Il n’y aura pas de répit pour les
abeilles. L’Union européenne a décidé de passer outre l’avis de ses
propres experts, et de la communauté scientifique au sens large, dans la
protection de ces insectes. Après six années d’atermoiements, l’un de
ses comités techniques a adopté au cœur de l’été, le 17 juillet, un
texte réglementaire parmi les plus lourds de conséquences pour l’avenir
de la biodiversité sur le Vieux Continent.
Le
texte en question – une mise à jour des principes d’évaluation des
effets des pesticides sur les abeilles – fait l’impasse sur l’essentiel
des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA), l’agence d’expertise officielle de l’Union. L’écrasante majorité
des mesures proposées par l’agence sont renvoyées à un examen
ultérieur, au mieux, après l’été 2021. Et ce, alors que l’EFSA fait
savoir depuis le printemps 2012 que les tests réglementaires actuels ne
protègent pas les abeilles et les pollinisateurs sauvages (bourdons,
abeilles solitaires, papillons, etc.). Interdits depuis fin 2018 en
Europe, les trois principaux insecticides néonicotinoïdes
(imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame) pourraient ainsi être
remplacés par des produits aussi problématiques.
Nouvelles générations de pesticides systémiques
Ce
nouveau report d’au moins deux ans dans l’adoption de nouveaux « tests
abeilles » intervient alors que les études soulignant l’effondrement des
populations d’insectes pollinisateurs succèdent aux alertes du monde
apicole. La plus marquante de ces études, publiée en octobre 2017 dans la revue PLoS One,
suggère que la biomasse d’insectes volants a chuté de plus de 75 %
entre 1989 et 2016 dans une soixantaine de zones protégées d’Allemagne.
Avec un pic à plus de 80 % de déclin lorsque la mesure est faite au cœur
de l’été.