La mise en œuvre de la stratégie nationale de transition écologique
vers un développement durable (SNTEDD) pour la période 2015-2020 est "préoccupante
sur les enjeux écologiques majeurs (…) tels que le changement
climatique, la perte accélérée de biodiversité, la raréfaction des
ressources et la multiplication des risques sanitaires environnementaux". Le premier bilan officiel, publié le 11 avril, est qualifié de "contrasté" par le commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de l'Environnement. "Les indicateurs relatifs aux axes montrent que certaines bonnes pratiques émergent", mais il faudra suivre leur évolution sur les prochaines années pour "estimer
dans quelle mesure la poursuite ou l'accélération des bonnes pratiques
émergentes se traduit par une évolution positive".
Adoptée en février 2015, la SNTEDD
fixe le cap de la France en matière de développement durable pour les
années 2015 à 2020 et définit les orientations de la transition
écologique vers une société plus sobre. Elle identifie quatre enjeux
majeurs (le dérèglement climatique, la perte de biodiversité, la
raréfaction des ressources et les risques sanitaires environnementaux)
et retient neuf axes transversaux stratégiques qui regroupent les
priorités d'actions. Trente-neuf indicateurs permettent son suivi
annuel.
Plus de 90% des indicateurs ne sont pas satisfaisants
Pour évaluer les progrès de la transition écologique française, les
services du ministère de l'Environnement ont comparé le niveau atteint
par les "indicateurs essentiels" de suivi de la stratégie
nationale avec l'objectif chiffré règlementaire (lorsqu'il existe) ou
avec l'évolution inscrite dans la SNTEDD. Le bilan global est sans
appel. "Plus de 90% des indicateurs reflètent un état non satisfaisant, dont plus de la moitié un mauvais état", explique le CGDD, précisant que "sur 21 indicateurs, 7% sont en vert, 36% en orange et 57% en rouge". Le document présente un tableau détaillé de ces indicateurs.
La situation la plus grave, selon le bilan, concerne la biodiversité, tous les indicateurs étant au rouge. L'artificialisation des sols a progressé de 1,4% par an en moyenne entre 2006 et 2014, atteignant 51.043 km2, soit 9,3% du territoire national. Autre exemple, la consommation de produits phytosanitaires a progressé de 5% en 2011-2013 par rapport à 2009-2011, alors que la France s'est fixé pour objectif de la réduire, si possible, de 50% entre 2008 et 2018. Enfin, seulement 22% des habitats naturels d'intérêt communautaire sont en bon état de conservation.
Premiers impacts du dérèglement climatique
Quatre indicateurs sont en rouge, sur les sept relatifs au changement
climatique. Seule la baisse de 11% des émissions de gaz à effet de
serre sur le territoire national entre 1990 et 2013 est satisfaisante.
La légère progression de 1,1% entre 1990 et 2012 de l'empreinte carbone
de la demande finale intérieure, qui tient compte des émissions liées aux importations, est qualifiée de "moyenne". Elle "a augmenté significativement de 1995 à 2007 avant de repartir à la baisse", avance le CGDD pour justifier ce jugement mitigé. Quant aux conséquences climatiques,
elles commencent à se faire sentir avec une hausse de la température
moyenne française de 1,9°C par rapport à la période de référence
1961-1990 et une moyenne de cinq évènements naturels très graves pour
les années 2000, contre deux pour les années 80 et 90. Compte tenu de la
hausse du nombre de logements (+7% entre 1999 et 2006) et de la
population (+1%) exposés à des risques de submersion marine, le montant des indemnisations versées par les assurances au titre des catastrophes naturelles est en hausse.
Avec un indicateur en vert, quatre en orange et deux en rouge, l'enjeu "raréfaction des ressources" est "globalement moyen". L'état chimique, et surtout quantitatif,
des eaux souterraines est jugé bon. L'évolution des consommations
intérieures de matières (en baisse de 5,9% entre 1992 et 2012, à 12
tonnes par habitant) et d'énergies fossiles (en baisse de 22% entre 1973 et 2013, mais stable depuis 2 ans) est jugée moyenne. Enfin, même constat mitigé pour les risques sanitaires environnementaux. L'évolution des indices de pollution de l'air en milieu urbain et de pollution des cours d'eau est moyenne, mais celle de l'indice de pollution des eaux souterraines par les nitrates est mauvaise.
Des tendances favorables à court terme
Concernant les neuf axes transversaux, le CGDD a comparé l'évolution
récente (trois ans) des indicateurs à la tendance sur longue période. Il
a aussi évalué la possibilité d'atteindre les objectifs de long terme,
si la tendance actuelle se poursuit. De bonnes pratiques se
distinguent : réduction des inégalités, mutation des activités économiques, connaissances et innovation, formation ou sensibilisation, mobilisation des acteurs et développement de territoires durables et résilients. En revanche, la situation est "plus nuancée"
pour l'engagement vers l'économie circulaire et sobre en carbone, ainsi
que l'invention de nouveaux modèles économiques et financiers. Enfin,
la promotion du développement durable à l'international "n'est pas bonne". "La
part de l'aide publique au développement dans le revenu national brut
est en baisse depuis 2010 et en-deçà de l'engagement pris auprès des
Nations unies pour 2015", explique le rapport.
Globalement, le CGDD juge que les tendances de la plupart des indicateurs sont favorables sur longue et sur courte période. "Treize
indicateurs sur les quinze qualifiés sont en progrès sur le long terme
et onze indicateurs sur seize qualifiés pour la période récente", explique le CGDD, soulignant que "deux
points de vigilance seulement ressortent en tendance de long terme : la
consommation d'énergie finale a augmenté depuis 1990 au lieu de
baisser ; la part des recettes fiscales environnementales dans les prélèvements obligatoires est plus faible en 2014 qu'en 2000".
A plus court terme, ces deux indicateurs s'améliorent. La consommation
d'énergie finale a baissé en 2009 et s'est stabilisée depuis. Quant à la
part des recettes fiscales environnementales dans les prélèvements
obligatoires, la baisse a été enrayée depuis 2009.
Trois des cinq indicateurs dotés de cibles réglementaires chiffrées
sont en situation favorable si les évolutions se prolongent. Il s'agit
du taux de recyclage des déchets ménagers, du nombre de projets d'éducation
au développement durable dans les écoles et de la progression du
montant de l'aide publique au développement pour la biodiversité.
Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
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