doute été bien reçues par l’assistance, qui pourra appliquer certaines bonnes pratiques. Et aussi peser, notamment dans les urnes, pour une inflexion plus globale.

 

 

mercredi 10 février 2021

IPBES : Alerte sans précédent sur la biodiversité !

 Lundi 6 mai, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) sortait son rapport. Celui-ci est sans appel. Les humains continuent de détruire le support de toutes leurs activités économiques et sociales, autrement dit la biodiversité. Le rapport met en particulier en avant le rôle du changement d’utilisation des terres et de la surpêche dans cette destruction qui ne ralentit pas…

Une biodiversité en piteux état qui nous fragilise tous

Un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans. 

Ainsi par exemple selon le rapport : « Depuis 1900, l'abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d'au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. »

Une grande majorité des écosystèmes sont dégradés : mangroves, zones humides, sols fertiles, forêts primaires… Ainsi la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale.

Surtout le rapport indique quelles sont les 5 causes majeures de cette destruction, et qui par ailleurs se conjuguent : 

  • les changements d’usage des terres et de la mer : l’agriculture notamment fait passer les forêts ou les prairies à l’état de culture par exemple ou le développement des villes les espaces naturels à l’état de routes… Ainsi 55 % de la progression de l’agriculture depuis 1980 se sont faits au détriment des forêts « intactes », 28 % au détriment des forêts secondaires (aménagées)
  • l'exploitation directe de certains organismes avec le braconnage par exemple
  • le changement climatique qui fragilise encore les milieux
  • la pollution et notamment celle des pesticides : plus de 50 % des mesures de concentration en insecticides dans le monde dépassent les seuils réglementaires (chapitre 3, 3.4.6.)
  • les espèces exotiques envahissantes qui colonisent certains milieux et font décroitre la diversité

Un rapport essentiel pour sonner la mobilisation générale 

L’IPBES, autrement appelé « GIEC de la biodiversité » a rassemblé les représentants de 110 pays pour approuver à l’unanimité un « résumé pour les décideurs », issu de 1 700 pages de travaux d’experts sur l’état de la biodiversité mondiale.

Ce document est d’une grande importance car, comme pour les travaux du GIEC sur le climat, il fait état d‘un consensus scientifique et politique

Il dit en substance qu’il n’est plus temps de discourir mais qu’il est temps d’agir. 

Le rapport donne toutefois une lueur d’espoir disant que c’est encore possible d’inverser la tendance. Pour cela il faut profondément changer notre façon de produire, de consommer, d’échanger… bref l’ensemble de notre modèle économique. Vaste tâche mais voici quelques transformations à entreprendre selon le rapport : 

De manière globale, le rapport prône l'évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux. Il appelle ainsi à :

  • Un changement structurel des politiques agricoles du local au global pour changer nos modèles alimentaires et agricoles
  • Plus généralement la fin des subventions à la consommation de nature et notamment des terres agricoles et d’espaces naturels
  • Un engagement massif pour l’adaptation au changement climatique

Enfin, il met en évidence la place et le rôle essentiel des peuples autochtones dans la préservation des écosystèmes et de la biodiversité en général.

 

 

 

mardi 9 février 2021

Où sont passés les oiseaux des champs?

 

L’alouette des champs ou la linotte mélodieuse font traditionnellement résonner leur chant dans les campagnes françaises. Mais pour combien de temps encore ? Deux études récentes dressent un constat alarmant : les populations d’oiseaux vivant en milieu agricole ont perdu un tiers de leurs effectifs en 17 ans.

« Nous pulvérisons les ormes, et aux printemps suivants nul merle ne chante, s’alarmait l’écologiste américaine Rachel Carson en 1962 alors que le DDT, un puissant insecticide, décimait les populations d’oiseaux aux États-Unis, non qu’ils aient été touchés directement mais parce que le poison a fait son chemin, pas à pas, de la feuille de l’orme au ver, puis du ver au merle »1. Depuis, la responsabilité du DDT dans la mortalité accrue des oiseaux a été démontrée et le « poison » interdit dans de nombreux pays. Mais le problème est loin d’être réglé.

Toutes les espèces sont concernées

Les études pointant du doigt les effets de l’agriculture intensive et de l’utilisation massive de pesticides sur la biodiversité se multiplient. Deux d’entre elles, menées récemment par le Muséum national d’histoire naturelle sur tout le territoire français et par le CNRS à l’échelle locale, présentent à leur tour un bilan inquiétant : en 17 ans, un tiers des oiseaux ont disparu des campagnes françaises.

« La situation est catastrophique, se désole Benoît Fontaine, biologiste de la conservation au Centre d’écologie et des sciences de la conservation2 (Cesco) du Muséum national d’histoire naturelle. Nos campagnes sont en train de devenir de véritables déserts. » « Les populations d’oiseaux s’effondrent littéralement dans les plaines céréalières, et cela concerne toutes les espèces, renchérit Vincent Bretagnolle, écologue au Centre d’études biologiques de Chizé3 et directeur de la zone atelier « Plaine et val de Sèvre ». Les perdrix se sont presque éteintes de notre zone d’étude… »

Poussée par une tradition naturaliste particulièrement forte, la Grande-Bretagne commence à suivre les populations d’oiseaux selon des méthodes standardisées et rigoureuses à partir des années 1970. La France lui emboîte le pas. C’est dans cette tradition que le Muséum national d’histoire naturelle initie en 1989 un vaste programme, le Suivi temporel des oiseaux communs4 (Stoc) sur tout le territoire français. Deux fois par an, au printemps, plusieurs centaines d’ornithologues bénévoles recensent les oiseaux qu’ils voient et entendent au petit matin dans des aires de 4 kilomètres carrés situés en ville, en forêt ou à la campagne. Alouette des champs, hirondelle de fenêtre, mésange noire, pigeon ramier… 175 espèces d’oiseaux communs sont inventoriées dans tous les milieux. « À partir de 2001, nous avons changé notre méthode d’échantillonnage avec un tirage aléatoire des sites à surveiller, ce qui permet d’obtenir une image plus fidèle de ce qui se passe sur le territoire français », indique Benoît Fontaine.

Un bilan plus lourd en zone agricole

Parallèlement, dans les Deux-Sèvres, un programme de suivi intensif de la faune et de la flore se met en place dès 1993, dans la zone atelier « Plaine & val de Sèvre ». Mais cette fois-ci, les 450 kilomètres carrés de la zone étudiée sont entièrement agricoles. « Au départ, nous suivions des oiseaux des plaines céréalières menacés comme l’outarde canepetière et le busard cendré, raconte Vincent Bretagnolle. Mais à partir de 1995, nous nous sommes progressivement intéressés à l’ensemble des oiseaux car ils ont une position intermédiaire dans la chaîne trophique, étant quasiment tous prédateurs d’insectes mais aussi, pour certains, prédatés par des rapaces. » Au total, 160 zones de 10 hectares chacune sont soumises chaque année à l’expertise d’ornithologues chevronnés, selon un protocole spatial et temporel bien défini. Une centaine d’espèces y sont identifiées, à la vue et au chant. « Sur ces terres agricoles, nous suivons aussi les plantes, les mammifères et les insectes, ce qui nous permet d’avoir une vision de tous les compartiments de l’écosystème et de leurs interactions », précise le chercheur.
 
Les dernières données de ces programmes de recherche sont catastrophiques : de nombreuses espèces d’oiseaux sont en déclin dans tous les milieux, et clairement en chute libre dans le milieu agricole. Le programme Stoc révèle ainsi que les oiseaux communs des milieux agricoles ont perdu 33 % de leurs effectifs depuis 2001.

Le pipit farlouse, par exemple, un passereau qui se nourrit d’invertébrés, a perdu 68 % de ses troupes en 17 ans, tandis que la linotte mélodieuse, friande d’invertébrés à la belle saison et de graines de plantes adventices en hiver, a vu disparaître 27 % de ses effectifs sur la même période. Du côté de la plaine céréalière des Deux-Sèvres, même constat. Les populations d’oiseaux familières des zones cultivées, comme l’alouette des champs ou la perdrix grise, s’effondrent littéralement, avec respectivement −50 % et −90 % de leurs effectifs en 25 ans.

« Ce qui est véritablement alarmant, c’est que tous les oiseaux du milieu agricole régressent à la même vitesse, même les plus généralistes ou les oiseaux des milieux boisés, qui ne diminuent pas ou peu dans leur milieu de prédilection, analyse Vincent Bretagnolle. Cela signifie que c’est la qualité globale de l’écosystème agricole qui se détériore. »

Les pesticides pointés du doigt

Les raisons de ce déclin sont en effet à chercher du côté de l’intensification de l’agriculture, les paysages devenant toujours plus homogènes – des champs de maïs et de blé à perte de vue – et toujours aussi massivement arrosés de pesticides, malgré le plan Écophyto qui vise à réduire de moitié leur utilisation en France d’ici à 2020. « Les surfaces dédiées à la monoculture n’ont cessé d’augmenter en France, conduisant à la destruction des milieux favorables aux oiseaux et aux insectes. Et en 2009, la Politique agricole commune a donné un coup d’arrêt aux jachères, ce qui est également néfaste pour la biodiversité, décrypte Benoît Fontaine. Dernier facteur nuisible : les pesticides. » Si, dans les années 1960, c’est le DDT qui fait parler de lui, ce sont aujourd’hui les néonicotinoïdes, des insecticides qui contaminent l’ensemble de l’écosystème, mais aussi le glyphosate (Roundup), l’herbicide le plus utilisé au monde, qui inquiètent. Tous les deux concourent à la disparition des plantes et des insectes et donc aux ressources alimentaires des oiseaux, surtout au printemps. « Il n’y a quasiment plus d’insectes, c’est ça le problème numéro un », martèle Vincent Bretagnolle. Et le constat est le même partout. Deux études récentes ont révélé que l’Allemagne et l’Europe auraient perdu 80 % d’insectes volants et 421 millions d’oiseaux en 30 ans5.

Alors que faire ? Pour Benoît Fontaine, « la diminution des pesticides va être aussi motivée par les préoccupations de santé humaine, mais la solution viendra du monde agricole ». Justement, dans la zone atelier « Plaine & Val de Sèvre », Vincent Bretagnolle s’est associé aux agriculteurs pour expérimenter des modèles agricoles alternatifs, basés sur l’agroécologie et les potentialités de la biodiversité.
« Profitant de la mise en place du plan Écophyto, en 2008, nous avons convaincu des exploitants de réduire d’un tiers ou de moitié les intrants chimiques sur certaines parcelles, rapporte le chercheur. Résultat : les rendements sont maintenus, ce qui augmente les revenus des agriculteurs et la biodiversité. »

D’autres études montrent que les subventions pour les prairies et les haies sont également favorables à la biodiversité et donc, là encore, au maintien de la productivité des parcelles. Désormais, les acteurs du monde agricole doivent se saisir de ces outils et changer leurs pratiques à grande échelle. « Le printemps silencieux annoncé par Rachel Carson pourrait devenir une réalité si nous ne réagissons pas très vite, conclut Vincent Bretagnolle. La situation est inquiétante, d’autant qu’aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’interdire un pesticide, mais de changer de paradigme. » ♦

 

 

samedi 6 février 2021

Les partenariats entre Bpifrance et Amazon montrés du doigt

 Au nom de la souveraineté, des sénateurs et acteurs économiques s’inquiètent des relations entre la structure publique et l’entreprise américaine d’e-commerce. 

Pour la sénatrice de l’Orne Nathalie Goulet, « l’Etat est un peu schizophrène » : d’un côté, il aide massivement les entreprises françaises à surmonter la crise liée au Covid-19 et, de l’autre, il fait appel à Amazon pour stocker des données sensibles de sociétés et pour les former à la numérisation. C’est ainsi que la parlementaire UDI, vice-présidente de la commission des lois du Sénat, a critiqué deux partenariats noués entre l’entreprise américaine d’e-commerce et la banque publique d’investissement Bpifrance, lors d’une conférence de presse organisée, vendredi 5 février, avec Bernard Benhamou, secrétaire général de l’Institut de la souveraineté numérique, et Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France.

Le premier « problème » évoqué est l’hébergement, sur les serveurs d’Amazon, des attestations des PGE, ces prêts garantis par l’Etat accordés pendant la pandémie. « Bpifrance l’a attribué sans appel d’offres. Or ces données sont sensibles : elles permettent de savoir quelles entreprises françaises sont fragiles, et il y a parmi elles des pépites », s’est alarmée Mme Goulet.

Faire héberger ce type de données par une entreprise américaine est « une très mauvaise idée », notamment en raison des lois américaines extraterritoriales comme le Cloud Act, qui, dans le cadre de procédures judiciaires, rend possible l’accès à des informations stockées hors des Etats-Unis, a renchéri M. Benhamou. Ce dernier voit ici « exactement » le même type de risque que pour Health Data Hub, cette plate-forme française d’accès aux bases de données de santé, dont l’hébergement par Microsoft a fait polémique.

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De la création d’En marche ! à la campagne de vaccination, McKinsey, un cabinet dans les pas d’Emmanuel Macron

 Commission Attali, rédaction du programme présidentiel, élaboration de la stratégie vaccinale contre le Covid-19… Comment le puissant cabinet de conseil américain accompagne le chef de l’Etat et intervient dans de nombreux dossiers sensibles.

Ces questions, il s’y était pourtant préparé. Derrière son masque blanc, Olivier Véran cache mal son agacement. Ce 12 janvier, le ministre de la santé est auditionné par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Il est venu détailler son plan de vaccination contre le Covid-19. Il sait qu’il devra surtout justifier d’en avoir sous-traité la logistique à un cabinet privé de conseil en stratégie, et pas n’importe lequel. Le plus haut de gamme. Le plus secret. Le plus intimement lié à Emmanuel Macron et son entourage, aussi.

Le député (PS) des Landes Boris Vallaud se lance : « Pourquoi vous a-t-il fallu recourir à McKinsey ? » Son collègue (La France insoumise) du Nord Adrien Quatennens ironise : « Ne dispose-t-on pas, au sein de l’appareil d’Etat, d’un Haut-Commissariat au plan ni de logisticiens compétents ? » Soupir sous le masque du ministre. Depuis une semaine et les premières révélations du site Politico et du Canard enchaîné, les oppositions se déchaînent contre ce contrat avec McKinsey. Véran est pressé de changer de sujet : « Il est tout à fait classique et cohérent de s’appuyer sur l’expertise du secteur privé. » Il n’en dira pas plus.

C’est étonnant comme les gens n’aiment pas parler de McKinsey. On a vite renoncé à dénombrer les messages sans réponse, les refus catégoriques, les excuses embarrassées, les « bon courage » compatissants. Ceux qui acceptent de l’évoquer exigent en quasi-totalité l’anonymat. Ce n’est pas pour rien que le cabinet américain est surnommé « la Firme » dans le secteur.

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jeudi 4 février 2021

l’Etat condamné pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement climatique

La justice reconnaît pour la première fois que l’Etat a commis une « faute » en se montrant incapable de tenir ses engagements de réduction des gaz à effet de serre.

L'hécatombe de dauphins morts se poursuit en ce début d'année

 C'est un phénomène récurrent depuis quelques années. Des dauphins morts sont de plus en plus souvent retrouvés sur les plages du littoral Atlantique. Depuis le 1er janvier, 420 cadavres de cétacés ont déjà été recensés dont une centaine en Bretagne. Pointées du doigt, les pratiques de pêche.

En ce dernier week-end de janvier, six dauphins morts ont été retrouvés morts du côté de Quiberon dans le Morbihan. Des cétacés échoués sur les plages, dont la présence est signalée le plus souvent par des promeneurs.

Des échouages qui se sont multipliés en ce début d'année sur le littoral atlantique : 420 cadavres de cétacés ont déjà été comptabilisés par l'observatoire Pelagis basé à la Rochelle et en charge du macabre recensement. En Bretagne, on en dénombre 105, dont 71 dans le Finistère et 34 dans le Morbihan.

En 2019, c'est plus de 1200 échouages de cétacés qui ont été pris en compte, de la Bretagne au Pays basque. En 2020, 1122 dauphins communs ont été découverts morts sur le littoral atlantique.

Les mois d'hiver avec leur lot de tempêtes et de fortes houles sont plus propices à la découverte de ces cadavres. "La houle importante combinée aux vents du large a tendance à ramener les animaux morts sur la côte" explique Gaëtan Brindejonc, garde du littoral à Quiberon. 

Les filets de pêche incriminés

Les dauphins retrouvés morts sont très souvent victimes de captures accidentelles dans le filets de pêche. Un phénomène qui se serait amplifié ces trois dernières années. Ces captures accidentelles seraient ainsi responsables de la mort de près de 10 000 dauphins chaque année dans le golfe de Gascogne. Selon l'observatoire Pelagis, 10% s'échoueraient sur les plages principalement entre janvier et mars.

Des mesures pour limiter les captures accidentelles

Mise en demeure par l'Europe, la France a promis de tout mettre en œuvre pour limiter ces captures accidentelles. Depuis le 1er janvier 2021 par exemple, les chalutiers pélagiques naviguant dans le golfe de Gascogne doivent s'équiper de dispositifs acoustiques de type pinger

Cette mortalité grandissante inquiète fortement les associations environnementales comme l'ONG Sea Shepherd qui lance des campagnes de surveillance des bateaux de pêche, des opérations à l'origine de tensions avec les pêcheurs bretons.

En attendant, si vous trouvez un dauphin échoué sur une plage, vous pouvez le signaler à l'observatoire Pelagis qui vous indiquera la marche à suivre.

 

 

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...