mercredi 8 juillet 2020

Evaluation des pesticides dans l'air : résultats de la campagne exploratoire 2018-2019

En 2018, l’Anses avec l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) en tant que membre du Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA) et le réseau des Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) fédéré par ATMO France ont lancé une campagne de mesure des résidus de pesticides dans l’air.
De juin 2018 à juin 2019, Atmo a équipé 4 sites de mesure en Hauts-de-France. 90 substances ont été recherchées, à partir des 172 échantillons prélevés.
Atmo Hauts-de-France a ensuite analysé les résultats régionaux grâce au soutien de l’Agence Régionale de la Santé (ARS).

Résultats en Hauts-de-France

  • Sur 90 substances recherchées, entre 22 à 35 ont été détectées selon les sites, avec 20 substances communes aux 4 sites.
Au regard des résultats nationaux :
  • Parmi toutes les substances autorisées et détectées pendant la CNEP en France, entre 28 et 34 selon les sites en Hauts-de-France n’ont, soit pas été détectées, soit ont des moyennes annuelles inférieures aux moyennes nationales.
  • Pour les substances interdites et détectées pendant la CNEP en France, entre 17 et 21 selon les sites en Hauts-de-France n’ont, soit pas été détectées, soit ont des moyennes annuelles inférieures aux moyennes nationales.
 Les substances les plus détectées sont reliées à un usage phytosanitaire et sont autorisées en France (hormis pour le lindane).
  • Les concentrations sont significatives au printemps et à l’automne.
  • Les herbicides contribuent majoritairement à la charge totale de pesticides.
  • 2 substances sont plus souvent détectées en Hauts-de-France que dans les autres régions françaises, mettant en évidence l’usage spécifique pour la culture de pommes de terre en région et confirmant les données historiques de 2012 et 2017 : le chlorpropham (herbicide utilisé contre la germination des pommes de terre) et le fluazinam (fongicide utilisé pour lutter contre le mildiou des pommes de terre)
  • Les sites ruraux, proches des parcelles cultivées des sites de West-Cappel et Thézy-Glimont enregistrent les concentrations les plus élevées.
    Le site de West-Cappel, sous influence des grandes cultures, se démarque des autres sites au printemps avec un cumul lié à l’utilisation d’herbicides plus importante par rapport aux autres sites.
    Le site urbain de Saint-Quentin se démarque des autres sites urbains français notamment par les concentrations de prosulfocarbe et de chlorothalonil mesurées en raison de sa proximité avec les parcelles cultivées et l’influence des grandes cultures.
  • Il n’a pas été démontré de corrélation entre les ventes de pesticides et les niveaux retrouvés dans l’air.
  • 10 substances interdites d’utilisation en France sont détectées sur au moins un site : 5 insecticides, 3 herbicides et 2 fongicides. Ces substances ne sont pas non plus autorisées en Belgique.
    Le lindane, interdit d’utilisation depuis 1998, est détecté dans 100% des échantillons prélevés sur les 4 sites comme observé depuis le début des mesures dans les Hauts-de-France, en raison de sa dégradation lente et donc sa persistance dans l’environnement, ainsi que sa volatilité (érosion des sols, remise en suspension, …).
chevronPour rappel : il n’existe pas de valeurs réglementaires pour les pesticides en air ambiant.

mardi 7 juillet 2020

PHYSETER

Importance écologique

Positionné au sommet de la pyramide alimentaire marine et cela jusqu'à de grandes profondeurs, le grand cachalot est un superprédateur qui joue un rôle majeur dans le milieu marin, en régulant notamment les populations de pieuvres et de grands calmars. En effet, il n'existe pratiquement pas de compétiteurs dans sa niche écologique, il profite donc de cette importante source de protéines que constituent ces céphalopodes. Sa chasse avait par ailleurs causé sa régression qui a affecté la répartition et certains équilibres au sein des populations halieutiques.
Par un phénomène de cause à effet, il semble que cette régression puisse aussi participer au dérèglement climatique, lequel peut à son tour affecter les populations de tout ou une partie des cétacés. L'océan Austral est naturellement assez pauvre en fer, un oligo-élément vital et puissant stimulant de la photosynthèse phytoplanctonique à la base de la « pompe à carbone » océanique, ce qui devrait limiter sa productivité et ses fonctions de puits de carbone. En 2010, des chercheurs australiens de l'université Flinders ont montré que les grands cétacés jouaient un rôle important dans le recyclage du fer au sein de l'écosystème marin : en chassant à grande profondeur, les 12 000 cachalots de l'Antarctique remontent via leurs excréments de la matière organique et des oligo-éléments dont quelque 400 000 tonnes de carbone. Cette quantité suffit à stimuler un puits de carbone environ deux fois plus important que l'émission de CO2 de ces animaux par respiration. Ce phénomène aurait pu être dix fois plus important si l'espèce n'avait pas été pourchassée durant deux siècles87. En outre, en renforçant ainsi le « recyclage du fer » de la production primaire, les cachalots de la zone australe contribuent aussi à permettre et entretenir une importante chaîne alimentaire.
Comme sa densité est plus faible que celle de l'eau, contrairement à d'autres cétacés, une fois mort, le cachalot flotte à la surface. Ainsi, il ne participe pas ou peu à la création d'écosystèmes éphémères créés par les carcasses de baleines qui tombent sur la plaine abyssale45.

lundi 6 juillet 2020

Pollution de l’air : le gouvernement sous la menace d’une lourde amende

Le rapporteur public du Conseil d’Etat a proposé une « astreinte de 10 millions d’euros par semestre » pour contraindre le gouvernement à baisser rapidement les niveaux de pollution.
C’est un nouveau coup de semonce pour le gouvernement. Après les urnes et la vague verte, il pourrait provenir cette fois du Conseil d’Etat. La plus haute juridiction administrative s’est réunie vendredi 3 juillet, en assemblée, pour examiner un recours visant le non-respect par l’Etat des normes sanitaires en matière de pollution de l’air. Le Monde a eu accès aux conclusions sévères du rapporteur public. Celles-ci sont suivies par les magistrats dans la grande majorité des dossiers. Le rapporteur propose une « astreinte de 10 millions d’euros par semestre » à l’encontre de l’Etat, si ce dernier ne respecte pas, dans les six mois suivant la notification de la décision (attendue avant la fin du mois de juillet), la décision du Conseil d’Etat du 12 juillet 2017.
Lire aussi Pollution : le Conseil d’Etat enjoint au gouvernement d’agir vite, Hulot promet des mesures
« Une astreinte est prononcée à l’encontre de l’Etat, s’il ne justifie pas avoir (…) exécuté la décision du 12 juillet 2017, pour les ZAS [zones administratives de surveillance de la qualité de l’air] Grenoble, Lyon, Strasbourg, Reims, Marseille-Aix, Toulouse et Paris, s’agissant des taux de concentrations en dioxyde d’azote, et pour les ZAS Paris et Fort-de-France, s’agissant des taux de concentrations en PM10 », indique le rapporteur dans ses conclusions.

jeudi 2 juillet 2020

France: -44% de pesticides vendus en 2019, après une forte hausse en 2018

Les ventes de pesticides ont reculé en France de 44% en volume en 2019, après l'envolée des ventes intervenue en 2018 (+18%), a indiqué mardi le gouvernement. Celles de glyphosate ont chuté de 35%.
Alors que l’utilisation des produits phytosanitaires avait progressé de 21% en 2018, les quantités totales de substances actives de produits phytosanitaires vendus en 2019 en usages agricoles ont baissé. Elles ont diminué de 44% entre 2018 et 2019 (-28.078 tonnes), après avoir augmenté de 18% entre 2017 et 2018 (+11 870 tonnes), selon des chiffres communiqués par le ministère de l'Agriculture et le ministère de la Transition écologique.

Les quantités vendues de glyphosate ont diminué de 35%

"Les quantités vendues de glyphosate, désherbant controversé, diminuent de 35% (-3358 tonnes) entre 2018 et 2019 après avoir augmenté de 11% (+999 tonnes) entre 2017 et 2018. Le gouvernement français avait promis fin 2017 que cette molécule serait interdite "dans ses principaux usages" dans un délai de trois ans, sans attendre les cinq ans décidés au niveau européen.
Les quantités totales de produits les plus préoccupants vendus (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques - CMR) diminuent de plus de 50% en 2019 par rapport à 2018" ajoutent les deux ministères.

Hausse de produits de biocontrôle utilisés contre les parasites des cultures

Enfin, la part relative des produits de biocontrôle utilisés contre les parasites des cultures, continue à augmenter, en substition aux produits phytosanitaires. Il s'agit aussi bien de macro-organismes (acariens, insectes) que de produits phytopharmaceutiques (micro-organismes, médiateurs chimiques tels que les phéromones).
"Les évolutions à la baisse dans l'achat de produits phytosanitaires compensent l’augmentation des ventes en 2018, intervenue juste avant la hausse de la redevance pour pollution diffuse intervenue au 1er janvier 2019" explique le gouvernement
Ces données provisoires sont issues des déclarations des distributeurs de produits phytopharmaceutiques, réalisées au titre de la redevance pour pollutions diffuses. Elles seront consolidées d’ici la fin de l’année.

La Cour des comptes avait épinglé la politique de réduction des pesticides

La Cour des comptes avait épinglé le 4 février dernier la politique de réduction des pesticides agricoles menée par l'Etat, laquelle avait donné jusque là des résultats "très en deçà des objectifs" en 2018, malgré un budget considérable, de quelque 400 millions d'euros (dont 71 millions prélevés sur la redevance pour pollutions diffuses).
Depuis le Grenelle de l'environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50% de l'usage des pesticides de synthèse en 10 ans, les deux plans successifs mis en oeuvre, Ecophyto 1 et 2, ont abouti à des échecs. En avril, le gouvernement a donc tenté pour la troisième fois de désintoxiquer l'agriculture des excès de la chimie en lançant un plan Ecophyto 2+.

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...