lundi 29 août 2016

En Russie, l’anthrax ressurgit avec le réchauffement climatique

Dans un épais rapport de 1 000 pages publié en 2014, les climatologues russes avaient glissé, au chapitre des conséquences du réchauffement global, le risque de l’apparition de l’anthrax, une bactérie potentiellement mortelle.
Ils ne savaient pas encore qu’à peine deux ans plus tard leurs craintes se révéleraient justifiées. Le 1er août, dans la péninsule de Yamal, tout au nord de la Russie, un garçon de 12 ans est mort de cette infection, connue aussi sous le nom de « maladie du charbon », et supposée disparue depuis des décennies.
« C’est la première fois qu’une épidémie d’anthrax apparaît en Russie depuis 1941 », affirme Alexandre Platonov, le directeur du laboratoire des infections naturelles à l’Institut d’épidémiologie de Moscou.
Et « logiquement », ajoute-t-il, « la vaccination a pris fin en 2007 » – le temps que les derniers programmes de prévention s’éteignent. Une grave erreur, pour certains. Cet été, 23 personnes ont aussi été contaminées, ainsi que 2 500 rennes. Envoyés sur place, 500 militaires ont reçu pour mission de brûler le plus vite possible les carcasses de ces animaux très répandus dans cette région arctique une fois et demie plus grande que la France.

jeudi 18 août 2016

Juillet 2016 : le mois le plus chaud jamais mesuré

Juillet 2016 a été le mois le plus chaud de l'histoire moderne, établissant un record depuis le début des relevés de températures a annoncé la l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

 "La température moyenne globale à la surface des terres et des océans pour juillet 2016 a été la plus chaude, tant pour le mois de juillet que pour n'importe quel mois dans les annales des relevés de températures de la NOAA, qui remontent à 1880", a indiqué l'Agence océanique et atmosphérique américaine. Le précédent record avait été établi en juillet 2015, ce mois étant traditionnellement le plus chaud de l'année sur Terre. C'est également la 15e fois consécutive qu'un record mensuel de température est battu, "la plus longue série de ce type en 137 ans", a ajouté la NOAA. En juillet la température moyenne globale au-dessus des terres et à la surface des océans a été de 16,67 degrés Celsius (°C), soit 0,87°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle. Le record de juillet 2015 a été battu de 0,06°C.

 En mai 2016, le climatologue Ed Hawkins, chercheur à l'université de Reading avait publié avant l'été 2016 une spectaculaire animation montrant l'évolution des températures mois après mois depuis le début des mesures. Résultat : cette spectaculaire spirale du réchauffement climatique :

 Autre signe du réchauffement climatique, juillet a été le 379e mois consécutif avec des températures au-dessus de la moyenne du XXe siècle. Il faut remonter à décembre 1984 pour trouver trace d'une marque un peu inférieure à cette moyenne. Les températures ont été très hautes alors même que le phénomène du courant chaud du Pacifique El Nino est terminé, ont noté les scientifiques.

52,5°C au Koweït

Des températures supérieures à la moyenne, voire très supérieures, ont été relevées sur les six continents. Chacun d'entre eux pris individuellement a enregistré des températures parmi les plus hautes pour un mois de juillet. En Asie par exemple, le mois dernier a été le deuxième juillet le plus chaud de l'histoire, derrière 2010. La NOAA souligne aussi des épisodes plus chauds que d'habitude en Indonésie, en Asie du sud-est ou en Nouvelle-Zélande. Le Golfe persique a aussi connu des épisodes de chaleur particulièrement pénibles. "La température la plus haute enregistrée en juillet l'a été à Mitribah, au Koweït, avec une pointe à 52,5°C le 22 juillet", a encore mis en avant la NOAA. Autre exemple, Bahreïn a enregistré une température moyenne de 36°C sur tout le mois de juillet, soit 2,1°C de plus que la moyenne, égalant le record de 2012 pour son mois de juillet le plus chaud depuis le début des relevés de températures. Par comparaison, en Espagne la température moyenne a été de 25,5°C, mais le record reste pour ce pays celui de l'an dernier (26,5°C en juillet 2015).
 D'autres régions ont connu des températures plus conformes à la moyenne, voire un peu moins chaudes, comme les Etats-Unis, l'est du Canada, le sud de l'Amérique du Sud, le sud-ouest de l'Australie, le nord de la Russie, le Kazakhstan ou l'Inde. Pour juillet, l'étendue des glaces de l'Arctique a été 16,9% en-dessous de la moyenne établie entre 1981 et 2010, ce qui en fait la troisième plus petite étendue de glace pour un mois de juillet depuis le début des relevés en la matière, qui remontent à 1979. De manière globale, 2016 va très probablement devenir l'année la plus chaude de l'histoire moderne. Selon la NOAA les sept premiers mois ont été les plus chauds pour cette période, 1,03°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle. Cette année est donc en passe de battre de 0,19°C le record tout juste établi l'année passée.

mercredi 17 août 2016

Les pesticides triplent la mortalité des abeilles sauvages

Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes, les plus efficaces jamais synthétisés, tuent massivement abeilles et bourdons. Il n’y a plus désormais que les firmes agrochimiques pour le nier. Ou du moins pour sous-estimer le rôle de ces pesticides dans le déclin catastrophique des colonies d’insectes butineurs. Ces sociétés préfèrent le réduire à un facteur pathogène parmi d’autres : virus, monocultures réduisant et fragmentant leurs habitats, champignons, invasion de frelons, réchauffement climatique…

Il semble, au contraire, que les néonicotinoïdes multiplient par trois cette mortalité accélérée. C’est ce que défend une étude britannique publiée mardi 16 août par la revue Nature Communications et signée par sept chercheurs du centre pour l’écologie et l’hydrologie de Wallingford et de Fera Science Limited, un centre de recherche semi-privé sur l’environnement et l’alimentation sis à York (nord de l’Angleterre).
Voilà des années que les apiculteurs alertent sur l’impact des néonicotinoïdes, qu’ils lient à l’effondrement du nombre de leurs colonies d’abeilles, depuis que l’usage de ces produits chimiques s’est généralisé dans les campagnes occidentales, à partir de 1995.
De précédentes études scientifiques ont évalué leurs effets sublétaux et neurotoxiques sur les abeilles domestiques, en particulier. Elles ont montré notamment que celles-ci perdent leur sens de l’orientation, ou que les bourdons donnent naissance à 80 % de femelles en moins…

Des preuves solides

Mais tous ces travaux n’ont pas apporté de « preuves solides » de l’impact de ces pesticides sur la disparition des espèces sauvages dans la nature, avancent les auteurs de la présente étude.

A défaut d’établir un lien irréfutable de cause à effet, ces derniers estiment qu’ils illustrent cette fois de façon incontestable la relation entre produits chimiques et déclin des insectes en ayant croisé dix-huit années de données nationales, portant sur 62 des 250 espèces sauvages d’Angleterre, avec leur exposition aux champs de colza traités aux néonicotinoïdes. Cette échelle de temps paraît pertinente, écrivent-ils, pour observer les évolutions des populations d’insectes et, en parallèle, « les répercussions des changements historiques dans la gestion de l’agriculture ».
Les chercheurs ont eu recours aux relevés rigoureusement effectués au Royaume-Uni par des entomologistes volontaires, amateurs ou non, de la société nationale Bees, Wasps and Ants Recording, de 1994 à 2011. Ils en ont écarté les abeilles domestiques, car les apiculteurs les déplacent parfois en fonction des floraisons. Ils ont retenu les insectes sauvages repérés au moins cinq cents fois sur des parcelles d’un kilomètre carré ayant fait l’objet d’au moins deux recensements complets en dix-huit ans. Soit au final, une collection de 31 800 inventaires.

8,2 millions d’hectares de colza traités

Quant au colza, il a été choisi pour sa progression fulgurante. Cet oléagineux est désormais la principale culture traitée aux néonicotinoïdes et couvre ainsi 8,2 millions d’hectares en Europe.
L’année 2002 sert enfin de référence : c’est celle où s’est répandue outre-Manche cette famille de pesticides qui a pour caractéristique d’enrober la semence, puis de persister dans toute la plante, fleurs y compris, et même dans les sols. Les chercheurs ont comparé les courbes d’abondance que chaque espèce d’abeilles aurait dû suivre si ses effectifs avaient poursuivi la tendance dessinée avant 2002, avec les trajectoires réelles ultérieures.

Leurs modèles en ont déduit que, dans un premier temps, le colza fournit aux abeilles de quoi butiner, mais ce bienfait ne compense pas la toxicité des pesticides. Au contraire. « Nous estimons que, depuis 2002, l’usage de néonicotinoïdes est à lui seul responsable d’une perte supérieure à 20 % pour cinq espèces [Halicte tumulorum, Lasioglossum fulvicorne, L. malachurum, L. pauxillum et Osmia spinulosa] », affirment les auteurs. La même cause suscite un déclin de 10 % chez vingt-quatre espèces, de plus de 15 % pour onze autres, voire de 30 % chez les plus touchées.

Un déclin accéléré

Au total, les espèces sauvages friandes de colza traité aux néonicotinoïdes déclinent trois fois plus que les autres, observent-ils. Cependant, les non-butineuses ne sont pas non plus épargnées et semblent contaminées par d’autres fleurs ayant poussé à proximité de ces oléagineux.
Après bien des atermoiements, l’Union européenne a accepté, en 2013, d’interdire sur son territoire trois insecticides néonicotinoïdes sur certaines cultures. Officiellement décidé pour deux ans, le moratoire est encore en vigueur aujourd’hui.
En France, la nouvelle loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, adoptée le 20 juillet, prévoit de tous les bannir au 1er septembre 2018 sur l’ensemble des terres agricoles… mais avec de possibles dérogations jusqu’en 2020.

mardi 16 août 2016

Thiaclopride : la Commission européenne augmente la limite maximale de résidus dans le miel

Dans un règlement paru au Journal officiel de l'Union européenne, la Commission autorise l'augmentation de la limite maximale de résidus (LMR) à ne pas dépasser dans le miel et les produits de l'apiculture pour un néonicotïnoide : le thiaclopride. La LMR passe de 0,05 mg/kg à 0,2 mg/kg.
Cette modification découle d'une demande de l'Allemagne. Cette dernière souhaitait obtenir l'autorisation d'utilisation sur le colza d'un produit phytopharmaceutique contenant du thiaclopride. Pour tenir compte des résidus qui pourraient en conséquence se retrouver dans le miel, elle a alors proposé d'augmenter la LMR actuelle. L'Autorité européenne de sécurité des aliments a donné son feu vert en février dernier.
"L'Autorité a conclu que toutes les exigences en matière de données étaient remplies et que d'après une évaluation de l'exposition des consommateurs réalisée à partir de vingt-sept groupes de consommateurs européens spécifiques, la modification de LMR sollicitée par le demandeur était acceptable au regard de la sécurité des consommateurs, pointe le règlement. Un risque de dépassement de la dose journalière admissible ou de la dose aiguë de référence n'a été démontré ni en cas d'exposition tout au long de la vie résultant de la consommation de toutes les denrées alimentaires pouvant contenir cette substance ni en cas d'exposition à court terme liée à une consommation élevée du produit concerné".
L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) en février 2014 avait quant à elle dénoncé la toxicité de ce néonicotinoïde pour les abeilles.
Le règlement entrera en vigueur le 11 août 2016.

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...