jeudi 24 octobre 2019

Pollution de l’air : la France condamnée par la justice européenne

Après des années d’avertissements sans frais, la France vient d’être condamnée par la cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour son incapacité à protéger ses citoyens contre la pollution de l’air. Dans un arrêt rendu jeudi 24 octobre, la CJUE « condamne la France pour manquement aux obligations issues de la directive qualité de l’air ». Concrètement, la justice européenne estime que « la France a dépassé de manière systématique et persistante la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote depuis le 1er janvier 2010 ». Le dioxyde d’azote (NO2), est un gaz très toxique émis principalement par le trafic automobile et en particulier par les véhicules diesels. Douze agglomérations françaises dont Paris, Marseille, Lyon ou Starsbourg sont concernées par ces dépassements.
La Commission européenne avait saisi la CJUE mai 2018 après dix ans d’avertissements et de mises en garde. D’autres Etats comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Italie avaient également été renvoyés devant la justice.

La France dans le viseur depuis dix ans

Après des années d’avertissements et d’ultimatums sans lendemain, Bruxelles avait décidé de taper du poing sur la table en saisissant la CJUE. La France est dans son viseur depuis près de dix ans pour non-respect de la directive européenne de 2008 sur la qualité de l’air. La première mise en demeure remonte à 2009. D’autres ont suivi en 2010, 2011, 2013, 2015 et 2017.
A chaque fois, le législateur européen martelait les mêmes griefs : « La France n’a pas pris les mesures qui auraient dû être mises en place depuis 2005 [pour les PM10, et 2010 pour les NO2] pour protéger la santé des citoyens, et il lui est demandé d’engager des actions rapides et efficaces pour mettre un terme aussi vite que possible à cette situation de non-conformité. » Et à chaque fois, il brandissait la même menace : « Si la France n’agit pas dans les deux mois, la Commission peut décider de porter l’affaire devant la Cour de justice de l’UE. »

Enjoint également par le Conseil d’Etat de transmettre un tel plan à la Commission avant le 31 mars 2018, le ministre de l’écologie de l’époque, Nicolas Hulot, avait présenté en avril de la même année les « feuilles de route » des quatorze zones concernées par des dépassements des normes : Ile-de-France, Marseille, Nice, Toulon, Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, Valence, vallée de l’Arve, Strasbourg, Reims, Montpellier, Toulouse et la Martinique. Sans mesures radicales, et se contentant souvent d’empiler des dispositifs déjà existants, ces feuilles de route avaient été jugées insuffisantes par la Commission européenne.
Elles l’ont été également par la CUJE : « la France n’a pas mis à exécution des mesures appropriées et efficaces pour que la période de dépassement des valeurs limites pour le dioxyde d’azote soit la plus courte possible, au sens de la directive ». 

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