samedi 29 octobre 2016

Migraine : des bactéries de la bouche en cause ?

La survenue de migraines, qui touchent 11 millions de personnes en France, est-elle liée aux bactéries présentes dans la bouche ? Cette théorie surprenante est avancée par des chercheurs américains.

Le taux de bactéries présentes dans la bouche a-t-il une influence sur la survenue de migraines ? C'est ce que suggèrent des chercheurs de la San Diego School of Medicine (États-Unis) dans la revue mSystems. "Par des techniques de séquençage à haut débit, nous avons détecté des taux de bactéries buccales plus élevés chez les personnes migraineuses comparées à celles ne souffrant pas de céphalées (NDLR : maux de tête)", résument-ils. Une piste surprenante pour cette affection qui se manifeste par des maux de tête durant de quelques heures à quelques jours, et dont l'origine est communément "liée à des facteurs génétiques complexes associés à d'autres, environnementaux", résume l'Inserm. Touchant 11 millions de personnes en France, la migraine résulterait d'une stimulation nerveuse qui entraîne une inflammation des neurones et une dilatation des vaisseaux cérébraux, notamment des artères des méninges (membranes protégeant le cerveau, tronc cérébral et moelle épinière).

Des bactéries indispensables qui dégradent les nitrates

L'équipe de recherche a effectué 343 prélèvements buccaux de personnes migraineuses et non migraineuses. Les volontaires ont aussi renseigné les scientifiques sur leur alimentation et la fréquence de leurs maux de tête. Verdict : le taux de bactéries Rothia mucilaginosa et Haemophilus parainfluenzae étaient plus élevé chez ceux présentant des céphalées, sans pour autant que la distribution des autres espèces bactériennes de la bouche soit différente. Or Rothia mucilaginosa et Haemophilus parainfluenzae ont la particularité de réduire les nitrates, présents dans notre alimentation (chocolat, vin, charcuterie, légumes verts...) mais aussi dans des médicaments. Cette réaction chimique permet de transformer les nitrates en nitrites et en oxydes nitriques, des éléments essentiels pour le bon fonctionnement du système cardio-vasculaire (les oxydes nitriques améliorent la circulation sanguine et réduisent la pression artérielle). Une transformation que le corps humain ne peut pas faire sans ces bactéries. Reste une question : ces bactéries seraient elles une cause ou une conséquence de la migraine ? Le Dr Embriette Hyde, chercheuse et coauteure de l'étude, penche pour la première solution. "Lors d'une prise alimentaire ou médicamenteuse d'un élément riche en nitrates, ces bactéries présentes dans la bouche dégradent massivement le nitrate, ce qui pourrait déclencher des crises migraineuses", explique-t-elle. Mais le lien entre nitrates et migraines n'est pas encore scientifiquement établi. Il a été suggéré par de précédents travaux, qui ont notamment mis en évidence que 4 patients cardiaques sur 5 prenant des médicaments contenants des nitrates souffrent régulièrement de maux de tête. Une piste à surveiller.

mercredi 12 octobre 2016

Générations futures alerte à nouveau sur la contamination de l'alimentation par les perturbateurs endocriniens

L'association Générations futures poursuit sa mission d'alerte en publiant une nouvelle étude sur la contamination de l'alimentation par les perturbateurs endocriniens (PE). Elle a, cette fois-ci, analysé un aliment constitutif du petit-déjeuner : le muesli. Dans ce nouveau rapport EXPPERT pour Exposition aux pesticides perturbateurs endocriniens, l'association publie les résultats d'analyses effectuées sur 15 paquets de muesli issus de l'agriculture classique et 5 issus de l'agriculture biologique.
"100% des échantillons non bio analysés contiennent des résidus de pesticides, aucun des échantillons bio analysés n'en contient !", conclut l'association. Plus précisément, dans les 15 échantillons non bio testés, 141 résidus ont été retrouvés au total dont 70 ont pu être quantifiés. Parmi ces 141 résidus, 81 sont des PE suspectés, soit 57,44% du total. L'association a également calculé que la concentration moyenne de résidus quantifiés par échantillon non bio analysé est de 177 mg/kg.
Si ces concentrations ne sont pas illégales et ne semblent pas dépasser la dose journalière admissible pour une consommation de 50 à 100 grammes de produit, l'association compare les doses aux normes admises pour l'eau potable. La concentration retrouvée dans les mueslis est ainsi 354 fois plus élevée que la concentration maximale admissible (CMA) tolérée dans l'eau de boisson pour l'ensemble des pesticides. L'association utilise surtout les résultats de son enquête pour sensibiliser l'opinion sur la présence des PE dans l'alimentation. Elle enjoint à cette occasion la Commission européenne de modifier les critères définissant ces substances qu'elle a présentés en juin dernier. "Cette définition est très loin d'être à la hauteur des enjeux sanitaires en matière de protection des populations. L'omniprésence des cocktails de perturbateurs endocriniens dans notre environnement est confirmée par ce rapport. Cela doit impérativement être pris en compte par la Commission européenne qui doit revoir ses critères pour les rendre réellement protecteurs", conclut François Veillerette, porte-parole de Générations futures.

mercredi 5 octobre 2016

Les abeilles menacées par la production d’amandes en Californie

Depuis 2007, la production d’amandes, qui a explosé en Californie, requiert un nombre toujours plus important de pollinisateurs. Un rythme que les abeilles états-uniennes ne peuvent tenir.

BOUM. Pour le meeting annuel de la Société américaine de géologie le 27 septembre 2016, Kelly Watson, professeur assistant de géosciences à l’Eastern Kentucky University et son étudiante Larissa Watkins, ont présenté les résultats de leur étude d’imagerie aérienne réalisée grâce au Programme National d’Imagerie de l’Agriculture (NAIP), en Californie. Entre 2007 et 2015, elles ont observé la superficie des terrains cultivés et se sont particulièrement penchées sur la culture d’amandes. La production de ce produit a connu un véritable boum depuis 2007 à cause d’une forte demande et d’une montée du prix des amandes. Or cette effervescence a des conséquences sur les abeilles pollinisatrices puisqu’elles sont importées chaque année dans la Central Valley pour féconder les fleurs d’amandiers.

Un marché florissant aux conséquences redoutables

Selon les auteurs, la consommation mondiale d’amandes a haussé de 200% depuis 2005 et les prix ont augmenté d’1 dollar par livre (soit 0,45 kg) pour atteindre un pic de 5 dollars la livre en 2014. Or la Californie répond à 80% de la demande mondiale d’amandes. Le boum de la production d’amandes est particulièrement visible sur les imageries aérienne : l’étude révèle qu’entre 2007 et 2014, la superficie des terrains d’amandiers a augmenté de 14%, or ces cultures ont pris la place de champs de maïs, de coton ou de tomates. Ces derniers utilisaient moins d’eau que les amandiers, ce qui a provoqué une augmentation annuelle de l’irrigation globale de 27% entre 2007 et 2014, malgré la sécheresse historique que connaît l’état. « Si vous regardez les terrains exploités, plus de 16.000 ont été classés comme terrains humides pour les amandes », s’alarme le professeur Watson.
« La prochaine chose que nous voulons pointer du doigt est ce que signifie l’augmentation de la culture d’amandes pour la demande de pollinisateurs », explique Watson. Les fleurs d’amandiers californiens sont presque toutes auto-incompatibles (elles ne peuvent pas se féconder toutes seules), elles ont donc besoin d’insectes pollinisateurs pour produire des amandes. La culture d’amandes est par conséquent dépendante de la pollinisation par les abeilles domestiques. Or la Californie ne possèdent pas assez d’abeilles, et les Etats-Unis encore moins. Alors comment permettre aux cultures de se développer ? Les apiculteurs semblent avoir trouvé un moyen de répondre à cette demande : ils louent leurs abeilles aux agriculteurs à travers tous les états. Ainsi 60% des abeilles "commerciales", soit 1.6 million de colonies d’abeilles états-uniennes, sont importées en Californie chaque année. Les Apis mellifera, abeilles domestiques européennes, visitent plus de 800.000 parcelles chaque année, de Sacramento à Los Angeles. Leur circuit débute en février avec les amandes californiennes pour finir en hiver en Floride avec le poivre brésilien.
DÉTRESSE. Le transport de ces insectes leur cause énormément de stress et les pics de chaleur affectent les reines. Les abeilles se restreignent à un régime de nectar d’amandiers au lieu de se délecter d’un mélange de fleurs aux protéines diverses. Elles sont potentiellement exposées aux pesticides, aux nuisibles, aux fongicides et autres produits chimiques qui affaiblissent leur système immunitaire. Les pollinisateurs deviennent les hôtes de virus qui les font voler plus lentement, agir de façon insensée ou mourir prématurément. « Si vous cherchez ce qui cause le déclin des abeilles, l’agriculture industrielle tient certainement un rôle majeur. » affirme Watson.
Certains cultivateurs tentent de trouver des alternatives à la pollinisation. Une espèce d’amandier, l’Independance, éviterait tous ces transports d’abeilles à travers les états. Il s’agit d’un croisement d’amandier et de pêcher auto-fertile, vendu exclusivement par Dave Wilson Nursery, le laboratoire qui a développé l'espèce. Mais qu’en est-il du rendement et de la qualité du fruit obtenu ?

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...