"Un bon nombre des modèles climatiques actuels, utilisés pour la simulation des changements au cours du XXIe siècle, risquent de sous-estimer les changements à long terme", expliquent les auteurs d'une étude scientifique publiée dans Nature Géoscience, lundi 25 juin. Près de 60 chercheurs de 17 pays, dont certains Français,
ont étudié les variations climatiques au cours des 3,5 derniers
millions d'années pour comprendre les implications d'un réchauffement
climatique de 2°C et tester notre capacité à simuler le fonctionnement
du climat.
Les chercheurs ont identifié plusieurs périodes présentant des
températures moyennes supérieur de 0,5 à 2°C par rapport à celles de
l'époque pré-industrielle. L'étude de ces périodes confirme qu'un
réchauffement climatique de 2°C engendrera des déplacements rapides des
zones climatiques et des écosystèmes associés vers les pôles ou vers des
zones de plus haute altitude.
De même, comme le suggèrent certains modèles climatiques, le dégel du
permafrost accentuera le réchauffement climatique en relâchant du gaz
carbonique et du méthane additionnels. L'étude juge que "le risque d'un emballement catastrophique lié à de fortes émissions induites de gaz à effet de serre est relativement faible". Pour autant, "les
comparaisons entre données du passé et simulations numériques suggèrent
que les modèles de climat sous-estiment le réchauffement à long terme
et son amplification par les régions polaires". Cette sous-estimation serait de l'ordre d'un facteur deux.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
mercredi 27 juin 2018
vendredi 22 juin 2018
Le miel, un aliment miracle ?
La fabrication du miel par les
abeilles est un des grands miracles de la nature : pour produire 500
grammes de miel, les abeilles doivent butiner 8 millions de fleurs. Ces
dernières années, la consommation de miel a explosé et le miel est même
devenu un argument marketing à la mode. Mais mérite-t-il vraiment sa
réputation ? Quels sont ses bienfaits et comment être sûr de choisir un
miel de qualité ? Avec l’aide du nutritionniste Anthony Berthou de La santé par la nutrition, on vous livre tout sur le précieux liquide doré.
Les remèdes de grand-mère conseillent d’ajouter du miel à son infusion pour guérir à peu près tous les maux … et nos mamies ont loin d’avoir tort ! Le miel est un puissant antiseptique qui va ralentir la prolifération des bactéries. Une cuillère de miel quotidienne en période de maladie peut aider à se débarrasser d’un vilain rhume. Il va aussi apaiser les irritations et toux en déposant une paroi protectrice dans la gorge. Mention spéciale pour le miel de manuka, dont les vertus uniques permettent de l’élever au rang de “super aliment”, qu’on utilise même en médecine pour ses vertus cicatrisantes.
Le miel est également moins calorique que le sucre de table et il possède un pouvoir sucrant 30% à 40% supérieur au sucre de table : on peut ainsi se permettre d’en mettre moins. Enfin, le miel est aussi connu pour sa teneurs en antioxydants, des molécules qui aident à prévenir le cancer et les maladies dégénératives. Plus le miel est foncé (comme le miel de sarrasin ou le miel de châtaignier), plus il est riche en antioxydants ! Cependant, le pouvoir antioxydant de la plupart des miels reste relativement faible par rapport à celui des fruits et légumes.
Selon son origine, le miel est composé d’environ 55% de fructose, un sucre naturel qui est aussi celui que l’on trouve dans les fruits. Si le fructose peut sembler un bon argument en faveur du miel, il faut en réalité savoir que seul notre foie est capable de métaboliser le fructose (voir notre article sur le sucre), à l’inverse d’autres sucres comme le glucose qui peuvent être utilisés par le foie mais aussi par les muscles et le cerveau. Or, notre alimentation quotidienne contient déjà trop de fructose par rapport à la capacité de notre foie à le traiter. En effet, le fructose est ajouté dans de nombreux produits industriels (céréales, pizzas, gâteaux, sauces…). Lorsque le fructose est en excès dans notre organisme, il va alors être directement stocké dans le foie sous forme de graisses. Ce syndrome du “foie gras” augmente ainsi les risques de diabète et favorise la résistance à l’insuline.
Le miel ne résout pas non plus le problème de l’addiction au sucre. Tout comme le sucre de table, il active dans notre cerveau le circuit de récompense, qui va nous pousser à consommer à nouveau des produits sucrés.
Finalement, le miel vaut toujours mieux que le sucre, nutritionnellement comme gustativement … mais tout est dans la juste mesure ! On peut tout à fait intégrer le miel dans le cadre d’une alimentation équilibrée, mais on le fait avec modération et en surveillant ses apports globaux en sucres (et notamment en sucres cachés, que l’on trouve dans les produits transformés).
Mais comment éviter ces miels frelatés ? Tout d’abord, il faut délaisser les produits comportant la mention “Mélange de miels UE et hors UE” dont la traçabilité est faible : ils ne garantissent pas que le miel respecte les critères européens qui imposent que l’appellation “Miel” ne s’applique que pour du miel pur. Le prix est également un bon indice pour détecter les miels frelatés : un miel trop bon marché (à moins de 10€ le kilo), devrait vous mettre la puce à l’oreille. Grâce à la loi sur l’alimentation Egalim, le (ou les) pays d’origine du miel seront obligatoirement mentionnés sur l’étiquette à partir de septembre 2019 : il sera alors plus facile de détecter les miels originaires de pays exportateurs de miels frelatés.
L’idéal est de consommer du miel produit en France. La législation française est plus stricte que les réglementations européennes, et garantit un produit très contrôlé. Encore mieux, grâce à la mention “récolté et mis en pot par l’apiculteur”, vous pouvez être certain que votre miel n’a subi aucune transformation.
Par ailleurs, il est essentiel de choisir un miel bio, pour votre santé comme pour la survie des abeilles ! En effet, les fleurs butinées pour produire le miel sont susceptibles d’être contaminées par les pesticides chimiques utilisés en agriculture. Ces pesticides vont à leur tour contaminer le miel et mettre en danger les abeilles. À l’achat, on privilégie un miel qui dispose du label bio français (Agriculture Biologique) et/ou européen (Eurofeuille), qui garantissent une production de miel sans traitement chimique et respectueuse de la faune et de la flore. Les labels Nature & Progrès et Demeter sont encore plus exigeants, notamment sur la qualité des lieux de butinage des abeilles (zones sauvages et biologiques).
Par ailleurs, si on a la chance pouvoir profiter des vertus du miel, il est aussi bon de rappeler que le miel est la nourriture des abeilles, et qu’elles le produisent en vue de faire leurs provisions pour l’hiver ! En ne laissant aucun miel aux abeilles pendant la saison hivernale, certains apiculteurs déciment la colonie. Or, les abeilles sont indispensables à la survie de la majorité des fleurs et espèces végétales, et donc de la production de céréales, fruits, légumes, noix, épices, cacao, café, etc. Ainsi, c’est 35% de la production alimentaire mondiale que l’on doit aux abeilles et qui risque de disparaître avec elles.
Le miel est un produit extrêmement précieux qu’il est donc important d’acheter en connaissance de cause. Pour cela, on favorise une apiculture respectueuse des abeilles, de leur écosystème et de l’environnement. Il est même aujourd’hui possible de parrainer un ruche en France pour favoriser la prolifération locale des abeilles, par exemple grâce au mouvement Un Toit pour les abeilles, ou encore à L’Association Mécènes et Parrains d’Abeilles (AMPA) .
Le miel, une bonne alternative au sucre de table
Contrairement au sucre de table, le miel est un produit pur qui ne subit pas de transformation. Pour produire le miel, les abeilles butinent le nectar des fleurs puis se le transmettent d’abeille en abeille à l’intérieur de la ruche. Le nectar est alors peu à peu “digéré” et enrichi par les enzymes que chacune d’entre elles sécrète. Grâce à ce processus, le miel est riche en minéraux (magnésium, calcium, potassium, fer) et en vitamines (B et C), même si les quantités restent faibles. À l’inverse, le sucre de table subit un processus de raffinage qui détruit tous ses nutriments.Les remèdes de grand-mère conseillent d’ajouter du miel à son infusion pour guérir à peu près tous les maux … et nos mamies ont loin d’avoir tort ! Le miel est un puissant antiseptique qui va ralentir la prolifération des bactéries. Une cuillère de miel quotidienne en période de maladie peut aider à se débarrasser d’un vilain rhume. Il va aussi apaiser les irritations et toux en déposant une paroi protectrice dans la gorge. Mention spéciale pour le miel de manuka, dont les vertus uniques permettent de l’élever au rang de “super aliment”, qu’on utilise même en médecine pour ses vertus cicatrisantes.
Le miel est également moins calorique que le sucre de table et il possède un pouvoir sucrant 30% à 40% supérieur au sucre de table : on peut ainsi se permettre d’en mettre moins. Enfin, le miel est aussi connu pour sa teneurs en antioxydants, des molécules qui aident à prévenir le cancer et les maladies dégénératives. Plus le miel est foncé (comme le miel de sarrasin ou le miel de châtaignier), plus il est riche en antioxydants ! Cependant, le pouvoir antioxydant de la plupart des miels reste relativement faible par rapport à celui des fruits et légumes.
Le miel, c’est 80% de sucre
Si l’on confère toutes ces vertus au miel, il ne faut pas oublier que dans 100 grammes de miel, il y a au moins 80 grammes de sucre ! Tous les miels ne se valent pas, car leur composition dépend de l’origine du miel et des fleurs butinées par les abeilles. Mais, en moyenne, une cuillère à café de miel (8g de sucre) représente 30% de la consommation journalière maximale recommandée par l’OMS.Selon son origine, le miel est composé d’environ 55% de fructose, un sucre naturel qui est aussi celui que l’on trouve dans les fruits. Si le fructose peut sembler un bon argument en faveur du miel, il faut en réalité savoir que seul notre foie est capable de métaboliser le fructose (voir notre article sur le sucre), à l’inverse d’autres sucres comme le glucose qui peuvent être utilisés par le foie mais aussi par les muscles et le cerveau. Or, notre alimentation quotidienne contient déjà trop de fructose par rapport à la capacité de notre foie à le traiter. En effet, le fructose est ajouté dans de nombreux produits industriels (céréales, pizzas, gâteaux, sauces…). Lorsque le fructose est en excès dans notre organisme, il va alors être directement stocké dans le foie sous forme de graisses. Ce syndrome du “foie gras” augmente ainsi les risques de diabète et favorise la résistance à l’insuline.
Le miel ne résout pas non plus le problème de l’addiction au sucre. Tout comme le sucre de table, il active dans notre cerveau le circuit de récompense, qui va nous pousser à consommer à nouveau des produits sucrés.
Finalement, le miel vaut toujours mieux que le sucre, nutritionnellement comme gustativement … mais tout est dans la juste mesure ! On peut tout à fait intégrer le miel dans le cadre d’une alimentation équilibrée, mais on le fait avec modération et en surveillant ses apports globaux en sucres (et notamment en sucres cachés, que l’on trouve dans les produits transformés).
Comment bien choisir son miel ?
Les aliments naturels étant en vogue ces dernières années, le miel connaît un succès sans précédent : rien qu’en 5 ans, la demande mondiale a augmenté de 60% ! Malheureusement, cette demande colossale a eu pour conséquence d’ouvrir le marché à l’importation massive de miels trafiqués, qu’on appelle les miels frelatés. Le plus souvent, ces miels ont été dilués avec des sirops de sucre, du glucose commercial ou de l’eau. Selon des tests réalisés en 2015, près d’un tiers des miels vendus en Europe seraient frelatés, donc frauduleux ! Les pays asiatiques, l’Espagne et l’Ukraine sont malheureusement connus pour l’exportation de miels non réglementaires à bas prix.Mais comment éviter ces miels frelatés ? Tout d’abord, il faut délaisser les produits comportant la mention “Mélange de miels UE et hors UE” dont la traçabilité est faible : ils ne garantissent pas que le miel respecte les critères européens qui imposent que l’appellation “Miel” ne s’applique que pour du miel pur. Le prix est également un bon indice pour détecter les miels frelatés : un miel trop bon marché (à moins de 10€ le kilo), devrait vous mettre la puce à l’oreille. Grâce à la loi sur l’alimentation Egalim, le (ou les) pays d’origine du miel seront obligatoirement mentionnés sur l’étiquette à partir de septembre 2019 : il sera alors plus facile de détecter les miels originaires de pays exportateurs de miels frelatés.
L’idéal est de consommer du miel produit en France. La législation française est plus stricte que les réglementations européennes, et garantit un produit très contrôlé. Encore mieux, grâce à la mention “récolté et mis en pot par l’apiculteur”, vous pouvez être certain que votre miel n’a subi aucune transformation.
Par ailleurs, il est essentiel de choisir un miel bio, pour votre santé comme pour la survie des abeilles ! En effet, les fleurs butinées pour produire le miel sont susceptibles d’être contaminées par les pesticides chimiques utilisés en agriculture. Ces pesticides vont à leur tour contaminer le miel et mettre en danger les abeilles. À l’achat, on privilégie un miel qui dispose du label bio français (Agriculture Biologique) et/ou européen (Eurofeuille), qui garantissent une production de miel sans traitement chimique et respectueuse de la faune et de la flore. Les labels Nature & Progrès et Demeter sont encore plus exigeants, notamment sur la qualité des lieux de butinage des abeilles (zones sauvages et biologiques).
Acheter respectueusement, c’est sauver les abeilles !
S’il existe autant de fraudes sur le marché, c’est malheureusement parce que l’offre de miel n’arrive plus à suivre la demande. La surexploitation des ruches, les maladies parasitaires, la destruction de la biodiversité ainsi que l’usage intensif d’insecticides sur les cultures sont les facteurs d’un déclin dramatique des abeilles. La France et la Belgique sont les deux pays européens où les abeilles meurent le plus, avec 30% de disparition des colonies chaque année. La production de miel est donc impactée : entre 1990 et aujourd’hui, la quantité de miel produit en France a diminué de 50%.Par ailleurs, si on a la chance pouvoir profiter des vertus du miel, il est aussi bon de rappeler que le miel est la nourriture des abeilles, et qu’elles le produisent en vue de faire leurs provisions pour l’hiver ! En ne laissant aucun miel aux abeilles pendant la saison hivernale, certains apiculteurs déciment la colonie. Or, les abeilles sont indispensables à la survie de la majorité des fleurs et espèces végétales, et donc de la production de céréales, fruits, légumes, noix, épices, cacao, café, etc. Ainsi, c’est 35% de la production alimentaire mondiale que l’on doit aux abeilles et qui risque de disparaître avec elles.
Le miel est un produit extrêmement précieux qu’il est donc important d’acheter en connaissance de cause. Pour cela, on favorise une apiculture respectueuse des abeilles, de leur écosystème et de l’environnement. Il est même aujourd’hui possible de parrainer un ruche en France pour favoriser la prolifération locale des abeilles, par exemple grâce au mouvement Un Toit pour les abeilles, ou encore à L’Association Mécènes et Parrains d’Abeilles (AMPA) .
mardi 19 juin 2018
Oiseaux, chauves-souris et saumons en très fort déclin en France
Selon le bilan 2018 de l’Office national des forêts, 180 000 espèces
sont en danger, notamment en raison de l’usage de pesticides et de
l’artificialisation des sols.
Selon Julien Massetti, chef de projet à l’AFB, ce déclin touche aussi les oiseaux des villes, comme les moineaux parisiens, et même depuis 2005 les oiseaux « généralistes » (qui vivent dans tous types de milieux) qui, avant, contrebalançaient la disparition des autres. Le « phénomène [est] en train de changer d’ampleur », dit-il.
L’Office fait état de plusieurs menaces pesant sur les 180 000 espèces présentes sur le territoire français et rappelle que « métropole et outre-mer confondus, près d’une espèce vivante sur trois est en danger de disparition ».
Principale cause désignée de cette hécatombe : la consommation de pesticides en agriculture, qui a augmenté de 18 % entre la période 2009-2011 et la période 2013-2015, selon le bilan de l’ONB.
L’artificialisation des sols est également mise en cause : « Entre 2006 et 2015, la France métropolitaine a perdu 590 000 hectares de terre agricole et d’espaces naturels », dénonce l’ONB, soit « l’équivalent d’un département comme celui de Seine-et-Marne ».
L’AFB s’inquiète aussi du sort de poissons qui vivent entre mer et eau douce, comme l’anguille et le saumon atlantique. Pour ce dernier, qui se reproduit dans une cinquantaine de fleuves et rivières français, (Rhin, Loire, Garonne, Dordogne…), le linéaire de cours d’eau qu’ils fréquentent a baissé de 70 % depuis 1900, selon l’AFB.
Dans la Loire, le nombre de saumons par an est passé de 100 000 au XIXe siècle à moins de 1 000 aujourd’hui, « en dessous du seuil minimum pour assurer le maintien des stocks ».
Trois mois après la publication d’une étude choc par le CNRS et le Muséum d’histoire naturelle, le bilan 2018 de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB), publié lundi 18 juin, le confirme : les populations d’oiseaux connaissent un déclin vertigineux.
Ce projet participatif, piloté par l’Agence française pour la biodiversité (AFB), qui agrège les données sur le vivant récoltées par des dizaines d’organismes en métropole et outre-mer, montre notamment une baisse des espèces d’oiseaux agricoles de 30 % entre 1989 et 2017.Selon Julien Massetti, chef de projet à l’AFB, ce déclin touche aussi les oiseaux des villes, comme les moineaux parisiens, et même depuis 2005 les oiseaux « généralistes » (qui vivent dans tous types de milieux) qui, avant, contrebalançaient la disparition des autres. Le « phénomène [est] en train de changer d’ampleur », dit-il.
40 % de chauves-souris en moins
Les oiseaux ne sont pas les seuls menacés. Le rapport de l’ONB met aussi en évidence une diminution considérable des effectifs de chauves-souris, mammifères insectivores : près de 40 % en dix ans. Une tendance « à mettre en perspective avec la diminution de 76 % de la biomasse en insectes volants, constatée par une équipe de recherche entre 1989 et 2016, dans les aires protégées en Allemagne ».L’Office fait état de plusieurs menaces pesant sur les 180 000 espèces présentes sur le territoire français et rappelle que « métropole et outre-mer confondus, près d’une espèce vivante sur trois est en danger de disparition ».
Principale cause désignée de cette hécatombe : la consommation de pesticides en agriculture, qui a augmenté de 18 % entre la période 2009-2011 et la période 2013-2015, selon le bilan de l’ONB.
L’artificialisation des sols est également mise en cause : « Entre 2006 et 2015, la France métropolitaine a perdu 590 000 hectares de terre agricole et d’espaces naturels », dénonce l’ONB, soit « l’équivalent d’un département comme celui de Seine-et-Marne ».
L’AFB s’inquiète aussi du sort de poissons qui vivent entre mer et eau douce, comme l’anguille et le saumon atlantique. Pour ce dernier, qui se reproduit dans une cinquantaine de fleuves et rivières français, (Rhin, Loire, Garonne, Dordogne…), le linéaire de cours d’eau qu’ils fréquentent a baissé de 70 % depuis 1900, selon l’AFB.
Dans la Loire, le nombre de saumons par an est passé de 100 000 au XIXe siècle à moins de 1 000 aujourd’hui, « en dessous du seuil minimum pour assurer le maintien des stocks ».
vendredi 8 juin 2018
Pourquoi les agriculteurs ont tant de mal à lâcher les phyto
Passer d'un produit miracle, comme l'herbicide total glyphosate, à un
mix de solutions demande aux agriculteurs de revoir totalement leurs
pratiques. Sans une mobilisation de tous et une volonté politique forte,
la réduction des phyto ne se fera pas.
Glyphosate, néonicotinoïdes… Les polémiques ne cessent d'alimenter les débats sur les produits phytosanitaires. Une table ronde, réunissant l'Anses, l'Inra, les ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique, et les Chambres d'agriculture, était organisée mercredi 6 juin au Sénat sur cette question. Premier constat : la réduction des phyto ne fait plus débat. "Notre modèle agricole est extrêmement dépendant aux produits phytosanitaires. Cette dépendance est liée à un contexte économique, à une volonté de production, de recherche de compétitivité… Mais le système atteint ses limites. Les inquiétudes sont fortes sur les atteintes à la biodiversité, et de plus en plus de signaux alertent sur les effets sanitaires, les effets cocktails…", résume Patrick Dehaumont, directeur général de l'alimentation au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
La cancérogénéité du glyphosate n'est pas la question
En moyenne, 60.000 tonnes de produits phytosanitaires sont utilisées en France, avec une concentration croissante sur certains produits, alerte l'Anses : "Il y a une augmentation de l'usage des phytosanitaires et une diminution du nombre de substances disponibles", précise son directeur général, Roger Genet. Ainsi, la France est passée de 425 substances actives autorisées en 2008 à 352, dont 75 en biocontrôle. Les autorisations de mise sur le marché (AMM), qui portent sur un couple substance/usage, ont fortement chuté également : de 3.036 en 2008 à 1.230 en 2017, dont 20% représentent des solutions en biocontrôle.
"En termes d'alternatives chimiques, on est face à beaucoup moins d'offre dans la pharmacopée. On utilise davantage un certain nombre de produits, qui ne sont pas forcément les moins dangereux", souligne Roger Genet. Et c'est bien le constat que fait l'Anses dans le rapport sur les alternatives aux néonicotinoïdes, publié la semaine dernière. Celles-ci existent pour la plupart des usages, mais elles se concentrent sur un nombre restreint de molécules, ce qui suppose des "risques de résistance accrue aux substances chimiques", indique Françoise Weber, directrice générale adjointe de l'Anses.
D'ailleurs, si elle assume sa "différence d'appréciation" avec le Centre international de la recherche sur le cancer (Circ) sur la cancérogénicité du glyphosate, l'Anses n'écarte pas d'autres risques. Elle planche actuellement sur la toxicité de la substance, et devrait présenter ses conclusions à l'automne. "Le glyphosate représente 9.000 tonnes sur les 60.000 tonnes de phyto utilisées en France. Des concentrations très importantes sont déversées dans les milieux. Nous ne pouvons pas garantir l'innocuité sur le long terme", explique Roger Genet. Autrement dit, qu'il soit cancérogène ou pas, la question n'est pas là. Il faut réduire la dépendance de l'agriculture à cet herbicide total, et aux autres molécules. "Il faut baisser le facteur d'exposition global. Le premier principe doit être de diminuer le risque à la source. Il faut garder une palette de substances actives correctives dont nous pourrions avoir besoin, y compris en termes de santé publique (par exemple, les insecticides pour lutter contre le chikungunya)", estime le directeur de l'agence.
Des innovations de rupture sont nécessaires
Mais là réside toute la difficulté. Comment passer d'un produit unique, qui s'applique sur de nombreuses cultures et a des résultats miraculeux, à une combinaison de solutions aux résultats moins probants ? "Le glyphosate est un herbicide total très efficace. On ne va pas trouver une solution qui s'appliquera à toute l'agriculture française. Les approches seront différentes selon les territoires, les cultures, les systèmes, analyse Philippe Mauguin, PDG de l'Inra. La question est : combien ça coûte et comment on fait".
L'Inra a réuni la semaine dernière 180 chercheurs et agriculteurs sur ce sujet. Pour certaines cultures légumières ou pour la viticulture en terrasse, il n'y a pas d'alternative autre que le désherbage manuel. Pour les autres, des solutions existent : désherbage mécanique, couverts végétaux…
"Nous sommes dans un moment où il faut choisir. Les solutions existent, mais elles sont difficiles à mettre en œuvre. Nous venons d'un monde simple, avec les produits chimiques, et nous devons aller vers une manière de produire plus compliquée", souligne Karine Brulé, sous-directrice de la protection de la gestion de l'eau au ministère de la Transition écologique. Car de simples innovations technologiques ne suffiront pas.
"Une publication de l'Inra de 2017 montre que, sur un petit millier de fermes françaises, des agriculteurs ont pu réduire de 30% l'usage des phyto sans perte de productivité. Cela ne veut pas dire que c'est facile, mais ça donne des perspectives optimistes", explique Philippe Mauguin. Mais l'expert prévient aussitôt : "En fonction du gradient de réduction des phyto, les difficultés sont croissantes. 30%, c'est possible. Mais si on veut aller plus loin, 50% et au delà, il faut une reconception des modèles agricoles. Il s'agit plus d'une innovation de rupture que d'une innovation incrémentale".
En effet, utiliser du matériel de précision (pulvérisation, robots, capteurs…), des bulletins de santé etc… permet de traiter au bon moment et de manière plus fine. Mais réduire de 50% ou plus l'usage des pesticides suppose de revoir les pratiques, en remettant l'agronomie au cœur des systèmes (rotation, couverture des sols…), mais aussi en développant le biocontrôle, la génétique…
Difficile, mais pas impossible
"La culture de riz est très gourmande en fongicides. Une expérimentation en Chine nous a permis d'atteindre zéro fongicide grâce à un mélange de variétés de riz", indique Philippe Mauguin. Sous des latitudes plus proches, l'Inra a obtenu des résultats encourageants sur la vigne, grâce à la génétique. "Nous avons mis au point des variétés de vignes résistantes à l'oïdium et au mildiou, par croisement et hybridation avec des vignes sauvages. La diffusion ne se fera pas du jour au lendemain mais, si on nous laisse le temps, d'ici une quinzaine d'années, 80% de réduction de pesticides seront accessibles dans la viticulture", estime l'expert de l'Inra.
Depuis 2009, les fermes Dephy expérimentent des solutions sur le terrain pour réduire l'usage des phyto et diffuser les bonnes pratiques. "Chaque région, chaque culture ont leurs problématiques, il faut trouver des solutions pour chacune", explique Didier Marteau, membre du bureau de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture et président de la Chambre d'agriculture de l'Aube. Et celles qui sont probantes sont rapidement adoptées sur le terrain. "Cette année, dans ma région, le colza a été semé en mélange avec la féverole. Cette légumineuse est répulsive et permet de lutter contre les attaques de charançon, tout en enrichissant les sols. Résultat : on a pu s'affranchir de pesticides à l'automne". Le plan Ecophyto prévoit de diffuser ces solutions auprès de 30.000 fermes. Pour l'heure, seulement 5.000 seraient mobilisées... "On est loin du compte !", prévient l'agriculteur.
Mais mobiliser les chercheurs et les agriculteurs ne suffira pas. Il faut revoir les cahiers des charges trop stricts incompatibles avec une réduction des phyto, voire redéfinir les critères de qualité. Agir au niveau européen pour ne pas mettre les agriculteurs français dans une position fragilisée en terme de compétitivité. Sensibiliser le consommateur aux coûts engendrés par la réduction des phyto... Autrement dit, embarquer toute la société…
Glyphosate, néonicotinoïdes… Les polémiques ne cessent d'alimenter les débats sur les produits phytosanitaires. Une table ronde, réunissant l'Anses, l'Inra, les ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique, et les Chambres d'agriculture, était organisée mercredi 6 juin au Sénat sur cette question. Premier constat : la réduction des phyto ne fait plus débat. "Notre modèle agricole est extrêmement dépendant aux produits phytosanitaires. Cette dépendance est liée à un contexte économique, à une volonté de production, de recherche de compétitivité… Mais le système atteint ses limites. Les inquiétudes sont fortes sur les atteintes à la biodiversité, et de plus en plus de signaux alertent sur les effets sanitaires, les effets cocktails…", résume Patrick Dehaumont, directeur général de l'alimentation au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
La cancérogénéité du glyphosate n'est pas la question
En moyenne, 60.000 tonnes de produits phytosanitaires sont utilisées en France, avec une concentration croissante sur certains produits, alerte l'Anses : "Il y a une augmentation de l'usage des phytosanitaires et une diminution du nombre de substances disponibles", précise son directeur général, Roger Genet. Ainsi, la France est passée de 425 substances actives autorisées en 2008 à 352, dont 75 en biocontrôle. Les autorisations de mise sur le marché (AMM), qui portent sur un couple substance/usage, ont fortement chuté également : de 3.036 en 2008 à 1.230 en 2017, dont 20% représentent des solutions en biocontrôle.
"En termes d'alternatives chimiques, on est face à beaucoup moins d'offre dans la pharmacopée. On utilise davantage un certain nombre de produits, qui ne sont pas forcément les moins dangereux", souligne Roger Genet. Et c'est bien le constat que fait l'Anses dans le rapport sur les alternatives aux néonicotinoïdes, publié la semaine dernière. Celles-ci existent pour la plupart des usages, mais elles se concentrent sur un nombre restreint de molécules, ce qui suppose des "risques de résistance accrue aux substances chimiques", indique Françoise Weber, directrice générale adjointe de l'Anses.
D'ailleurs, si elle assume sa "différence d'appréciation" avec le Centre international de la recherche sur le cancer (Circ) sur la cancérogénicité du glyphosate, l'Anses n'écarte pas d'autres risques. Elle planche actuellement sur la toxicité de la substance, et devrait présenter ses conclusions à l'automne. "Le glyphosate représente 9.000 tonnes sur les 60.000 tonnes de phyto utilisées en France. Des concentrations très importantes sont déversées dans les milieux. Nous ne pouvons pas garantir l'innocuité sur le long terme", explique Roger Genet. Autrement dit, qu'il soit cancérogène ou pas, la question n'est pas là. Il faut réduire la dépendance de l'agriculture à cet herbicide total, et aux autres molécules. "Il faut baisser le facteur d'exposition global. Le premier principe doit être de diminuer le risque à la source. Il faut garder une palette de substances actives correctives dont nous pourrions avoir besoin, y compris en termes de santé publique (par exemple, les insecticides pour lutter contre le chikungunya)", estime le directeur de l'agence.
Des innovations de rupture sont nécessaires
Mais là réside toute la difficulté. Comment passer d'un produit unique, qui s'applique sur de nombreuses cultures et a des résultats miraculeux, à une combinaison de solutions aux résultats moins probants ? "Le glyphosate est un herbicide total très efficace. On ne va pas trouver une solution qui s'appliquera à toute l'agriculture française. Les approches seront différentes selon les territoires, les cultures, les systèmes, analyse Philippe Mauguin, PDG de l'Inra. La question est : combien ça coûte et comment on fait".
L'Inra a réuni la semaine dernière 180 chercheurs et agriculteurs sur ce sujet. Pour certaines cultures légumières ou pour la viticulture en terrasse, il n'y a pas d'alternative autre que le désherbage manuel. Pour les autres, des solutions existent : désherbage mécanique, couverts végétaux…
"Nous sommes dans un moment où il faut choisir. Les solutions existent, mais elles sont difficiles à mettre en œuvre. Nous venons d'un monde simple, avec les produits chimiques, et nous devons aller vers une manière de produire plus compliquée", souligne Karine Brulé, sous-directrice de la protection de la gestion de l'eau au ministère de la Transition écologique. Car de simples innovations technologiques ne suffiront pas.
"Une publication de l'Inra de 2017 montre que, sur un petit millier de fermes françaises, des agriculteurs ont pu réduire de 30% l'usage des phyto sans perte de productivité. Cela ne veut pas dire que c'est facile, mais ça donne des perspectives optimistes", explique Philippe Mauguin. Mais l'expert prévient aussitôt : "En fonction du gradient de réduction des phyto, les difficultés sont croissantes. 30%, c'est possible. Mais si on veut aller plus loin, 50% et au delà, il faut une reconception des modèles agricoles. Il s'agit plus d'une innovation de rupture que d'une innovation incrémentale".
En effet, utiliser du matériel de précision (pulvérisation, robots, capteurs…), des bulletins de santé etc… permet de traiter au bon moment et de manière plus fine. Mais réduire de 50% ou plus l'usage des pesticides suppose de revoir les pratiques, en remettant l'agronomie au cœur des systèmes (rotation, couverture des sols…), mais aussi en développant le biocontrôle, la génétique…
Difficile, mais pas impossible
"La culture de riz est très gourmande en fongicides. Une expérimentation en Chine nous a permis d'atteindre zéro fongicide grâce à un mélange de variétés de riz", indique Philippe Mauguin. Sous des latitudes plus proches, l'Inra a obtenu des résultats encourageants sur la vigne, grâce à la génétique. "Nous avons mis au point des variétés de vignes résistantes à l'oïdium et au mildiou, par croisement et hybridation avec des vignes sauvages. La diffusion ne se fera pas du jour au lendemain mais, si on nous laisse le temps, d'ici une quinzaine d'années, 80% de réduction de pesticides seront accessibles dans la viticulture", estime l'expert de l'Inra.
Depuis 2009, les fermes Dephy expérimentent des solutions sur le terrain pour réduire l'usage des phyto et diffuser les bonnes pratiques. "Chaque région, chaque culture ont leurs problématiques, il faut trouver des solutions pour chacune", explique Didier Marteau, membre du bureau de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture et président de la Chambre d'agriculture de l'Aube. Et celles qui sont probantes sont rapidement adoptées sur le terrain. "Cette année, dans ma région, le colza a été semé en mélange avec la féverole. Cette légumineuse est répulsive et permet de lutter contre les attaques de charançon, tout en enrichissant les sols. Résultat : on a pu s'affranchir de pesticides à l'automne". Le plan Ecophyto prévoit de diffuser ces solutions auprès de 30.000 fermes. Pour l'heure, seulement 5.000 seraient mobilisées... "On est loin du compte !", prévient l'agriculteur.
Mais mobiliser les chercheurs et les agriculteurs ne suffira pas. Il faut revoir les cahiers des charges trop stricts incompatibles avec une réduction des phyto, voire redéfinir les critères de qualité. Agir au niveau européen pour ne pas mettre les agriculteurs français dans une position fragilisée en terme de compétitivité. Sensibiliser le consommateur aux coûts engendrés par la réduction des phyto... Autrement dit, embarquer toute la société…
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