mardi 9 juillet 2019

Pesticides dans l’air, comment les mesurer ?

Les activités agricoles sont responsables de 28% des émissions françaises de particules de diamètre inférieur à 10 micromètres, comme les composés azotés ou les pesticides. Ces microparticules peuvent avoir des conséquences sur la santé et l’environnement, et leur quantification est cruciale pour élaborer des plans d’action. Le projet PREPARE, auquel participe Irstea, a pour but d’élaborer de protocoles de mesures des émissions de pesticides.
En France, quatre secteurs sont principalement à l’origine des émissions de particules dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres, dans l’ordre décroissant : le secteur résidentiel et tertiaire (le chauffage et brûlage des déchets), les activités agricoles, l’industrie manufacturière et le transport routier. Les particules sont accusées d’être à l’origine ou d’aggraver de nombreuses pathologies dont les maladies respiratoires et cardiovasculaires ainsi que le cancer du poumon (OMS) Elles peuvent également perturber les écosystèmes terrestres et aquatiques, et contribuent au changement climatique. La quantification de chaque type de particule et leur origine est cruciale pour élaborer des politiques et des recommandations en matière de qualité de l’air et pour mettre en place des leviers d’action pour réduire leur concentration.

Les activités agricoles sont responsables de 28% des émissions françaises de particules de diamètre inférieur à 10 micromètres, principalement sous la forme de composés azotés – notamment ammoniac et oxydes d’azote – et de pesticides. La surveillance des résidus de pesticides dans l’air au niveau national est une priorité du plan d’action gouvernemental sur les produits phytopharmaceutiques.

Dans ce contexte, le projet PREPARE mené par l’INRA (UMR Ecosys), Irstea (UMR ITAP), et l’Université de Wageningen aux Pays-Bas (WUR), et financé par l’ADEME, a pour but d’élaborer de protocoles standards de mesures au champ des émissions de pesticides vers l’atmosphère en lien avec les activités agricoles

Une partie des pesticides se disperse dans l’air

Schema pulverisation pesticides
Schéma représentant les pertes de pesticides dans l'environnement
Les scientifiques d’Irstea ont mesuré des pertes de 15 à 40% dans l’air lors de l’application des produits phytosanitaires en vigne, en fonction des produits et du matériel utilisés, des conditions météorologiques (vent, conditions atmosphériques…) et du type de cultures. Deux phénomènes principaux sont responsables des pertes de pesticides vers l’atmosphère : la dispersion des gouttelettes de pulvérisation pendant l’application et la volatilisation depuis la surface traitée. « Une fraction de la bouillie qui est appliquée ne tombe pas sur la cible et est transportée par le vent au moment de l’application: c’est ce qu’on appelle la dérive, explique Jean-Paul Douzals, chercheur dans l’unité ITAP d’Irstea. De plus, un certain nombre de produits phytosanitaires ont la propriété de se volatiliser une fois appliqués sur les plantes ou le sol et donc de se disperser dans l’atmosphère : c’est la volatilisation. Le projet PREPARE a rassemblé une vingtaine d’experts internationaux à Montpellier durant deux jours pour réfléchir collectivement aux questions de méthodologie et de protocoles de mesure pour ces deux aspects : la dérive et la volatilisation. En effet, il n’existe actuellement pas de méthode normée pour ces mesures et cette problématique intéresse aujourd’hui beaucoup de pays européens. »

Mesurer les pesticides de manière fiable

Si la mesure des pesticides dans l’air s’avère aujourd’hui relativement facile, elle fait face à de nombreuses limitations : il existe peu de données quantifiées, fiables et harmonisées des émissions, certaines pratiques comme l’arboriculture restent peu explorées, et certains processus sont encore mal connus (contributions spatiales et temporelles de chaque phénomène, effet de la formulation). Pour améliorer la situation, le projet PREPARE a pour objectif  de fournir une méthodologie complète, structurée, rigoureuse, qui permette d’accéder à une mesure quantitative, reproductible des émissions de produits phytosanitaires vers l’atmosphère en conditions réelles de traitement.
« Grâce à une étude bibliographique, nous avons mis en évidence les différentes pratiques, les avantages et inconvénients de chaque méthodologie, raconte Jean-Paul Douzals. Ce travail a nourri l’élaboration des protocoles, et la réflexion sur la meilleure manière de faire ces mesures en tenant compte des différentes contraintes, notamment météorologiques et de matériel. Les protocoles seront accessibles dans le courant de l’été, et nous réfléchissons à les mettre rapidement à l’épreuve de la pratique. »

Des outils pour une pulvérisation performante
Pour réduire les produits phytosanitaires et leurs impacts sur l’environnement et la santé, le choix et le réglage des appareils de pulvérisation est un élément déterminant. En effet, en appliquant la bonne dose de produit, au bon endroit, le risque de dérive et dispersion des produits dans l’environnement est maîtrisé. Irstea est expert dans le domaine et développe de nombreux outils et solutions pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.
Le banc d’essai EoleDrift permet de maîtriser les conditions de vent lors des mesures de dérive. Cette standardisation des conditions de mesure offre une meilleure répétabilité des résultats, indispensable pour comparer de manière fiable les performances des pulvérisateurs testés. Tout type de pulvérisateurs peut être évalué sur le banc d’essai grâce à une vigne artificielle dont les stades de développement (début, milieu et pleine végétation) et la distance entre rangs, sont modifiables. Objectifs : identifier les matériels les plus performants pour aider les viticulteurs dans leurs choix mais aussi produire des données en appui aux décideurs publics (Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, ANSES…).

Pulveco® est un outil numérique destiné aux viticulteurs, développé par l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et Irstea. Il propose d’aider les viticulteurs à ajuster leurs doses de produits phytosanitaires en fonction de la performance de leur pulvérisateur, de leurs pratiques d’utilisation et du stade de la vigne.

Des antibiotiques, des additifs alimentaires et des pesticides ont été détectés pour la première fois en mer

Envie d'une baignade en pleine mer ? Sachez que des antibiotiques, des additifs alimentaires ou encore des pesticides ont été détectés pour la première fois en mer, après avoir été transportés parfois sur de longues distances. C'est le résultat des travaux de chercheurs réunis autour du programme européen Jerico-Next, coordonné par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
"C'est la première fois qu'on montre que l'activité humaine se retrouve dans les eaux côtières, mais aussi plus au large", a déclaré à l'AFP Laurent Delauney, l'un des coordinateurs du programme, vendredi 5 juillet. Cette découverte a été rendue possible par la mise en place d'outils de mesure beaucoup plus précis que ceux existants jusqu'à présent pour surveiller les eaux côtières.
Certains antibiotiques, herbicides, hydrocarbures ou additifs alimentaires, comme de l'édulcorant, provenant de boissons allégées en sucre notamment, ont été retrouvés en mer Baltique et mer de Norvège, mais aussi en mer du Nord.

Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »

  Dès 2017, des tests menés par  60 millions de consommateurs  sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient ...