vendredi 21 août 2015

L’humain, un « insoutenable » superprédateur

Vous vous demandez ce que la science appelle un superprédateur ? Regardez-vous dans le miroir. Une étude publiée dans la revue Science, vendredi 21 août, démontre que l’énorme pression exercée par l’humain sur les populations animales, terrestres comme marines, en fait un prédateur unique, et à même de déséquilibrer totalement les écosystèmes et les chaînes alimentaires, ainsi que de provoquer des extinctions de masse.
L’idée d’une exploitation extrême de la faune sauvage est déjà largement documentée. Mais les travaux de l’équipe de Chris Darimont, de l’université Victoria au Canada, ont cherché à analyser ce tableau de chasse sous un autre prisme : en comparant l’impact de l’homme à celui d’autres prédateurs non humains. Pour cela, les scientifiques ont passé en revue plus de 300 études portant sur 2 125 cas de prédation sur des espèces sauvages (poissons et mammifères terrestres) de chaque continent et océan, à l’exception de l’Antarctique.

Les résultats sont édifiants : les humains exploitent les poissons à un taux 14 fois supérieur, en moyenne, à celui des autres prédateurs marins. Ils tuent aussi des grands carnivores – comme les ours, les loups ou les lions – à un rythme 9 fois supérieur à celui qui voit ces prédateurs s’entre-tuer dans la nature. Cela signifie, concrètement, que l’industrie de la pêche capture 78 % de la population adulte de saumons d’Alaska par an, contre 6 % prélevés par les grizzlys – les plus gros prédateurs de cette espèce. Ou encore que nous chassons chaque année 32 % des pumas américains, contre 1 % tués par leurs congénères.

Cette pression ne s’exerce pas avec la même intensité selon les régions. Ainsi, les chasseurs nord-américains et européens tuent des herbivores à des taux respectivement 7 et 12 fois plus élevés que les chasseurs africains. L’impact de l’industrie de la pêche est trois fois plus prononcé dans l’océan Atlantique que Pacifique.
L’originalité de l’étude est également de comparer les taux de prédation selon les niveaux trophiques des proies – c’est-à-dire, pour simplifier, la place qu’occupe un organisme dans la chaîne alimentaire, allant des planctons aux carnivores qui ne se nourrissent que de carnivores. De manière inattendue, les humains exercent, sur terre, une pression bien plus forte sur les grands carnivores que sur les herbivores, et ce, alors qu’ils ne les consomment pas. En mer, en revanche, l’impact de l’homme est élevé à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la pêche aux anchois, aux harengs, ou à la chasse aux requins et aux thons. Les captures de poissons, en hausse malgré la surexploitation des espèces, excèdent aujourd’hui 100 millions de tonnes par an.

Cibler davantage les jeunes

« Ce travail d’analyse gigantesque montre avec précision que nous prélevons trop de proies pour que les espèces puissent renouveler leurs populations, juge Franck Courchamp, directeur de recherches en écologie au Centre national de la recherche scientifique. Contrairement aux autres prédateurs qui sont naturellement régulés par le nombre de proies, nous subsistons grâce à énormément d’espèces à la fois. Et comme nous sommes omnivores, ce qui implique que nous ne dépendons pas des proies pour notre survie, celles-ci diminuent sans que cela ne nous pousse à relâcher la pression. »

Mais au-delà de ces quantités colossales, ce qui différencie l’humain des autres prédateurs et en fait un superprédateur au comportement « insoutenable » selon l’étude, c’est qu’il cible des proies adultes et non pas des jeunes. « Les autres prédateurs tuent en général les jeunes et les faibles, c’est-à-dire ceux qui ne se reproduisent pas. A l’inverse, nous prélevons les plus gros animaux, notamment comme trophées de chasse, qui représentent les populations les plus matures et reproductrices, regrette Heather Bryan, chercheuse à l’institut Hakai de l’université de Victoria, et l’une des coauteures de l’étude. Cela a un double impact sur la population exploitée, du fait des prises directes et du déficit de reproduction pour le futur. »
Les scientifiques appellent alors à changer de techniques de chasse et de pêche, pour cibler davantage les jeunes – une idée qui va à l’encontre des recommandations actuelles. Surtout, la prédation humaine doit être considérablement réduite. « Les niveaux décrits par les scientifiques comme durables sont encore trop élevés, poursuit la biologiste. Nous devrions nous inspirer du comportement des prédateurs non humains, qui représentent des modèles de soutenabilité à long terme. »

Record mondial de chaleur pour les 7 premiers mois de 2015

Les sept premiers mois de 2015 ont été les plus chauds enregistrés à la surface du globe depuis le début des relevés de températures, en 1880, a annoncé jeudi 20 août l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).
La température mondiale entre janvier et juillet a dépassé de 0,85 °C la moyenne enregistrée au XXe siècle, et surpasse de 0,09 °C le précédent record, établi en 2010, précise le NOAA. Cette « surchauffe » est surtout notable au niveau des terres émergées, où la température a dépassé de 1,34 °C la moyenne.

Juillet, mois le plus chaud depuis 1880

L’agence américaine confirme également que le mois de juillet a été le plus chaud enregistré dans le monde depuis 1880 (+ 0,81 °C par rapport à la moyenne du XXe siècle), notamment en raison de températures particulièrement douces dans le Pacifique et dans l’océan Indien. Juillet 2015, qui a enregistré une température moyenne de 16,61 °C, a dépassé le précédent record qui datait seulement de 2014.
En France, juillet 2015, marqué par une hausse de 2,1 °C par rapport à la normale, est le troisième mois de juillet le plus chaud depuis 1900, selon Météo France. Les fortes températures se sont combinées à des déficits de précipitations qui ont entraîné une sécheresse des sols dans une grande partie du pays.
L’accumulation de records de chaleur accrédite le scénario d’un réchauffement climatique rapide de la planète, que la communauté internationale doit tenter de contenir en trouvant un accord lors de la conférence mondiale sur le climat (COP 21), qui se tiendra en décembre à Paris.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/climat/article/2015/08/20/record-mondial-de-chaleur-pour-les-sept-premiers-mois-de-2015_4731801_1652612.html#2iJqVXSXdeG07dQK.99

mercredi 19 août 2015

Climat : El Niño devrait durer jusqu'au printemps 2016

Il y a plus de 90% de chance qu'El Niño dure jusqu'à l'hiver 2015-2016 et environ 85% de chance qu'il dure jusqu'au printemps 2016, a annoncé le Centre de prédiction climatique (CPC) des Etats-Unis, jeudi 13 août. Au cours du mois de juillet, l'agence américaine a notamment relevé des anomalies de la température de surface de l'océan Pacifique de l'ordre de +1°C, dans la zone équatoriale, et de +2°C, à l'Est.
L'ensemble des données relatives au phénomène climatique "traduisent un El Niño significatif et qui se renforce". En conséquence, les modèles climatiques anticipent un phénomène "fort" qui devrait atteindre son pic au début de l'hiver prochain et impacter l'hémisphère Nord jusqu'au printemps.
Météo France à l'affut
Début août, Météo France rappelait qu'El Niño avait des répercussions sur les températures et les précipitations françaises.
Selon ses prévisions saisonnières, "le scénario le plus probable est celui d'un trimestre plus chaud que la normale sur l'Europe [d'août à octobre], principalement sur l'Europe centrale et les régions méditerranéennes. Sur la France métropolitaine, ce scénario chaud est privilégié avec une probabilité plus élevée sur la moitié est du pays".
Pour rappel, El Niño est un courant maritime caractérisé par une montée des températures du Pacifique Est. Il a des impacts climatiques variés dans les deux hémisphères.

mardi 18 août 2015

L’ère industrielle a mis fin à 1 800 ans de refroidissement des océans

L’entrée dans l’ère industrielle a marqué, pour les océans de la planète, un profond bouleversement : alors que depuis près de deux millénaires, leurs températures baissaient de façon continue, le réchauffement dû aux activités humaines a inversé la tendance. C’est ce que fait apparaître une étude internationale publiée lundi 17 août dans la revue Nature Geoscience et à laquelle plusieurs équipes françaises ont collaboré.
Sur l’ensemble des mers du globe, des tropiques jusqu’à proximité des pôles, les chercheurs ont reconstruit les variations de températures des eaux de surface au cours des deux mille ans passés. Cela, à partir des données extraites du zooplancton fossile enfoui dans les sédiments marins ou encore de certaines molécules organiques. La teneur en magnésium et en calcium pour les premiers et le type de lipides qu’elles contenaient pour les secondes renseignent sur la chaleur des eaux superficielles où évoluaient ces organismes.

Il ressort que « les températures de surface moyennes de l’océan ont régulièrement diminué entre le Ier et le début du XIXe siècles ». L’étude ne chiffre pas cette baisse en degrés Celsius, les moyennes recouvrant de fortes disparités régionales. « Globalement, le refroidissement passé est plus prononcé près des pôles, avec des valeurs pouvant atteindre 2,5 à 3 °C, que dans les zones tropicales, où il se situe autour de 1 °C sur les deux derniers millénaires », indique Guillaume Leduc, chercheur du CNRS au Centre européen de recherche et d’enseignement de géosciences de l’environnement, cosignataire de l’étude.
« Jusqu’à présent, nous ne disposions de relevés de températures, mesurées par des navires océanographiques, que pour le siècle dernier, ajoute Marie-Alexandrine Sicre, directrice de recherche du CNRS au Laboratoire d’océanographie et du climat, qui a également participé à ce travail. Pour la première fois, nous avons une vision rétrospective de l’évolution climatique de l’océan sur deux millénaires. Le refroidissement que nous avons mis en évidence jusqu’au début de l’ère industrielle est une découverte. »
Comment expliquer ces presque deux millénaires de rafraîchissement des mers ? Les chercheurs ont fait tourner des modèles – permettant de remonter jusqu’aux années 800 seulement – en y introduisant différents facteurs possibles de « forçage » : variations de l’orbite de la Terre, intensité du rayonnement solaire, gaz à effet de serre, déforestation ou volcanisme. Conclusion : sur la période des années 800 à 1 800, l’activité volcanique est le seul paramètre susceptible d’expliquer ce coup de froid.
Activités humaines
On savait déjà que les grandes éruptions volcaniques – telles que celles du Pinatubo (Philippines, 1991), du Krakatoa (Indonésie, 1883) ou du Tambora (Indonésie, 1815) – peuvent faire chuter temporairement les températures à la surface de la Terre, parfois pendant plusieurs années. Les cendres et les gaz qu’elles propulsent jusqu’à la stratosphère se transforment en effet en aérosols qui font écran aux rayonnements solaires. L’étude montre que ces éruptions ont aussi pour conséquence « un refroidissement à long terme de la surface des océans », explique Helen McGregor (université de Wollongong en Australie), première signataire de l’article.
Tout a donc changé avec les débuts de l’industrialisation. En raison du réchauffement lié aux activités humaines, les océans montent progressivement en température. « Il est frappant de constater que le changement climatique d’origine anthropique est d’ores et déjà enregistré dans les sédiments marins qui se sont déposés au cours des deux derniers siècles », observe Guillaume Leduc.
Cette bascule est d’autant plus notable qu’une grande partie de l’énergie accumulée dans le système climatique, sous l’effet du réchauffement global, est absorbée par les océans. Et que ceux-ci jouent donc un rôle crucial dans la régulation du climat de notre planète. Les éruptions volcaniques ne s’étant pas arrêtées avec l’ère industrielle, il est vraisemblable, estime Marie-Alexandrine Sicre, que leur effet « rafraîchissant » sur les océans tempère le réchauffement réel des mers directement induit par l’homme.

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