vendredi 26 octobre 2012

Les zones humides françaises toujours à la peine

Une enquête nationale à dire d'experts montre que la moitié des zones humides de métropole et d'outre-mer s'est dégradée entre 2000 et 2010.
L'urbanisation, le drainage et l'intensification agricole, la déprise agricole, l'abandon de l'entretien, les événements climatiques exceptionnels et la prolifération d'espèces envahissantes (3 % des sites de métropole en sont dépourvus) ont participé à la perte de surfaces et à la dégradation de l'état de conservation des milieux humides.

Préservation des abeilles, vecteurs indispensables à la biodiversité

Une proposition de résolution est déposée, visant à instaurer un moratoire sur la fabrication, la mise sur le marché et l'utilisation de l'ensemble des pesticides néonicotinoïdes et des phénylpyrazoles en France.
Les néonicotinoïdes et les phénylpyrasoles sont une des classes d'insecticides agissant sur le système nerveux central des insectes. Ce type de pesticide est présent sur le marché de l'agrochimie depuis 1994. Sous ces dénominations, on trouve les substances actives suivantes : thiaméthoxam, imidaclopride, thiaclopride, acétamipride, et clothianidine pour les néonicotinoïdes, et le fipronil pour la famille des phénylpyrasoles.

Plus aucun doute n'existe sur le fait que ces pesticides systémiques, utilisés massivement dans l'agriculture intensive, sont l'une des causes de la surmortalité des abeilles et des phénomènes d'effondrement des colonies. Les preuves sont suffisamment nombreuses et intangibles, selon les députés à l'origine de la proposition, pour appliquer le principe de précaution et interdire cette gamme de pesticide.
 
Remarque : la liste des cultures pour lesquelles la pollinisation des abeilles entre en jeu est longue : les cultures fruitières (abricotier, amandier, cerisier,
fraisier, pêcher, poirier, pommier, prunier), les cucurbitacées (courgette, melon, pastèque), les solanées (tomate, poivron), le kiwi, les cultures oléagineuses (colza, tournesol) et protéagineuses (féverole), des légumes et condiments (artichaut, chou, fenouil, oignon, persil, poireau, scarole et frisée) des cultures fourragères (luzerne, trèfle), etc. Certaines cultures n'existeraient pas sans le butinage d'insectes pollinisateurs : framboises, mûres, cassis, groseille, etc.

mercredi 24 octobre 2012

Un rapport du Sénat dénonce la sous-évaluation des risques liés aux pesticides

Les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués. C'est le constat opéré par la mission commune d'information sur les pesticides du Sénat. A la clé, une centaine de recommandations.
Entre autres il est nécessaire de renforcer le plan Ecophyto. Alors qu'il vise à réduire de 50% la quantité de pesticides utilisés en France à l'horizon 2018, l'utilisation de pesticides a augmenté de 2,5% en 2011. Pour remédier à cela, la sénatrice Bernadette Bourzai (Soc. – Corrèze) préconise d'accélérer la mise en place des outils existants mais aussi, plus novateur, de cibler les régions et les secteurs de production les plus consommateurs, c'est-à-dire les vignes, l'arboriculture et les cultures maraîchères.

Pour en savoir plus :

mardi 9 octobre 2012

La biodiversité n'a jamais été dans un si mauvais état et elle continue à décliner.

C'est cette conclusion des plus pessimistes que rend le directeur de la section biodiversité du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Neville Ash, alors que débute, lundi 8 octobre, la conférence de l'ONU sur la biodiversité biologique de Hyderabad (Inde). Pendant deux semaines, 160 pays vont tenterengagements ambitieux pris il y a deux ans à Nagoya, lors de la précédente conférence, afin d'esquisser des remèdes à l'érosion toujours plus rapide des espèces et des écosystèmes.
de concrétiser les
Selon la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), inventaire de référence actualisé chaque année, 19 817 espèces s'avèrent menacées dans le monde, sur les 63 837 que l'organisme a passées en revue : 3 947 sont classées dans une situation critique, 5 766 comme en danger et 10 104 comme vulnérables. Dans le détail, 41 % des espèces amphibies, 33 % des barrières de corail, 25 % des mammifères, 20 % des plantes et 13 % des oiseaux sont menacés.
Entre 1970 et 2008, la biodiversité dans son ensemble a diminué de 28 %, selon un autre indice, l'indice Planète vivante du WWF, qui suit 9 014 populations appartenant à 2 688 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons.
Une tendance qui pousse de plus en plus de scientifiques à avertir que nous sommes entrés dans la "sixième grande extinction" des espèces, la dernière remontant à la fin du Crétacé et des dinosaures il y a 65 millions d'années. "Les cinq précédentes grandes extinctions sont toutes dues à des phénomènes sismiques ou cataclysmiques. Cette fois, il s'agit de l'action de l'homme sur la Terre", note M. Kirchner. En cause, essentiellement : la surpêche, la déforestation, les pollutions ou le changement climatique. 
Cinq grandes pressions sont pointées du doigt : la dégradation des habitats et des milieux naturels (comme la déforestation, qui se poursuit à un rythme de 13 millions d'hectares par an dans le monde), la surexploitation des ressources naturelles (75 % des stocks de poissons sont surexploités), l'introduction d'espèces invasives par le commerce (qui concurrencent les espèces locales, essentiellement sur les îles, où les grands prédateurs sont plus rares), les pollutions (hydrocarbures, polluants organiques persistants ou métaux lourds) et le changement climatique.
Les pays négociant dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique de l'ONU ont adopté, en 2010, à Nagoya, un plan stratégique fixant vingt objectifs pour 2020, appelés les "cibles d'Aïchi". Il s'agit notamment de supprimer les subventions néfastes à l'environnement, de réduire le rythme actuel d'appauvrissement de tous les habitats naturels, d'éviter la surexploitation des stocks de poissons, d'étendre les aires protégées terrestres et maritimes mais aussi d'augmenter les financements.
"Il est maintenant urgent de prendre des mesures concrètes pour appliquer ces engagements. Chaque pays doit mettre en place une stratégie nationale pour la biodiversité, ce qu'a fait la France l'an dernier, et surtout il faut trouver les ressources financières suffisantes, explique Sébastien Moncorps, directeur de l'UICN France. La France, qui possède le deuxième domaine maritime mondial, a notamment un grand rôle à jouer."
A Hyderabad, un groupe d'experts a calculé le montant à investir dans les pays en développement sur la période 2014-2018 pour atteindre les cibles d'Aïchi : entre 74 milliards et 191 milliards de dollars (57 milliards et 147 milliards d'euros). Soit, sur quatre ans, un budget trois à huit fois supérieur au financement que l'on estime aujourd'hui être consacré à la biodiversité par les bailleurs de fonds publics et le mécénat.

lundi 8 octobre 2012

Les objectifs fixés par la stratégie européenne sur la biodiversité risquent de ne pas être tenus

Selon l'ONG BirdLife International, le maintien de subventions nuisibles, la faiblesse des moyens financiers ainsi que les réticences des États rendront difficile l'arrêt de perte de biodiversité dans l'UE pour 2020. 
Un rapport établi par l'ONG BirdLife International montre que les objectifs de la stratégie européenne sur la biodiversité, adoptée par la Commission européenne en mai 2011 et qui vise à stopper la perte de biodiversité d'ici à 2020, ne seront pas atteints compte tenu de certaines tendances négatives.
Ainsi, le rapport estime que si l'UE veut remplir ces objectifs, celle-ci doit supprimer les subventions nuisibles dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, des transports et de l'énergie et augmenter les financements pour la conservation de la nature, considérés comme dérisoires par rapport aux objectifs prévus. Le rapport souligne également le blocage de la mise en œuvre de la stratégie par certains États du fait des lobbyistes.
Les principales conclusions de cette évaluation, la première à être mise en œuvre au plan européen, sont les suivantes :
- objectif 1 " Conservation de la nature " : l'évaluation note une série de progrès importants (notamment l'établissement du réseau Natura 2000 sur presque 20 % de la surface terrestre de l'UE), minés toutefois par d'importants problèmes financiers et de mise en œuvre (gestion et suivi des sites Natura 2000 ; manque de volonté politique des États) ;
- objectif 2 " Sauver et restaurer les écosystèmes à travers les paysages" : le rapport note des initiatives prometteuses (objectif de la Commission pour atteindre une absence de perte nette et création d'infrastructures vertes), mais les ressources financières sont absentes et la planification des infrastructures environnementales est loin d'être une réalité ;
- objectif 3a : "Agriculture" : les propositions de réformes pourtant modestes de la PAC (verdissement) sont partiellement bloquées par les États membres, tandis que les subventions agricoles nuisibles (près de 50 milliards d'euros) persistent malgré des budgets publics en crise ;
- objectif 4 : "Pêcheries" : la Politique commune de la pêche (PCP) a largement contribué selon l'étude à l'effondrement des stocks de poissons européens (75 % des stocks surexploités) et plus largement à celui de la biodiversité marine. Les propositions de réforme progressistes rencontrent là encore des résistances et des blocages de la part des États membres ;
- Objectif 5 : "Espèces exotiques envahissantes" : les dommages causés par les espèces allogènes envahissantes sont estimés à 12 milliards d'euros par an au sein de l'UE. La Commission devrait présenter des propositions d'ici la fin 2012 pour réguler ces espèces ;
- Objectif 6 : "Biodiversité mondiale" : le rapport note que l'UE contribue à la perte de biodiversité mondiale par le biais de ses politiques communes, des subventions nuisibles et par ses modèles de production et de consommation non durables. Malgré quelques initiatives intéressantes (dont une Europe efficace dans l'utilisation de ses ressources), les progrès de l'UE dans la réduction de son empreinte écologique sont loin d'être suffisants. A l'inverse, sa politique sur les biocarburants met en danger les écosystèmes de la planète. L'évaluation estime que les États membres doivent réaffirmer leurs engagements et cofinancer des mesures pour la biodiversité dans les pays pauvres.

L'EFSA missionnée pour faire le point sur les perturbateurs endocriniens

A la demande de la Commission européenne, l'Autorité européenne de sécurité des aliments doit rendre un avis scientifique sur les risques associés à la présence de perturbateurs endocriniens dans la chaîne alimentaire. Ce mandat n'est toutefois pas du goût des associations.
Les perturbateurs endocriniens, composés chimiques susceptibles d'interférer avec le système hormonal inquiètent de plus en plus. Or, à ce jour, alors que ces substances sont présentes dans l'alimentation et dans de nombreux objets utilisés quotidiennement (cosmétiques, jouets, etc.), aucune liste officielle ne les répertorie à l'échelle européenne.
C'est dans ce contexte que la Commission européenne a demandé à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de rendre un avis scientifique sur les risques associés à la présence de perturbateurs endocriniens dans la chaîne alimentaire. Cet avis, attendu pour mars 2013, dressera un bilan des informations scientifiques disponibles et tentera de déterminer :
- les critères scientifiques utilisés pour identifier les perturbateurs endocriniens ;
- les critères pouvant être appliqués pour faire la distinction entre les effets indésirables potentiels d'un perturbateur endocrinien et la régulation normale de la fonction corporelle chez l'homme et de l'écosystème ;
- si les méthodes existantes de détection de la toxicité couvrent de façon appropriée les effets des substances actives sur le système endocrinien.
Cet avis sera fondé sur l'évaluation des connaissances actuelles, sur les travaux scientifiques menés sur les substances actives sur le système endocrinien et sur les comptes-rendus du colloque scientifique organisé par l'EFSA en juin 2012. Afin de garantir une cohérence des travaux, l'Agence européenne des médicaments, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), l'Agence européenne de l'environnement, les comités scientifiques non alimentaires de la Commission européenne et le Centre commun de recherche participeront à l'élaboration de cet avis.

 Ce mandat accordé à l'EFSA est toutefois vivement critiqué par l'association Réseau Environnement Santé (RES) et par les ONG européennes qui craignent que l'instance ne vienne bouleverser le processus législatif en cours et manque d'objectivité, en raison de son déni de notoriété publique sur la perturbation endocrinienne.

Remarque : plusieurs lois et règlements doivent être prochainement modifiés pour prendre en compte les risques liés à ces substances. Les règlements communautaires régissant les pesticides et les biocides doivent notamment être modifiés pour prévoir le retrait du marché des perturbateurs endocriniens, le règlement Reach doit également être modifié pour que ces substances soient reconnues comme extrêmement préoccupantes.
RES appréhende notamment que l'EFSA se prononce en faveur des industriels lesquels défendent une définition complexe des perturbateurs endocriniens qui inclurait par exemple une description des mécanismes d'action et une charge de la preuve très élevée sur la nocivité des effets, alors qu'à l'inverse, les ONG souhaitent une définition simple et tournée vers l'action de précaution et de prévention.

130 ONG exigent la transparence et réclament la suspension provisoire des autorisations du maïs NK603 et du Roundup

Elles exigent notamment la communication de données brutes sur un site public en ligne et sous une forme exploitable statistiquement, pour permettre à l'ensemble de la société civile de réaliser ou commanditer toute contre-expertise.
Suite à la publication de l'étude toxicologique à long terme par l'équipe du professeur Séralini, 130 organisations de la société civile (dont le WWF, Greenpeace, Générations futures, le Réseau Environnement Santé, ATTAC, CAP21, le collectif Roosevelt 2012, la Confédération paysanne,.) ont signé un appel commun.
Précision : cet appel a été remis le 3 octobre dernier aux autorités publiques compétentes (Premier ministre, ministres chargés de la recherche, de la santé, de l'agriculture et de l'environnement...).
Ces organisations demandent la suspension provisoire des autorisations du maïs NK603 et du Roundup et la transparence sur les études d'évaluations des risques sur la santé et l'environnement ayant conduit à l'autorisation (culture ou importation) dans l'Union européenne des OGM et des pesticides.
Elles exigent aussi la communication des données brutes de ces études sur un site public en ligne et sous une forme exploitable statistiquement.

Cette exigence de transparence concerne en priorité les données brutes des études ayant conduit à l'autorisation :
- du maïs OGM NK603, autorisé à l'importation et à la consommation en Europe, objet de l'étude citée ;
- des différentes formulations commerciales des Roundup autorisées en Europe, dont l'une fait l'objet de l'étude citée ;
- de deux maïs OGM Bt : le Bt 176, le premier à avoir été autorisé à la culture en France, et le maïs MON810, seul maïs OGM autorisé actuellement à la culture en Europe ;
- des sojas OGM tolérant le Roundup : le GTS 40-3-2, le plus ancien autorisé, et le soja qui entre actuellement le plus dans l'alimentation animale et humaine.

mercredi 3 octobre 2012

Grande barrière de corail : l'Australie admet sa "négligence"

L'Australie a admis, mercredi 3 octobre,  sa "négligence" dans la préservation de la Grande Barrière de corail. Une étude publiée mardi a révélé que le plus vaste ensemble corallien du monde avait perdu plus de la moitié de ses prairies de coraux en moins de trois décennies sous l'effet combiné des cyclones, de la prédation d'étoiles de mer invasives attirées par les rejets de nitrates d'origine agricole et du changement climatique.

Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981, la Grande Barrière s'étend sur environ 345 000 km2 le long de la côte est australienne, et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde avec 3 000 "systèmes" récifaux et des centaines d'îles tropicales. Elle abrite 400 espèces de coraux, 1 500 espèces de poissons, 4 000 espèces de mollusques et de nombreuses espèces en danger comme le dugong et la grande tortue verte.

Pour en savoir plus : 

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...