À plus de 80 %, les sources de pollution des océans se trouvent à terre, explique un rapport présenté ce jeudi 3 décembre.
Les déchets plastiques constituent la source de pollution des océans la plus visible, mais d’autres formes de pollution marine « augmentent en silence », avec des effets sur la santé humaine qu’on commence seulement à comprendre, pointe un rapport présenté à Monaco ce jeudi 3 décembre.
Publiée dans la revue américaine Annals of GlobalHealth , cette étude dresse la liste des problèmes : les marées noires dont « la fréquence a augmenté ces dernières années », les pesticides et fertilisants utilisés dans l’agriculture intensive qui « étendent les micro-algues toxiques à des régions épargnées jusqu’alors », le mercure issu de l’extraction de l’or ou de la combustion du charbon, ou encore les produits chimiques industriels ou pharmaceutiques.
Une source de pollution terrestre
À plus de 80 %, la source de ces pollutions se trouve à terre, souligne le rapport qui montre aussi la voie à suivre et fixe des priorités pour la recherche. « C’est le premier à examiner de manière très complète l’impact total de la pollution des océans », détaille le Dr Philip Landrigan, épidémiologiste américain rattaché à l’université Boston-College et coordinateur de ce rapport, signé par une quarantaine de scientifiques de 40 pays différents.
Insidieuse, la pollution des océans contribue à des cas d’infections, d’intoxications alimentaires, comme la ciguatera, une préoccupation récurrente aux Antilles et aux Caraïbes, ou même de choléra, comme au large du Yémen en guerre.
« La bactérie du choléra est normalement présente en très petite quantité dans l’océan, mais sous l’effet combiné du réchauffement de la mer et du rejet de déchets, elle se multiplie et touche de nouvelles zones », décrit le Dr Landrigan.
« Quand l’océan est pollué, il nourrit des algues dont certaines produisent des toxines très puissantes qui vont dans les huîtres, les moules ou les poissons. Les huîtres peuvent sembler parfaites, avoir très bon goût, mais quand on les mange, en quelques minutes, les gens font un malaise ou décèdent parfois », ajoute-t-il.
« Reconnaître la gravité de la pollution des océans »
Une « Déclaration de Monaco » invitant les dirigeants mondiaux et les citoyens du monde entier à « reconnaître la gravité de la pollution des océans et ses dangers croissants » a été approuvée par les scientifiques, médecins et autres intervenants à un symposium, organisé en Principauté, avec le partenariat de l’organisation mondiale de la santé (OMS).
« Comme toutes les formes de pollution, la pollution des océans peut être évitée et contrôlée », souligne cette déclaration qui met en exergue les succès déjà obtenus notamment dans des ports ou des estuaires pollués.
La déclaration invite à persévérer : « Les interventions contre la pollution des océans sont très rentables. Elles ont permis de stimuler les économies, d’augmentation le tourisme et la restauration de la pêche. Ces avantages perdureront durant des siècles. »