« Nous sommes actuellement très loin d'atteindre les objectifs de 1,5°C ou 2°C prévus par l'accord de Paris », alerte le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres dans l'avant-propos de l'édition 2019 de l'état mondial du climat, publié par l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ce mardi. « Le temps presse pour que nous puissions éviter les pires impacts du dérèglement climatique et protéger nos sociétés des impacts inévitables à venir. »
Le rapport s'ouvre sur des chiffres pour le moins alarmants : la température moyenne mondiale en 2019 a été supérieure de 1,1°C aux niveaux préindustriels, ce qui fait de l'année 2019 la deuxième année la plus chaude de l'ère industrielle. Seule l'année 2016, marquée par un très fort épisode El Niño, a jusqu'à présent été plus chaude. Un phénomène qui ne fait que s'intensifier : depuis les années 1980, chaque décennie a été plus chaude que toutes les décennies précédentes depuis 1850, la décennie 2010-2019 étant la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des mesures météorologiques.
Les autres indicateurs clés du changement climatique sont tout aussi préoccupants. Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint « de nouveaux records ». En 2018, la concentration moyenne de CO2 dans l'atmosphère a ainsi atteint 407 parties par million (ppm), soit une hausse de 2,2 ppm par rapport à 2017.
Océan et cryosphère menacés par le réchauffement climatique
L'océan, qui absorbe 90% de la chaleur accumulée, continue également de se réchauffer, perturbant les courants et menaçant les écosystèmes marins. 84% de la surface de l'océan a été frappé par au moins une vague de chaleur en 2019. Le niveau moyen de la mer a également atteint son point le plus haut en 2019, souligne l'OMM, une hausse accélérée par la fonte des glaces et la dilatation thermique de l'océan. La montée des eaux est particulièrement prononcée à l'est de Madagascar, de la Nouvelle-Zélande et de l'Amérique du Sud.
La cryosphère n'est pas épargnée par le dérèglement climatique. Le déclin de la banquise arctique s'est poursuivi en 2019 : l'étendue de glace moyenne enregistrée en septembre dans cette région a été la troisième plus faible depuis le début des mesures. L'OMM estime que la calotte glaciaire groenlandaise a quant à elle perdu 329 gigatonnes (Gt) de glace en 2019, soit 69 Gt de plus que les pertes annuelles moyennes observées entre 2002 et 2016.
Des phénomènes climatiques particulièrement extrêmes en 2019
L'année 2019 a été marquée par des phénomènes climatiques extrêmes. L'Australie a vécu la sécheresse la plus sévère de son histoire depuis le début des mesures météorologiques. L'Europe a également été traversée par deux épisodes caniculaires, avec des records de température atteints en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg. Les précipitations ont également été anormalement basses dans le sud de l'Afrique, en Amérique centrale et en Amérique latine.
Globalement, l'activité cyclonique a été supérieure à la moyenne en 2019, avec 72 cyclones tropicaux dans l'hémisphère Nord, et 27 dans l'hémisphère Sud. Des inondations particulièrement violentes ont également été observées en Inde, au Népal, en Bangladesh, au Myanmar, aux États-Unis, au Nord de l'Argentine, en Uruguay, au Sud du Brésil, en Iran et dans certaines parties de l'Afrique de l'Est. Rien qu'aux États-Unis, les inondations ont coûté plus de 20 milliards de dollars.
De nombreuses menaces pour les populations humaines
Ces phénomènes extrêmes ont eu des conséquences prononcées sur la sécurité alimentaire. « La
variabilité du climat et les évènements climatiques extrêmes font
partie des facteurs clés de l'augmentation récente de la faim dans le
monde », notent les experts. L'augmentation en nombre et en
intensité de ces phénomènes a également généré de nombreux déplacements
de population, notamment au sud-est de l'Afrique, en Asie du sud, aux
Caraïbes, en Iran et aux Philippines.