mercredi 23 novembre 2016

La production végétale française dépendant de l'action des pollinisateurs atteindrait 5 milliards

Une étude du CGDD montre que la part de la production végétale destinée à l'alimentation humaine qui dépend de l'action des insectes pollinisateurs représente en France une valeur comprise entre 2,3 et 5,3 milliards d'euros.

On sait que les pollinisateurs, et en premier lieu les insectes, jouent un rôle incontournable dans la production végétale mais l'évaluation économique du service de pollinisation n'est pas chose facile. Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a pourtant mené à bien l'exercice dans le cadre d'un premier volet de l'Evaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese). Les résultats de cette évaluation ont été publiés le 21 novembre.
Cette analyse fait écho aux travaux internationaux réalisés par la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) qui a publié un rapport d'évaluation sur les pollinisateurs en février 2016. La version française du résumé à l'intention des décideurs de ce rapport est rendue publique ce 22 novembre. L'évaluation menée par le CGDD vise également à appuyer le plan national d'action France Terre de pollinisateurs lancé en mai 2015.

mardi 1 novembre 2016

Dramatique: ce qu'il ne fallait pas faire : Monsanto ajoute Crispr à son arsenal

Décidé à cultiver au maximum le génie génétique végétal, le géant américain de l’agro-alimentaire Monsanto vient d’acquérir les droits d’exploitation de l’outil moléculaire Crispr-Cas9 auprès de l’institut Broad (Cambridge, Etats-Unis), spécialiste de génomique. Grâce à cet accord non exclusif, la firme (sur le point de se faire racheter par la compagnie chimique et pharmaceutique allemande Bayer) espère concevoir des végétaux d’un genre nouveau capables d’une plus grande productivité.

Des semences plus résistantes

Le défi agricole de demain est de taille. « L’équivalent d’un département agricole disparaît tous les huit ans, rien que dans notre pays, souligne ainsi Yann Fichet, directeur des Affaires Institutionnelles et Industrielles de Monsanto France. A l’échelle mondiale, et à l’heure de bouleversements climatiques importants, comment parviendrons-nous alors à nourrir 9 milliards de terriens d’ici 2050 avec moins de terres agricoles qu’aujourd’hui?  » Selon Monsanto, la solution ne pourra venir que de semences plus résistantes et productives. Crispr-Cas9, puissant outil d’édition génétique, permettra de les obtenir. Crispr aide en effet à développer des plantes génétiquement modifiées beaucoup plus rapidement et efficacement que ce qui s’est pratiqué jusqu’ici. Rappelons qu’il faut attendre une quinzaine d’années avant qu’un OGM ne puisse débarquer sur le marché. Mais, en France, où les OGM sont persona non grata, une raison annexe se profile : de quoi Crispr est-il le nom ? Comment qualifier les productions végétales que cette nouvelle technique autorise ? Sont-elles encore des OGM ?

"C’est un gros danger si ces futures plantes ne sont ni tracées ni étiquetées" - Arnaud Apoteker

Non, il ne s’agit pas d’OGM, estiment certains lobbys telle l’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV) et son président Alain Deshayes : il est « nécessaire de trouver une voie pour que les plantes modifiées par Crispr ne passent plus par la nouvelle directive OGM édictée en 2015 restreignant leur culture », nous a-t-il déclaré. Pour certains chercheurs, comme Fabien Nogué de l’Inra de Versailles, « les plantes issues de cette technologie seraient indiscernables génétiquement des plantes sauvages. Je n’ai aucune raison de penser que cette technologie Crispr présente le moindre danger ». D’autres sont moins affirmatifs. Selon Arnaud Apoteker du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique), qui fut responsable de la campagne OGM pour Greenpeace France, « même si on prétend avec Crispr-Cas9 être beaucoup plus précis, plus ciblé, avec moins d’effets “hors-cible“, c’est un gros danger si ces futures plantes ne sont ni tracées ni étiquetées ».
 Il est vrai que la technologie Crispr, bien que très puissante et précise, est encore toute récente. Développée en 2013, elle fait actuellement l’objet d’une véritable foire d’empoigne entre tous ses co-découvreurs pour la paternité de ses droits d’exploitation. D’un point de vue scientifique, beaucoup de chercheurs préfèrent rester prudents sur l’étendue de son potentiel et ses possibles effets délétères.

3 restrictions posées

A priori, Monsanto sera soumis à des limitations. Les restrictions posées par l’institut Broad sont au nombre de trois. Pas de « gene drive », une technique permettant d’amplifier un gène au sein d’une population. Potentiellement capable d’enrayer une maladie transmise par des moustiques ou d’éliminer des ravageurs de culture, la stratégie « gene drive » a également le potentiel de dérégler tout un écosystème et pourrait constituer une menace pour l’environnement. D’autant plus si elle tombait entre de mauvaises mains. Deuxième limitation: interdiction de rendre les graines stériles. Et là, on pense à la technologie “Terminator“ développée voilà quelques années par Monsanto et abandonnée depuis, et qui aurait rendu l’agriculteur encore plus dépendant des semenciers qu’il ne l’est déjà aujourd’hui. Enfin, la dernière limitation posée par l’institut Broad concerne le tabac et prohibe tous travaux qui viseraient à accroître l’usage et l’addiction à cette substance préjudiciable à la santé et ce, en dehors des travaux fondamentaux puisque le tabac est également une plante-modèle prisée par de nombreux laboratoires.
Quels seront les premiers produits à sortir des serres du semencier ? Mystère. « Il est trop tôt pour spéculer quant aux applications potentielles de cette technique prometteuse et sur quelles semences elle pourrait se révéler utile », nous a-t-on répondu au siège social américain le 11 octobre 2016. Affaire à suivre donc, dans les laboratoires, les champs ou… nos assiettes.

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