Une humanité en proie à l'explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
mercredi 26 février 2020
mardi 18 février 2020
Des pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens ou cancérogènes dans l’air
Selon un rapport publié par l’association Générations futures, la
majorité des pesticides retrouvés dans l’air sont particulièrement
dangereux pour la santé.
Les pesticides ne contaminent pas
seulement les fruits et légumes que mangent les Français ou l’eau (et le
vin) qu’ils boivent, ils polluent aussi l’air qu’ils respirent. Et
parmi les herbicides, fongicides et autres insecticides présents dans
l’atmosphère, une majorité de ces substances particulièrement
dangereuses pour la santé sont suspectés d’être des perturbateurs
endocriniens (PE) ou cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Tel
est le constat alarmant dressé par l’association Générations futures
dans un rapport publié mardi 18 février.
Pour
parvenir à ces conclusions, l’ONG a analysé les données contenues dans
la base PhytAtmo. Publiée le 18 décembre 2019 par Atmo France, qui
fédère des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air
(Aasqa), PhytAtmo compile les résultats de quinze ans de mesures de
pesticides dans l’air réalisées par l’ensemble de ces associations, des
Hauts-de-France à la Corse.
Générations futures a cherché à classifier ces résidus de produits
phytopharmaceutiques identifiés dans l’air en fonction de leur
dangerosité. A partir de la base de données Phytatmo, l’association a
évalué la proportion de pesticides considérés comme PE suspectés ou CMR,
ces deux catégories de polluants ayant des effets toxiques sans seuil,
c’est-à-dire même à très faible dose. Les résidus de pesticides
retrouvés dans l’air sont généralement mesurés à de faibles
concentrations, de l’ordre du nanogramme par mètre cube.
PhytAtmo comprend plusieurs limites : les
Aasqa ne recherchent pas toutes les mêmes molécules, ni avec la même
assiduité, ni avec les mêmes méthodes de détection. Aussi, pour éviter
les biais et composer avec l’hétérogénéité des informations, l’ONG a
pratiqué deux analyses complémentaires. La première prend en compte les
données les plus récentes (l’année 2017) mais disponibles dans un nombre
de régions limitées (Corse, Hauts-de-France, Grand-Est,
Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Centre-Val de Loire). La seconde concerne
l’ensemble du territoire (à l’exception notable de la région
Bourgogne-Franche-Comté, qui ne fournit pas de données), mais certaines
mesures peuvent être relativement anciennes.
Près de la moitié sont interdits en Europe
Selon
les bilans effectués en 2017 par les Aasqa, 52 substances actives
différentes (pour un total de 1 633 molécules identifiées et
quantifiées) ont été retrouvées au moins une fois dans l’air des huit
régions où ces mesures ont été effectuées. Les trois quarts environ
(76,92 %) sont des PE (61,53 %) et/ou des CMR (28,84 %), d’après les
calculs de Générations futures. Et près d’un tiers (28,84 %) sont des
pesticides interdits en Europe.
Les
proportions mises en évidence au niveau national dans la seconde
analyse sont à peu près équivalentes. Cent quatre substances actives
différentes (pour un total de 4 622 molécules) ont été retrouvées dans
douze régions différentes. Les trois quarts (75,96 %) sont des PE
(66,34 %) et/ou des CMR (33,65 %). Et cette fois, près de la moitié
(45,19 %) sont des pesticides interdits au sein de l’Union européenne
(UE).
Parmi les pesticides
les plus récurrents dans l’air, on retrouve le chlorpyriphos, utilisé
massivement en pulvérisation sur les cultures pour éliminer les pucerons
ou les chenilles. L’UE vient seulement d’en bannir l’usage, depuis le
31 janvier, malgré une accumulation d’études scientifiques démontrant
ses effets toxiques sur le développement du cerveau des enfants.
Egalement omniprésent, le lindane, insecticide classé cancérogène pour
l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer, est,
lui, interdit en agriculture depuis… 1998. Des substances comme le
lindane sont persistantes dans l’environnement : elles imprègnent les
sols durablement et peuvent être remises en suspension dans l’air,
notamment en période de sécheresse.
En termes de concentration, le record revient au folpel, détecté à un niveau supérieur à 2 000 ng/m3
dans la région Grand-Est en 2004. Utilisé contre le mildiou, « le
fongicide de la vigne » est classé CMR probable par l’Organisation
mondiale de la santé. Lors de son dernier bilan annuel, l’organisme de
surveillance de la qualité de l’air en Nouvelle-Aquitaine a constaté que
son usage était en augmentation en 2018 et en a même retrouvé des
traces à Bordeaux. Preuve, selon l’observatoire, d’un « transfert des molécules par l’air depuis les surfaces agricoles vers les zones urbaines ».
« Un droit à empoisonner »
« L’air est une voie d’exposition réelle des populations à des pesticides PE et/ou CMR, commente François Veillerette, le directeur de Générations futures. Ceci est particulièrement préoccupant pour les riverains des zones cultivées, les plus exposés. » Aussi l’ONG demande aux pouvoirs publics d’« accélérer le retrait des substances CMR et PE reconnues ou suspectées » et d’engager à terme « la sortie des pesticides ». D’ici
là, elle s’apprête avec d’autres organisations à déposer, le
25 février, un nouveau recours devant le Conseil d’Etat contre l’arrêté
du gouvernement fixant à trois mètres, cinq mètres, dix mètres, voire
très exceptionnellement vingt mètres les distances minimales entre les
zones d’épandage de pesticides et les habitations. Des distances jugées
très insuffisantes par les associations de défense de l’environnement et
les maires à l’origine de multiples arrêtés antipesticides.
Le
14 février, le juge des référés du Conseil d’Etat vient de rejeter le
recours en urgence du collectif des maires antipesticides, mais il
statuera sur le fond dans les prochains mois. Pour l’avocate du
collectif, Corinne Lepage, le rapport de Générations futures est « accablant ». L’ancienne ministre de l’environnement dénonce « un droit à empoisonner ».
A
la différence des particules fines ou du dioxyde d’azote émis par les
véhicules diesel, les pesticides ne font pas l’objet d’une surveillance
réglementaire dans l’air. Il existe seulement des limites à ne pas
dépasser dans l’eau et l’alimentation.
lundi 17 février 2020
Néonicotinoïdes : un risque pour les abeilles malgré leur interdiction
Des chercheurs du CNRS, de l’Inra et de l’Institut de l’abeille
démontrent que trois insecticides, provoquant la mort des abeilles, sont
présents dans des champs de colza en France alors que l'Union
Européenne a interdit leur utilisation sur ces parcelles depuis 2013.
Ces résultats confortent la décision de l'Europe votée en 2018
d’interdire totalement ces molécules sur toutes les cultures en
extérieur.
On les appelle les tueurs d’abeilles : une étude révèle la présence de trois néonicotinoïdes
sur des champs de colza en France alors qu’un moratoire de Union
Européenne interdit leur utilisation depuis 2013 sur toutes les cultures
mellifères, c’est à dire celles produisant du nectar et du pollen. Ces insecticides -la
clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame-, ont pour effet
d’attaquer le système nerveux central des pollinisateurs et provoquer
leur paralysie mortelle.
De 2014 à 2018,
des chercheurs du CNRS, de l’INRA et l’Institut de l’abeille (ITSAP) ont
étudié le nectar de 291 parcelles de colza d’hiver et analysé 536
échantillons. «Les trois néonicotinoïdes étaient présents mais c’est surtout l’imidaclopride qui a été détecté chaque année» souligne Vincent Bretagnolle, chercheur au CNRS. «Au total, 43 % des prélèvements analysés contenaient cette molécule, ce qui représente 48% des parcelles».
Aucune tendance à
la baisse au cours des années n’a été observée mais une importante
variation interannuelle l’a été. Ainsi en 2016, plus de 90 % des
parcelles étaient positives, contre seulement 5 % en 2015.
L’eau diffuserait les molécules
L’hypothèse la
plus probable serait que l’eau diffuserait ces insecticides dans
l’environnement. L’étude a démontré que ces résidus augmentaient
lorsqu’il avait plu les jours précédents les prélèvements. «Nous
pensons que l’eau, par ruissellement, contamine les sols. Pour fabriquer
son nectar, la plante absorbe l’eau du sol grâce à ses racines qui est
ensuite transportée par la sève pour produire le nectar, un mélange de
sucre et d’eau» poursuit Vincent Bretagnolle.
Une variation
des niveaux de néonicotinoïdes en fonction de la composition de la terre
vient conforter cette supposition. Les travaux montrent que les sols
rouges (argilo-calcaire) sont les plus susceptibles de retenir ces
molécules. Or l’argile a une bonne capacité de rétention en eau.
La proximité
avec d’autres cultures traitées ne semble pas être un facteur
explicatif. Ni même l’utilisation de ces insecticides sur les parcelles
avant l’implantation des colzas étudiés. Ainsi, l’imidaclopride a été
retrouvé dans des champs qui n’avaient jusque-là jamais reçu ces
néonicotinoïdes, y compris dans certains cas cultivés en agriculture
biologique. «Cette molécule n’est pas pulvérisée mais enrobée dans
la graine de blé avant le semis. Nous savons que 80 à 90% de l’enrobage
reste dans le sol et n’est pas capté par la plante» précise Vincent Bretagnolle. «Un autre facteur de diffusion pourrait aussi être la poussière».
Si 92 % des échantillons positifs ne contenaient qu’entre 0,1 et 1
ng/mL d’imidaclopride, les concentrations maximales dépassaient dans
quelques cas celles rapportées dans les parcelles traitées, allant
jusqu’à 70 ng/mL.
En s’appuyant
sur ces données, l’évaluation de la mortalité sur les abeilles a été
réalisée à partir de modèles et paramètres conçus par l’EFSA, l’European
Food Safety Authority. «Ce sont des simulations assez prudentes»
analyse Vincent Bretagnolle. Résultat, le risque est loin d’être
négligeable puisqu’en 2014 et 2016, environ 50 % des abeilles
domestiques étaient susceptibles de mourir de l’imidaclopride dans 12 %
des parcelles étudiées. Ces mêmes années, entre 10 et 20 % des parcelles
présentaient un niveau de contamination associé à un risque de
mortalité équivalent pour les bourdons et abeilles solitaires.
Une persistance de plusieurs années
Ces résultats
apportent un soutien à la décision de l’Union Européenne en 2018
d’interdire ces néonicotinoïdes sur toutes les cultures extérieures. La
France est allée plus loin en interdisant deux molécules
supplémentaires : l’acétamipride et le thiaclopride. «Lorsque l’industrie agrochimique
a commercialisé ces insecticides dans les années 90, elle s’est montrée
très rassurante en déclarant qu’ils avaient une persistance dans le sol
et les plantes de quelques semaines seulement», affirme Vincent Bretagnolle. «Nous démontrons qu’ils sont encore présents plusieurs années après leur usage.»
Malgré ces mesures, des dérogations peuvent être accordées. Et partout
dans le monde, ces néonicotinoïdes sont très largement employés, que ce
soit sur le maïs, les céréales ou encore sur une culture que l’on
soupçonne moins comme le thé. «Alors qu’ils sont censés être très
sélectifs et agir seulement sur les invertébrés, des chercheurs
commencent à démontrer qu’ils agissent aussi sur les oiseaux et les
mammifères. Et donc potentiellement sur l’homme…» alerte Vincent
Bretagnolle. L’étude va se poursuivre avec un observatoire, appelé
Néonet, en France et en Suisse, sur les cultures mellifères de plein
champ.
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