lundi 13 octobre 2025

Le Parlement européen vote pour assouplir encore davantage la conditionnalité environnementale de la PAC

Les amendements issus de la commission de l’agriculture ont été adoptés, le 8 octobre, lors du vote en plénière sur le rapport du Parlement sur le paquet simplification de la Politique agricole commune actuelle. Il a été approuvé avec 492 voix pour, 111 contre, et 39 abstentions. Assouplissant encore davantage la définition – et la protection – des prairies permanentes (BCAE 1), les députés demandent aussi la suppression des BCAE 5 (protection des sols contre l’érosion) et 9 (protection des prairies permanentes des zones Natura 2 000). Ils souhaitent que les exploitations mixtes, en conversion, ou situées dans des zones Natura 2 000 soient exemptées de conditionnalité. Le WWF et le Bureau européen de l’environnement ont déploré ce résultat, qui entérine ainsi le mandat du Parlement pour les négociations à venir avec la Commission et le Conseil de l’UE. Le premier trilogue est prévu pour le 17 octobre. Découvrez le kit de survie de Contexte Agro pour les négociations à venir.

Réchauffement des océans : le constat alarmant du rapport européen Copernicus

Réchauffement, pollution, perte de biodiversité... la santé des océans continue de se dégrader. Le 9e rapport sur l'état des océans publié par l'Institut européen Copernicus et l'organisation scientifique Mercator Ocean International montre que tous les océans du monde sont désormais menacés. Alors que les océans couvrent plus de 70% de la surface du globe, "aucune partie de l'océan n'est épargnée par la triple crise planétaire : la pollution, la perte de biodiversité et le changement climatique". Les conclusions du rapport de l'Institut européen Copernicus et l'organisation scientifique Mercator Ocean International publié le 30 septembre 2025 montrent que l'état de santé des océans continue de se dégrader. Le rapport annuel sur l'état des océans (OSR), lancé en 2015, rend compte de l'état de la variabilité et des changements en cours dans l'environnement marin de l'océan mondial et des mers régionales européennes au cours des dernières décennies. L'édition 2025 met l'accent sur les événements extrêmes de 2023 et 2024 et sur l'interdépendance profonde des impacts du changement océanique avec les changements dans les écosystèmes marins, les sociétés humaines, la culture et l'économie. Réchauffement, montée des eaux, acidification, fonte des glaces... Les travaux de 70 scientifiques d'Europe et du monde entier ont permis de constater de nombreux changements océaniques : un réchauffement record de la température de l'océan en 2024 (il absorbe 90% de l'excès de chaleur généré par les émissions de gaz à effet de serre). La température a dépassé les 21°C en surface, atteignant un niveau record au printemps 2024 ; une montée sans précédent du niveau de la mer (228 millimètres entre 1901 et 2024) qui met en danger près de 200 millions de personnes installées le long des côtes mais aussi des sites du patrimoine mondial de l'Unesco ; le développement d'espèces invasives, comme le crabe bleu dans le delta du Pô et les vers à feu barbus (vers marins d'origine tropicale ou équatoriale) en Sicile ; une hausse de l'acidification des océans ; le déclin de la glace de l'Arctique (quatrième plus bas niveau historique entre décembre 2024 et mars 2025 avec, en mars 2025, une surface de glace inférieure de 1,2 million de kilomètres carrés par rapport à la moyenne hivernale de long terme). Ces phénomènes menacent les espèces et les écosystèmes et affaiblissent le rôle de l'océan dans la stabilité climatique mondiale. ntensification des canicules marines en 2023 et en 2024 Le réchauffement concerne toutes les zones maritimes mais touche plus rapidement les mers semi-fermées, en particulier la mer Méditerranée (4,3 °C au dessus des normales de mai 2022 à janvier 2023) tandis que la température des eaux de l'Atlantique Nord est passée pour la première fois au dessus des 20 °C en 2023. Le rapport analyse plus particulièrement les vagues de chaleur marines (VCM) devenues plus intenses et plus fréquentes et plus longues. Il s'agit de "hausses extrêmes de la température de l'océan pendant une période prolongée" selon Copernicus. En 2023, la plus longue vague de chaleur depuis 40 ans a été relevée en Méditerranée. Conséquences : des espèces invasives (crabe bleu, par exemple) se sont propagées, entraînant d'importantes pertes économiques pour la pêche en Italie. Au Canada, au large de la Nouvelle-Écosse, la chaleur des fonds océaniques a fait fuir les homards entraînant une hausse de leur capture entre 2008 et 2023. Sur le plateau de Terre-Neuve, la faiblesse des vents mais aussi notamment la forte densité d'eau douce ont favorisé une VCM de surface aux températures "inhabituellement élevées" pendant l'été et l'automne 2023.

jeudi 25 septembre 2025

Une septième « limite planétaire » vient d’être franchie, la Terre est en train de devenir inhabitable

 ENVIRONNEMENT - La Planète bleue est gravement malade. Le niveau d’acidification des océans, qui regroupent 97 % de l’eau sur Terre, a dépassé la limite compatible avec des écosystèmes stables et durables, a annoncé, ce mercredi 24 septembre, un rapport d’un institut de recherche. Et conclut que sept des neuf « limites planétaires » sont maintenant franchies.

Créées en 2009 sous l’impulsion du scientifique suédois Johan Rockström, les limites planétaires désignent les différents points à ne pas dépasser pour garder la planète dans un état vivable. Une trentaine de chercheurs estimaient il y a quinze ans que l’humanité avait « transgressé au moins trois limites planétaires ». Depuis, les bilans annuels de l'Institut de recherche sur le climat de Potsdam (PIK) ont montré une dégradation continue.

Celui de 2025 indique que la limite de « l’acidification des océans » vient d’être franchie. « L’océan est en train de s’acidifier, menaçant la vie marine et nous faisant entrer dans des conditions dangereuses, avec une tendance qui s’aggrave encore », ont écrit ses chercheurs. En d’autres termes, ce sont tous les écosystèmes marins qui sont menacés, comme en atteste le blanchissement des récifs coralliens, phénomène annonciateur de leur mort.

Excès de CO2 et révision des calculs

La principale cause de l’acidification des océans est l’absorption de dioxyde de carbone (CO2) émis avec la combustion d’énergies fossiles. Les scientifiques estiment que les océans ont absorbé environ 30 % de l’excès de CO2 relâché dans l’atmosphère par la combustion de pétrole, de gaz et de charbon.

La hausse de l’acidification par rapport aux chiffres publiés l’an dernier est également due en partie à une amélioration des données et à une révision des calculs.

Les six autres seuils déjà dépassées concernent le changement climatique (CO2 dans l’atmosphère), l’intégrité de la biosphère (extinction d’espèces et appropriation des ressources par l’humanité), mais aussi l’usage des sols (déforestation), le cycle de l’eau douce (zones touchées par la sécheresse ou les inondations), les cycles biogéochimiques (ajout d’engrais et pesticides) et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère (plastiques et autres produits chimiques industriels).

Les deux limites planétaires non franchies restent les aérosols dans l’atmosphère (pollution de l’air) et le niveau d’ozone dans la stratosphère.

Le fonctionnement de la chaîne alimentaire perturbé

Si l’acidité se mesure à l’aide du pH, la référence pour cette limite est la concentration en aragonite, un minéral indispensable à la vie des coraux et animaux marins à coque. Plus l’océan est acide, plus l’aragonite se désagrège.

La limite avait été définie à 80 % de la concentration à l’ère pré-industrielle. Et les océans sont descendus sous ce niveau. « Le pH à la surface de l’océan a déjà baissé d’environ 0,1 depuis le début de l’ère industrielle. C’est l’équivalent d’une hausse de 30 à 40 % de l’acidité », relèvent les scientifiques. « Ce changement menace les organismes qui forment des coques ou squelettes en carbonate de calcium, comme les coraux, les mollusques ou des espèces cruciales du plancton. La disparition progressive de ces organismes peut perturber la chaîne alimentaire », s’inquiètent-ils.

« La vie marine va s’amenuiser. C’est très inquiétant car pour chacune des cinq grandes extinctions précédentes, la vie s’est effondrée dans les océans puis sur terre. Et la vie marine est indispensable », déplorait également Dominique Bourg, professeur des sciences de l’environnement à l’université de Lausanne, dans une interview au HuffPost en septembre 2023.

lundi 13 janvier 2025

Émissions carbone : Il a fallu 2 heures à Bernard Arnault pour polluer autant que vous en un an

 Le 10 janvier 2025, une nouvelle étape dramatique de la crise climatique a été atteinte. Les 1 % les plus riches de la planète, responsables d’émissions de gaz à effet de serre colossales, ont déjà épuisé leur quota annuel de carbone. Pendant ce temps, la moitié la plus pauvre de la population mondiale mettrait plus de trois ans à consommer la même quantité. Comment expliquer un tel déséquilibre, et surtout, comment y remédier ?

Une consommation disproportionnée et inégalitaire

Selon un rapport d’Oxfam, les 1 % les plus riches sont responsables de 15,9 % des émissions mondiales, contre seulement 7,7 % pour les 50 % les plus pauvres. Ces élites économiques, dont les revenus annuels dépassent 140 000 dollars (en parité de pouvoir d’achat), émettent en moyenne 76 tonnes de CO2 par personne et par an, soit 38 fois plus que le quota nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Tableau comparatif des émissions de CO2 en 2025 : 

Catégorie socio-économiqueEmissions moyennes (tonnes CO2/personne/an)Durée pour consommer le budget annuel (2 tonnes)
1 % les plus riches7610 jours
50 % les plus pauvres0,71 022 jours

Un mode de vie à très forte empreinte carbone

Les jets privés, yachts et résidences luxueuses des ultra-riches sont emblématiques de leur consommation énergétique excessive. Par exemple, un yacht peut polluer jusqu’à 7 000 tonnes de CO2 en une seule année, tandis qu’un vol transatlantique en jet privé émet plusieurs tonnes de GES. Ces pratiques contrastent fortement avec les efforts demandés à la majorité pour réduire leur empreinte carbone.

Oxfam souligne également que ces émissions ne se limitent pas au style de vie personnel. Les investissements massifs dans des secteurs polluants, comme l’industrie fossile, contribuent largement à l’aggravation de la crise climatique. Selon Nafkote Dabi, responsable climatique chez Oxfam International : « Les riches pollueurs privent des milliards de personnes de leur avenir pour satisfaire leur avidité ».

Des conséquences mondiales dévastatrices

Les inégalités climatiques entraînent des pertes économiques, des migrations forcées et des décès évitables, principalement dans les pays du Sud global. Entre 1990 et 2025, les émissions excessives des 1 % les plus riches ont causé des dommages estimés à des milliers de milliards de dollars, des récoltes détruites et des millions de morts liés à des vagues de chaleur. Exemple chiffré : en Asie du Sud, 40 % des décès dus à la chaleur affecteront les populations les plus vulnérables.

Cependant, plusieurs propositions émergent pour limiter l’impact des plus riches sur le climat :

  • Taxer les produits de luxe à forte empreinte carbone, comme les jets privés et les yachts.
  • Imposer une réduction des émissions de 97 % d’ici 2030 pour les 1 % les plus riches.
  • Créer un fonds mondial pour le financement climatique, financé par des taxes sur les grandes fortunes, afin d’aider les pays vulnérables à s’adapter aux changements climatiques.
  • Interdire les investissements polluants, en régulant plus strictement les marchés financiers et les grandes entreprises.

vendredi 20 décembre 2024

L’océan, un garde-fou climatique

 

« A la fois acteur et victime, l’océan est une source de solutions »

L’océan — mers comprises — est un « régulateur climatique » pour la planète. Depuis les années 1970, il a absorbé 93 % de l’excès de chaleur sur terre, limitant ainsi le réchauffement de l’atmosphère. Il a également piégé 25 à 30 % des émissions de CO2 d’origine humaine depuis 1750. Tout cela en plus d’avoir reçu la quasi-totalité de l’eau libérée par la fonte des glaciers et des calottes polaires. Sans l’océan, le changement climatique serait donc beaucoup plus intense qu’il ne l’est aujourd’hui.

jeudi 10 octobre 2024

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

 Dès 2017, des tests menés par 60 millions de consommateurs sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient la présence de quinze substances en moyenne par bouquet, dont certaines sont interdites par l’Union européenne (UE). Une étude, publiée en novembre 2021 dans la revue Environmental Pollution, a identifié l’usage de plus 200 pesticides pour la production ou la conservation des fleurs, dont 93 sont interdits par l’UE : près de la moitié de ces molécules très toxiques a été retrouvée dans des échantillons de fleurs vendues en Europe.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/10/09/les-fleuristes-victimes-ignorees-des-pesticides-si-l-on-m-avait-mise-en-garde-ma-fille-serait-encore-la_6347116_3244.html

Le Parlement européen vote pour assouplir encore davantage la conditionnalité environnementale de la PAC

Les amendements issus de la commission de l’agriculture ont été adoptés, le 8 octobre, lors du vote en plénière sur le rapport du Parlement ...